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3,49

sur 238 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une pause japonaise avec cette nouvelle de l'écrivain japonais Jun'ichirō Tanizaki, qui explore les aspects sombres de l'être humain avec ses obsessions et ses désirs interdits.
Une promenade vers le temple de Minase, un ancien palais impérial avec des références aux poèmes ancestraux, aux haïkus et chansons anciennes du Japon impérial. le narrateur rencontre au détour d'un bosquet de roseaux un homme étrange. Après quelques verres de saké, celui-ci lui raconte l'histoire d'amour entre son père et une femme veuve très jeune, O-Yu.
‘Pour le dire en un mot, la personne d'O-Yû respirait le genre d'atmosphère que l'on trouve dans l'aspect des anciennes poupées de Cour, un mélange d'éclat rayonnant et de grâce classique, évoquant les figures presque inaccessibles de quelques grandes dames du palais. » Il s'approchera d'elle et ne pouvant l'épouser, épousera sa soeur O-Shizu. Une relation à trois qui s'installe.....

L'auteur s'inspire d'un conte traditionnel japonais et nous offre une oeuvre, courte, à la construction et au rythme particuliers, où le désir et l'obsession s'entrelacent, le pouvoir et la soumission, la lumière et l'ombre. On ressent le puissant attachement de l'auteur pour le passé de son pays.

Une écriture toute en subtilité et élégance pour un agréable moment de lecture loin de notre réalité.


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Un beau soir de septembre, le narrateur se décide à une promenade méditative et poétique au sanctuaire de Minase, lieux où s'élevait jadis un ancien palais impérial. La beauté chaleureuse de ces lieux porteurs d'un passé majestueux, évoque au marcheur solitaire des réminiscences d'oeuvres traditionnelles, de poèmes anciens, de haïkus consacrés, ainsi que le désir de contempler la lune sur les rives toutes proches du fleuve Yodo.
Sa solitude est pourtant troublée par l'apparition d'un homme, surgi de derrière les roseaux tel un esprit des eaux.
Celui-ci, après lui avoir offert quelques verres de saké, entreprend de lui faire le récit des amours contrariés de son père avec la belle et distinguée O-Yû. A l'époque, la tradition nippone ne permettant pas à O-Yû, jeune veuve avec un enfant, de se remarier,
le père du conteur s'était résolu à épouser O-Shizu, la soeur cadette d'O-Yû, afin de rester proche de celle qu'il avait épousée dans le secret de son coeur. Une curieuse relation triangulaire, fondée sur la chasteté, s'était alors établie entre O-Yû et le couple, chacun sacrifiant sa vie par amour et par respect pour les deux autres.
A la fin de cette étrange confession, la silhouette de l'inconnu se fond dans le clair de lune, laissant planer comme l'ombre d'un doute sur la réalité de cette rencontre…

Dans ce court roman inspiré d'un vieux conte japonais, Tanizaki prend tout son temps pour camper son décor.
Posément, graduellement, l'auteur japonais crée une atmosphère tout en délicatesse, établit une ambiance douce, éthérée, qui vous happe et vous enivre comme ces coupelles de saké offrant une légère ivresse, un trouble nimbé de bien-être.
Par un lent, long et beau préambule, paisible promenade au bord d'un fleuve un soir de pleine lune, le lecteur sera peu à peu conduit au coeur du récit.
Le promeneur solitaire accompagné d'un lecteur serein, se laissent tout d'abord envahir par la beauté calme des lieux, baignés de douce mélancolie, sorte d'attente contemplative nimbée de poésie nippone, de haïkus, d'histoires traditionnelles.
Puis, avec cette magie que confèrent les bords brumeux d'un fleuve seulement éclairé par l'astre lunaire, l'apparition du deuxième personnage, surgi d'entre les roseaux, ouvre la voie à un autre récit tout aussi délicat et raffiné, l'histoire d'un amour impossible.

Dans la narration de ce récit, l'auteur japonais révèle l'étendue de son érudition des us et coutumes de la tradition nippone et des arts traditionnels (instruments de musique, poésie, oeuvres anciennes).
Apparaît alors un monde où le raffinement et l'élégance le disputent aux devoirs et contraintes imposés par des codes sociaux extrêmement restrictifs.
Le grand auteur japonais, au demeurant souvent bridé par la censure dans d'autres ouvrages, compose ici un tableau d'une exquise subtilité, traduisant à la fois la soumission et le respect aux règles ancestrales, et le rapport triangulaire ambigu et sensuel des personnages.
Ainsi, dans un style imagé, auréolé d'une poésie claire et mélodieuse, il réussit à évoquer les thèmes qui lui sont chers – les passions amoureuses, les relations triangulaires, la beauté, la sensualité - sans toutefois heurter les bonnes consciences.

A la recherche d'un esthétisme gracieux, élégant et raffiné, l'auteur de « La clef », « Eloge de l'ombre » ou « le tatouage », compose « le coupeur de roseaux » à la manière dont les artistes japonais réalisent leurs estampes à l'époque Edo, avec cette portée philosophique que l'écrivain japonais du XVIIème siècle Asaï Ryôi mentionne ainsi : « vivre uniquement le moment présent, se livrer tout entier à la contemplation de la lune, de la neige, de la fleur de cerisier et de la feuille d'érable […], dériver comme une calebasse sur la rivière, c'est ce qui s'appelle ukiyo. »
Les descriptions finement nuancées de la nature, des paysages, des costumes, le mouvement suspendu d'un geste féminin, le sentiment d'évanescence et d'éphémère qui se dégagent des êtres et des choses, sont peints au plus fin pinceau et, sous la plume de l'auteur, se dévoilent détail après détail au gré d'une écriture soignée, souple et soyeuse. Si bien que, tout comme les artistes pratiquant l'Ukiyo (ou l'art de l'estampe), l'on pourrait aisément qualifier de « peintre d'un monde flottant » le grand écrivain japonais Junichirô Tanizaki (1886 – 1965).
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Le narrateur, en se promenant au bord d'un étang, rencontre un homme qui va lui compter les raisons qui le poussent à revenir déambuler sur ces lieux environnant un ancien palais impérial. Ce sont ses souvenirs de jeunesse qui resurgissent ainsi, du temps où son père, Seribashi, l'amenait ici, attiré par la musique traditionnelle, suave et légère émanant de la noble demeure. Cette musique était interprétée par O-Yû, la femme que Seribashi a aimé toute sa vie. O-Yû, jeune veuve et mère, devait porter le deuil un temps, et Seribashi épousa sa soeur O-Shizu, mais celle-ci devina vite les sentiments profonds et pudiques unissant les deux coeurs. O-Shizu fait preuve d'une noblesse d'âme et de coeur infinie en installant O-Yû chez elle pour favoriser le rapprochement des deux amoureux...mais la société japonaise très conservatrice permettra-t-elle la concrétisation d'une telle union ?
Atmosphère onirique et nostalgique pour cette belle nouvelle aux allures de fable, qui met en exergue les thèmes souvent visités par la littérature japonaise : les amours défendues, l'honneur, la pudeur dans l'expression des sentiments, la rigidité de la société et de ses codes, la mémoire et sa transmission à travers les générations.
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Japon.
Devenu nostalgique à l'approche de la cinquantaine, le narrateur décide de passer les fêtes de la pleine lune du 8ème mois au sanctuaire de Minase, ancien palais impérial situé au bord d'un fleuve. Alors qu'il s'abîme dans la contemplation de l'astre, il est surpris par un promeneur qui entreprend, à force rasades de saké, de lui raconter son histoire, surtout celle de son père, qui venait régulièrement espionner clandestinement la belle dame du palais.

Avec beaucoup de poésie, l'auteur raconte, comme un joli conte, l'amour contemplatif d'un homme pour une femme. Cette dernière est choyée et adulée par sa famille et sa belle-famille pour sa beauté et sa grâce. Je n'ai pas pu m'empêcher de faire un parallèle avec la cristallisation De Stendhal par moment. L'auteur excelle dans la description de la beauté féminine et le désir masculin. le récit met en valeur le sacrifice, l'amour courtois, la tragédie, le tout dans une ambiance onirique.
Ce court roman est une ode aux traditions et aux valeurs japonaises même si l'ensemble paraît par moment désuet pour l'Occidentale que je suis.

Une très belle fresque des moeurs japonaises où l'honneur et l'altruisme sont mis en valeur par un auteur que j'apprécie de plus en plus.
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L'auteur ou une autre personne, se promène sur les chemins qui logent le sanctuaire de Minase. Chassé de Kyoto, Go-toba, 82ème empereur du Japon, avait érigé un palais dans les lieux. Sous les ramages des érables, il se récite les haïkus qui célèbrent la rivière Minase, les montagnes, la brume, l'automne et le flot des arbres.

« Rivière Minase !
Pourquoi avoir préféré
Les soirs d'automne ?

Ils auront traversé
les premiers mille ans
sans vieillir !
Ces jeunes pins présagent
un long règne à notre seigneur… »

Le sanctuaire national est un mémorial aux trois empereurs déchus de l'ère de Jôkyû. le narrateur a le regard tiré vers le mont Tennô, les cours d'eau, les berges de la rivière envahies par les roseaux, les roches… tout est ravissement pour l'âme du promeneur poète, peintre.
L'après-midi appelle le soir et sa lune. Entre les tuteurs des roseaux, un homme le salue. le narrateur n'est plus seul, un contemplateur s'invite dans ses songes. D'une charmante et douce manière, il requiert le plaisir de lui raconter une histoire… celle de son père et d'un amour, O-Yû sama, une belle dame sans merci.
Un verre de vin, deux verres, trois… l'invitation au saké est irrésistible, elle donne de bonnes sensations. L'un narre une vie, l'autre l'écoute sous le clair de lune qui enchante le miroir de la rivière.
Juste une histoire que la brise happe en passant…

« … tout petit, mon père me forçait chaque année à parcourir quelques deux ou trois lieues le soir de la pleine lune du huitième mois. Aujourd'hui encore, le retour de cette date me ramène des souvenirs de cette époque. A cette occasion, mon père me tenait des propos semblables à ceux que vous venez de tenir : « Sans doute n'es-tu pas encore capable de ressentir toute la mélancolie de cette nuit d'automne, me dit-il souvent, mais un jour tu comprendras. »
- Que voulait dire ce comportement ? Aimait-il à ce point ce jour de pleine lune ?… »

.
De la contemplation à la rêverie, du voyage intérieur à la simple promenade, l'auteur commence par nous présenter une estampe, un décor bocager, sous les vers japonisants d'une antique époque. La balade est harmonieuse, pas hâtive, douce avec son air automnal et sa lune mystérieuse. le lecteur déambule paisiblement avec lui, embarqué dans un dédale de chemins aux horizons lointains. Les images sont belles, elles méritent nos pensées. Un vieil homme apparaît et conte l'histoire d'une jeune femme parée de toutes les qualités, belle comme l'astre et inaccessible.
Sensible, sensuelle et musicale, l'histoire se saisit de la deuxième partie de la nouvelle. le vieil homme aborde avec délicatesse l'obsession de son père séduit par les visages de O-Yû qui donne le ton et rythme la danse.
Un récit aux us d'un Japon ancien et traditionnel, une marque du temps subtile, un héritage à travers une confidence, ce livre est une belle écriture..
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Petite intrigue racontée par un promeneur croisé lors d'une balade en bord d'eau par le narrateur.
L'histoire d'un amour impossible, conté de merveilleuse façon, tout en délicatesse et sensibilité. Une façon poétique de mettre en lumière toute la pudeur qui peut exister dans les relations homme, femme dans la société japonaise.

Le romantisme tient ici une place prépondérante, tant dans les attitudes des différents protagonistes que dans les décors décrits, les coutumes, les paysages.

C'est un livre que l'on peut trouver ennuyeux, mais si comme moi on apprécie la littérature nippone, on ne peut que se laisser bercer par ce récit.

J'ai beaucoup apprécié.
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En peu de pages Tanizaki prend tout son temps pour nous mener dans les méandres de son récit. La principale caractéristique de ce roman, c'est la fluidité. Fluidité de la rivière qui s'écoule imperceptiblement, de la lune dont le reflet parfois masqué par un nuage ondule sur l'eau, des sentiments qui se modifient avec les années : petit à petit une douce torpeur nous liquéfie.
Il ne s'agit là que d'impressions qui ne donnent pas vraiment d'indications sur le contenu. Comment donner plus d'informations sans dévoiler l'intrigue. Car il y a une intrigue, et même du suspens. Disons que ça commence comme une méditation sur la nature et les fantômes du passé. Puis se poursuit par un scénario de pièce de théâtre, dans lequel des personnages aux prises avec les pièges des sentiments amoureux se débattent. Et enfin cela s'achève dans une vision indiscernable.
Tout petit roman merveilleusement composé et dire qu'il ne s'agit que d'une traduction, cela donnerait envie d'apprendre le japonais.
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Très joli roman ou nouvelle? L'esprit japonais est respecté. Dans la première partie de l'ouvrage, le narrateur plante le décor : une promenade vers le temple de Minase, un ancien palais impérial. le descriptif des alentours nous mène entre tradition et modernité. Beaucoup de référence aux poèmes ancestraux, aux haïkus et chansons anciennes.

Lorsque le décor est planté, un soir de pleine lune sur un banc de sable à admirer la lune et la nuit, un personnage semble surgir des roseaux. Il enivre un peu notre protagoniste, sous l'effet du vin et de l'alcool nous conte une sublime histoire inspirée des temps anciens.

Une histoire d'amour. Notre conteur enfant déjà enfant en compagnie de son père essayait d'entrevoir à la huitième lune O-Yu jouant du koto.

L'histoire d'une passion pour O-Yu, cette femme veuve très jeune, aux rituels de luxe et ancestraux dont il tomba éperdument amoureux à l'âge de 28 ans. Il s'approchera d'elle en épousant sa soeur O-Shizu. C'est une relation très spéciale à trois qui s'installe.....

Un régal, on est emporté dans la narration très belle avec une délicatesse bien propre à la littérature japonaise. Ce roman est très lent au départ mais le récit va crescendo et ce petit livre se laisse dévorer très vite.

Lien : http://nathavh49.blogspot.be..
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Dans un décor somptueux, sur un île au milieu d'un grand fleuve et par une nuit de pleine lune, le narrateur parti en promenade rencontre un homme qui lui raconte une bien curieuse histoire, celle de la belle O-Yu, perverse et inaccessible... J'ai beaucoup aimé cette nouvelle de Tanizaki inspirée d'un vieux conte japonais.
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Petit roman inspiré d'un conte, d'une lecture très agréable, qui se lit d'une traite.
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