Citations sur Pièces en un acte (21)
CHIPOUTCHINE : Tout le monde dit que je suis vétilleux, qu'avec moi il faut que les entrées de serrures soient astiquées, que les employés portent des cravates à la mode et qu'il y ait un gros suisse à l'entrée. Là, non, mes bons messieurs. Les entrées de serrures et le gros suisse, ce ne sont pas des vétilles. À la maison, chez moi, je peux me conduire en petit-bourgeois, dormir et manger comme un porc, boire comme un trou… […] suivre mes penchants, mais, ici, ça doit être le nec plus ultra. Ici, c'est une banque ! Ici, le moindre détail doit faire impression, pour ainsi dire, et avoir un air solennel.
LE JUBILÉ.
Comme sujet de ma conférence de ce jour, j'ai choisi, pour ainsi dire, les méfaits causés à l'humanité par l'usage du tabac. Je suis moi -même fumeur, mais ma femme m'a donné ordre aujourd'hui des méfaits du tabac, et, donc, pas de discussion. Le tabac ? Va pour le tabac - ça ou autre chose, pour moi, aucune importance, quant à vous, messieurs, je vous propose d'aborder la présente conférence avec tout le sérieux qui lui est dû, parce que, sinon, gare aux pots cassés. Ceux qu'une conférence aride, scientifique, risque de rebuter, ceux qui n'aiment pas ça, ils sont libres de sortir.
Des méfaits du tabac
Traduction : André Marcowicz / Françoise Morvan
FÉDIA : Tu bois, tu meurs, tu bois pas, tu meurs pareil ! Sans vodka, c'est bien, mais avec vodka, parole, on se sent mieux ! Avec vodka, y a moins de malheur dans le malheur… Arrose !
SUR LA GRAND-ROUTE, Scène 3.
SVÉTLOVIDOV : Je suis seul… je n'ai personne, Nikitouchka, ni parents, ni bourgeoise, ni loupiots… Seul, tout seul, comme le vent dans la plaine… Je vais crever, il n'y aura personne pour me faire dire une messe… J'ai peur, tout seul… Il n'y a personne pour me réchauffer, pour me cajoler, pour me mettre au lit quand je suis saoul… Qui veut de moi ? Qui a besoin de moi ? Qui m'aime ? Personne ne m'aime, Nikitouchka !
NIKITA IVANYTCH : Le public, il vous aime, Vassil Vassilitch !
SVÉTLOVIDOV : Le public, il est parti, il dort, et, son bouffon, il l'a oublié ! Non, personne n'a besoin de moi, personne ne m'aime…
LE CHANT DU CYGNE.
POPOVA : Monsieur, dans ma solitude, j'ai depuis longtemps oublié le son de la voix humaine, et je ne supporte pas les cris. Je vous le demande instamment, veuillez ne pas troubler mon repos !
SMIRNOV : Donnez-moi mon argent et je m'en vais.
POPOVA : Ce n'est pas en chinois que je vous l'ai dit : je n'ai pas d'argent disponible en ce moment, attendez jusqu'à après-demain.
SMIRNOV : Moi non plus, ce n'est pas en chinois que j'ai eu l'honneur de vous le dire : l'argent, je n'en ai pas besoin après-demain, mais aujourd'hui. Si vous ne me payez pas aujourd'hui, demain je serai obligé de me pendre. [...] Comment voulez-vous qu'on vous parle ? En français, peut-être ? [...] Comme je suis heureux que vous ne me rendiez pas mon argent... Ah ! pardon de vous avoir dérangée ! Quel temps magnifique aujourd'hui. Et, ce grand deuil, comme il vous sied !
L'OURS, VIII.
JIGALOV : On remet ça ? Pour boire, y a pas d'heure. Le tout, Kharlampy Spiridonovitch, c'est de garder le cap… Bois tant que t'es cap' mais garde le cap… Mais pour ce qui est de boire, pourquoi on boirait pas ? Boire, on peut… À la bonne vôtre ! (Ils boivent.) Et des tigres, vous en avez, en Grèce ?
DYMBA : On z'en a.
JIGALOV : Et des lions ?
DYMBA : Des lions aussi, on z'en a. C'est en Russie qu'y z'y a rien, en Grèce, y z'y a tout. Là-bas, z'ai aussi le papa, le tonton et les frères, et, ici, z'ai rien du tout.
JIGALOV : Hum. Et des cachalot, en Grèce, vous en avez ?
DYMBA : Y z'y a tout.
NASTASSIA TIMOFÉÏEVNA : À quoi ça sert de manger et de boire pour rien ? Il serait temps de passer à table. Tripote pas le homard avec ta fourchette… Ça, c'est spécialement pour le général. Si ça se trouve, il peut encore venir…
JIGALOV : Et des homards, en Grèce, vous en avez ?
DYMBA : On z'a… Y z'y a tout, là-bas.
JIGALOV : Hum… Et des registrateurs de collège, vous en avez ?
ZMÉÏOUKINA : J'imagine quelle atmosphère il doit y avoir en Grèce !
JIGALOV : Et des arnaques aussi, je parie qu'y en a plein. Les Grecs, pas vrai, c'est comme les Arméniens et les Tziganes. Ça vous vend une éponge ou un poisson rouge, et ça ne pense qu'à vous plumer. On remet ça ?
LA NOCE.
SVÉTLOVIDOV : Avant de me retrouver dans cette fosse, j'ai servi dans l'armée, dans l'artillerie… Quel gaillard j'étais, quel beau gars, et honnête, courageux, plein de fougue ! Mon Dieu, où est-ce passé, tout ça ? […] Cette fosse, elle a bouffé quarante-cinq ans de ma vie, et quelle vie, Nikitouchka !
LE CHANT DU CYGNE, II.
TIKHONE : La hache, où tu l'as prise ?
MÉRIK : Je l'ai volée… Je l'ai volée, et, maintenant, je suis avec elle, comme un amoureux : ça me ferait peine de la jeter mais je sais pas quoi en faire. Comme une femme qu'on n'aime plus…
SUR LA GRAND-ROUTE, Scène 2.
FÉDIA : T'es trop contente qu'il t'écoute, bécasse que t'es… Dors, l'aïeul, l'écoute pas ! Qu'elle bavasse tant qu'elle veut,toi, t'occupe pas. La langue des bonnes femmes, c'est le balai du diable, ça balaie de la maison l'astuce et la raison. T'occupe pas…
SUR LA GRAND-ROUTE, Scène 1.
{Les femmes apprécieront…}
LE SACRISTAIN : Frères, en tous temps et pour toutes choses, rendez grâce à Dieu le père, au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; soyez soumis les uns aux autres dans la crainte de Dieu. Que les femmes le soient à leurs maris comme au Seigneur : car le mari est le chef de la femme comme le Christ est le chef de l'Église, ce Corps dont Il est le Sauveur. Et, comme l'Église est soumise au Christ, les femmes le soient aussi en tout à leurs maris…
TATIANA RÉPINA.