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3,74

sur 287 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Londres dans le rétroviseur de la Ford Cortina. Pied au plancher, Leon se dirige vers l'autoroute. Becky a pris place à ses côtes. Harry l'observe depuis la banquette arrière. À la fois apeurés, euphoriques et excités, tous les trois fuient cette ville et cette vie. du fric plein le coffre. Ne pas trop regarder en arrière. Éviter de penser à ce qu'il pourrait leur arriver si on les retrouvait...
Un an plus tôt... Becky, jeune londonienne de 26 ans, est danseuse et rêve de décrocher un beau rôle. En attendant, elle travaille comme serveuse, dans le bar de ses oncles, et masseuse. Harry, elle, travaille dans les ressources humaines mais aussi deale de la coke avec son pote, Leon, qui lui sert plus ou moins de garde du corps. Quant à Pete, le frère d'Harry, il peine à trouver un boulot à la hauteur de ses diplômes. C'est dans une Londres grouillante et vivante que ces quatre-là vont se croiser...


Slameuse, rappeuse, poète, Kate Tempest sait incontestablement manier la plume. Et son premier roman en est la preuve. Percutant, moderne, survolté, à fleur de peau, "Écoute la ville tomber" dresse le portrait d'une jeunesse tourbillonnante, désenchantée et bouillonnante au coeur d'une ville fourmillante. Qu'ils soient sans boulot, obligés de faire des extras très intimes ou encore de dealer pour s'en sortir, nos quatre héros se débattent sans cesse et s'accrochent à leurs rêves. Dans une Angleterre âpre, au climat social tendu, l'auteure dépeint sans retenue une société désillusionnée. Elle nous offre une chronique sociale, politique et familiale, ultra-moderne et menée tambour battant. Des personnages entiers et éclatants, une écriture à la fois poétique et vive, des dialogues percutants et une urgence d'aimer et de vivre.
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C'est la couverture et plus particulièrement le titre qui m'ont d'abord attirée vers ce livre. Les thèmes qui lui sont associés ont fini de me convaincre.

C'est un peu long à se mettre en place, l'autrice prenant son temps pour camper ses personnages : Becky, Harry, Leon, Pete, et quelques autres également. Chacun a une histoire familiale qu'il nous faut connaître, celle qui les a façonnés et amenés là où ils en sont aujourd'hui. L'autrice nous offre, du coup, un aspect psychologique abouti, non négligeable. On fait donc connaissance avec ces personnages un peu paumés, un peu déçus du chemin qu'ils ont parcouru, mais qui cherchent encore un sens à leur vie, gardant toujours un espoir de réaliser leurs rêves un jour. Je n'ai pu m'attacher à aucun d'entre eux, chacun ayant un rapport trop familier avec la drogue (ils n'en sont pas moins intéressants et magnétiques).

Les événements se déroulent dans un Londres un peu particulier : dans un quartier du sud-est, souvent pluvieux, crasseux, irrespirable. On voit les protagonistes évoluer dans le monde de la drogue, du deal et des fêtes nocturnes, coincés dans une sorte de routine inéluctable. Là encore, l'autrice réussit à implanter le contexte avec brio. On ressent, tout au long de la lecture, cette atmosphère plombante, déprimante, nauséeuse qui pèse sur l'état d'âme de chacun d'entre eux.

Les phrases courtes, conjuguées au présent ou carrément sans verbes, viennent s'ajouter à l'ambiance générale. La plume de l'autrice est efficace, ses mots sont forts, justes, percutants. J'ai particulièrement apprécié.

Ce n'est, en revanche, pas un roman dont l'action prime. Ne vous attendez donc pas à ce que ça bouge constamment. En ce qui me concerne, ce n'est pas forcément ce que je recherche dans une lecture, je n'en ai donc pas été gênée. Et faut dire que comme tout le reste est approfondi, je ne me suis finalement pas rendu compte qu'il n'y avait en fait pas vraiment d'intrigue, ou plutôt devrais-je dire pas de rebondissements, de revirements de situation et de suspense (attention ! je n'ai pas dit qu'il ne se passait rien !).

J'ai eu un peu de mal avec la fin, quelque peu étrange, pas vraiment adaptée avec les aspirations des personnages. Je n'arrive pas à déterminer si elle me laisse un arrière-goût d'inachevé ou si elle n'est tout simplement pas celle que j'aurais voulue...

Malgré quelques longueurs (que je ne considère pas comme inutiles), une intrigue qui passe un peu inaperçue et une fin qui me plaît moyennement, ce roman noir m'a tout de même conquise par de nombreux aspects : une ambiance sombre et oppressante, un contexte et des lieux bien enracinés, des personnages bien creusés, le tout dépeint dans un style d'écriture puissant, incisif, convaincant. J'en garderai, dans l'ensemble, un bon souvenir.
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Voici un roman contemporain qui a du souffle ........
Beccky, Harry, Léon, Pete quittent Londres, leur ville, en pleine nuit, à l'aide d'une Ford Cortina de quatrième main , une valise d'argent pour seule et unique ressource , réunis par une furieuse envie de se réinventer et d'échapper à tout .......
Pourquoi quittent - ils la ville ? le pays ? Mais que cherchent t-ils à fuir ?
L'auteur , de main de maître , à l'aide d'une écriture époustouflante, âpre et percutante, énergique et forte, incisive et lyrique construit magistralement son histoire pour faire vivre ses personnages et les inscrire dans le temps .......
Eux sont intrépides, complexes et attachants, en mouvement , jamais dans le sordide malgré leurs défauts : ils sont vrais , ils sniffent, boivent , dansent , observent et se posent maints questions ........
Ils tentent à tout prix de préserver en eux la spontanéité , le désir, l'impulsion vitale, même s'ils sont constamment hantés par le désenchantement .
Ils manquent de repères , se cherchent , rêvent , survivent, dans l'attente........
Ils se débattent malgré les excès de divertissement , l'âpreté matérielle et ------toujours-------le culte des apparences .
Souvent ils cumulent deux emplois : Becky est danseuse, masseuse et serveuse, Léon est l'associé et l'ami de Harry, Pete, au chômage tombe amoureux de Becky, Harry tout en travaillant dans les ressources humaines deale des substances illicites ......n'en disons pas trop .....
L'auteur, talentueuse , que l'on sent passionnée et "pressée", à "son aise "au style affûté et poétique réussit un tour de force car cette histoire "vive" se déroule à toute allure , les dialogues sont maîtrisés , comme irrigués d'une expérience de l'humain sans équivalent .
C'est ultra contemporain, humaniste et bienveillant , poignant , éblouissant , enlevé . Un ouvrage et un genre que je n'ai pas l'habitude de lire , pourtant !
Un premier roman .Le titre est accrocheur .
Merci à Claire , mon amie de la Médiathéque .
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Quelle écrivaine prometteuse ! Dès les premières pages, ça claque en mode époustouflant ! L'écriture est surprenante, électrique, survoltée, pas loin du slam, normal, Kate Tempest est aussi poétesse et rappeuse.
Elle sait incontestablement insuffler du rythme et de la poésie dans une écriture emplie de pulsations au service de très beaux personnages dont l'âme palpite allègrement. On palpite avec eux.
Becky, Harry, Léon, Pete. de jeunes adultes qui vieillissent et veulent préserver leurs pulsions de vie et de désir dans un monde désenchanté lesté par les excès de drogue, l'âpreté du travail et les désillusions en tout genre. Tous éperdus d'utopie mais ne sachant pas vraiment où la trouver. Tous passionnants dans ce qu'ils disent de notre société post consommation, entre cynisme et rêves.
Ils ne sont pas seuls dans ce roman gorgé de vie : un tourbillon de personnages les accompagnent, parents, amis, personnages principaux et secondaires s'entremêlent sans qu'aucun ne soit négligé, tous ont droit à une présentation d'une grande finesse de ce qu'ils ont été, de ce qu'ils sont et de ce qu'ils aimeraient être.
le dernier tiers est un peu en-dessous du reste, plus classique, comme si l'intrigue en elle-même était anecdotique, mais pas grave on tient la une vraie auteure, brillante, contemporaine et fraiche. A suivre

PS : je vous conseille ces videos-performance de Kate Tempest, ça assoit bien sa personnalité
https://www.youtube.com/watch?v=Ype63tsMMTw
https://www.youtube.com/watch?v=QSVyyykaEOo
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Plein de bonnes choses dans ce roman: des personnages intéressants, une ambiance qui capte quelque chose de profond de la vie londonienne contemporaine, une écriture qui a de la force.

Dans ce portrait d'une jeunesse londonienne malmenée tant par les difficultés économiques que par le cynisme, l'égoïsme ambiants, à qui on vend du rêve en lui demandant de prendre goût à la déception, Kate Tempest prend le temps d'évoquer la vie des parents de ses personnages, comme pour mieux faire sentir que, dans cette Angleterre post-Thatcher&Blair, l'espoir placé dans la lutte politique, dans le collectif s'est évanoui. Le père de Becky, John, auteur populaire à gauche d'un essai subversif, Comment prendre le pouvoir sans qu'il vous prenne, en vient à représenter une force considérable dans l'opinion publique. Il se retrouve alors calomnié, sali, emprisonné. Et avec lui semble-t-il l'enthousiasme qui le portait, le rêve de contribuer à construire un monde meilleur. Gros contraste entre cet homme passionnément animé par son combat contre ce qui oblige à croupir dans la misère et ces gens dont nous parle l'ouverture du roman, anéantis par l'argent, qui «passent leurs journées le regard fixé sur des objets. Se fondent dans la masse, veulent suivre la foule. Leur credo, c'est la tendance. Leur horizon se limite aux soirées en boîte et à la défonce, les traits liquéfiés par l'alcool et la came, de la haine au fond des yeux le lendemain matin.»

Pourtant entre les fêtes, la drogue, le chômage, les boulots pas très reluisants, les espoirs branlants, «Chacun cherche cette étincelle qui donnera du sens à sa vie. Cette miette de perfection fuyante qui fera peut-être battre leur coeur plus fort.»

Au début, j'ai vraiment cru que j'allais adorer, que Kate Tempest allait avoir sa place dans mes écrivains préférés. Malheureusement, au niveau rythme de la narration, ça n'emporte pas vraiment, c'est un peu mou, contrairement au style, souvent percutant. Bon, c'est un premier roman, peut-être que le prochain sera un chef-d'oeuvre.
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J'ai découvert Kate Tempest en lisant une de ses pièces de théâtre, en l'occurrence - Inconditionnelles - dont j'ai dit sur Babelio tout le bien que j'en pensais.
Une vidéo et un clip plus tard, vidéo dans laquelle la dramaturge, écrivaine, poétesse, auteure-compositrice interprète parle à un public conquis de son premier roman - Écoute la ville tomber -, je fais l'acquisition dudit roman.

Le pitch met en scène la fuite dans une voiture de quatrième main de trois jeunes londoniens : Leon, Harry et Becky.
Tout laisse à penser qu'ils ont fait un casse ou quelque chose d'approchant et qu'ils sont en cavale, poursuivis par on ne sait qui...
Un flash-back nous ramène un an en arrière.
Becky est une très belle jeune femme de vingt-six ans, danseuse de talent qui n'arrive pourtant pas à percer. Pour survivre et laisser une chance à sa passion et à son talent d'être reconnus, elle travaille comme serveuse dans le restaurant " Chez Giuseppe ", tenu par son oncle Ron, qui l'a élevée après que son père, John Darke, universitaire engagé et homme politique promis à un brillant avenir ait écrit - Comment prendre le pouvoir sans qu'il vous prenne -, un essai politique révolutionnaire qui va le mener à sa chute et après une cabale, en prison pour longtemps, et que sa mère, Paula Chogovitch, soeur de Ron, photographe de renommée ayant renoncé à sa carrière pour son mari et pour sa fille Rebecca ( Becky ) se soit exilée dans une communauté religieuse aux USA. Becky travaille chez son oncle et le soir ou la nuit pour une agence de masseuses à domicile...
Au cours d'une party elle fait la connaissance d'Harry, un petit bout de femme genre garçon manqué. Pour Harry, c'est un coup de foudre. Pour Becky qui considère d'abord les êtres avant de s'intéresser à leur identité sexuelle, l'attirance pour Harry est réciproque.
Harry travaille depuis sept ans avec Leon, un de ses voisins de quartier, un ami d'enfance, le seul avec lequel elle ait jamais réussi à s'entendre et à partager quand Miriam, sa mère et Graham son père, quand les garçons et les filles de son école ostracisaient la colombe, cette femme avec une femme.
Leon et Harry dealent de la cocaïne pour Pico, un architecte d'intérieur.
Ils économisent dans l'espoir d'avoir un jour un million de livres pour vivre leurs rêves.
Harry a un frère cadet, Pete, un grand échalas, un artiste raté qui vit de petits boulots, d'aides sociales et autres " paradis artificiels "...
Gros lecteur, il entre un jour " Chez Giuseppe ". Il tient dans sa main l'essai de John Darke autrefois mis au pilon et " censuré ".
Becky est de service.
Choc lorsqu'elle voit le livre que lit ce client qu'elle ne connaît pas.
Pete, lui, est fasciné par cette fille pas comme les autres, très belle et...
Ça matche entre eux.
Pete a l'amour possessif ; le job de masseuse de Becky commence à le ronger.
Cela ne l'empêche pas de présenter Becky à sa mère Miriam et à son nouveau compagon David, un opticien un peu gauche.
Le hasard étant comme chacun sait bizarre, Harry retrouve Becky chez sa mère. Entre les deux jeunes femmes la magie continue d'opérer.
Entretemps Pico a été condamné à huit mois de prison pour... amendes impayées.
Harry et Leon doivent reconstituer leur stock de cocaïne.
Ils ont rendez-vous avec le remplaçant de Pico, Joey, qui essaie de les gruger.
Il agresse et menace Harry.
Leon vient à son secours et castagne le petit escroc.
Harry et Leon s'enfuient avec 1,5 kg de cocaïne et le contenu en liquide du coffre-fort.
Or il s'avère que ce n'est pas à Joey que Pico avait laissé les rênes de son affaire... mais à Ron, l'oncle de Becky...
Un soir, Pete est invité à dîner chez sa mère et son compagnon, qui veulent lui présenter Dale, le fils de ce dernier.
Les deux garçons finissent la soirée ivres morts et défoncés dans un pub.
Pete, de plus en plus tenaillé par la jalousie, se confie à Dale et lui demande d'avoir recours aux services de Jade la masseuse afin de s'assurer de la moralité de Becky, la femme de sa vie.
À l'initiative d'Harry, toute la famille se retrouve réunie quelques jours plus tard dans un pub de leurs amis pour fêter l'anniversaire de Pete.
Il y a Becky, Harry, Leon, Pete, Miriam, David, Graham...Ron et Dale...

Kate Tempest a construit sa narration en bonne dramaturge qu'elle est. Elle réussit à faire de l'improbable une évidence.
J'ai lu pas mal de critiques avec lesquelles je suis d'accord.
Le souffle, la flamboyance, l'influence de la poétesse et de l'auteure-compositrice sur l'écriture de ce roman sont indéniables.
Il y a une incontestable patte Kate Tempest.
Deux remarques pour terminer.
Un, la fin ne méritait pas à mon sens une chute extra-ordinaire...Pour paraphraser Baudelaire, je dirais que " le plaisir vaporeux ne fait que fuir vers l'horizon... le temps est un joueur avide qui gagne sans tricher, à tout coup ; c'est la loi !"
Deux, le maniaque, l'obsessionnel malheureux que je suis qui, lorsque par exemple un auteur emploie le mot " arcanes " ou la locution prépositive " à l'aune de ", retrouve ce mot ou cette locution deux ou trois fois dans un livre de même un millier de pages s'ulcère de ce qu'il ressent comme étant une répétition à la limite du tic, imaginez un instant ce que j'ai pu éprouver en lisant quatorze fois en 425 pages " balayer du regard "... une crise d'exacerbation phobique !!!
En dehors de cette dernière remarque, tout concourt à faire de ce roman un avant-goût du talent très prometteur de Kate Tempest.
Une radioscopie sans pathos d'un monde où " l'angoisse atroce, despotique, sur nos crânes inclinés plante son drapeau noir ". Une déclaration d'amour déçu à une ville, personnage tout aussi central que ceux sus-mentionnés. J'ai vraiment apprécié... en dépit de mon TOC de répétition...
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Becky la danseuse, Harry la dealeuse, Leon son frère de sang s'enfuient de Londres à tambour battant, une valise de billets posée sur la banquette. Retour sur les chemins qui les ont amenés là...
C'est la première fois que je suis déçue par Kate Tempest, dont le flow, le regard et la prose m'avaient frappée comme un uppercut à la découverte de "Les nouveaux anciens". Peut-être est-ce que le format plus conventionnel du roman convient moins à la singularité de sa voix de poète. il me semble en tout cas qu'il dessert ses personnages, suffisamment forts pour ne pas avoir besoin d'une intrigue alambiquée à la construction un peu maladroite.
Toujours est-il que Kate Tempest est une voix qui compte sur la scène britannique, voix à travers laquelle elle donne une visibilité pleine de puissance et de compassion à ceux à qui la société moderne laisse à peine de quoi respirer. de cet espace vital restreint dépourvu d'illusions, elle développe un souffle brut, à la fois puissant comme un cri et désespérant comme un râle, et c'est tout à son honneur de mettre ces invisibles dans la lumière, aussi crue soit-elle.
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Premier roman de Kate Tempest, ce livre évoque avec réussite une certaine jeunesse désenchantée qui se réfugie dans la drogue, les trafics et qui malgré tout rêve de réussir sa vie.
Les personnages sont dépeints avec beaucoup de réalisme et attachants malgré leurs défauts, les sentiments sont parfaitement décrits tout comme les lieux, la ville de Londres et ses quartiers.
Le récit ne dévie jamais vers le sordide mais s'oriente plutôt vers quelques notes d'espoir.
C'est un roman fort, urbain, nerveux, mais aussi poétique car la plume de l'auteure est belle et imaginative, et la traduction est réussie.
Je serais bien restée un peu plus longtemps avec Becky, Pete ou Harry, des personnages à la fois forts et fragiles auxquels on peut s'identifier facilement.
Une belle découverte de cette auteure que je ne connaissais que de nom...
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"Chacun cherche cette étincelle qui donnera du sens à sa vie. Cette miette de perfection fuyante qui fera peut-être battre leur coeur plus fort". (p138)

Cette phrase résume la quête de chacun des personnages de ce roman, la quête d'une génération en manque de repères, de stabilité. Ecoute la ville tomber et ses enfants se chercher…..

Dès sa sortie j'ai entendu parler de ce roman et il a retenu mon attention…. Par son titre, s'agit-il d'un roman de science-fiction, d'un récit apocalyptique ou d'un conte mythologique ? C'est presque cela mais c'est aussi :

Roman noir car on comprend dès les premières lignes qu'il y a urgence, danger, fuite. L'auteure prend le parti de raconter le présent de ces jeunes tout en intercalant, au fur et à mesure du récit, le passé, l'enfance de chacun de ses personnages. Petit à petit les pièces se mettent en place, elle tisse les fils de son histoire pour en faire un roman générationnel, familial et géographique.

Roman générationnel : l'auteure aborde les grands thèmes d'une génération qui doit faire face au manque de travail même quand vous possédez des diplômes, l'obligation d'avoir plusieurs jobs pour s'en sortir, l'usage des drogues parce qu'il faut tenir, un jour, un mois, un peu plus ou pour oublier.

Roman géographique d'un lieu, d'une ville : Londres, ville de tous les possibles on le sait mais aussi rapide sera l'ascension aussi rude peut être la chute, une ville qui vit, qui bruisse de mille sons, de lieux où de jeunes adultes se cherchent une identité, une raison de continuer, d'aller plus loin, plus vite, plus fort. Ils frôlent souvent le danger, le côtoie en évoluant dans des univers troubles, dealeuse de drogue pour l'une, pour une autre de « massages » rémunérés afin de pouvoir continuer sa passion : la danse. Ce qu'ils veulent c'est être libres, ne dépendre de personne, ils ont la rage revancharde et veulent s'en sortir. Alors, ils imposent leurs règles, se jouent des apparences, de leurs identités, même s'il ne s'agit que de sauver la face car derrière ces masques il y a les blessures de l'enfance jamais guéries, comme une revanche à prendre.

Revanche à prendre, oui car roman sur la famille : ils ont entre 20 et 30 ans et la vie jusqu'à ce jour n'a pas toujours été tendre. Ils ont tous un passé familial négatif : issus de familles désunies, inexistantes, ou qui n'acceptent pas ce qu'ils sont. Ils ne doivent compter que sur eux-mêmes pour se construire, l'image des parents est assez désastreuse pour chacun d'eux.

Roman sur la quête d'identité : chacun leurre le monde, a son ambiguïté, se cherche un avenir, ils ne veulent plus être sur le bord de la route mais être maîtres de leurs vies, pour assouvir sa passion et ses rêves, refuser ce qu'on attend d'eux, vivre et s'enrichir vite, même si la fragilité est à fleur de peau.

Et pour ces êtres en devenir l'amour est peut-être une planche de salut, une raison d'espérer mais il faudrait abdiquer, rentrer dans le rang et cela ils n'en sont pas toujours capables ou ne le désirent pas. Ce sont des écorchés, ils se sont forgés des carapaces, pour eux no limit, tout est possible, envisageable mais les seules choses qu'ils n'ont pas imaginés ce sont les sentiments. L'amitié, l'amour, la jalousie.

C'est un tissage habile, où peu à peu chacun prend sa place, c'est assez ingénieux mais je dois avouer parfois mettre un peu perdu dans les retours en arrière, les différentes familles, que la fin m'a un peu déçue, un peu rocambolesque et finalement assez convenue alors que je m'attendais à quelque chose sortant de l'ordinaire, presque plus flamboyant…. Une écriture vive, moderne, sans complaisance mais agréable à lire. J'avais un peu peur, vu le thème, de découvrir une écriture « trash » et finalement c'est efficace et cela colle parfaitement au fond.

Un premier roman en tout cas riche de promesses d'une romancière-rappeuse-poétesse, qui parle d'une génération qu'elle connaît car elle a l'âge de ses personnages et peut témoigner.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Kate TEMPEST est semble-t-il une jeune musicienne et romancière anglaise qui a le vent en poupe. Les critiques dithyrambiques entendues ici ou là de ce roman m'ont donné envie de m'y plonger.
Tous ses personnages se cherchent : L'une voudrait devenir danseuse professionnelle mais est contrainte de faire des massages pour survivre, les autres dealent de la coke dans l'espoir d'amasser suffisamment pour acheter un lieu bien à eux, un autre est au chômage et à la dérive. Leurs histoires sentimentales sont également compliquées.
C'est une jeunesse désabusée dans le Londres actuel qui nous est donc décrite.
Ecoute la ville tomber fut pour moi une lecture très agréable et facile. Mais je ne me joindrai pas pour autant au concert de louanges que j'ai pu lire ici ou là dans la presse.
Un roman très sympa mais pas non plus inoubliable. On compare souvent l'auteur à Virginie Despentes et c'est clair qu'elles décrivent plus ou moins le même monde mais à mon sens, la plume de K.Tempest est loin d'avoir le mordant de la française qui a ma préférence.
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