Après plusieurs publications chez Lunes D'encre, le britannique
Adrian Tchaikovsky débarque cette fois chez le Bélial' pour une novella dans la prestigieuse collection Une Heure-Lumière.
Exit les araignées intelligentes de
Dans la Toile du temps et bienvenue dans un immense labyrinthe aux couloirs infinis et aux salles gigantesques.
Sur la route d'Aldébaran ne marque pas pour autant la fin de l'histoire d'amour entre l'écrivain et les vies extraterrestres improbables, au contraire.
Découvrons avec l'astronaute Gary Rendell les nouvelles races qui arpentent le Dieu-Grenouille.
La faune de l'espace
Perdu dans un étrange labyrinthe, un homme nous raconte sa survie en milieu hostile (et silencieux).
Cet homme, c'est Gary Rendell, un astronaute d'une équipe d'exploration internationale lancée à la suite de la sonde spatiale Kaveney qui a découvert un bien étrange artefact aux confins du système solaire.
Dans le vide, un immense objet non identifié semble appeler à lui les visiteurs. Rapidement surnommé le Dieu-Grenouille à cause de son apparence de batracien, l'édifice semble s'ouvrir sur un gigantesque réseau de galeries et de salles incitant naturellement les différentes nations terrestres à former une équipe pour l'explorer…mais quelque chose tourne mal et Gary se retrouve le seul survivant humain en ce lieux étrange et inquiétant.
Immédiatement, on pense à
L'Homme dans le Labyrinthe de
Robert Silverberg ou même à Cube avec cet enchaînement de lieux froids et inhumains. Sauf qu'ici, pas de piège mécanique mais d'autres « visiteurs » comme autant de voyageurs égarés dans les couloirs du Dieu-Grenouille.
On retrouve ici l'amour immodéré d'
Adrian Tchaikovsky pour la xénobiologie et les créatures improbables, des Ovoïdes-marcheurs à des êtres pyramidaux ou engoncés dans une enveloppe de métal, la faune de l'espace du britannique est toujours aussi réjouissante et inventive.
Pour la commenter, le britannique use cette fois d'un ton plus léger, souvent très humoristique et ironique, par l'intermédiaire de notre narrateur-survivant, Gary Rendell. Si cela rend le récit plus facile à lire, il enlève un élément pourtant fondamental à l'histoire : la tension horrifique. Malgré ses clins d'oeil multiples à Alien/Prometheus,
Sur la route d'Aldébaran ne mise pas sur l'horreur pure et dure, désamorçant quasiment toutes les situations par l'humour incisif de son héros astronaute. Nous sommes donc très loin de l'angoisse qui peut nous saisir à la lecture d'un Vision Aveugle ou de la Nef des Fous.
Sur la route d'Aldébaran s'affirme plutôt un récit d'exploration gentiment désespéré où la communication semble extrêmement difficile pour ne pas dire impossible, une autre marotte de l'auteur britannique qui, cette fois, ne résoudra pas l'équation pour nous.
Le vrai visage du Mal
La novella entrelace deux fils narratifs : celui de Gary Rendell explorant le Dieu-Grenouille, perdu et esseulé, et celui de la découverte de l'objet cosmique par l'humanité, faisant hommage aux récits de science-fiction contenant des BDO (ou Big Dump Objects). Davantage qu'un 2001,
Sur la route d'Aldébaran a un petit côté Stalker totalement imprévu où le narrateur (et le lecteur) se questionne sur la véritable nature du Dieu-Grenouille et ses espaces infinis. Qui a construit cet objet ? Dans quel but et pour qui ? Comme les stalkers picoraient les restes d'un pique-nique intergalactique, les êtres égarés dans le Dieu-Grenouille semblent incapables de saisir les tenants et aboutissants de leur propre aventure/existence en ce lieu, condamné à la question et au tâtonnements dans une froide obscurité. Peu à peu, Adrian Tchaikosvky va pourtant inverser les rôles pour mettre l'humain sur le même plan que les supposés prédateurs qui rôdent dans le Dieu-Grenouille. Très vite, le lecteur s'aperçoit que l'homme n'a rien à envier aux autres monstres et, peut-être même les surpasse-t-il tous en malignité ? Une sinistre conclusion sous les commentaires grinçants et hilarants d'un Gary Rendell de plus en plus inhumain et dérangé.
À la fois récit d'exploration faussement horrifique et journal intime d'une survie en milieu hostile,
Sur la route d'Aldébaran vous offre le foisonnement habituel d'espèces étranges comme les affectionne tant
Adrian Tchaikovsky et une réflexion sur le statut de prédateur et l'incommunicabilité avec l'autre.
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https://justaword.fr/sur-la-..