« Malheur à tous ceux qui ouvrent leur porte à sa carrière de mort. » (p. 147)
Aucune avanie ne me jettera par terre, aucun écueil ne me fera sombrer, aucun marteau ne m'écrasera. Je suis indémolissable !
La vie est tordante. Tous ceux chez qui je vais finissent pas s'en tenir le ventre à deux mains tellement c'est drôle.
Quel temps pourri ! On est autant entourés d'eau que des poissons. A force, il va nous pousser des écailles ! Mais qu'est-ce qu'on est venus foutre dans cette Bretagne de merde ?!
-La France? Mais je ne sais même pas où ça se trouve. Est-ce en Bretagne?
La mère de l'enfant défunte se lève à demi folle, et se met à chanter. La joie de l'Eglise la pénètre. Elle allume des bougies comme si c'était les grands cierges d'un autel. Fleur de tonnerre rappelle :
- J'avais prévenu qu'il fallait retourner à Lorient. La plus faible a déjà trépassé mais ensuite ce sera le tour des autres. Je ne serais pas trop surprise d'une fricassée prochaine. Le vide se fera dans la gentilhommière tel qu'il s'est fait ailleurs. Le cimetière de Ploemeur sera trop petit.
La domestique pronostiqueuse se tient droite devant une armoire en châtaigner au décor chargé de végétaux et toutes les bouches autour d'elle se tiennent ouvertes comme pour boire la suite de ses paroles :
- Faites attention parce que sinon, moi je vous préviens, si nous restons ici vous allez tous y passer.
Stanislas-Charles abdique :
- On rentre.
- Ah, ben quand même ! soupire Fleur de tonnerre. Le mal qu'il faut se donner pour être écoutée.
Ça commence à me faire chier, la Bretagne!...
En fait, quand les parents ont tellement peur, ils projettent leur peur sur les petits et il n'y a plus de protection
- En me gageant vous gouterez comme tant d’autres les spécialités qui feront un jour ma renommée extraordinaire ; soupe aux herbes à en tomber le front dans l’assiette, gâteau émerveillant à s’en attraper la gorge à deux mains, et...
A celui qui a ouvert et aimerait savoir:" Et vous, qui êtes vous?", tout en allant grimper les marches de la maison, la femme de Plouhinec répond en breton:
- On m'appelle Hélène, sinon, qui je suis, vous l'apprendrez bientôt...à vos dépens!"