AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,96

sur 420 notes
C'est l'aspiration à une vérité empreinte de lucidité non complaisante qui rend touchante la plume de Steve Tesich.

Dans son tout premier roman l'auteur aborde le questionnement intérieur qui assaille ses personnages. le passage à l'âge adulte c'est le temps des repères perdus, des révoltes diffuses, de bouleversements physiques et psychologiques. Ce temps où l'on se retrouve en mal de sensations fortes et en angoisse devant l'inconnu.
La répétition de certaines phrases dans le récit et la tournure même des phrases rend volontairement le rythme plutôt obsédant.

Les personnages sont prisonniers d'un cercle oppressant et irrationnel qui prétend circonscrire leur vie. Mais c'est sans compter avec les failles qui se creusent, le quotidien qui érode et la solitude qui menace.

Un roman initiatique poignant et sobre sur les questions essentielles qui nous taraudent à plusieurs stades de nos vies : amour, amitié, renoncement, peur, drame, héritage familial, destinée, sont peints au plus juste sans se jeter sur les écueils de la commisération facile.


Commenter  J’apprécie          240
Rachel, Rachel, Rachel. Daniel, 18 ans, ne cesse de clamer le prénom de celle dont il est éperdument amoureux. Comment gérer le quotidien de la découverte de l'amour et la maladie du père à cet âge-là ? Mais avant, il déambulait dans la banlieue de Chicago avec deux meilleurs amis qui, comme lui, viennent de finir leurs études. le parallèle de sa vie amoureuse avec celle de ses parents est très présent. Les sentiments, doutes y sont décrits d'une manière de génie. L'auteur a mis une dizaine d'années à écrire ce roman. Ces 536 pages pourraient être résumées en quelques pages. Mais, c'est là, où l'auteur de Karoo est fort. L'écriture et les dialogues sont de haute qualité et en fait une histoire qui emporte le lecteur. J'ai également apprécié la qualité de l'objet livre fait par les éditions Monsieur Toussaint Louverture : le grammage du papier et surtout la couverture.
Commenter  J’apprécie          190
Pour Daniel Price, ce soir de fin d'année scolaire aurait pu être simplement synonyme de déception suite à sa défaite à la finale du championnat de lutte de l'Indiana. Mais c'est suite à cette défaite qu'il s'arrêtera, ce soir-là, devant une maison ayant un jardin synonyme de réminiscence d'un autre souvenir d'adolescent, maison qu'il pense déserte, mais devant laquelle il verra l'ombre d'une certaine Rachel, nom plein de promesses et de mystères pour le jeune homme qui s'apprête à recevoir son diplôme de fin d'année et à se lancer avec hésitation dans une nouvelle étape de son existence... Cette rencontre à l'aveugle d'un soir d'été, qui n'aurait pu, elle aussi, n'être qu'un fugace instant, sera finalement déterminante pour tout l'été de Price, pendant que ses amis d'enfance et de lycée, Freud et Missiora vont, de leur côté, eux aussi, être à la croisée des chemins de leurs propres nouvelles étapes existentielles.

Roman de la fin de l'adolescence, sous forme de roman d'apprentissage amoureux, mais pas que, tout autant que roman social qui raconte en filigrane la vie dans l'Indiana profond des années 1960, Price est une bonne surprise en ce qu'il déjoue de nombreux poncifs de manière bienvenue, sans pour autant tomber dans le dénigrement complet de ce dont il s'inspire. Car en effet, notre protagoniste, s'il va rencontrer l'amour l'été de ses dix-sept ans, alors qu'il vient de finir le lycée, ne va pas le rencontrer tout rose, en même temps que le reste de son existence va prendre un autre tournant bien sombre. C'est finalement, pour le jeune homme, l'été des tournants, des décisions à prendre, des paradoxes émotionnels que nous retranscrit avec réussite Steve Tesich.

C'est, de fait, un roman d'apprentissage que nous lisons, certes, mais c'est un roman d'apprentissage de la douleur pour un adolescent bientôt adulte aux airs d'anti-héros, maladroit, inconstant, parfois égoïste, qui n'en est pas moins touchant, de même que le sont les autres personnages qui l'entourent, chacun à leur façon. Et derrière l'adolescent et son entourage, c'est une vision assez amère qui nous est donnée de son univers, avec cette ville de l'Indiana dans laquelle si l'on ne part pas, l'on n'a qu'un avenir tout tracé, bien peu romanesque, au contraire, justement, de la rencontre de cette fameuse soirée qui ouvre le roman.

Un roman que j'ai trouvé paradoxalement touchant alors qu'il est assez rude en termes de scènes ou d'atmosphère, pas forcément de style cependant.
Commenter  J’apprécie          170
Price est de loin le plus beau livre que j'ai lu sur l'adolescence. Avec en toile de fond la relation d'un ado de 17 ans avec son père malade, Tesich parle avec justesse et mélancolie de cette periode de notre vie où le présent est parfois un enfer et l'avenir toujours un mystère. Et de ces sentiments qui nous ont dévastés et brûlent parfois encore aujourd'hui d'un inoubliable feu. Master piece !
Commenter  J’apprécie          154
Je suis restée assez perplexe pendant toute la première grande partie du roman car l'histoire de Daniel Price est très ordinaire : un jeune garçon dans une petite ville américaine industrielle sans grand charme attend son diplôme clôturant la fin de sa scolarité , en compagnie de ses deux inséparables amis, Larry et Billy, il est affublé d'un père aigri et méchant et d'une mère qui a baissé les bras depuis longtemps .

Combats perdus de lutte , filles qu'on regarde passer en rêvant, petits boulots en se demandant ce que va réserver l'avenir ; des activités banales et des idées plutôt générales , on se demande où l'auteur veut en venir ...

La rencontre de Daniel avec Rachel dont il tombe éperdument amoureux et la nouvelle de la maladie de son père changent la donne ; on assiste alors à la transformation insidieuse et tourmentée du comportement de l'adolescent, véritable passage vers la vie adulte ;

Pour Daniel cela ne se fait pas sans mal, il est maladroit dans ses relations, hésitant, impulsif et souvent il m'a franchement agacé mais on passe dans le roman à quelque chose de beaucoup plus profond et subtil: la découverte de sentiments puissants, de la compassion, la fin de l'innocence et le plongeon dans l'ambiguité des relations amoureuses et amicales et des rapports familiaux.

N'ayant pas lu Karoo, je découvre cet écrivain dont Price est le premier roman publié en 1982, pour une fois je vais faire mes lectures dans un ordre chronologique ...
Commenter  J’apprécie          140
Poursuivant sa démarche de mise en avant d'auteurs américains méconnus , l'éditeur propose ici le premier romande l'auteur du brillant Karoo .
Et il à bien eu raison .
A ce texte il ne faut rien rajouter , tout est parfaitement mis en place et le lecteur embarque pour un grand voyage dans la littérature US.
Alors oui , tout n'est pas rose ici , mais dans le même temps on ne lis pas ce genre de livre pour y trouver de l'eau de rose .
Tesich s'attaque ici à un sujet largement traité par ailleurs , mais toujours aussi mystérieux : l'adolescence , et l'arrivée à l'âge adulte .
On est très loin des clichés du type TF1 sur la question , ici c'est le coeur qui s'exprime avec intelligence , force de caractère , etc.
Cette histoire on ne la quitte pas une fois entamée , il y a une force d'attraction qui nous maintient en éveil , avec le désir de parvenir à la fin de ce superbe roman , ou les personnages sont à fleur de peau , remarquablement croqués ...
Il y a nombre de livres sur ce sujet là , mais cet opus se classe tout en haut grace à la maestria qui le caractérise .
Chef d'oeuvre .
Commenter  J’apprécie          140
Après le succès de Karoo, le nouveau livre de Steve Tesich était très attendu. En fait il s'agit de son premier roman publié aux Etats-Unis en 1982 (soit 14 ans avant Karoo). Cette pratique qui consiste à publier les livres d'un auteur dans le désordre, peut parfois être source de déception pour les lecteurs non prévenus. En effet, souvent les éditeurs font paraître en premier le plus gros succès de l'auteur, et une fois que ça marche, ils publient les textes plus anciens qui sont parfois moins aboutis. Mais rassurez-vous, ce roman est très bon. Steve Tesich avait déjà ce sens incroyable de la formule mais sans le cynisme désabusé de Karoo. Comme souvent avec les premiers romans ce livre est très autobiographique.

L'histoire est celle d'un jeune garçon qui vient d'avoir son diplôme de fin d'étude au lycée et qui ne sais pas très bien quoi faire de sa vie. Nous allons le suivre tout un été au cours duquel il va connaître son premier amour pendant que son père déclare un cancer.

La première partie du livre est lumineuse et très drôle, alors que la deuxième moitié est plus triste. L'ensemble se lit très facilement mais me laisse un sentiment mitigé. Peut-être parce que l'auteur a du talent, la tristesse qu'il infuse dans le livre m'a particulièrement touchée. Ce n'est pas vraiment un point négatif mais je crois que je n'avais pas vraiment besoin de ça au moment où je l'ai lu. C'est d'ailleurs une récurrence avec plusieurs livres de cet éditeur. J'ai beaucoup aimé Mailman de Robert Lennon ainsi que les aventures du linguiste de David Carkeet, mais à chaque fois il y a un côté dépressif ou triste qui me plombe un peu. On peut difficilement reprocher à des auteurs de vous émouvoir avec talent, mais quand même, un peu plus de joie de vivre ne ferait pas de mal Monsieur Toussaint Louverture !
Commenter  J’apprécie          131
PRICE de STEVE TESICH
C'est le premier roman écrit par Tesich par ailleurs auteur du magnifique KAROO.
Price termine l'école avec ses 2 inséparables copains, puis ce sont les vacances et Price va se confronter à l'amour, en même temps qu'à la mort de son père. Loin des mièvreries habituelles sur le sujet, une profonde réflexion sur l'amour, sa constance,ses incertitudes, ce livre m'a beaucoup touché. Un magnifique roman d'apprentissage, roman initiatique qui renouvelle le genre.
Commenter  J’apprécie          121
Il faut savoir que j'ai des romans comme cela dans ma bibliothèque. Je sais que je vais les adorer, mais je me laisse le temps de choisir mon moment de lecture. Pour « Price » le moment était parfait et à fait de ce livre un régal !

Ce livre c'est celui de Daniel Price, son histoire, son bout de chemin. Un garçon de dix sept ans, qui se trouve pile entre la fin de l'enfance et le début de l'âge adulte. Ce moment tant attendue des premiers ébats amoureux, des premières sorties et du début des réflexions existentielles qui empoisonnent la vie : Que vais-je faire de mon avenir ?
Ce roman aurait pu être calme, doux, et bien heureux. Mais ça serait sans compter sur la plume de Steve Tesich.

L'auteur nous décrit ce quotidien avec la rage au ventre. Cette rage sourde, qui nous bouffe de l'intérieur. Celle qui dévore tout et nous complait dans un désespoir naissant. En résumé, une rage de vivre !
Dans « Karoo », j'avais aimé le style à cent à l'heure que l'auteur nous avait placé dans son texte. Mais dans ce roman, je me suis sentie calme, presque apaisée. J'ai eu plaisir à me balader dans cette banlieue américaine des années 60. Un peu comme dans « Virgin Suicides », on se plait dans cette relation malsaine où ce jeune homme, la rage au ventre, fait et défait sa vie sans penser un seul instant aux conséquences. Dans ce texte on sent les sujets forts que l'auteur veut amener. Les problèmes qui l'ont marqué. le rapport filiale entre Daniel et son père et d'une complexité grave et soulève tous les mensonges et les tromperies dans lesquelles on peut tous s'identifier. C'est avec cette force qu'il arrive à parler de sujet lourd, sans omettre ces vérités qui parfois dérangent !

C'est une période particulière que celle où l'on finit le lycée, un peu perdu. Prêt à tout, mais trop terrifié pour véritablement se lancer. Ce moment où la fille convoitée devient la seule raison de vivre. Ce moment où l'on pourrait se damner pour une fille. Ce moment où les parents passent au second plan. Ce moment où seul notre propre bonheur est important. Mais ce roman a cette lenteur sous jacente dans laquelle on sait que le dénouement sera grave. Mais on ne peut s'empêcher de tourner les pages. On suit ce jeune homme avec cette même hargne envers la vie, les parents et surtout envers nous-mêmes. Empreint de toutes ces voix dans notre tête qui résonnent et qui bouleverseraient le plus fort des hommes.

Ce texte poignant, décrit cette réalité déjà compliqué en temps normal. Mais rajoutez à cela un père mourant, des amis fuyant et une copine bien trop compliquée. Et vous serez dans la vie de Price, persuadé que son malheur est le prix de sa vie. Ce roman est à la fois un roman d'amour et une tragédie. Vous aimerez le garçon presque autant que vous le détesterez !
Lien : https://charlitdeslivres.wor..
Commenter  J’apprécie          120
Dans une banlieue industrielle morne et grise des années 60, à East Chicago, Daniel Price, âgé de 17 ans tente de remporter le titre de champion de lutte de l'État...Mais il n'y arrive pas parce que, dans sa tête, il abandonne quelques secondes avant la fin du combat. Pourtant il aurait pu obtenir une bourse et poursuivre ses études. Il aurait pu ainsi quitter la ville et partir... Mais le voulait-il vraiment ?
Avec ses amis, William Freund (dit Freud) et Larry Misiora, Daniel passe tout son temps à parcourir la ville : parfois ils vont à la bibliothèque pour réviser leurs examens, parfois ils se rendent chez Mme Dewey, une jeune femme battue par son mari qui aiment bien sympathiser avec les jeunes de terminale...Souvent, ils passent simplement du temps ensemble à discuter de leur propre vision de l'avenir qui semble tout tracé. En effet tout indique qu'ils n'auront pas de choix et que plus tard, ils travailleront à l'usine.
Ils savent qu'ils sont à un moment charnière de leur vie, où il leur faudra prendre des décisions importantes, prendre leur envol pour quitter l'adolescence et devenir des adultes mais ils ne veulent pas encore se poser trop de questions...Ils vivent leurs derniers jours de lycéens et comptent bien en profiter avant l'obtention de leur diplôme.
Mais une fois le diplôme en poche les choses changent. C'est l'été et les vacances.
Pour Daniel tout bascule parce qu'il tombe amoureux fou de Rachel Temerson, une mystérieuse jeune femme qu'il a rencontrée par hasard un soir de balade dans un quartier chic de la ville. Elle vit avec son père, un photographe passionné mais non moins paumé...
Au même moment, le père de Daniel, fait régner une ambiance de plus en plus morose à la maison. En fait, il est malade et le verdict est sans appel : c'est un cancer et il doit être hospitalisé d'urgence. Daniel fait alors passer la maladie de son père au second plan, pire il devient cynique et voit là une occasion rêvée d'amener Rachel à la maison et de pouvoir enfin, lui faire l'amour. Enfin, c'est ce qu'il imagine...car il imagine beaucoup !
Il va d'ailleurs devenir totalement obnubilé par Rachel...
Il en délaisse ses amis, fuit sa maison, la tristesse et la maladie et s'accroche à elle en voulant la forcer à l'aimer.
Mais Rachel est une fille changeante et instable. Elle entraîne l'adolescent dans une spirale infernale de déception et de frustration, alternant avec des moments de tendresse et de pur bonheur qui paraissent irréels.
Lui rêve de fusion, il prend ses illusions et ses rêves pour la réalité...

La relation d'amour est au centre de ce roman initiatique, en particulier l'amour père-fils. On sent que cette relation difficile faite d'incompréhension mutuelle, a des racines dans le vécu de l'auteur. L'auteur explore toute l'ambivalence des sentiments du fils envers son père malade, à un moment de sa vie où ses propres sentiments et ses pensées vont vers ses propres préoccupations d'adolescent amoureux (l'envie obsessionnelle de voir Rachel, de l'embrasser, de lui parler, de lui faire l'amour...) plutôt que vers les problèmes des adultes.
L'auteur exprime très clairement la peur de Daniel de ne pas arriver à s'affirmer, à se détacher de ce père qui incarne le désespoir et la mort. Les dialogues entre Daniel et son père sont terribles et les dégâts psychologiques que peuvent avoir de tels mots sur un adolescent semblent irréversibles...

L'amour entre Daniel et sa mère transparaît à chaque page. C'est une femme solide et équilibrée qui cherche à le comprendre tout en préservant sa liberté et ses émois. Elle accepte sa révolte, sa tristesse ou sa colère. Enfin elle acceptera son départ comme inéluctable. Il faut dire qu'elle l'avait vu dans le marc de café qu'elle sait interpréter comme elle y avait vu la maladie et la mort de son mari...
L'amour exclusif de Daniel pour Rachel est un amour d'adolescent qui rime forcément avec toujours. Celui qu'on a voulu non pas recevoir tel qu'il était mais forger pour qu'il ressemble à nos propres rêves...
Forcément il mène Daniel vers la déception. Car il ne se doute à aucun moment que Rachel lui ment, par omission, sur sa propre vie.
Vous l'aurez compris, ce n'est pas un roman très optimiste et il y a beaucoup de tristesse dans ses pages...
C'est un très beau roman sensible qui sonne juste à chaque page et que j'ai eu beaucoup de plaisir à lire.
Pour en savoir plus...
Lien : http://bulledemanou.over-blo..
Commenter  J’apprécie          121



Autres livres de Steve Tesich (3) Voir plus

Lecteurs (891) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1822 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *}