Espace, genre et violences conjugales : ce que révèle la crise de la Covid-19

Une étude menée auprès de 25 femmes que j'ai trouvé éclairante mais également exigeante.

Il y est abordé la façon dont l'intérieur, l'intimité, a dû se réorganiser lors de la crise de la COVID-19. Les rôles de manière générale s'en sont trouvés bousculer, chacun voulant garder une part de "son" territoire au sein du foyer. Les tâches ont dû être redistribuées car la plupart du temps les rôles étaient cantonnés à ceux existant dans notre système patriarcal. C'est-à-dire aux femmes les rôles dédiés à l'entretien du foyer, des enfants et à l'homme les sorties pour aller faire les courses.

Mais que s'est-il passé au sein des foyers dans lesquels la violence était déjà sous-jacente voire existante ?

Et bien ce n'est pas une surprise mais les violences s'en sont trouvées renforcées. J'ai trouvé très intéressante la partie concernant le mécanisme de l'emprise. J'ai découvert les différents objectifs de "pouvoir et de contrôle" exercés : l'intimidation, la violence émotionnelle, l'isolement, minimiser et nier, l'utilisation des privilèges masculins et des enfants quand il y en a, la violence économique et les menaces. Je dois bien avouer que je me suis identifiée dans certaines situations qui m'ont fait réfléchir sur ce que je suis en train de vivre...

L'espace de liberté est de plus en plus limité pour les victimes. Elles sont souvent accompagnées de leurs conjoints pour leurs sorties extérieures et certains utilisent même des logiciels d'espionnage pour être certain de savoir où leurs conjointes se trouvent. Et même quand elles ont un espace de liberté, quand elles travaillent notamment, elles vivent toujours dans la crainte. À long terme, un système de dépendance s'installe et ce sont les victimes qui sollicitent leurs conjoints pour les accompagner à l'extérieur, l'extérieur devenant un univers encore plus effrayant.

Dans cette notion d'espace lors de la pandémie dans les foyers dans lesquels il y a de la violence, les espaces intérieurs ont été réorganisés.
Les différents espaces du domicile ont pu être des lieux de sécurité comme les fenêtres ou d'insécurité comme la porte d'entrée. L'emprise allait même jusqu'à l'appropriation des biens personnels. Ces victimes ont réussi à aménager des "zones de sécurité" comme par exemple leur voiture, la salle de bain ou la musique..

Le nombre de signalements a augmenté de façon exponentielle pendant la crise et des mesures ont été mises en place que ce soit au niveau national ou à un niveau plus local, notamment dans la facilité dans la dénonciation.

La pandémie a engendré des facteurs aggravants au sein de ces foyers comme le fait d'être H24 ensemble ou l'alcoolisation. de plus la limitation de la zone de sortie de 1km du domicile a été plus délétère pour les zones plus rurales, les aides extérieures étant souvent éloignées.

Bref, comme je vous le disais c'est une étude intéressante qui m'aura permis d'ouvrir les yeux mais également d'en apprendre plus sur les mécanismes de l'emprise et les différents processus psychologiques entrant en jeu quand la violence est présente.

J'ai reçu cet ouvrage grâce à Masse Critique. Petit risque, ne sachant pas trop sous quel angle ce sujet serait traité. Et finalement très heureuse de cette lecture qui m'a beaucoup apporté dans ma connaissance de ce que sont les violences.
J'étais aux premières loges lors du confinement pour constater la détresse des femmes qui ne pouvaient pas accéder aux services sociaux et médicaux par peur (peur de la pandémie en milieu hospitalier, peur de l'entourage à qui on ne peut pas parler), parce que les services étaient fermés, par manque de transports,.... Au bout du fil d'une permanence téléphonique j'ai parfois été bien démunie. Nombreuses associations féministes ont interpellé les pouvoirs publics sur le danger du confinement pour les femmes victimes de violences conjugales.
Ce livre va encore un peu plus loin en expliquant pourquoi les femmes ont particulièrement subi le confinement : par l'organisation du foyer, l'organisation du télétravail quand c'était le cas, l'encadrement des activités scolaires des enfants, la gestion du quotidien.... Malheureusement on retrouve, via les enquêtes réalisées et décryptées dans ce livre, une exacerbation des rôles genrés.

Je tiens à remercier la masse critique de m'avoir permis de lire cette enquête. Se n'ai pas le genre de livre qui m'interpelle en tant normal, mais j'ai beaucoup après sur le sujet grâce à se livre.
La lecture de ce livre m'a permis de comprendre un peu mieux ce sujet qui est sensible. Mais je trouve bien que l'on puisse comprendre un peu mieux les victimes des violences conjugale afin que l'on arrête de les juger avec les phrases bateaux du genre "pourquoi elle n'ai pas partie plutôt".