AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,89

sur 275 notes
5
18 avis
4
19 avis
3
6 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est l'heure du classique, un par mois, pour rompre avec la vie trépidante de notre siècle.
Là, c'est la fin du 19ème, quelque part dans l'Est, entre Moscou et la mer d'Azov, la vallée du Don, vous savez non ? le Donetz, ça vous parle plus, ah oui c'est en..., et Kharkov ? Alors là, bien sûr, le Donbass, en..., allez savoir ?
Peu importe pour l'histoire, je veux dire l'histoire racontée ici, par un artiste russe, qui se passe "dans les steppes de l'Asie centrale". Un poème lyrique, ou une suite musicale, écrite en 1888, l'auteur avait 28 ans, une oeuvre de jeunesse.
Vous êtes sûr ? Ce n'était pas plutôt en 1887, juste avant sa mort, que Borodine a composé ce poème symphonique ?
Mais qui vous parle de musique ? Je viens de lire "La steppe", de Tchekhov, l'une de ses premières productions.
Ah bon, c'est bizarre cette confusion, ou plutôt cette similitude, même époque, même sujet. J'ai dû mal prendre mes notes, mais je suis de concert avec vous, qu'elle soit écrite ou composée, la steppe mérite qu'on s'y attarde.
Borodine a utilisé des instruments à vent pour illustrer la lente progression de la caravane dans cette plaine pleine de vide. Attention, le vide ne veut pas dire l'absence de vie, la faune et la flore sont bien représentées, mais c'est le désert. Il l'a située en Asie centrale sa steppe, déjà à l'époque ça permettait de ne pas raviver les tensions entre Russes et Ukrainiens, la musicalité du vent qui anime cette région se suffit à elle-même. Torpeur, somnolence, à la rigueur ennui, mais certainement pas conflits, combats, guerre. Une monotonie apaisante, relaxante, tout juste réveillée de temps en temps par un orage venu de nulle part.
Vous parlez du poème symphonique ou de la longue nouvelle ?
Pareil vous dis-je ! le mieux, c'est d'embarquer dans la lecture de Tchekhov en écoutant la musique de Borodine, l'association de ces deux moyens de communication nous emmène directement dans cette contrée magique. Il suffit de se laisser porter par les mots et les notes, et on vit ce lent voyage comme si on y était. Essayez, je vous assure.

L'intro est un peu longue, non ? Allons dans le vif du sujet. Considéré comme l'un des meilleurs novélistes de sa génération, Anton nous transporte dans son monde de précision et de concision. Avec des "mots passant" de descriptions minutieuses du paysage aux rapides dialogues des personnages, il alterne la lenteur et la vitesse pour maintenir l'attention du lecteur. le voyage de quelques jours du jeune Iégorouchka vers le lycée et le monde des adultes est ponctué de scènes où la confrontation des personnages présents le réveillent de cet ennui profond dû à la langueur du paysage.
Un fil rouge maintient l'attention, la chemise de la même couleur portée par le jeune garçon. Une tache écarlate qui éclate dans le mordoré omniprésent de la steppe infinie. Histoire de bien marquer sa présence qui serait sans doute passée inaperçue s'il avait porté un vêtement plus terne.
L'enfance et sa petitesse, la plaine et son immensité, le présent rassurant au contact de la famille, l'avenir incertain vers un monde inconnu. C'est tout l'enjeu de cette histoire, un brin autobiographique, entre récit et fiction. le détachement, charnel et naturel, un petit être qui veut exister dans un monde bien trop grand pour lui.
Et l'hymne qu'il "entonne, Tchekhov", est comparable à celui de Galsan Tschinag écrit près d'un siècle plus tard dans "La fin du chant".
Qu'elle soit mongole ou russe, la poésie ne cède pas à la mélancolie dans la steppe, elle la sublime. J'aurais aimé la lire en russe, mais cette langue m'est hermétique. Les traductions ne rendent pas toujours les mêmes sensations, en voici deux exemples d'un paragraphe pris au hasard.
Par Olga Vieillard-Baron : "A présent les voyageurs roulaient au milieu d'une vaste plaine coupée d'une chaîne de collines qui, se bousculant et se chevauchant, se fondaient dans un massif unique à droite de la route et s'étiraient jusqu'à l'horizon pour disparaître dans le lointain mauve".
Pour Vladimir Volkoff : "Cependant, sous les yeux des voyageurs, se déployait déjà une vaste plaine, sans limites, traversée d'une chaîne de collines. Se pressant et passant la tête les unes devant les autres, ces collines se fondaient en une éminence qui, à droite de la route, s'étendait jusqu'à l'horizon et disparaissait dans un lointain lilas".
Malgré tout, le rendu est tout aussi saisissant, même si la longueur est différente. Chaque lecteur se fait sa propre image, celle qui reste gravée à jamais dans les souvenirs littéraires. le son de la mélodie de Borodine résonne dans mes oreilles, j'y vois la chevauchée lyrique de Tchekhov.
Ecrit ou composé, le même art, sublime !
Commenter  J’apprécie          117
D'habitude les nouvelles de Tchekhov sont sombres. Cependant, celle-ci respire la joie de vivre. Un trajet à travers la steppe, vu par un enfant qui, pour la première fois, quitte le cocon familial et découvre le monde. Il ne se passe pas grand-chose, juste des rencontres, des saynètes. Sens du détail, art du portrait et l'immensité et le lyrisme de la steppe. Dégustez les détails !

Extraits :
Les compagnons de route de Iégorouchka, (le garçon de dix ans), « avaient quelque chose en commun, qui les faisait se ressembler entre eux : c'étaient tous des gens avec un passé admirable et un présent déplorable ; sans exception, ils parlaient de leur passé avec enthousiasme et traitaient leur présent avec du mépris. le Russe aime se souvenir mais n'aime pas vivre ; Iégorouchka ne savait pas cela [ ] et il croyait fermement que les gens qui l'entouraient étaient des humiliés et des offensés du destin ». p77
« Iégorouchka s'éveilla et ouvrit les yeux. La calèche était arrêtée. A droite, loin en avant, s'étirait un convoi autour duquel allaient et venaient des gens. Toutes les charrettes paraissaient très hautes et enflées à cause des grands sacs de laine qui étaient posés dessus, et les chevaux semblaient petits et courts sur pattes. [ ]
D'ailleurs le terrain tout entier ne ressemblait pas à celui d'hier. Il n'y avait plus de collines. Où que l'on regardât, s'étendait sans fin une plaine brune ; ça et là s'y élevaient de petits tumulus, et volaient les freux de la veille. Loin devant, blanchissaient les clochers et les isbas d'un village. » p57
Commenter  J’apprécie          110
Le plus beau livre écrit par Tchékhov, un chef d'oeuvre de la littérature russe. Court mais aux pages indélébiles.

La steppe c'est ce paysage infini que le jeune Iegorouchka doit traverser, à son corps défendant. Il embarque, en toute simplicité. Nous découvrons avec lui les paysages, la lenteur, la nature, "l'âme" russe, les traditions. Je tairai les raisons de ce voyage, et la destination à atteindre, pour laisser tout le plaisir de cette découverte au lecteur.
Une oeuvre absolument sublime, émouvante, poétique....
Commenter  J’apprécie          102
C'est au cours de l'année 1887 que Tchekhov, partant de Moscou, revient dans sa ville natale Taganrog, en Crimée, au bord de la mer Noire. Il retrouve, émerveillé, les paysages et les souvenirs de son enfance chez son grand-père Igor, régisseur de la comtesse Platov dans un domaine situé entre Taganrog et Rostov sur-le-Don.

Aussi, il met beaucoup de lui-même dans le jeune garçon de la Steppe, Iégorouchka, qui, à neuf ans, doit quitter sa mère, veuve d'un officier, pour aller étudier… Il est accompagné par son oncle Ivan Kousmitchov, négociant, et le père Christophe Siriiski, tous deux en déplacement pour leurs affaires.
C'est le début d'un long voyage de Taganrog à Rostov à travers la steppe, immense espace d'une beauté à couper le souffle, étendues sans fin coupées par les bosses des kourganes, petits tumulus préhistoriques, les réservoirs d'eau, et chaumières blanches, la steppe avec ses lointains couleur de lilas. le lyrisme mais aussi la limpidité du style de Tchekhov, très sobre, animent ces somptueux paysages peuplés d'une vie sauvage, corbeaux, pluviers, milans, gerboises, grillons... qui ajoutent aux splendides couleurs du tableau, le mouvement et le son. Mais la présence humaine se fait toujours sentir, bergers avec ses moutons et ses chiens bruyants, faucheurs qui brandissent leur faux, femmes qui lient les gerbes... de plus, Tchékhov n'oublie jamais que c'est un petit garçon sensible et imaginatif qui découvre ce paysage et il se place toujours à hauteur d'enfant. Ce point de vue donne une fraîcheur et une émotion toute particulière à la description!
Arrêts dans les auberges, rencontres avec des personnages pittoresques, bain dans une rivière glaciale, puis - quand l'enfant quitte la télègue de son oncle - suite du voyage avec un convoi de paysans, dans un char à foin, repas improvisé dans les champs, récits, discussions, disputes autour du feu, le soir, qui provoquent tour à tour l'admiration ou l'indignation de l'enfant sensible et entier, orage terrifiant, maladie de Iegor trempé par la pluie, soigné par le père Christophe. On rencontre toujours chez les écrivains russes de l'ancien Russie, des personnages surprenants, pleins d'humanité et de sagesse malgré leur ignorance, ou, au contraire, excessifs, tourmentés et violents mais jamais inintéressants. Tchekhov excelle dans la peinture de ces portraits de même que dans l'analyse des sentiments d'un tout jeune enfant.
La Steppe se nourrit de toute la beauté frémissante des paysages, de toute la diversité, l'humanité du peuple de l'ancienne Russie, de toutes les émotions rencontrées par un petit garçon séparé de sa maman et découvrant le vaste monde.

Tchékhov considérait La Steppe comme son chef d'oeuvre et il souhaitait un lecteur qui lise son récit comme « gourmet mange des bécasses ».

J'adore cette expression ! Un gourmet ! Effectivement, c'est ainsi que j'ai savouré ce livre !

Lien : https://claudialucia-malibra..
Commenter  J’apprécie          30
Quand la peinture devient mots. Laissez-vous tenter, vous ne serez pas déçu
Commenter  J’apprécie          20
LA STEPPE d' ANTON TCHEKHOV
Écrit en 1888 c'est le récit du voyage d'un jeune garçon qui doit rejoindre son lycée et pour cela traverser la steppe. Un hymne à la nature russe mais également de longues descriptions de personnages savoureux comme des cosaques ou des religieux. L'art de la description dans la simplicité.
Commenter  J’apprécie          10
"La steppe" longue nouvelle écrite en 1888, marqua dit-on l'entrée de Tchékhov en littérature et fut saluée par ses pairs. le pitch est sommaire : un jeune garçon de dix ans quitte son village natal en carriole pour rejoindre la bourgade voisine où il doit poursuivre sa scolarité, il voyage à travers la steppe.
Donc il ne se passe rien au long de ces 167 pages, qui déroulent la steppe au rythme du cabriolet, tirés par deux chevaux. Sauf que tchékov se souvient de l'enfant qu'il a été et du regard que l'on pose à cet âge sur ce qui nous entoure. Un regard qui colore, qui anime, qui prête goût, sonorités, senteurs, lumière à tout ce qui vit alentour. le cheminement à travers la steppe est en fait passionnant, tout vit, tout éveille, les nuages qui roulent au dessus de la carriole, les récits effrayants que l'on se raconte aux étapes, le frémissement du vent, les plongeons dans le fleuve, l'eau qui ruisselle d'une brindille creuse.
C'est un adieu à l'enfance, un voyage vers ce qui nous émancipe et nous rend plus vaste, ce garçon ne participe plus au tumulte foisonnant des sensations enfantines mais s'affine comme observateur, comme centre de ce qu'il perçoit, la vie de la steppe c'est son point de vue.
Au final, on lit une nouvelle comme on le souhaite, je veux simplement dire que c'est un récit d'une beauté extraordinaire.
Commenter  J’apprécie          10
Un voyage en calèche vers la ville et le lycée , le déracinement d un petit garçon envoye à travers la steppe nous montre une autre époque. l'immensité de cette plaine russe, les collines et les quelques auberges perdues au milieu des champs , des herbes écrasées de chaleur , dévoile la dureté et les coutumes de chacun , paysans , religieux , commerçants, routiers. le regard de ce petit garçon dans ce groupe d adultes au sein de cette nature rude reste ébahi et plein de questions.
Commenter  J’apprécie          00




Lecteurs (838) Voir plus



Quiz Voir plus

Le clafoutis de Tchekhov

Je m'appelle .............?..........." je suis un jeune homme de dix-sept ans, laid, maladif et timide", je passe mes étés dans la "maison de campagne des Choumikhine", et je m'y ennuie.

Nikita
Volôdia
Fiodor
Boris
Andreï

10 questions
26 lecteurs ont répondu
Thème : Anton TchekhovCréer un quiz sur ce livre

{* *}