Héloïse jeune fille de la haute aristocratie, orpheline et très cultivée habite chez son oncle le chanoine Fulbert. Ce dernier désire encore parfaire son éducation et pour cela fait appel à Abélard, maître reconnu et adulé par ses scolares et il propose au maître une chambre attenante à celle de sa nièce.
Demoiselle Héloïse n'a pas froid aux yeux et il se dégage de sa personne beaucoup de liberté et de sensualité qui vont emporter Abélard très loin de son objectif premier : devenir un haut dignitaire de l'église.
Cette jeune fille n'est pas une vierge effarouchée et son langage est fleuri, elle sait très bien comment entraîner son maître dans les affres de la jalousie et dans la spirale de tous les excès.
Sa devise : "Tout ce que tu me fais je te le fais, tout ce que je te fais tu me le fais", tout est dit.
Cet amour fou, sensuel, débridé est merveilleusement retranscrit par un
Jean Teulé au sommum de son art. Oui cet auteur sait faire parler les mots et chanter les expressions et colorer les décors.
Pas de vulgarité même dans les scènes les plus crues juste une langue jubilatoire à l'extrême.
Mais le livre ne se limite pas à ces scènes chaudes, il va beaucoup plus loin en nous décrivant une jeune fille libre et amoureuse.
L'amour de ces deux êtres va aller au-delà de la passion physique.Lorsque Abélard subira le châtiment de la castration infligée par le chanoine Fulbert celui-ci perdurera.
Fulbert fini en prison, Héloïse doit renoncer à la vie, sur les supplications d' Abélard elle devient moniale à Argenteuil. Abélard lui aussi devient moine à Saint-Denis où il se consacre à son ouvrage de théologie.
Ouvrage qui va lui valoir les foudres de Bernard de Clairvaux, et il va s'évader de sa geôle.
Réfugié en Champagne, des scolares de toute l'Europe vont l'y rejoindre, ce qui va encore soulever des jalousies et la colère de ses pairs, il se sent menacer et décide d'aller dans un monastère de Bretagne.
Alors qu 'Abélard fait face à une immense rébellion dans ce monastère Breton , Héloïse doit elle se réfugier et reconstruire le Paraclet en Champagne, pour ses soeurs et elle-même, car les moniales sont chassées d'Argenteuil.
Si Abélard rougis de ce qu'il appelle leurs turpitudes, Héloïse les regrette et toutes ses années de jeunesse cloîtrées aussi. C'est pour prouver son Amour à Abélard et uniquement pour cela qu'elle a renoncé à tout. Et elle continue à l'aimer malgré l'absence, l'éloignement et ce qu'elle endure.
Intelligente et dévouée elle est aimée des autres moniales et règne avec dévouement sur le monastère du Paraclet.
Lui, va être à nouveau juger pour ses écrits lors du concile de Sens et il va renoncer à se défendre, par lassitude, maladie...
Il sera recueilli par l'abbé de Cluny, qui ramènera sa dépouille au Paraclet près d'Héloïse, qui le rejoindra vingt ans plus tard.
Jean Teulé a fait un travail de recherche remarquable, et nous rend le couple le plus célèbre dans une vérité touchante. Les critiques parlent surtout de la première partie de son livre, qui narre avec force détails et vocabulaire adéquat des amours de ce couple mythique. Mais il est dommage de passer sous silence la recherche historique, le rendu du langage de l'époque et l'analyse de cette histoire.
Une fois de plus le lecteur retrouve un auteur brillant et haut en couleurs.
J'aime qu'un auteur ait ce petit plus qui fait que son écriture est unique, sa tournure d'esprit reconnaissable.