Mon année littéraire se termine, et comme à chaque fois, je cherche quel est le roman qui conclura cette passion dévorante.
Je voulais rendre hommage à un écrivain disparu il y a peu, alors qu'il avait tant à nous conter encore.
Un homme que j'aurais aimé rencontrer au moins une fois au cours d'un salon.
Cela ne s'est pas fait et ne se fera donc jamais.
Je n'ai pas tout lu de lui, ce que j'ai lu ne m'a pas toujours conquis, mais je prenais beaucoup de plaisir à l'entendre sur les plateaux de TV ou à lire ses interviews.
Jean Teulé est parti.
Il est allé rejoindre la plus grande et riche librairie, de l'au-delà.
Peut-être vous étonnerez-vous de l'ouvrage que j'ai choisi pour cet hommage posthume ?
Mais tout s'explique.
Héloïse, ouille ! C'est l'histoire d'Abélard et Héloïse, amants maudits et à jamais passés à la postérité.
Du XIIe siècle qui était le leur, au cimetière du père Lachaise, où l'on peut encore de nos jours se recueillir sur leur tombeau, il en est des histoires d'amours contrariées qui sont tombées dans l'oubli.
Pas la leur, et
Teulé s'est occupé, à travers son livre, à nous en conter, dans une langue qu'il savait manier avec maestria, les péripéties.
Chastes oreilles, éloignez-vous.
Chez
Teulé, les histoires de cul sont du meilleur (ou du pire) cru.
Il ne badine ni avec le langage, ni avec les actes.
C'est couillu.
Enfin, jusqu'à ce que ce bon Abélard n'y perd les siennes.
Puni d'avoir usé et abusé sous toutes ses formes, d'une sexualité dépravée avec une jeune femme qui l'aima bien au-delà de toute raison.
Séparés et loin l'un de l'autre, ils n'en demeureront pas moins épris.
L'un continuant d'enseigner, tout en s'attirant, par des écrits controversés, l'ire de ses condisciples.
L'autre, dont les pensées l'amèneraient plus facilement aux portes de l'enfer, deviendra Mère supérieure...
La vie vous réserve, parfois de drôles de destins.
J'en reviens donc au choix de cette lecture.
Il se trouve qu'Abélard est mort, et fut, dans un premier temps, enterré à quelques centaines de mètres de là où je rédige cette chronique.
Dans ma Bourgogne natale.
Avant que les deux amants, dans la mort, furent réunis, quand vingt ans après lui, Héloïse quitta, à son tour, cette terre.
Héloïse, ouille ! Représente bien le style du romancier, dans le maniement de la langue, et dans les excès qui peuvent mettre le lecteur mal à l'aise.
Teulé, grossier personnage ?
Je pense qu'il l'assumait, comme moi j'assume cette lecture et cette chronique.
N'ayons pas peur des mots.
N'ayons pas peur des maux.
Prions pour le salut de l'âme des païens.
Abélard,
Teulé, l'un perdit ses attributs et sa vie en fut bouleversée, l'autre osa les montrer en écrivant ce genre de roman.
Oyez oyez bonnes gens, chassez vos airs puritains et livrez-vous à la débauche... lisez
Héloïse, ouille !