Il y a trois ans, mon année littéraire a commencé avec
Love chef : le tout premier roman que j'ai lu de
Battista Tarantini. Cette année et pour la troisième année consécutive, mon mois de janvier est marqué par une lecture d'un des romans de l'auteur. Et quelle lecture ! Après la cuisine gastronomique, l'univers du tennis, de l'armée de l'air et le bush australien
Battista Tarantini nous entraine dans les coulisses de l'opéra de Sydney ou derrière le faste et les paillettes de la scène se cachent la douleur, les rivalités et les ombres.'
Danser, encore et toujours danser, Léo ne sait faire que cela et ne veut faire que cela. Toute sa vie, elle n'a travaillé que pour atteindre la place ou elle se trouve aujourd'hui, celle de première danseuse à l'opéra de Sydney qui lui assure le rôle principal dans La bayadère et un avenir tout tracé de danseuse. Jusqu'à ce qu'Orion, chorégraphe aussi génial que tyrannique et aussi talentueux que fou, n'apparaisse dans les couloirs du ballet et la vie de Léo. Il l'a choisie, elle, et offre à la jeune danseuse un moyen de fuir la monotonie et la douleur d'une vie sans passion. Une proposition qui pourrait tout aussi bien la mener à sa perte que la révéler à tous mais avant tout à elle même.
Il m'est très difficile d'écrire une chronique sur ce roman tant il y à dire, tant il est puissant, fort et brutal, tant il a trouvé un écho terriblement personnel en moi. Mais parce que c'est à mon sens une des meilleures romances que j'ai lu ces dernières années et sans conteste à ce jour le meilleur roman de
Battista Tarantini, je vais malgré tout tenter de vous en dire un peu plus.
Parlons d'abord de l'écriture. Ou plutôt parlons du talent, parce que talent il y a. Celui de créer une tension avant tout sourde et omniprésente comme un bourdonnement qui ne cesse de s'amplifier jusqu'à l'explosion. Parlons aussi de la capacité de Battista à décrire et donc à nous faire ressentir tout : la souffrance, la chaleur, l'attirance, l'électricité dans l'air, l'énergie qui passe entre les personnages, la lumière du soleil sur la peau, l'odeur du cuir et de la colophane. C'est un roman intense parce que c'est un roman qui se ressent plus qu'il ne ce lit et qui nous étouffe parfois au point qu'il m'a fallu plusieurs pauses dans ma lecture pour ne pas totalement suffoquer.
Et puis il y a les personnages : Orion caractériel et fou, Léonie dites Léo disciplinée, travailleuse et brillante. Mais ce ne sont que les apparences.
Battista Tarantini joue avec ses personnages et fait tomber les masques pour nous montrer un Orion tyrannique mais généreux parfois tendre aussi et une Léonie qui n'a de parfait que l'apparence. Ils sont imparfaits ces personnages, brisés, torturés et tordus, haïssables parfois dans leur comportement. Et en cela on ne les en aime que davantage. Il n'y a jamais d'excuse pour justifier les comportements parfois cruels ou dangereux de l'un et l'autre.
Battista Tarantini n'arrondit pas les angles, elle nous présente la vérité crue et violente mais aussi terriblement sensuelle parfois. C'est cela qui nous hypnotise et nous entête de bout en bout.
Il y a le rythme de l'histoire aussi, soutenue comme une chorégraphie exigeante ou les pas s'enchainent sans jamais laisser une minute de répit aux personnages comme au lecteur. C'est un roman qui se lit en apnée et que l'on quitte le corps perclus de courbatures. Comme toujours, l'auteure nous entraine dans un univers que l'on croit connaitre et nous en montre les plus sombres aspects mais également les moments ou la lumière jaillit des ténèbres, où la vie naît, ou l'inspiration se déploie même quand on s'y attend le moins.
Enfin il y a les thématiques abordés : celles qui sont évidentes et les sous entendus. Celles que l'on devine mais auxquels ont ne veut pas croire ou penser jusqu'a en avoir la confirmation, douloureuse et implacable. Il y a le mythe d'Hadès et Perséphone mon couple favori de la mythologie grec, si souvent raconté mais pas toujours comprit, il y a la danse bien sur mais aussi la souffrance, la création, le sacrifice, la part d'ombre que nous transportons tous, les choix de vies qui définirons la personne que nous allons devenir et ce que nous sommes ou croyons être capable de faire. C'est un roman très dense qui nous emporte dans un tourbillon pour mieux nous recracher à la fin, un peu changer malgré tout.
Battista Tarantini est l'une de ses auteurs dont le talent ne cesse de croitre au fur et à mesure des ouvrages et s'il en eu fallu une preuve Orion l'aurait apporté. Ce nouveau roman dont l'écriture n'a rien a envié a certaines des plumes des plus grands auteurs et loin, très loin de la romance tendre, douce et sucré dont nous avons l'habitude. Nul besoin de vous dire donc qu'il me tarde tout comme je redoute la lecture du second acte de l'histoire d'Orion et Léo, une histoire dont pour l'instant la fin semble totalement imprévisible.
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