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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Aaah ! Enfin un bon livre ! Après 2 déceptions successives je décide de me projeter au nord du monde et je ne regrette absolument pas le voyage. J'aime beaucoup les romans d'anticipations, l'écriture sur la post-apocalypse, et celui-ci est à la hauteur de ce qu'on attend du genre. On ne sait pas grand-chose de ce que fut cet anéantissement du monde tel que nous le connaissons mais ce n'est pas ce qui compte. A l'inverse, on voit bien à quel point la vraie nature de l'homme se révèle dès que son petit confort lui est ôté et aussi quels inadaptés nous sommes devenus, incapables d'affronter le froid, la faim, ne sachant plus subvenir à nos besoins primaires sans les technologies qui nous facilite la vie. J'ai adoré le personnage de Makepeace, sa façon de ne pas s'apitoyer sur elle-même, de prendre le monde comme il est, avec lucidité mais sans désespoir, et à son échelle d'essayer de recommencer quelque chose dans cette glaçante solitude.
Je voudrais finir avec un extrait de la postface (c'est l'auteur qui parle, après avoir réalisé un reportage sur Tchernobyl) : « Et puisque les femmes ont une espérance de vie naturellement supérieure à celle des hommes, il m'est apparu que le point final de l'existence humaine sur cette planète risque de ressembler à la Zone d'exclusion – la vie sauvage revigorée par l'absence humaine, une femme sans descendance, ayant passé l'âge de procréer, cultivant son potager sur une terre contaminée. »
A méditer, non ?
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"Western du grand nord" affiche le bandeau, et de fait, cela résume à merveille l'atmosphère de ce roman qui nous mène dans les grandes steppes et la taïga sibérienne.

L'incipit annonce aussi la couleur : "Chaque jour, je boucle mon ceinturon de revolvers pour aller patrouiller dans cette ville miteuse". Ici, il sera bien question de violences et de pérégrinations dans un monde désolé. Au nord du monde est un roman d'aventure post-apocalyptique, et comme le dit son auteur Marcel Theroux dans la postface, la singularité de ce western tient en ceci : là où le western traditionnel est une organisation sociale pré-civilisationnelle (la conquête de l'ouest), le roman de Theroux fait le pari d'un western après la civilisation, après son effondrement.

Il faut d'abord saluer la prouesse du traducteur qui laisse à penser, par la qualité de son travail et la fluidité du résultat, qu'il s'agit bel et bien d'un roman écrit dans la langue de Molière. Qui plus est, le patronyme de l'auteur très largement francophone, entretient cette ambigüité. Mais c'est bien dans la langue de Shakespeare qu'il a été écrit en 2009, et sa traduction est en revanche beaucoup plus récente (2021).

Du début à la fin, je n'ai pu m'empêcher de penser à chaque page à La route de Cormac McCarthy : il y a une filiation évidente, même si le décor (ou ce qu'il en reste) diffère. du moins la géographie. Mais l'héroïne aussi, puisqu'ici c'est une femme qui répond du doux nom de Makepeace qui erre dans des villes abandonnées et les grands espaces gelés . On sait peu de chose de ce qui s'est produit avant : le réchauffement climatique - encore qu'il reste très mesuré dans ces étendues sibériennes où il fait -35 en hiver... , des phénomènes migratoires de grande ampleur, le désordre, des milices, des assassinats de masse, des charniers... Makepeace vit dans ce qu'il reste d'une colonie américaine (comme si la conquête de l'ouest s'était prolongée au-delà du détroit de Béring, au delà du Pacifique) implantée sur le sol russe. Scénario déroutant, mais qui pose d'emblée une géopolitique toute différente, un temps qui ne correspond plus à rien de ce que nous connaissons.

Makepeace vit une vie sans projet, sans projection possible. A bien des égards, Au nord du monde est un roman crash test : que reste-t-il de la vie lorsque toute forme d'espoir est abolie, lorsque la société a disparu, lorsque la mort rôde, lorsqu'il n'y a plus d'enfants, lorsque qu'il n'y a plus de famille, plus d'amis, plus de loisirs ?

Theroux nous conte cette errance (et les péripéties que nous nous garderons bien de raconter ici) avec une belle virtuosité. Et la phrase ne s'éteint jamais derrière l'aventure. Une belle poésie parsème le récit : "Oui, quelque part sur l'échelle des années, mes yeux se sont éteints avec le meilleur de moi-même" (p.11). le style est ample et précis, s'autorise de belles digressions métaphysiques. La narration se construit par petites touches, à mesure que l'histoire du personnage principal se dévoile.

On se perd parfois dans le dédale d'une géographie inédite, au milieu de villes qui n'existent pas, et de rebondissements dont la violence décrite soulève le coeur. La limite du récit tient dans l'absence d'une tension fondatrice : on n'imagine jamais que quelqu'un puisse, d'une façon ou une autre, en réchapper ("Quelle arrogance nous a fait croire que nous étions assez loin pour être à l'abri ?", p. 138). On l'espère ardemment au fond de nous-même, mais on ne voit jamais poindre la moindre option. Un monde sans lendemain possible laisse peu de place à l'idée d'un jour meilleur, et dépourvu d'espoir, le lecteur se trouve lui aussi déboussolé, privé de points cardinaux.

Dans ce beau roman, Theroux interroge au fond la viabilité d'un roman, la possibilité même d'une littérature lorsque la vie s'abolit.
Etourdissant.
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Reçu dans le cadre de la dernière Masse Critique Littératures de l'Imaginaire, je tiens à remercier les éditions Zulma et Babelio pour la découverte de ce roman de Marcel Theroux, qui m'a littéralement conquise ! A la fois page-turner captivant, western post-apocalyptique, et roman féministe (avec une héroïne qui n'a peur de rien !), Au nord du monde nous emmène comme son titre l'indique dans les vastes étendues de la Sibérie. Je n'en dirai pas plus si ça n'est que ce fut un véritable plaisir de suivre les aventures de Makepeace, plein de rebondissements - à la fois un roman d'aventure tout en étant projeté dans un futur dystopique où notre héroïne est une véritable guerrière rusée, un western féministe qui embarque le lecteur dans les vents de la taïga. le récit est fluide, accrocheur, bref un plaisir de lecture que je n'avais pas ressenti depuis la série Blackwater ;)
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Une balade glaciale.
Makepeace espère encore en l'humanité et pourtant tout autour d'elle n'est que chaos et désespérance. C'est une fin l'ère industrielle où ne survivent que quelques-uns. On ne sait pas trop ce qui s'est passé, accident nucléaire, désordres climatiques…
Toujours est-il qu'elle parcoure le grand Nord pour chercher encore un peu d'humanité. Mais tout n'est que laideur. Au début du roman je cherchais le pourquoi du comment et puis je me suis laissé envouter par le personnage incarné par cette femme blessée et courageuse. Néanmoins certains passages me sont restés obscurs, certaines situations sont étranges et la fin m'a semblé un peu « cousue de fil blanc ».
Je n'ai pas trop ressenti le coté Western. Plusieurs jours après ma lecture, l'atmosphère du roman est toujours dans ma tête.
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La 4ème de couverture résume assez bien ce livre sans en dire de trop. L'héroïne, Makepiece, prend la route dans un monde désolé après une catastrophe (dystopie ?) et ses voyages sont passionnants. Les rencontres qu'elle fait au long de la route, le violences qu'elle subit, les solutions souvent ingénieuses qu'elle trouve pour s'en sorti sont autant d'explications au plaisir qu'on prend à lire ce roman. C' n'est as gai, certes, mais il y a toujours de l'espoir.
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Le réchauffement climatique et la surconsonsommation ont continué de progresser, contraignant les hommes à coloniser ces terres désertiques mais au climat plus frais.
Makepeace se souvient de son arrivée au Nord du monde, et se souvient aussi que les gens sont tous morts au fil du temps...
Est-ce qu'il y a d'autres humains ailleurs ? Est-ce que la vie reprendra ses droits ? Ce sont ces interrogations qui guideront Makepeace tout au long du roman. Parce que l'Homme espère toujours, et aussi seul qu'il veuille être, il cherche ses semblables.

Peu habituée aux roman d'anticipation, j'ai été séduite par celui-ci. Un roman difficile à lâcher dont le personnage central est un savant mélange entre Pale Rider (Clint Eastwood) et Trinita (Ternce Hill). Une ambiance western donc, mais au coeur de la taïga enneigée de Sibérie.
Un récit d'aventures addictif et qui aurait, sans problème, supporter 100 pages de plus.
Petit bémol : la traduction qui, je pense, pourrait, par moment, être plus aboutie.
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Un oiseau frigorifié…
Il est des côtes déchiquetées que le géographe reporte consciencieusement sur sa mappemonde mais que pour rien au monde il ne souhaiterait visiter. Grâce à l'Internet et aux satellites le géographe moderne peut mesurer l'arctique sans quitter son douillet bureau parisien.
A première vue, cette critique partage avec les étendues glacées du grand nord un point commun, une blancheur immaculée. Mais, tout comme l'été fait fondre les neiges que l'on croyait éternelles, l'imagination permet de vaincre l'angoisse de cette page trop blanche. Voilà que les premiers mots apparaissent, que la route familière se révèle. Un exercice de style pour introduire un travail de mercenaire de la critique. En guise de hors d'oeuvre cette mise en abyme du livre que je m'apprête à commenter, une ballade Au nord du monde, brillamment contée par Marcel Théroux.
Pris une fois de plus dans les filets de la « masse critique », j'ai troqué une autre partie de mon âme, bradant ces quelques lignes en échange d'un livre gratuit. Au moins me voilà tenu par un contrat, un coup de pied pour sortir de ma léthargie et retrouver les touches poussiéreuses de mon clavier.

C'est au final un petit roman que celui que j'ai reçu. Présenté comme une chose toute simple, sans prétentions, pas un joyau littéraire ni de grandes réflexions sur la condition humaine. Juste une petite histoire, et pourtant…
… pourtant le romancier, en véritable alchimiste, a su transformer des taches d'encre inanimées en personnages bien vivants dans ma tête. Depuis, Makepeace Hetfield, la narratrice solitaire ne me quitte plus.
Une véritable héroïne de papier, paradoxe ambulant qui déteste lire mais vénère les livres. Il faut dire que le monde dans lequel vit Makepeace ne laisse guère de place à l'oisiveté des choses écrites. En Sibérie l'enfer vous brûle comme la glace et le froid, près de dix mois par an. Dans ce grand nord on ne regarde pas son prochain comme une promesse d'espoir mais comme une cible qu'il s'agit de garder dans son viseur.
Le monde de Makepeace, a vu la civilisation s'effondrer. Les derniers restants ou devrais-je parler de rebuts de l'humanité semblent s'être réfugiés dans le grand nord et luttent pour survivre. Entre la violence du climat et la violence des hommes, l'espoir semble condamné.
Notre narratrice aura passé des années à tenter de faire régner l'ordre en tant que sheriff, pour finalement se retrouver face aux fantômes, seuls habitants des ruines de son village. Pourtant, les parents de Makepeace étaient venus dans le grand nord en quête du paradis.
Toute une génération, usée par les pièges de la civilisation, partis en masse tels des colons modernes dans le nord de la Sibérie. Ils espéraient renouer avec la vérité d'un retour aux sources. Je ne gâcherais pas ta surprise, oh toi lecteur potentiel...
… globalement, on peut dire que ça s'est trèès mal passé, que le monde s'est effondré autour d'eau. Ce roman ne raconte pas la chute de la civilisation, mais simplement le destin d'un personnage, désabusé par la traversée de l'horreur. La fillette ayant grandi dans le simple et le rustique se mettra à rêver par la promesse de la vie moderne et de la technologie, rêvant de ce monde perdu qu'elle ne connaitra jamais.

Jusqu'au jour ou sur le point de sombrer dans le désespoir, elle verra un avion traverser le ciel. Un avion, symbole de la modernité, véritable étoile filante pour guider ses pas vers un monde meilleur. Ce point de vue original inverse le consensus d'une nostalgie passéiste. Au poète qui rêvait d'un « Là bas, où tout est neuf et tout est sauvage, libre continent sans grillage. » Makepeace lui répondrait que « Y'a des tempêtes et des naufrages. La glace, les diables et les mirages » qu'elle connait et que franchement ça ne vaux pas le coup.
Je me répète, mais j'ai vraiment adoré le personnage principal, son mental de survivante et ça façon de se livrer à coeur ouvert sur son monde et ses sentiments.
« Etrange, à quel point l'homme n'est jamais plus cruel que quand il se bat pour une idée. On se tue depuis Caïn pour savoir qui est le plus proche de Dieu. »
L'autre particularité fascinante de ce livre réside dans sa construction. La narratrice raconte sa vie « Au nord du monde » dans son journal intime, elle vit des moments intenses, pour la plupart atroces, trop difficiles pour être détaillés dans l'instant. Puis, à mesure que d'autres horreurs plus récentes se produisent, elle livre petit à petit son passé.
Ce roman, fût pour moi une surprise, j'avais laissé le hasard de la masse critique choisir pour moi. Une délicieuse surprise, telle une crème glacée dont le parfum persiste longtemps dans le palais.
Lien : http://oiseauchanteur.blogsp..
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Mlle Alice, pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec Au Nord du Monde ?
"Je l'ai croisé sur plusieurs comptes instagram lors d'une recherche frénétique de romans autour de la neige. En plus, j'avais déjà un Marcel Theroux dans ma wishlist pour un livre sur la Corée du Nord, je me suis dit que c'était donc l'occasion de le découvrir et la couverture n'y est peut-être pas pour rien non plus."

Dites-nous en un peu plus sur son histoire...
"Makepeace continue à arpenter les rues de sa petite ville perdue au Nord du Monde, en sa qualité de shérif, comme si ça avait encore la moindre importance, comme s'il restait encore qui que ce soit de vivant dans les parages. À moins qu'il lui soit finalement donné de reprendre espoir..."

Mais que s'est-il exactement passé entre vous ?
"C'est un récit post-apocalyptique qui n'en est pas un. C'est le point de départ, bien sûr, mais ce n'est pas l'essentiel. On ne sait d'ailleurs jamais exactement ce qu'il s'est passé, ou très tard, ce qui compte, c'est Makepeace et ce que ce personnage représente, sa quête de survie, de chaleur humaine, de vengeance et de rédemption à la fois. J'ai été très vite happée par le récit, les pages se tournaient toutes seules. Ce n'est pas un roman qui m'a bouleversée cela dit, et j'en attendais sûrement un peu plus, je ne l'ai pas trouvé non plus d'une folle originalité, mais il est équilibré et extrêmement réaliste, et c'est sûrement ce qui nous attire le plus vers ce genre d'histoires. J'ai aussi beaucoup aimé l'écriture de Marcel Theroux et le mélange des genres réussi, un exercice pourtant assez difficile, tantôt western, tantôt nature writing et bien d'autres choses encore."

Et comment cela s'est-il fini ?
"J'ai trouvé la fin un peu frustrante, pas dans les évènements mais dans leur exposition, à demi-mots, il faut presque deviner ce qu'il en est, une frustration que j'avais déjà ressentie d'ailleurs à d'autres moments du récit."
Lien : http://booksaremywonderland...
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Au nord du monde est un bon roman d'anticipation. Les personnages sont bien écrits, l'intrigue offre de belles surprises et des réflexions intéressantes. Cependant, pour la lectrice très amatrice de post-apo que je suis il manque d'originalité et reste très classique dans son déroulé, son univers et sa proposition. Une lecture à sa sortie en 2010 aurait certainement placé ce titre parmi mes coups de coeur mais la réédition de 2021 le rend moins remarquable malheureusement.

Critique complète sur yuyine.be!
Lien : https://yuyine.be/review/boo..
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Dans un monde post-apocalyptique, on suit l'itinéraire de Makepeace, femme shérif d'une ville devenue déserte qui va vouloir aller explorer plus loin pour trouver d'où venait l'avion qui s'est écrasé près de chez elle : il doit bien y rester des hommes encore organisés pour le faire voler. Elle va en fait trouver l'esclavage pendant plusieurs années dans un centre de travail où le seul échappatoire est de devenir gardien à son tour ou être élu pour aller récupérer du matériel dans une ville contaminée par un champignon mortifère.
Ce récit rentre quelque peu en résonance avec l'épidémie que nous traversons . La nature s'est déréglée, les saisons se sont modifiées, les grands équilibres sont perturbés. La ville contaminée fait penser à Tchernobyl... Espérons que nous ne retournerons pas à cette bestialité qui anime les être que croise l'héroïne ...
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