AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,88

sur 83 notes
5
5 avis
4
2 avis
3
3 avis
2
1 avis
1
2 avis
Requiem (1991) est un formidable et savoureux voyage à Lisbonne entre réel et imaginaire que l'Italien Antonio Tabucchi (1943-2012) a entièrement écrit en portugais. Il n'est pas nécessaire de connaître Pessoa ni son oeuvre pour prendre plaisir à lire ce livre.
L'histoire se déroule par un dimanche de juillet sous un soleil de plomb à Lisbonne. le narrateur attend quelqu'un sur le quai. Un grand poète, mort depuis longtemps. Celui-ci lui a donné rendez-vous à douze heures, mais peut-être s'agit-il du soir car c'est l'heure où apparaissent les fantômes. Alors le narrateur se rend dans le jardin à côté…
C'est peu dire que ce roman m'a plu. Il n'est pas réaliste du tout, il appartient au monde flottant comme disent les Japonais dans lequel les fantômes du passé viennent rendre visite aux vivants. Avant de rencontrer son poète, le narrateur, un Italien, déambule en suant à grosses gouttes dans des lieux qui existent vraiment et qu'il adore tant il prend plaisir à en dresser la liste. Il vous donne une envie folle de vous balader autour du quai d'Alcantara, la gare maritime d'où sont partis les grands navigateurs, de vous rendre au Musée d'art ancien admirer les détails de la Tentation de saint Antoine de Jérôme Bosch, de parcourir le cimetière etc. le narrateur rencontre en chemin des personnages très modernes : un jeune drogué en manque, un chauffeur de taxi clandestin, une vieille prostituée obèse, une vieille gitane qui vend des fausses et des vraies chemisettes Lacoste, un ancien barman du Harry's bar parisien etc. Beaucoup d'Alentejans. Ce sont tous des passeurs qui vont lui ouvrir la porte des songes. Il pourra revoir son père mort d'un cancer du larynx, se taper un sarabalhoà moda do Duoro avec son ami Tadeus, tenter de trouver auprès d'eux un réconfort à son intranquillité ou bien chercher des réponses aux questions qui le hantent depuis leur disparition. Et, à chaque fois qu'il rencontrera un spectre, il savourera un plat. A la fin, c'est dans un prestigieux restaurant qu'il pourra enfin déguster un merveilleux Porto 52 conquis de haute lutte, en compagnie de ce poète prestigieux, disparu depuis longtemps dont il est le biographe.
Commenter  J’apprécie          3817
Quelle douceur, quelle mélodieuse promenade à travers Lisbonne, à la recherche de ses fantômes. Sans doute, un hommage à Pessoa, mais pas seulement. J'ai beaucoup aimé cette oeuvre de Tabucchi, alors que je n'avais pas apprécié ses incursions dans l'onirisme dans d'autres de ses romans. Ici, c'est bienvenu, délicat et suave à la fois.
Commenter  J’apprécie          282

Voyage onirique au Portugal où le narrateur rencontre et converse avec toutes sortes de personnes mortes ou vivantes. En 9 chapitres, comme les 9 parties d'un requiem, le narrateur, qui s'est endormi par un chaud dimanche d'été sur un livre de Pessoa, parcourt l'Alentejo.
Particularité l'auteur italien, fasciné par Pessoa, l'a écrit en Portugais;

Voyage curieux mais agréable.
Commenter  J’apprécie          120
Installé sur sa chaise en plein été, le narrateur lit le Livre de l'Intranquilité du poète portugais Fernando Pessoa. Il entend alors des voix lusophones s'adresser à lui. Il leur répond dans leur langue, cette langue que Tabucchi aimait et maîtrisait au point d'écrire tout un livre en délaissant son italien natal. A ses voix intérieures (issues des images mélancoliques de sa lecture, mais aussi de son passé), il attribue des visages, des lieux, et reconstitue ainsi un Lisbonne fantasmé, au fil de rencontres successives dans une hallucination qui emprunte à la fois au début et à la fin du vingtième siècle.

Ainsi, les personnages dont il est ici question sont parfois désuets, voire anachroniques, à l'image de cette vielle bohémienne chiromancienne, qui établit un diagnostic implacable : le narrateur oscille entre rêve et réalité. Au fil de son errance, il emprunte les histoires (et les recettes de cuisine) de ses personnages, en sautant souvent du coq à l'âne. Ou plutôt d'une recette de cocktail à une ekphrasis de Jérôme Bosch. Gourmet et gourmand, Tabucchi goûte aux plats et à la compagnie de ces autres imaginaires. de ces mélanges (alcoolisés ?) résulte sans doute l'absence de guillemets et de tirets dans les dialogues, totalement mêlés au flux narratif, de même que le narrateur est mêlé à l'auteur.

Dans sa postface, Tabucchi révèle que cette histoire lui a été inspirée par un rêve où son père lui parlait dans un portugais qu'il ne connaissait pas de son vivant. La scène est présente dans le roman, et on peut aussi noter que lors de son apparition, Pessoa (père spirituel ?) cabotine avec des interjections en anglais (langue qui lui était chère). Toute cette petite famille dérive hors des barrières entre les langues, à la recherche d'une parole permettant de se retrouver malgré l'absence.

Bien que Tabucchi n'ait jamais eu l'occasion de connaître l'auteur du Livre de l'intranqulité, il devient donc son interlocuteur à distance, dans le monde des rêves. Exactement comme Pessoa aimait concevoir ses relations avec les autres.

PS : merci Bookycooky pour cette sympathique découverte.

PPS : je n'ai pas encore vu l'adaptation de ce roman par Alain Tanner, mais elle doit être intéressante, tant il était en phase avec l'univers pessoien (cf son film « Dans la ville blanche »).
Commenter  J’apprécie          123
Requiem est divisé en neuf chapitres comme les neuf parties de la musique du même nom.
L'auteur je définit "hallucinations"
Lisbonne déserte,un dimanche de fin juillet ,est habitée exclusivement par les "invités" de la ville. le protagoniste,un italien, est lui aussi un invité comme de nombreux hôtes qu'il rencontre dans son hallucination.
La ville,elle,est toujours là avec ses rues et ses ruelles en pente qui partent du port et ses personnages deviennent des stéréotypes.
Toute l'histoire tourne autour d'une table ,face à nourriture et boisson.
Tout a commencé à l'ombre d'un mûrier o^notre personnage s'endort et (rêve, hallucination ,) il erre dans la ville déserte d durant douze heures ,à la recherche de réponses aux questions qu'il se pose; à la recherche d'une rencontre avec son passé.
Requiem est une déclaration d'amour au Portugal,ce pays que Tabucchi avait adopté.
C'est un livre fascinant,simple dans sa profondeur. Une écriture onirique mais très réaliste. Bref,écrit dans un style que j'aime et qui laisse une émotion indéfinissable.
Commenter  J’apprécie          90
Antonio Tabucchi est un écrivain italien qui a écrit ce roman directement en portugais. Précédemment j'avais été très étonné (et enchanté) par son "Nocturne indien". "Requiem" est beaucoup plus surprenant, c'est un OVNI de la littérature.
Un homme, qui s'est assoupi en lisant un livre de Pessoa, se trouve transporté en songe dans la ville de Lisbonne écrasée sous le soleil. C'est comme une longue hallucination. Dans ses pérégrinations, l'homme fait les rencontres les plus improbables avec des personnages très particuliers (ceux-ci sont assez nombreux pour que Tabucchi juge utile de tous les répertorier au début du roman). le lecteur est entraîné - de gré ou de force - dans cette divagation d'apparence gratuite et absurde. Tout semble étrange et, en même temps, presque simple et banal. Pendant cette lecture, ça passe ou ça casse, car A. Tabucchi a poussé sa fantaisie à l'extrême; en tout cas, il va beaucoup plus loin que dans "Nocturne indien". La fin du roman arrive à l'improviste et je suis resté perplexe, regrettant que l'auteur n'ait pas jugé nécessaire de finir sur une "chute" bien trouvée.
Je comprends que certains aient envie d'abandonner le livre sans l'achever. En ce qui me concerne, je l'ai lu entièrement mais j'ai dû (un peu) m'accrocher. Ceci n'est certes pas un ouvrage "grand public" !
Commenter  J’apprécie          70
Au cours de son périple dans Lisbonne sous la canicule, l'auteur croise toutes sortes de personnages hauts en couleur, attachants ou intrigants.

Quelle belle idée : rencontrer des morts que l'on a connus et/ou aimés, passer un moment avec eux en papotant devant un bon repas accompagné d'un bon vin.

Atmosphère indéniablement très particulière et très prenante.

Une rencontre avec les morts qui est un hymne à la vie!
Commenter  J’apprécie          61
N°748 – Mai 2014.
REQUIEMAntonio Tabucchi – Christian Bourgois
Traduit du portugais par Isabelle Pereira.

Nous sommes dans l'Alentejo, une région du sud du Portugal et, dans une maison de campagne, un homme assoupi sous un arbre est transporté en songe à Lisbonne et dans ses environs. C'est une longue hallucination qui va durer douze heures pendant le dernier dimanche de Juillet, torride comme il se doit ici.

Le narrateur qui est Italien va aller, par le biais du rêve à la rencontre de ses souvenirs et dans cette atmosphère comateuse vont se mêler le présent et le passé, des fantômes et des vivants, bref une alliance de réalité et de fantasmes où le passé resurgit à l'occasion d'une rencontre et des dialogues un peu surréalistes se nouent le temps d'un bref échange avec une incursion dans le tableau de Bosch, « la tentation de Saint Antoine ». Il balade donc son lecteur dans un décor sans véritable fil d'Ariane, un peu à la fantaisie de son imaginaire.

A ce récit onirique, l'auteur mêle volontiers nombre de recettes de cuisine portugaises.

Je ne sais pas si je suis passé à côté de quelque chose mais, bien que cet auteur ne soit pas un inconnu pour cette revue (La Feuille Volante n° 206 et 489) qui en a déjà parlé, je ne suis pas entré dans cet univers créatif. Pourtant le contexte de Lisbonne notamment se prêtait parfaitement à un dépaysement de bon aloi. C'est sans doute dommage puisqu'il est très amateur de l'oeuvre de Fernando Pessao et que cet auteur majeur m'a toujours bouleversé, autant parce qu'il a été que parce qu'il a écrit. Je ne l'ai pas retrouvé dans cette fiction, même à la fin.

La manière de Tabucchi de donner à son roman une dimension gastronomique qui, à l'évidence le met dans le contexte portugais, n'a pas vraiment retenu mon attention.
Je ne partage donc pas l'enthousiasme de la 4° de couverture.

Je déplore aussi la composition du texte. Cette manière « linéaire » de présenter les dialogues a quelque chose d'un peu dérangeant pour le lecteur et n'apporte rien, à mon avis à la qualité du texte ou de la traduction.

Je poursuivrai cependant la découverte de l'univers créatif de Tabucchi qui m'a toujours semblé valoir la peine d'une lecture.


©Hervé GAUTIER – Mai 2014 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
Commenter  J’apprécie          60
Un italien totalement envouté par le Portugal (surtout par le sud), subjugué par Pessoa. Magique, Onirique. Beau en fait.
Commenter  J’apprécie          40


Sous-titré "une hallucination", cet ouvrage ne pourrait être mieux décrit. Escapade fantaisiste, fantasme de rencontres improbables, le lecteur est invité à vivre douze heures de grand n'importe quoi. Il aura pour acolyte un personnage qui ne comprend pas plus ce qui lui arrive. En train de lire tranquillement la seconde d'avant, il s'assoupit et se réveille dans un Lisbonne halluciné où il va évoluer durent une journée de juillet. Il croisera toute une série de personnages étranges, fascinants - imaginaires ou réels, vivants ou morts - le tout dans un enchaînement délirant jusqu'à dîner avec un raconteur d'histoires que l'on sait grand poète du XX - s'agirait-il de Fernando Pessoa pour qui l'auteur nourrit une grande passion ?

Il y a sans doute mille manières de lire ce type de livres, pour ma part j'en vois deux : soit le lire à cloche pages, en prenant un maximum de recul et de distance, soit prendre du LSD et se marrer comme une baleine en vivant en même temps le voyage. Je vous conseille la première solution (moins risquée pour la santé), et ainsi, on savoure pleinement la loufoquerie de l'ouvrage servie avec une langue rythmée et piquante qui relève bien le plaisir. Ne le lisez surtout pas trop sérieusement, vous risquerez de vous ennuyer et ce serait dommage.

A noter que l'édition Folio nous offre un très chouette appendice en fin de livre, initialement paru dans La NRF en 1999, dans lequel l'auteur revient sur son processus d'écriture et surtout sur le choix d'une langue étrangère pour rédiger cette "hallucination". Un ajout passionnant sur le travail d'écrivain.
Lien : http://lapetitemarchandedepr..
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (217) Voir plus



Quiz Voir plus

Que peut-on ambitionner, désirer, prétendre, rêver, souhaiter, viser, vouloir avec Pereira ?

Qui est Pereira ?

Un détective privé
Un policier corrompu
Un journaliste
Un membre de la milice
Il est tout cela à la fois

20 questions
15 lecteurs ont répondu
Thème : Pereira prétend de Antonio TabucchiCréer un quiz sur ce livre

{* *}