AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,7

sur 123 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Un grand merci à Babelio et aux éditions de la Goutte d'Or pour cet envoi !
------------------------------------------------
S'emparer d'une oeuvre aussi majeure que le Lolita de Nabokov pour lui adjoindre un roman jumeau, c'est audacieux.
C'est même une gageure.
C'est pourtant le pari de Christophe Tison, qui livre ici un journal intime tenu avec application par l'adolescente, du début de son périple avec Humbert Humbert jusqu'à la résolution tragique de son histoire.

Mais bien loin d'un simple jeu de miroir, c'est un véritable basculement que l'écrivain opère ici. C'est en effet une nouvelle Lolita que l'on découvre, loin de la manipulatrice arrogante de Nabokov, de ses stratégies naïves et de ses postures provocantes. Lolita devient ici victime, brisée par un homme qui l'utilise et déchire toutes ses loyautés une par une pour en faire son pantin. Inutile de dire que le roman est dur, bouleversant, avec la plume froide et démunie d'une jeune fille agressée de la pire des façons qui soit, et qui sait pertinemment que toutes ses tentatives de rébellion sont vouées à l'échec. Il l'est aussi car Lolita n'est pas seule : se dessine derrière elle l'ombre de Christophe Tison, dont l'enfance fut elle aussi traumatisée par le spectre d'un adulte malveillant. On a donc un objet étrange entre les mains, à la fois confession intime et déchirante - d'autant plus qu'elle ne verse jamais dans la surenchère -, mais aussi expérience littéraire, roman fluide et prenant, quoique un peu maladroit par endroits - avec une Lolita qui paraît curieusement mature à certaines pages et carrément naïve à d'autres, ce qui pourrait cela dit relever du choix conscient de l'auteur - et enfin clair intermédiaire d'une indignation qui ne peut que susciter l'adhésion.

Le Journal de L. offre à ce classique de la littérature un nouveau visage, une nouvelle possibilité, celle de l'enfance volée, d'une justice à rétablir. La valeur de cette proposition dépendra de la volonté du lecteur d'accepter une version de l'intrigue aux antipodes de celle de Nabokov. Refusera-t-il ce retournement complet du personnage de Lolita, n'y voyant qu'un récit conventionnel trop éloigné de l'ambiguïté qui faisait tout l'intérêt du texte original ? Se réjouira-t-il au contraire cette réécriture à la fois personnelle et politique, y voyant une mise à jour bienvenue d'une histoire qui doit s'adapter à la sensibilité sociale actuelle ? Deux postures tout aussi valides l'une que l'autre, deux façons de juger la fiction, mais dans tout les cas, le début d'un débat crucial à nourrir constamment, aussi bien au sein des livres qu'au-delà.
Lien : https://mademoisellebouquine..
Commenter  J’apprécie          30
Lolita. Un classique.
Donner voix à un personnage emblématique de la littérature.
Un pari risqué. Un roman qui fait nécessairement miroir au premier.

Je suis intriguée. Je demande à lire.
Mais la déception pointe sa truffe dès les premières lignes.

Un journal. Un choix intéressant, celui de donner parole à la gamine de douze ans, d'entrer dans sa psyché, de saisir le personnage autrement qu'à travers le regard énamouré d'Humbert. Malheureusement, les mots ne sont pas ceux d'une enfant de douze ans. Les mots pourraient être ceux d'une jeune adulte mais pas d'une gamine dans les années 40. Dommage. Il aurait été peut-être plus simple de construire le roman sans l'aspect journal.

On oublie Lolita, on oublie l'oeuvre de Nabokov, et ce journal devient par moment un témoignage qui pourrait être celui d'un autre personnage. C'était peut-être là une volonté de l'auteur, de démystifier l'aura de la nymphette, de détruire l'image idéale façonnée par Humbert.

C'est bien écrit (si on oublie l'aspect journal), on arpente des détails crus sans barboter dans la crasse facile mais à aucun moment je ne lis les pensées d'une donzelle de douze ans.
Commenter  J’apprécie          32
N'ayant pas lu "Lolita" de Vladimir Nabokov, je n'ai pas pu faire le parallèle entre ce classique et le roman de Christophe Tison.
J'ai donc lu ce dernier comme un récit à part entière, le récit du road trip d'une jeune fille de 12 ans abusée par son beau père, puis par d'autres hommes. Son parcours pendant 5 ans.
Une qualité littéraire indéniable mais un récit qui m'a moyennement convaincue, qui ne m'a pas procuré les émotions auxquelles je m'attendais.
Commenter  J’apprécie          20
Le projet était ambitieux, car forcément "Journal de L" serait comparé à l'oeuvre originelle de Nabokov.
Et personnellement, je n'ai pas pu éviter cet écueil.

Mon avis n'a cessé de se modifier au fil des pages, et une fois la dernière tournée, il reste surtout la satisfaction d'avoir retrouvée ce personnage si particulier.
Il faut saluer l'audace de l'auteur, et j'avoue être sensible à l'hommage rendu à Dolores. Et je dis bien Dolores, l'enfant, cachéderrière la créature intrigante et mythique qu'Humbert fabrique pour son désir, et qu'il nomme Lolita.

Cela étant dit, j'ai mis beaucoup de temps à rentrer complètement dans ce livre (une bonne moitié au moins), plusieurs éléments étant venus parasiter ma lecture.

En effet, j'ai énormément senti le fantôme de l'auteur, avec cette impression de lire ses mots plutôt que ceux de Dolores.
Je me demandais d'ailleurs comment ce dernier allait se débrouiller pour rendre le discours d'une enfant littérairement intéressant et viable (car n'oublions pas que ce journal débute alors qu'elle n'a que 12 ans)...et il semblerait que la difficulté ait été contournée: le ton et le vocabulaire employés me paraissant assez incohérents avec l'âge de la propriétaire du journal.
Il y a également des libertés prises avec l'histoire première qui m'ont dérangées, notamment cette fuite de Dolores chez une ancienne amie de sa mère.

Mais ce qui a été le plus dur à dépasser, et qui est complètement hors de contrôle de l'auteur, c'est que j'ai dû m'habituer à une voix, une image de Dolores qui n'était pas la mienne.
Le génie de Nabokov, c'est de nous faire comprendre que la présentation qu'Humbert nous fait de Lolita, est une description biaisée par ses pulsions, et destinée à apaiser les dames et messieurs du jury à son égard. Dès lors, libre à nous lecteurs, de lui rendre sa vérité, du moins celle que l'on s'imagine.

Commenter  J’apprécie          10
Un livre qui m'a été prêtée par celle qui m'a emmenée ici. La dite serial lectrice. Je n'avais pas pu lire "Lolita" par Nabokov. Celui-ci je l'ai lu, vite. le chemin y était clair. Les mots sont crus pour cette Lolita qui est mangée toute crue. Et puis, à la fin, on apprend que l'auteur l'a été aussi. La boucle est bouclée. le chemin est définitivement clair maintenant. Enfin. Avec tous mes remerciements à serial lectrice.
Commenter  J’apprécie          12
Lolita est LE roman avec lequel j'ai découvert Nabokov lors de mes années de fac. Je l'ai adoré. Plus que l'histoire, qui à l'époque ne choquait personne, c'est le style et l'ironie de Nabokov que j'ai appréciés dès les premiers mots. J'ai ensuite lu nombre de ses romans.

Lolita, light of my life, fire of my loins. My sin, my soul. Lo-lee-ta: the tip of the tongue taking a trip of three steps down the palate to tap, at three, on the teeth. Lo. Lee. Ta. She was Lo, plain Lo, in the morning, standing four feet ten in one sock. She was Lola in slacks. She was Dolly at school. She was Dolores on the dotted line. But in my arms she was always Lolita."

" Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins. Mon péché, mon âme. Lo-lii-ta : le bout de la langue fait trois petits pas le long du palais pour taper, à trois reprises, contre les dents. Lo. Lii. Ta.
Le matin, elle était Lo, simplement Lo, avec son mètre quarante-six et son unique chaussette. Elle était Lola en pantalon. Elle était Dolly à l'école. Elle était Dolorès sur les pointillés. Mais dans mes bras, elle était toujours Lolita. "

Dolores Haze a douze ans, vit seule avec sa mère qui loue une chambre dans leur maison à Humbert Humbert, un quadragénaire européen, écrivain et professeur, une sorte de double maléfique de l'auteur. Lorsque Mrs Haze décède accidentellement, Humbert Humbert kidnappe Lolita dont il est tombé amoureux et ils partent pour un road trip dans les Etats-unis d'après la seconde guerre mondiale.

Lorsque cette année Christophe Tison, journaliste et écrivain, a fait paraître Journal de L. (1947-1952), j'étais au départ très curieuse, mais un peu inquiète aussi, après avoir lu dans la préface que l'auteur avait été victime d'un pédophile pendant son enfance et qu'il se sentait "proche de Lolita".

Si le roman de Nabokov était rédigé par Humbert Humbert, le prédateur, Christophe Tison se place du point de vue de Lolita. Il propose des extraits du journal de Lolita après la mort de la mère. Comme dans le récit de Nabokov les sentiments de la fillette envers "Hum" sont ambigus. le personnage est séduisant, la fait rire, lui offre ce qu'elle désire, mais les relations qu'il lui impose sont présentées de manière très crues.

Les deux personnages semblent avoir deux facettes. Lolita est tout à la fois aguicheuse et victime pendant que son "beau-père" est attentionné et exigeant. Christophe Tison ajoute certains épisodes qu'il a imaginé, des réactions parfois étonnantes, dans un langage parfois trop actuel. Même si l'auteur a mis beaucoup de lui-même dans ce récit, je n'ai pas eu l'impression d'une trahison de sa part. D'ailleurs les ayants droit de Nabokov ont validé la publication. On ne retrouve évidemment pas ce qui faisait la grande qualité du roman original, le style inimitable de Nabokov, ce qui est normal puis le Journal de L. est écrit par une enfant, mais j'ai plutôt apprécié l'ouvrage au final....
Lien : http://dviolante5.canalblog...
Commenter  J’apprécie          10
Un livre percutant, qui je l'avoue m'a parfois mise mal à l'aise voire dérangée, par le choix des mots et le détail des scènes. Une "Lolita" crue et fracassée que Tison a fait émerger avec une plume simple et directe.
Commenter  J’apprécie          00




Lecteurs (242) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3679 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}