Petit crochet par la planète Sophos 4 avec cette novella de science-fiction qui interroge de manière intelligente la mince frontière qu'il peut y avoir entre mythe et réalité.
Le pitch de départ semble nous emmener dans le registre typique et presque cliché de la Fantasy : La princesse Lynesse Quatrième Fille part à la recherche du légendaire sorcier Nyrgoth afin qu'il l'aide à sauver le royaume d'une terrible malédiction.
Mais dès les premiers chapitres le récit se révèle plus subtil en s'enrichissant de thématiques propres à la science-fiction. le sorcier Nyrgoth s'appelle en réalité Nyr Illim Tevitch, il est anthropologue de deuxième classe du Service d'Exploration terrien, chargé d'observer les habitants de Sophos 4. Doté d'immenses connaissances scientifiques, de technologies très avancées et d'évolutions génétiques, il est vu comme un sorcier capable de tous les miracles.
« Voici Nyrgoth l'Aîné, le dernier des anciens, qui appartient à une race dont les seules pensées créent une magie qu'aucun sorcier humain ne pourrait imaginer. »
Le récit alterne entre les points de vue de Lynesse et de Nyr, chacun ayant des perceptions très différentes des évènements. Lynesse baigne dans un monde de contes et de légendes quand Nyr est lui est profondément rationnel. Leurs langages trop éloignés sémantiquement entraînent incompréhension et frustration lors de leurs échanges.
Le personnage de Nyr est le plus intéressant et le plus travaillé du roman. Doté d'une technologie lui permettant de contrôler ses émotions mais qui le contraint de temps à autre à les laisser s'exprimer, il se retrouve à devoir gérer des phases de mélancolie et de dépressions intenses. Il est par ailleurs contraint par sa fonction à ne pas influer sur tout ce qui se produit sur Sophos 4, mais sa solitude extrême et ses sentiments l'entraînent presque malgré lui dans cette aventure.
Par comparaison, j'ai trouvé la figure de Lynesse moins captivante, sans doute trop classique et manquant de personnalité.
Je lis un peu plus de
Science-Fiction depuis que j'ai découvert la collection « Une heure lumière » des éditions le Bélial' dont j'apprécie le format court et la variété des sujets abordés (et aussi j'avoue leurs très belles couvertures).
Cette novella à la croisée des genres a été une belle découverte. J'en retiendrai en particulier le personnage du Dernier des Aînés sur lequel repose l'essentiel du récit.