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3,67

sur 290 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Tanizaki aurait pu faire sienne la fameuse citation de Pascal : «Le coeur a ses raisons que la raison ignore», lorsqu'il écrivit « La Clef : La Confession impudique». Il est en effet très rare de rencontrer des personnages de roman qui s'aiment avec autant de déraison.

Ikuko, une très belle femme de 45 ans, est mariée depuis plus de vingt ans à un professeur d'université de 11 ans son aîné.
Depuis quelques mois ils ne sont plus en phase au niveau de la libido, monsieur fatigue et a besoin de temps de récupération croissants tandis que madame au tempérament de feu est gagnée d'un sentiment d'intense déplaisir.

Plutôt que de parler ouvertement de leurs problèmes intimes, ils tiennent chacun de leur côté un journal en s'arrangeant pour qu'il soit lu en secret par l'autre. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, n'est-ce-pas ?

Ikuko a reçu de feu ses parents une stricte éducation confucéenne et s'est rangée à l'avis de ces derniers quant au choix de son mari. Depuis le début de la vie conjugale elle s'est efforcée de faire taire sa frustration.

Le couple a une fille de 20 ans Toshiko qui jalouse la beauté de sa mère. le prétendant de Toshiko, Kimura, vient régulièrement à la maison et le professeur se demande parfois si son épouse n'est pas plus éprise que leur fille de ce beau jeune homme.
En fait le professeur se complet dans la jalousie, synonyme pour lui de stimulant sexuel. Sa perversion va même jusqu'à profiter de l'ébriété occasionnelle de sa femme pour assouvir pendant son sommeil certains fantasmes qu'elle lui refuse depuis toujours.
Mais plus ou moins encouragée par le journal de son mari, la belle Ikuko, bien qu'elle écrive le contraire dans le sien, ne va pas tarder à atteindre avec le jeune Kimura le point de non retour…

La forme narrative de « La Clef » accentue encore le sentiment de dépravation de ce couple. le journal intime de l'un puis de l'autre sont dévoilés au lecteur, jour après jour, sur une période de quelques mois.
J'ai ressenti une certaine gêne au départ à pénétrer ainsi dans l'intimité de ce couple, gêne contrebalancée par l'impression première que les deux protagonistes jouaient cet étrange jeu épistolaire dans l'espoir de renforcer leur amour réciproque.
J'étais loin de me douter de la tournure tragique des évènements.
Malheureusement pour le professeur et sa femme, la psychanalyse, balbutiante, n'avait pas encore pignon sur rue dans le Japon de l'immédiat après-guerre !

Au final, un roman étonnant qui peut difficilement laisser le lecteur insensible. Je l'ai nettement préféré à « Svastika », également de Tanizaki, qui relate aussi une histoire de moeurs compliquée mais dont la fin m'avait laissé perplexe lors d'une récente lecture.
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Après avoir eu récemment une très bonne expérience de lecture avec « Le coupeur de roseaux » - et par la même une très bonne entrée en matière dans l'oeuvre de Junichiro Tanizaki - je me suis laissée tenter par ce roman qui bien que pourvu d'un scénario simple me laissait entrevoir des développements intéressants. Et pourquoi pas même palpitants ?

Simple ? Ça l'est effectivement. Après bien des années de mariage et malgré une différence d'âge au sein de son couple, un « vieux » professeur d'université n'arrive plus à satisfaire les appétits sexuels voraces de son épouse. Chacun des deux écrit alors sont propre journal intime, confiant au papier ses états d'âmes et potentiels scrupules ainsi que ceux qu'il prête à l'autre. La jalousie s'avérera être le nouveau moteur de ces relations un tantinet malsaines et venimeuses. Lira ? Lira pas le carnet du voisin ? Telle est la question. Je ne remercie d'ailleurs pas l'auteur du résumé figurant sur la quatrième de couverture. J'aurais préféré que les doutes qui m'ont assaillie durant la lecture proviennent du texte et uniquement du texte, et pas seulement du résumé. Bref, passons…

Palpitant ? Certes, il y a des rebondissements - un brin répétitifs - mais narrés selon moi de façon bien trop plate. Les calculs et manipulations sont décrits assez froidement et sur un ton monocorde. A ce propos, j'ai une petite idée de ce qu'il m'a manqué. S'agissant de carnets intimes écrits par deux personnes aux caractères bien différents, il aurait été plus judicieux de différencier les styles, chaque façon d'écrire étant unique : tocs de langage, tournures de phrases, tendances particulières, etc. Au lieu de cela, l'écriture de l'un à l'autre s'est révélée assez interchangeable. Ce qui est d'autant plus dommage que les psychologies du mari et de la femme sont pour le coup bien marquées et développées. Contrairement à celles de leur fille qui ne m'a pas convaincue ainsi que du potentiel gendre; alors que leurs rôles dans toutes ces machinations ne sont pas négligeables. Opter pour une forme narrative basée sur le croisement de deux journaux intimes n'a peut-être pas aidé pour creuser pareillement ces deux personnages, surtout de façon indirecte. Mais j'ai ressenti un vrai déséquilibre dans le traitement de ce quatuor de pervers. Quant au fin mot de l'histoire : il a sa logique si l'on tient compte du caractère et des objectifs personnels de chacun, mais le chemin pour y arriver m'a semblé disons... tortueux.

On pourrait croire que j'ai passé un mauvais moment avec ce livre. Ce qui n'est pas le cas. L'histoire en elle-même reste intéressante avec quelques réflexions culturelles sous-jacentes et se lit plutôt facilement. Je n'exclue d'ailleurs pas d'être passée à côté de certains aspects de l'oeuvre de Junichiro Tanizaki. J'ai juste trouvé que le style manquait de relief, avec une certaine redondance dans les événements et que les personnages auraient pu être mieux exploités. Bonne lecture donc mais sans plus car un peu décevante; et qui ne me laissera pas - à priori - un souvenir impérissable.
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Afin d'honorer son épouse aux fortes exigences et par l'intermédiaire de son journal intime qu'il sait lu en cachette par celle-ci, un professeur d'université de 56 ans marié depuis 20 ans a recours à un dangereux stimulant érotique : la jalousie.
De son côté, l'épouse tient également un journal, lui-aussi lu à la dérobée par son conjoint, qui n'a d'autre but qu'entretenir sa jalousie et dans lequel elle va révéler sa nature sournoise et les limites des périlleuses manoeuvres ourdies par son mari...

Ecrit en 1956, un roman qui surprend par son audace et sa modernité. Grand nom de la littérature japonaise du XXème siècle, Junichiro Tanizaki (1886-1965) nous donne à lire une oeuvre sensuelle et délicate sur un sujet épineux, très osé et scabreux pour l'époque, qu'il aborde avec finesse et subtilité sans jamais verser dans la vulgarité.
Un roman d'amour et de jalousie qui établit avec justesse le rapport à la douleur dans la tradition nippone et son utilisation comme stimulant érotique.
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Tanizaki avec un talent diabolique nous offre ici un roman à clefs.

On pourrait croire que le thème principal en est la recherche du plaisir mais ce livre va bien au-delà de cette quête à corps perdu.
Mariage arrangé, soumission, approche de la vieillesse et du déclin physique, disparité des désirs d'un couple, perversité, manipulation à étages, suicide programmé, meurtre prémédité... le roman explore tout cela dans une relation sado-masochiste telle que les affectionne le grand romancier japonais.
Mais finalement, lorsque le livre s'achève même le lecteur se rend compte qu'il a été manipulé et parfaitement dupé par le talent de l'auteur.
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Au Japon, un quinquagénaire à la sexualité vacillante n'arrive plus à assouvir la libido débordante de son épouse. Elle-même née d'une famille bourgeoise aux principes moraux ancrés, refuse de tromper son mari avec le soupirant de leur propre fille, mais se laisse courtiser.
Le couple tient chacun de leur côté un journal intime qui leur permet de communiquer entre eux, sachant que l'un soupçonne l'autre de le lire en secret.
Sur ce postulat, Junichirô Tanizaki développe la relation qui va évoluer entre les différents protagonistes.
Entre les fantasmes du vieux professeur jaloux et l'attitude passive et soumise de son épouse, l'auteur nous emmène jusqu'au dénouement inattendu et à la confession de cette dernière, bien plus fine calculatrice qu'il n'y paraissait.
L'écriture est savoureuse. C'est typiquement asiatique. le lecteur passe un moment suave et poétique en compagnie de cet ouvrage.
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La confession impudique.
Junichiro TANIZAKI

Secrets et manipulations pourrait être le sous-titre de ce roman japonais.
En effet le professeur et sa femme Iku-ko sont mariés depuis plus de 20 ans mais n'ont jamais pu accorder leurs « tempéraments » en matière de sexe.
Elle est égoïste et demandeuse alors que lui est généreux mais pas très enclin à la chose.
Ce qu'il aimerait c'est que sa femme (plus jeune que lui) parle et s'exprime en matière d'envies et de sexualité.
Mais son éducation et sa personnalité réservée l'en empêche.
Alors le jour où sa femme fait un malaise devant leur fille Toshi-ko et son peut-être petit ami Kimura une idée lui vient.
Il injecte un somnifère à sa femme et en profite pour la déshabiller entièrement et la mettre dans des postures où il pourra enfin voir son corps nu entièrement offert.
Le scénario se répétera plusieurs fois et le professeur remarquera l'intérêt réciproque de sa femme et Kimura.
Une étrange idée va alors germer dans son esprit : imaginer que sa femme et Kimura ont une liaison pour que la jalousie qu'il en retire lui redonne de l'entrain sexuel.
Mais surtout tout consigner dans un carnet secret, ce que sa femme fera aussi de son côté.
Tout en faisant croire à l'autre qu'on ne lit pas son journal secret enfermé dans un tiroir...

🔐 J'ai trouvé extrêmement originale l'idée de cette correspondance entre époux par journaux intimes interposés tout en faisant croire à l'autre qu'on ne sait pas qu'il les lis pour y faire passer des messages.
Ça peut paraître tordu.
Ok C'EST tordu mais véritablement réussi.
Et la littérature japonaise a cette indéniable délicatesse qui suggère plus qu'elle ne décrit.
Un bon roman très loin de mes habitudes de lecture.

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Après la lecture de ce livre, je dois avouer que la culture japonaise me laisse perplexe. J'ai beaucoup apprécié la forme, ces deux journaux intimes croisés, celui du mari et de son épouse. L'écriture n'est jamais vulgaire, la perversité est ailleurs, machiavélique : chacun veut donner à l'autre l'illusion qu'il a le contrôle. Chacun interprète les comportements de l'autre sans être sûr de ce qu'il sait, tout devient ambigu. La femme est-elle vraiment ivre, fait-elle exprès d'être ivre ou fait-elle semblant d'être ivre ? Cette relation perverse devient de plus en plus complexe car le mari se met à utiliser son futur gendre pour en faire l'amant de sa femme, afin d'augmenter sa libido par la jalousie. Mais la femme n'est-elle pas vraiment attirée par son futur gendre ? le lecteur réalise qu'on ne sait plus trop qui manipule qui.. d'autant que chacun des personnages veut que son journal soit découvert par hasard par l'autre, et rédige donc des confessions intimes mensongères. Finalement Tanazaki nous manipule lui aussi. de ce point de vue ce roman est un petit bijou et nul doute que Tanizaki soit un grand écrivain.
Mais en dehors de la critique de la société japonaise d'après-guerre encore imprégnée des traditions de pudeur et de retenue ancestrales, j'ai eu l'impression d'avoir affaire à des gens bien tordus, l'implication du gendre et surtout le rôle, fort ambigu, de leur fille, dans ces jeux, me mettent très mal à l'aise. Avec Les belles endormies, c'est le deuxième livre japonais que je lis avec fantasmes sur des corps endormies de femmes, est-ce un fantasme typiquement japonais ? Quelque chose m'échappe… Je n'arrive pas à comprendre cette femme: je peux comprendre que, de par sa culture et son éducation, elle n'accepte pas d'être vue nue par son mari, mais dans ce cas, il faut être sacrément perturbée pour l'accepter à condition d'être ivre, droguée ou profondément endormie ! Je n'ai pas d'empathie pour le moindre personnage qui pour moi sont tous peu compréhensibles, pire, j'arriverais à la rigueur à mieux comprendre les deux hommes alors que je suis une femme.
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L'intimité sexuelle et sentimentale d'un couple à travers la lecture croisée de leurs journaux intimes. On retrouve des thèmes chers à Tanizaki : mensonges, manipulations, sadisme, jalousie, érotisme, quatuor "amoureux"... Bien que ce texte ne soit pas pour tout le monde, Tanizaki écrit comme personne l'ambiguïté des relations et les coins sombres et inavoués du désir. J'ai toutefois préféré ma lecture de Svastika, qui brouille encore plus les frontières dans ce que le lecteur peut considérer comme vrai, puisque nous aussi, nous sommes manipulés par les personnages dans ses romans.
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Non Folio ne cherche pas à damer le pion à la collection Pocket des romans érotiques qui fleurissent dans les gares : ce bouquin est un roman japonais qui date de ... 1956 !
Autant dire que les charmes secrets sont, depuis, un peu éventés !
Mais l'idée, même si elle est d'époque, est plutôt originale.
D'un âge avancé, Monsieur commence à faiblir et peine à satisfaire Madame.
Histoire d'entretenir sa propre jalousie et donc sa flamme, il entreprend de tenir un journal intime racontant ses fantasmes.
Et en laissant soigneusement traîner la clef du tiroir, il s'assure que Madame lira bien ses «secrets».
Pour ne pas être en reste, sa femme gourmande ouvre elle aussi un journal intime (à l'époque, on n'appelait pas encore ça des blogs).
Contrairement à ce qu'on pourrait supposer, cette situation n'est pas le prétexte à différentes descriptions plus ou moins osées (on est en 1956 au Japon, et pas en 1968 à San Francisco).
Certes on n'y parle pas que de fleurs et de petits oiseaux (Madame est quand même dotée, je cite page 13, « d'un organe absolument exceptionnel », sic !), mais tout le charme de ce badinage libertin repose sur la position alambiquée des deux personnages et des tiers qu'ils veulent bien mêler à leurs jeux : c'est la règle du «je sais que tu sais que je lis ...» (jeu c'est que tu lis ... ?) avec toutes ses déclinaisons.
Comment amener l'autre (qui lira forcément ce que l'on écrit soi-disant en secret) à comprendre ce qu'il doit faire ou accepter (sachant qu'on lira ensuite ce qu'il aura écrit en secret, ...).
Du sexe oui, mais du sexe cérébral ! Une sorte de marivaudage à la mode nipponne, dans le cadre bourgeois et officiellement bien-pensant d'un couple japonais de l'immédiat après-guerre.
Le tout est de savoir qui manipulera l'autre, qui saura faire preuve de la plus grande duplicité et finalement, qui écrira le dernier mot dans son journal intime ... page 196.
On n'en dit pas plus pour ne pas trop en « dévoiler » mais sachez qu'on aurait presque pu classer ce petit bouquin dans les polars ...
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Junichirô Tanizaki

La clef
La confession impudique


Ce roman se décline sous forme d'un face à face entre deux journaux intimes, celui de la femme, jeune japonaise élevée dans la morale traditionnelle, donc bien souvent étriquée, coincée, et celui du mari, éperdument amoureux de son épouse. Les deux lisent en secret le journal de l'autre.

Le problème de départ est banal : elle a beaucoup de désir sexuel quand lui peine à la contenter. Pour ne rien arranger, ce qui pourrait l'exciter lui, elle se refuse à le faire parce que c'est « immoral ».

Première remédiation : il s'aperçoit que la jalousie est un puissant moteur de désir. Vient alors s'immiscer dans le couple un deuxième homme, conscient à priori de son rôle dans le couple, qui va séduire la femme (elle se laissera faire soit (avoué) parce que c'est son mari qui le veut (donc elle lui rend service !) soit parce qu'en fait elle tombe amoureuse de cet homme et n'en peut plus de son mari, tout simplement (ce qu'on découvre à la fin).

Deuxième remédiation : l'alcool, puisque grâce à une prise régulière et importante, la femme se désinhibe en faisant croire qu'elle est évanouie et ose enfin des choses qui vont exciter encore plus le mari.

Mais la jalousie s'use et il lui faut sans cesse de nouveaux morceaux à se mettre sous la dent ! La relation entre la femme et l'autre homme est donc de plus en plus poussée ; la femme finira par tromper son mari, tomber amoureuse de l'autre et même… tuer son époux (qui mourra heureux !!!) pour pouvoir vivre avec l'autre.

Les apparences sont trompeuses et le livre n'est jamais vulgaire, ni même osé ; on y parle très peu de sexe même si c'est un des thèmes principaux. Je ne peux pas dire que le style ni même l'histoire m'aient passionnés mais j'ai trouvé les ressorts intéressants, cette naïveté feinte qui se découvre perfidie profonde, cette jalousie ourobore, ce cercle infernal où les excuses aux agissements sont données (et comprises) mais où la responsabilité finale incombe quand même à celle qui manipulait (alors que c'était le mari qui croyait manipuler).

Il me semble que Murakami a lui aussi écrit quelque chose sur ce thème de la jalousie… à vérifier !
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