AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,51

sur 2260 notes
5
174 avis
4
53 avis
3
14 avis
2
3 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après « Les gardiens du Louvre », entre voyage dans le temps et onirisme, j'ai en envie de découvrir le livre qui a apporté la notoriété à Jirô Taniguchi. En effet, le mangaka a reçu, entre autres, le prix du meilleur scénario au Festival d'Angoulême en 2003 pour ce livre.
J'aime l'univers de cet auteur illustrateur qui dégage, par ses récits pudiques, délicats et nostalgiques, une force émotionnelle rare.
Ancré dans la culture japonaise, « Quartier Lointain » se démarque du manga par son format, ses influences graphiques et son sens de lecture qui se calquent sur la BD européenne.

*
Les souvenirs sont peuplés de moments heureux, mais aussi de moments douloureux, de blessures non cicatrisées, de paroles ou de gestes inconsidérés, ...
Peut-être vous êtes-vous déjà demandé si votre vie aurait pu être différente si vous aviez fait des choix autres ? Peut-être avez-vous déjà eu envie de revenir dans le passé, le changer pour vous libérer d'une peine, d'une erreur commise et ainsi mieux vivre le présent ?

*
L'histoire débute en gare de Kyôto. Hiroshi Nakahara rentre chez lui après un voyage d'affaires. Abruti par un gros mal de tête, il prend par erreur un train qui le ramène dans sa ville natale. Il décide alors de profiter de cet étrange hasard pour faire un tour dans le quartier de son enfance et se rendre au vieux cimetière où sa mère est enterrée.
Mais à la suite d'un malaise, il reprend conscience dans le passé. Il est maintenant dans le corps de l'adolescent qu'il était à ses quatorze ans, mais il a gardé sa maturité et ses souvenirs d'adulte.

« Tout ce qui était inscrit dans ma mémoire, les évènements du passé, étaient ici des évènements à venir ! »

Après le choc des retrouvailles avec sa famille, c'est pour lui l'occasion de revoir sa grand-mère et sa mère décédées depuis longtemps, de comprendre pourquoi son père les a abandonnés sans explication, de l'empêcher de disparaître à nouveau et de corriger certaines erreurs de jeunesse.

Pourquoi est-il revenu quelques mois avant la disparition de son père ? Pourra-t-il changer son passé ? Ou bien est-il condamné à revivre sa vie d'enfant, subir les mêmes évènements, spectateur de sa propre vie, impuissant à les transformer ? Pourra-t-il revenir dans le présent et reprendre le cours de son existence, mûri de cette expérience ? Quelles incidences auront les changements de son passé sur son futur ?

*
Rêve ou réalité ?

Ce récit introspectif est empreint de douceur, de nostalgie et de poésie. On voyage dans le temps, à quelques mois des jeux olympiques de Tokyo en 1964.

Hiroshi Nakahara revit sa vie d'adolescent à travers ses yeux d'adulte, des moments de bonheur et d'insouciance ternis par l'ombre de la disparition à venir de son père.
Au fil de l'histoire, il prend conscience de son ignorance et de sa naïveté d'adolescent.

*
La qualité du récit est le résultat d'une parfaite symbiose entre la narration et les illustrations.
Le texte court, sobre, ne cherche pas à tout nous dire, il laisse des points de suspension, des espaces pour que les dessins puissent s'exprimer dans toute leur subtilité et leur profondeur émotionnelle.

« Personne ne devient jamais vraiment adulte…
L'enfant que nous avons été est toujours là, bien vivant, tout au fond de nous…
Il est comme ce ciel…
Avec le temps, nous croyons grandir…
Mais la maturité n'est qu'un leurre, une entrave à notre âme libre d'enfant. »

J'avais déjà été séduite par les illustrations de Jirô Taniguchi.
Là encore, elles m'ont émerveillée par leur réalisme et le soin apporté aux détails, mais aussi par la force des émotions qu'elles dégagent.

Les lignes épurées dessinent des portraits saisissants si bien que, sur leur visage, se lisent leurs pensées et leurs sentiments comme dans un livre ouvert. En effet, l'auteur n'a pas son pareil pour capturer la psychologie et les émotions de ses personnages dans leurs expressions faciales, leurs postures, leurs mouvements. Ainsi, par le dessin, de beaux cadrages, quelques mots, Jirô Taniguchi pénètre la complexité des émotions humaines.
Le lecteur a immédiatement de la sympathie pour eux.

Les arrière-plans montrent des scènes de la vie quotidienne touchantes, des paysages urbains et campagnards magnifiques, propices à immerger le lecteur dans une atmosphère nostalgique et contemplative.

*
On ne peut être insensible à l'évolution de notre monde, de notre mode de vie, de nos comportements, de la place des parents dans l'éducation des enfants, de la relation parents-enfants au cours du temps.

Cette histoire émouvante et délicate confronte le narrateur au temps qui s'écoule, à ses souvenirs et aux drames de la vie. Elle explore également avec finesse les thèmes de la famille et de l'enfance, des choix de vie et du poids des regrets, de l'amour et de la recherche du bonheur.

« le ciel est si haut…
Et pourtant, on a l'impression qu'il suffirait de tendre la main pour toucher les nuages…
Le ciel est si mystérieux…
C'est comme s'il était immuable, au-delà des hommes, au-delà du temps…
Et ci c'était ça l'éternité, un simple ciel… »

*
Au final, « Quartier lointain » est un voyage temporel tissé de réalisme magique dans lequel se dégagent une rêverie poétique et un regard tendre sur le monde de l'enfance. L'auteur évite les écueils du sentimentalisme et du cliché. Son récit qui accorde beaucoup d'importance aux dessins est beau et touchant.
Je lis peu de bandes dessinées mais j'ai pris plaisir à cette parenthèse douce et mélancolique. Cela me donne envie de poursuivre mes incursions dans cette forme d'expression.
Commenter  J’apprécie          4831
Un manga unique récompensé par un fauve d'or en 2003. Un voyage à travers le temps qui ramène à l'adolescence du personnage principal et qui interroge sur l'histoire familial. Un manga / roman graphique qui m'a émue, le graphisme est simple et beau et les dialogues sont fins, sensibles.
Commenter  J’apprécie          20
Un roman graphique tout en contrastes! L'idée classique, un brin usée, du voyage dans le temps, l'exploitation de la nostalgie de l'enfance, cela ne laissait guère pressentir les subtilités de cette histoire. J'ai eu peur un instant d'un dénouement style "vis tes rêves, crois en toi" mais non, c'est - heureusement - plus complexe.

L'histoire n'est qu'un prétexte pour nous interroger sur le destin, la possibilité de choisir, et les rapports intra-familiaux. Et là, il faut reconnaître que c'est plutôt bien joué, et qu'il n'y a pas de conclusion toute faite.

Un bon point aussi pour les personnages féminins. Alors que les masculins sont au final, assez prévisibles, presque caricaturaux (les profs évidemment sévères mais bienveillants, Masao le fan de moto, les salarymen forcément alcooliques) les femmes représentent un éventail de caractères plus large, et moins attendus. Si certaines sont soumises, d'autres apparaissent libres, comme la savoureuse serveuse de bar ou la jeune Kyôko, aussi attachante qu'insupportable.

Taniguchi ne peut que nous toucher: impossible de ne pas penser à ses propres parents. Poignantes questions que de se demander s'ils ont été heureux, s'ils ont vécu la vie qu'ils auraient voulu avoir, et, au final, qui ils étaient vraiment? Questions auxquelles nous n'aurons jamais de réponse certaine...

Le trait fait montre aussi de contrastes, certainement voulus: si les personnages sont dessinés à la ligne claire, si leurs mimiques frôlent parfois le style manga, voire dessin animé japonais fruste des années 80, les paysages et les villes sont délicats, pointillistes. du Roy Lichtenstein qui aurait copié sur Seurat, avec, cerise sur le gâteau, un splendide noir et blanc. Une réussite!
Commenter  J’apprécie          40
J'avais envie de tester au moins une oeuvre de Jiro Taniguchi et je pense que j'ai pris une bonne oeuvre pour commencer.

Quartier Lointain nous raconte l'histoire d'un homme de 48 ans qui va faire un voyage dans le temps au moment où il avait 14 ans, l'année où son père est parti. Hiroshi se retrouve donc adolescent mais avec la mentalité et l'expérience de quelqu'un de plus mature. C'était très intéressant. Hiroshi redécouvre son passé sous un nouvel oeil. La famille est un sujet très important de ce livre, j'ai bien aimé la fin. C'est une histoire pleine de nostalgie et de questionnement.

Je recommande à ceux qui aiment bien les voyages temporels et la famille

4/5
Commenter  J’apprécie          30
Quartier Lointain est une belle histoire sur la famille, sur le passé, sur les erreurs et sur le deuil.

Il de dégage beaucoup de poésie et de nostalgie du scénario, des dessins et des personnages.

J'ai beaucoup apprécié Hiroshi comme personnage. Il est touchant enfant, essayant de se réadapter à sa vie d'enfant, essayant de retenir son père, essayant d'être une bonne personne.

Difficile d'en dire plus sans trop en dévoiler. Je recommande en tout cas chaudement la lecture et je vais de ce pas essayer de trouver d'autres livres de Jirô Taniguchi !

Commenter  J’apprécie          10
Hiroshi prend le train pour rentrer à Tôkyô. Pas très frais après des excès d'alcool la veille, il se retrouve dans un train qui l'emmène à Kurayoshi, la ville de son enfance. Pensant à sa mère morte prématurément, il en profite pour se rendre sur sa tombe. Et là, perd-il connaissance ? Y-a-t-il eu un tremblement de terre comme il le soupçonne ? Toujours est-il qu'il reprend ses esprits et se retrouve dans le corps qu'il avait quand il avait 14 ans ! Après un moment de panique, il décide de se rendre à la maison que sa famille occupait durant son enfance. Sa mère est peut-être là. Et en effet, sa mère, sa grand-mère, sa petite soeur l'attendent pour diner et même son père qui les avait quittés sans explication…
Chaque jour, il espère retrouver son corps d'adulte, puis, peu à peu, il a plaisir à retourner à l'école qui lui semble moins ardue (évidemment il a conservé ses acquis d'adulte), il a plaisir à retrouver son corps juvénile vif et agile, à retrouver ses amis d'autrefois mais aussi de nouveaux comme la jolie Tomoko.
Saisi du désir de comprendre le mystère du départ de son père, de si possible l'empêcher, il se coule dans sa nouvelle vie, sa famille d'adulte s'estompant peu à peu…
Ma 2ème expérience « manga » est nettement plus réussie et je remercie @deidamie et @Fanny1980 pour cette recommandation. Je mets « manga » entre guillemets car contrairement à ma 1ère expérience j'ai lu celui-ci à l'occidentale… Mais ce n'est pas ce qui m'a plu. Ici c'est l'histoire que j'ai avalé d'une traite qui m'a séduit.
Quelle bonne idée de mettre en évidence l'adaptation de Hiroshi à son nouveau départ avec ses acquis d'homme de 48 ans, de lui faire revivre des émois sans doute oubliés. Quelle bonne idée de mettre dans sa bouche ce qu'il ne peut taire sur ce que sera demain… En effet, difficile de résister
J'ai apprécié aussi les interrogations que pose le départ du père, le départ d'un père, confronté à sa propre attitude face aux évènements.
Petit bémol pour moi, la résignation de la mère. Peut être une particularité japonaise ?
Commenter  J’apprécie          3010
N'étant pas une connaisseuse de manga, j'ai commencé ce livre sans m'attendre à quoique ce soit. J'ai d'abord était séduite par le dessin, épuré et au trait fin.
J'ai été ensuite transportée, déconnectée de ma réalité et plongée dans cette tranche de vie, ces morceaux du quotidien subtils et touchants. C'était une lecture très agréable, une histoire émouvante empreinte de nostalgie et de mélancolie.
J'ai été touchée par ce personnage qui croit pouvoir réparer les erreurs de son passé, qui lutte pour y arriver...et nous renvoie à nos propres choix. Ce voyage temporel et spirituel lui aura au moins permis d'ouvrir les yeux sur son présent et d'apprécier sa vie telle qu'elle est.
Commenter  J’apprécie          80
Une découverte que je fais tardivement, mais avec grand plaisir. Ce n'est pas mon 1er Taniguchi puisque j'ai déjà lu "Le Journal de mon père" et j'ai préféré Quartier Lointain pour bien des raisons ! Les premières étant que les thématiques abordées dans QL m'ont plus parlée et touchée. J'en ai retrouvé certaines en commun, comme la relation père-fils, l'interrogation sur le sens du devoir, le passage du temps, la guerre, la résignation de l'âge adulte… Des thèmes qui m'auraient sûrement moins conquise si j'avais lu QL plus jeune, d'ailleurs.
Concernant l'intrigue, il plane une espèce de mystère constant sur ce qui arrive à Hiroshi, sur les conséquences de ses actes passés sur le présent, sur la nature réelle de son retour sur le passé… La fin n'est pas réellement claire, mais ça ne m'a pas dérangée. Il y a un petit côté rêve/fantasme qui va de pair avec les actions de Hiroshi pendant sa 2ème jeunesse. Ce côté fantastique m'a beaucoup plu, en somme !
Concernant l'histoire plus concrètement, c'est de la tranche de vie, avec l'exploration de relations amicales (pas toujours saines, d'ailleurs), familiales (tendues et pleines de questionnements), romantiques (ce qui permettra à Hiroshi de s'interroger sur l'amour, sur le désir…). Si certains passages pouvaient paraître un chouïa longuets, j'ai globalement apprécié tous les chapitres de l'oeuvre. J'ai aimé plonger dans la nouvelle jeunesse de Hiroshi, assister aux choix qu'il prenait pour espérer s'offrir un meilleur avenir, ses doutes sur les conséquences de ses actes puis ses prises de position de plus en plus affirmées sur ce qu'il voulait changer dans sa vie… jusqu'à qu'il comprenne que certaines choses sont immuables. Cette prise de conscience amène Hiroshi à s'interroger sur son présent évaporé, sur sa famille délaissée, sur les choix nouveaux qu'il a pris et sur la nature de leur légitimité. de belles interrogations, assez amères toutefois, sur ce que l'on souhaite faire de sa vie, sur la part d'égoïsme qu'on peut imposer aux autres pour s'offrir des années de bonheur personnel. Ce dernier point était très intéressant, mais m'a laissé un goût amer en bouche. Ce sont uniquement les hommes qui ont eu le droit à cet égoïsme pour choisir l'orientation de leur vie (le père de Hiroshi étant un exemple flagrant). Les femmes présentées dans ce manga ont toutes suivies un modèle +/- similaire : être femme au foyer, bonne épouse et mère aimante. Je sais que le manga n'est pas tout jeune, que la société évoluait progressivement, mais, quand on voit des mangas d'aujourd'hui où la majorité des femmes tient encore ce rôle, c'est à pleurer.
Question dessins, je n'ai pas du tout ressenti l'effet "manga-pas-tout-jeune" auquel je m'attendais. Même si les visages ont tendance à se ressembler pas mal, les expressions sont changeantes, retranscrites avec justesse. Les paysages sont soignés, on plonge sans soucis dans la ville natale de Hiroshi, dans son collège, dans la boutique familiale, à la plage ou sur les chemins du village…
En fin de compte, je suis contente d'avoir attendu d'être un peu plus qu'une ado pour lire Quartier Lointain, car je ne pense pas que toutes les thématiques m'auraient plu.

Lien : https://littcentcinquante.wo..
Commenter  J’apprécie          00
Un de mes premiers mangas, et quel manga! Une ode à l'enfance, à la vie.
Commenter  J’apprécie          20
Un beau manga, un récit d'une enfance vécue pour la seconde fois. J'ai facilement plongé dans l'univers de ce livre au rythme lent mais agréable. Je me suis laissé porter par la douceur, les rêveries et la beauté du trait contenues dans ces 400 pages. J'aurais aimé que le récit soit finalement plus audacieux, plus marquant. Mais, à part cette petite note négative, je recommande chaudement cette lecture agréable et qui pourra plaire même aux néophytes des mangas.
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (4624) Voir plus



Quiz Voir plus

Quartier Lointain: L'intégrale

Qui est le personnage principal ?

Hiroshi Nakahara
Hiroto Namakasé
Hirisoti Nokomé

10 questions
33 lecteurs ont répondu
Thème : Quartier lointain - Intégrale de Jirô TaniguchiCréer un quiz sur ce livre

{* *}