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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Madeleine Thien, écrivaine canadienne d'origine chinoise, nous déploie à travers l'histoire d'une petite fille chinoise immigrée au Canada dans les années 80, un vertigineux roman épique qui englobe plus de quarante ans d'Histoire de la Chine communiste. Des carnets (« The Book of Records ») trouvés à la mort du père et déchiffrés par une jeune exilée chinoise accueillie par la mère sera le fil rouge et la source de cette histoire, qui est aussi celle de deux soeurs, deux familles de musiciens, et du père disparu, pianiste de renommé en Chine.....des histoires individuelles encastrées les unes dans les autres, sur fond de la grande Histoire.
La narratrice est la petite fille devenue une jeune femme de trente-cinq ans, mathématicienne. Un livre qui regorge de musique et de poésie mais aussi beaucoup d'amertume, de tristesse, d'injustice et de cruauté dû à l'avènement d'un nouveau régime, qui au nom de reconstruire une "nouvelle" société décima tout sur son chemin, y compris le riche patrimoine culturel et ses enseignants. Des milliers de gens furent enfermés dans "des camps de ré-éducation ", pour crimes contre-révolutionnaires, des crimes que même leurs bourreaux eux-mêmes peineront à définir, comme la possession de livres de musique ou de poésie.

Un livre, symbol d'immortalité, dont les trente et uns carnets symboliques copies d'originaux voyageront dans le temps et l'espace jusqu'à nos jours, comme gardiens de la mémoire pour l'éternité.
Un livre sur l'importance de nos racines, dont ce monde où la mondialisation
et les flux migratoires ont brouillé les pistes de nos appartenances aussi bien en bien qu'en mal.
Un livre dont j'ai adoré tous les personnages féminins, sans exception, dont Big Mother Knife et Old Cat !
Un livre dont je n'ai juste pas compris le sens du titre français, tout autre que l'original, "Do not say we have nothing", "Ne dit pas que nous n'avons rien", qui n'a rien à voir avec "Nous qui étions rien", dont je n'ai pas bien compris le sens dans le contexte du livre. Une des protagonistes, aprés que les Gardes rouges eurent tout décimé dit " Toutes ces choses que nous n'avons plus sont rien comparés à toutes les choses que nous avons eu" ,("All these things that we don't have are nothing compared to the things we did have.")....., d'où je pense vient le titre original, très touchant et profond.
Un livre intéressant, une magnifique prose ( v.o.) aux envolées lyriques, mais très frustrant. Frustrant, la dualité du caractère humain, la description de la stupidité des masses ( les lynchage m'ont particulièrement révoltée et dégoûtée ), d'un peuple soumis, crevant de faim, qui ne perd pas foi en son bourreau, et docile continue à faire son autocritique ( pour se faire encore plus humilier ? ) , allant jusqu'à dénoncer sa propre famille, comme lui impose le Parti, creusant de ses propres mains son propre tombeau....bien que l'auteur finalement en arrive à l'abrutissement de l'individu par ces régimes autoritaires qui éradique toute volonté et tout désir de lutter chez l'homme, la peur étant devenu la constante de base, si bien qu'il n'est même plus perçue comme Peur. L'absurdité de cette violence et soumission qui achève le propre de l'individu, a finit par me donner la nausée, malgré la beauté du texte et des passages terriblement émouvants ( “J'ai choisi ma vie, Ai-ming” dit-il, “J'ai choisi la vie que j'étais capable de vivre”).
C'était un tout petit peu long et émotionnellement fatigant pour moi......



“The stupidity we went through, a whole generation slapping its own head … how come we keep arriving at the same point?”
( Notre propre imbécilité , toute une génération à cogner notre propre tête.......comment fait-on pour en arriver toujours au même point ? )


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« du passé faisons table rase. Foule esclave, debout! Debout! Nous qui n'étions rien, soyons tout! »
Un des cris de ralliement du prolétariat entonné par le peuple chinois à l'ère du communisme, une saga familiale racontée par Madeleine Thien dans ce roman historique et commémoratif aux victimes des manifestations de la place Tian'anmen au printemps 1989.
Jian Li-Ling (Marie) a dix ans lorsque son père, Jiang Kai, pianiste virtuose, se suicide à Hong-Kong. Sa mère et elle habitent alors à Vancouver et lorsque sa cousine éloignée Ai-Ming débarque chez elles au début des années 1990, Marie découvre petit à petit un pan caché de sa famille élargie chinoise. C'est donc l'histoire de Grande Mère Couteau et de son mari Ba Luth, leurs enfants Pinson, Da Shen, Ours Volant, la tante Vrille et son mari Wen le Rêveur, leur fille Zhuli, qui défile, tel un conte des mille et une nuits, au temps du Grand Bon en Avant, de la Campagne des Cent-Fleurs et de la Révolution culturelle, que proclame Mao pour faire renaître une Chine nouvelle. le peuple chinois en passera par toutes les peines, les peur, les remords, le mépris, les humiliations, le dégoût et la haine pendant toutes des années de reconstruction.
« - Nos livres regorgent de récits d'erreurs sur la personne, d'amours maudites, de longues séparations. » Et les quelques longueurs du roman n'affectent en rien la fluidité de l'histoire, au contraire, elles me sont apparues, finalement, vitales à sa structure.
À lire pour mieux comprendre la vie quotidienne sous la dictature communiste chinoise.
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S'agit-il de synchronicité, de coïncidence ou d'une certaine intertextualité avec l'histoire qui s'écrit ces jours-ci? J'étais plongé dans la lecture de ce magnifique roman influencé par la musique de Bach et un mystérieux assemblage de calepins réunis dans le Livre des Traces, dans ce récit personnel et familial où une narratrice mathématicienne se met à la recherche de soi et de ses racines prenant pour décor l'aventure chinoise, de la révolution culturelle aux événements de Tiananmen quand les journaux télévisés rapportent de similaires agitations à Hong Kong.

C'est par les yeux de celles et ceux qui le vivaient que nous sont racontés le soulèvement et les manifestations de la place Tiananmen. Cela s'incarne ainsi d'une façon plus intense et il est impossible, ensuite, de porter le même regard sur cet élément d'histoire comme sur l'actualité qui en prend la forme.

C'est la quête de Marie et celle d'Ai-Ming pour reprendre contact avec leur passé qu'on retrouve dans Nous qui n'étions rien, mais c'est également une odyssée chinoise où les malaises, les douleurs et les rêves d'une multitude de personnages attachants, dont plusieurs sont musiciens, nous sont révélés à l'aide d'une plume qui semble s'inspirer de la pensée chinoise comme de la musique. Elle présente une admirable fluidité.
Lien : http://rivesderives.blogspot..
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Nous qui n'étions rien fait le pari de reconstituer la destinée mouvementée d'une famille de Shanghai sur plus d'un demi-siècle, depuis la mise en place du communisme jusqu'à aujourd'hui. Peut-on disparaître sans laisser de traces ? L'Histoire peut-elle effacer, sous son poids, le sort de millions d'individus qu'elle a balayés dans les soubresauts des révolutions ? Madeleine Thien répond à ces questions dans un roman ample, tumultueux et cependant d'une indéniable maîtrise.
Dans l'épopée qu'elle retrace, temps long et temps court se chevauchent constamment, le lecteur étant propulsé de l'un à l'autre par une sorte de dialogue entre le passé et le présent. Quand le livre s'ouvre, Li-ling, qui s'appelle aussi Marie, convoque ses souvenirs. Elle revit le moment de la mort de son père, Jiang Kai qui, après avoir quitté la Chine et rejoint le Canada, avait abandonné femme et enfant pour retourner à Hong Kong où il s'était suicidé. Dans les mois qui suivirent cette tragédie, le modeste foyer de Marie et sa mère, à Vancouver, accueillit Ai-ming, une étudiante fuyant les représailles consécutives aux évènements de la place Tian'anmen. La jeune fille devint vite une soeur pour Marie, éloignant sa solitude et calmant ses angoisses grâce aux chapitres décousus d'un mystérieux Livre des traces. Là, le récit se met à basculer vers le passé pour se recentrer autour d'une famille de chanteuses et de musiciens de Shanghai. Se dessine alors une généalogie dont les ramifications se déploient dans les plis et les replis de la Chine nouvelle. Réformes agraires, campagne des Cent Fleurs, Révolution culturelle, Quatre modernisations, Printemps de Pékin, la Chine nous apparaît comme une mer houleuse qui soulève sa masse grise dans des tempêtes qui emportent les frêles esquifs humains avant de les rejeter brisés sur le rivage.
Je me suis longuement interrogée sur la manière dont je ressentais les personnages du roman, essayant de comprendre la distance qui s'établissait entre eux et moi, comme si leurs ressorts m'échappaient à certains moments. Il me semble, après réflexion, qu'ils n'obéissent pas à ce qui détermine nos comportements judéo-chrétiens, l'idée du bien et du mal et le sentiment de culpabilité qui en découle. Leurs actes sont motivés par ce qu'ils doivent faire et ce qu'ils n'ont pu accomplir, la sanction de leur impuissance étant le renoncement. Quand Pinson échoue à protéger sa nièce Zhuli, il ne peut que renoncer à la création. Quand Jiang Kai abandonne Pinson pour suivre ses ambitions, il n'aura pas d'autre choix que de renoncer à la musique. Quand Ai-ming laisse derrière elle sa mère, elle sera incapable de vivre une autre existence loin de son pays. Seuls Wen le rêveur et Vrille en allant jusqu'au bout de leur amour n'ont pas à y renoncer.
Je ne pense pas avoir tout compris de la signification du Livre des traces dont les fragments épars relient les personnages au-delà du temps et de l'espace. Roman au début recopié par Wen le rêveur pour séduire la chanteuse Vrille, il permettra par la suite à cette dernière de le retrouver dans son errance de fugitif. Des chapitres de l'ouvrage sont aussi conservés par Grand-mère Couteau, recopiés par son mari Ba Luth, transmis à Zhuli, recopiés encore par Pinson, et Ai-ming en retrouvera une partie dans les documents laissés par le pianiste Jian Kai. Il fournit à chacun la possibilité de reconstituer l'histoire d'une lignée, d'en rassembler les membres aussi dispersés par la vie que les héros du roman. Peut-être Madelein Thien fait-elle de ce fil rouge une allusion à Sima Qian, le père de l'histoire chinoise qui a vécu aux IIe et Ier siècles avant J-C. Ce chroniqueur et scribe de l'empereur chercha à recenser l'ensemble des personnages mythiques ou réels des époques précédentes pour en faire une synthèse historique. Il s'attela à la tâche monumentale de sauver de l'oubli des fragments très curieux de la littérature ancienne et de redonner à des personnages discrédités la sagesse, l'honneur et le sens de la justice qui les caractérisaient. Il remarqua que « ayant aimé la retraite et l'obscurité par-dessus tout, ils effacèrent délibérément la trace de leur vie.» Madeleine Thien a choisi elle aussi de se faire la chroniqueuse minutieuse de ceux qui ont été emportés par les rigueurs capricieuses de l'Histoire.
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L'histoire :

Le récit est raconté par Marie une jeune « Fille » une jeune canadienne dont les parents sont chinois. A travers ses mots, elle trace et retrace l'histoire de sa famille, de ses origines, de son passé et son lien avec Ai-Ming. Cette dernière a quitté la Chine en 1989 après les événements de la place Tian'anmen et tout ce qui en découle. Marie fera alors tout pour reconstituer à travers des lettres, des échanges et des objets, le passé de la famille d'Ai-Ming. Une dure réalité de l'Histoire la Chine est dévoilée petit à petit, rendant mémoire à toutes les vies qu'elle a touchées.

La richesse :

Ce livre est très riche. Riche de tout, de par la plume de l'auteur, par l'histoire partagée et les messages glissés. Tout est dit avec une multitude de connaissances, de poésie, d'amour et de sens cachés.

La lueur de la bougie effleurait chaque objet. le serveur nous parlait avec bienveillance, comme si nous arrivions de très loin, d'un lieu où les mots attendaient leur écho. J'avais peur que mon enfance s'envole avant qu'il ne finisse sa phrase.

Mon avis :

En plus d'avoir du mal à écrire cette chronique (15 jours que le fichier est ouvert…), j‘ai eu du mal à rentrer dans cette histoire. L'écriture était très riche, avec beaucoup de détails, de noms… C'est très intéressant, mais j'ai eu du mal à m'accrocher. C'était une l'impression d'être noyé sous les détails et de ne pas saisir la véritable importance de ce texte. Je sais que le message pour la Chine, les voix marquants cette histoire sont importants et lourds de sens, mais je ne me suis pas sentie « dans la confidence ». C'est un sentiment qui m'a déjà été familier et je pense que je relirai ce livre un peu plus tard, avec plus de maturité, de connaissance et de motivation !

MAIS il n'empêche que c'est un livre très riche, très intéressant, qui met en lumière de grands moments de l'Histoire de Chine, dont nous pauvres petits français, n'apprenons l'existence QU'EN TERMINALE soit à environs 17 ans… Oui c'est une grosse critique encore une fois sur l'éducation française… Mais ce cours d'histoire m'avait assez choquée car mis à part les événement de la place Tian'anmen je n'avais entendu et n'avait prêté attention à rien d'autre. On en apprend plus sur la révolution culturelle, sur le Grand Bond en avant, les guerres civiles…

Il n'y a pas beaucoup d'avis j'ai trouvé sur internet mais je vous conseille de jeter un oeil sur le site de Babelio ou Booknode qui présentent quelques avis.

Je pense que si vous avez aimer les livres Madeleine Project de Clara Beaudoux et surtout Un goût de cannelle et d'espoir de Sarah McCoy mélangé à l'écriture de Jean Hegland avec « Dans la forêt» celui ci est fait pour vous

Si tu es enfermée dans une pièce et que personne ne vient te sauver, que fais-tu ? Tu frappes sur les murs, tu casses les fenêtres. Tu dois grimper, sortir de là et te sauver. Il est évident que pleurer n'a jamais aidé qui que ce soit à vivre…

Remerciements :

Je tiens à remercier Babelio et les Edition Phébus de m'avoir proposé de lire ce livre en service presse. J'ai pu découvrir un livre très précieux (malgré les difficultés de lecture et de compréhension) que je n'aurais sûrement pas eu la chance de lire autrement, merci aussi de m'avoir fait découvrir cette maison d'édition dont l'orientation vers la littérature étrangère est très intéressante.

(Aussi : la couverture est magnifique!)

Dans ses autocritiques, mon père parlait de son amour de la musique ainsi que de sa crainte d'être « incapable de surmonter son désir de bonheur personnel ».
Lien : https://labouquinerieimagina..
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Un superbe roman, qui nous propose d'aborder l'histoire récente de la Chine, par le biais de deux histoires pas si distinctes.

D'abord, celle de Marie, une jeune canadienne dont les parents chinois ont émigré avant sa naissance, qui méconnaît l'histoire de son pays d'origine.
Puis, celle de la Révolution Culturelle par le biais du légendaire Livre des traces, une somme de carnets où est consignée l'histoire de sa famille.

C'est un procédé éminemment intelligent pour aborder de front - tout en gardant la liberté d'une fiction - l'histoire douloureuse d'un pays, d'une diaspora aussi, dont les descendants sont encore marqués mais ignorent parfois pourquoi.
Lien : https://lesmotsdemahault.blo..
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Parcourir l'histoire de la Chine de Mao à travers l'itinéraire de deux familles, celle de Aï-ming et celle de Li-lin (Marie). Réaliser l'importance vitale pour chacun.e d'eux de la musique et, plus précisément et de manière étonnante, de la musique occidentale. Accepter d'être transporté dans des périodes, des continents différents et comprendre peu à peu que ce sont ces bouleversements qui font l'unité du roman. Il ne s'agit donc pas d'un récit linéaire. La musique, incarnée par Pinson, Zhuli, et Kai mais aussi et d'abord le Bach de Glenn Gould. Aï-Ming et Marie, leurs parents et grands-parents, si proches et si différents et que le régime maintient si éloignés, dans la mort, les camps d'internement ou l'exil. La révolution culturelle, la dictature de Mao puis de Deng Xiaoping, les espoirs massacrés de la place Tien'anmen. Impossible de résumer un tel livre tant il est multiple, à l'image des "Variations Goldberg", oeuvre de Bach tellement importante pour les principaux héros et héroïnes et qui accompagne chacun des protagonistes, à l'image aussi du "livre des traces", oeuvre-repère pour chacun , recueil d'histoires ou de contes à la frange de la réalité et de la fiction et auprès duquel chacun tente de redonner vie et sens à son existence. Un kaléidoscope de sentiments, d'espoirs, de souffrances et de drames. "Nous qui n'étions rien, soyons tout" mais, du moins à la fin du livre, aucun des protagonistes n'y parvient sous le poids de la violence du régime et l'oppression des souvenirs. Je lis ce livre à l'époque de la Chine de Xi Jingping et de la Russie de Poutine. Quel chemin le monde, nous-mêmes avons-nous fait depuis Mao et ses acolytes ?

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