AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,7

sur 123 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Lolita de Nabokov m'avait dérangé, interpellé, intrigué de part l'ambivalence des sentiments suscités qui s'opposent dans l'approche du personnage de Humbert Humbert. Tout le livre est construit à travers son regard et Dolorès n'existe que par lui. C'est vrai que je ne m'étais jamais demandé ce qu'aurait pu être cette histoire racontée par la victime. C'est pourquoi quand il m'a été proposé de lire ce livre dans le cadre des masses critiques j'ai tout de suite sauté sur l'occasion.

Il s'agit bien ici de l'histoire de Lolita (Dolorès), de kidnapping, de viol, d'abus de pouvoir, de manipulation sur une jeune fille de douze ans dont la mère vient de décéder et qui est en totale dépendance affective et matérielle, aspect sur lequel d'ailleurs "Hum" jouera tout au long de leur cavale. On retrouve ce Humbert charmeur qui exprime son amour, et cette Lolita qui résiste à sa façon en gardant pour elle toutes ses émotions et ses ressentis

L'histoire est retranscrite à la manière d'un journal qui court sur plusieurs années et qui permet de mettre en lumière l'évolution intellectuelle de Lolita, son cheminement de la dépendance à la liberté qu'elle sera bien obligée de se bâtir à la force de son caractère déterminé .

Bien que fortement présent dans la première partie du livre Humbert laisse pleinement la place à Dolorès dans la deuxième partie, à partir de sa fugue. L'auteur propose ici de combler les vides dans la vie de l'héroïne en proposant une histoire que j'ai trouvé tout à fait en phase avec ce que le lecteur de Lolita de Nabokov aurait pu imaginer.

Certains passages sont très touchants, notamment quand Dolorès fait le portrait de sa mère ou lorsqu'elle se dresse contre l'élitisme et la pédanterie. Ces très beaux moments peuvent cependant à certains moments laisser planer des doutes sur les capacités de rédaction de la jeune fille qui fait preuve d'une plume vraiment magique pour une enfant de cet âge...

Quoi qu'il en soit, j'ai trouvé ce livre profondément humain. L'auteur a cette capacité à projeter des perceptions fines qui relatent une véritable empathie dans la souffrance, une connaissance émotionnelle émouvante du sujet.

Je dirais pour finir que ce livre existe de lui-même, c'est un ouvrage à part entière brillamment mené que je recommande à tout ceux qui ont été chamboulé à la lecture du Lolita de Nabokov. J'en profite pour remercier Babelio et les éditions de gouttes d'or pour cette découverte. le Journal de l'De Christophe Tison trouvera exceptionnellement sa place dans
ma bibliothèque à la lettre N, inséparable maintenant de l'ouvrage de Nabokov.
Commenter  J’apprécie          455
Il se passe un truc assez étrange autour de ce livre en ce qui me concerne.

Lu deux fois. Un post-it par page, quasiment, pour marquer les passages, les mots, les phrases que je souhaite conserver. Mon exemplaire (au passage un livre-objet magnifique), ressemble à un véritable hérisson!
Et puis, une chronique, que je n'arrivais pas à écrire, retardée, retardée encore...peut-être, par peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas trouver les mots justes, pertinents, accrocheurs, pour parler de ce brillant récit.
Je me lance aujourd'hui, pour ne pas être trop en retard sur mon engagement avec Babelio et les éditions Goutte d'Or. Et parce que à un moment donné, ben, il faut bien se lancer, jeter par dessus-bord ses petites angoisses, et s'en remettre à l'inspiration du moment et oublier que l'on marche sur un fil.

J'ai adoré, j'ai été soufflée par ce vent de liberté qui existe bel et bien sur ces pages, mais j'ai été aussi oppressée par l'enchaînement très rapide des événements, des moments, de la courte vie de Lolita, qui se déroulent à un rythme à vous couper le souffle, à vous enlever les mots, à vous donner la chair de poule, à vous meurtrir à tout petit feu... Les pages sont devenues lourdes, à porter, par moment, à l'instar des actes de sexe qui ont été lourds, à porter, eux aussi, indubitablement, pour cette jeune fleur à peine éclose.
Et il vient de là le rythme de ce roman. C'est Lolita qui raconte. Ce n'est pas Humbert Humbert. Elle l'a eu elle aussi le souffle coupé, alors Christophe Tison ne nous l'épargne pas non plus. Dans le déroulé commun, ordinaire, normal d'une vie, l'épanouissement d'une fleur (à mon sens) doit bénéficier de douceur, de petits butinages tendres et délicats, d'attentions particulières par respect pour ce corps, fragile encore. Lolita, elle, bien jolie petite fleur a éclos. Mais pour elle, pas le temps pour les beaux discours, les tendres caresses, les doux baisers volés...le passage à l'acte s'est fait sans détour, à coups de bite dans son con, avec pour seul préliminaire un jet de sperme dans la gueule. Pas une seule fois. Non. Tous les jours, ou presque, alors que son beau-père et elle se déplaçaient, de motels en motels, de chambres en chambres, de lits en lits...Peu importe le décor, elle n'échappait que rarement aux gâteries physiques de ce pervers dégueulasse, mais pas con du tout.

Je pourrais écrire encore et encore sur ce livre, mais, d'autres avis, de chroniques, toutes (me semble-t-il) très élogieuses, me rassurent sur le fait, que si vous avez besoin de plus de matière, il y a de quoi faire sur la toile ou dans les journaux/magazines littéraires.
Allez, peut-être, un dernier élément à ajouter, au cas où : LISEZ-LE !

Christophe Tison, merci.
Les éditions Goutte d'or, également merci. D'avoir publié ce brillant récit. D'avoir permis/organisé ce savoureux moment, lundi soir dernier, à La Scala de Paris...un grand moment, d'émotions, superbe. Un de ces moments qui vous font, davantage encore, aimer la littérature. J'en suis ressortie, le coeur tatoué de sublimes mots, les abdominaux renforcés par les rires suscités lors de l'échange entre Christophe et Marie-Rose...et, les yeux un peu mouillés... beaucoup, en fait. Ces petites gouttes salées se sont pointées assez vite, je dirais. Elles se sont franchement distinguées pendant la lecture, (waouh, quelle lecture, quel moment !) de deux passages du roman, par la sublime comédienne Marianne Denicourt. Elles ont de nouveau manifestées leur présence alors que le documentaire littéraire, réalisé par Pierre-Marie Croquet et Basile Lemaire, était diffusé sur le grand écran de la salle et happait les spectateurs.
Babelio, je ne vous oublie pas, bien entendu. Merci à vous. J'avais reçu le livre lors d'un masse critique privilégié, et par un heureux, et absolument chouette hasard, vous m'avez permis d'assister à cet événement. MERCI !

PS : Charlotte et les éditions Goutte d'Or, toutes mes excuses pour le retard.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
Commenter  J’apprécie          258
Christophe Tison auteur du journal de L, qui est le point de vue direct de Lolita de son prénom Dolores, est en premier lieu, une très bonne idée. J'ai dévoré le livre, espérant qu'enfin Dolores s'échappe de ces porcs, et encore le mot est bien trop doux, car eux ne finiront pas en jambons, en brochettes, éparpillé dans des estomacs au quatre coins du monde... J'ai eu l'impression de lire le fonctionnement d'un être vivant, dont son cerveau, son âme harcelée par ces porcs essaye de faire au mieux pour essayer de vivre en paix. Tantôt il y a l'oubli d'enregistrer les événements comme un film dont on coupe la pellicule pour ne pas se souvenirs de ses traumatismes sinon impossible d'avancer... et tantôt des idées naissantes en elle pour essayer de fuir vers l'inconnu qui pourrait cacher un bonheur potentiel.

L'existence de Dolores est une vie qui ressemble tant à celles qu'on peut vivre : Passer sa vie à subir les autres alors qu'on est une personne de bien, qui ne voudrait que la paix et l'amour. Vouloir vivre en paix, se sentir bien dans un petit cocon familial, au chaud, avec à manger, et entouré de gens qui nous aiment, est pourtant ce que tout le monde aimerait vivre, aimerait que ça soit la normalité... mais c'est si compliqué quand ce monde d'humains fait tout l'inverse.
Mais ces deux choses nous sont refusés car on subit une existence de merde. Comment croire en un Dieu bienfaiteur, quand on vit tous ces malheurs ? Comment s'en sortir quand on est seule, malgré que tout autour de nous les gens nous voient ? Alors qu'ils et elles ne voient et ne veulent pas voir ni entendre la souffrance intérieure des gens... Certains le voient, sont au courant comme ceux et celles qui voient que telle ou telle personne est une proie que l'on peut chasser, violer, abuser, maltraiter et que personne d'extérieur interviendra, comme si sur cette personne il y avait l'étiquette permettant cela.


Dolores va de mal en pire et de pire en épouvantable, est-ce inné ? Est-ce dû par les chemins qu'on nous a fait prendre pour ne rencontrer que des monstres ? Ou à la naissance nous recevons telle ou telle carte par notre gêne ou Destin ? Cette carte qui nous conditionnera toute notre vie en bonheurs ou malheurs et qu'importe ce qu'on fera pour se sortir du merdier quand on a la mauvaise carte, on sera toujours dedans jusqu'au cou ?

Tant de fois Dolores, qui n'est qu'une enfant, se remet en question quand les adultes ne le font pas et elle essaye d'échapper mentalement et physiquement à des hommes plus âgés qu'elle. Comment le peut-elle du haut de ses 12 ans quand sa mère meurt et qu'elle se retrouve avec Humbert qui la maltraite sexuellement ? Et qui ne sera pas le dernier !
Dépendante des adultes dans leur monde compliqué d'argent, de papiers, de pouvoirs, mais surtout de manipulation et de menaces. Mais quand bien même Dolores se retrouve dans des écoles, entourée de gens de son âge. Là aussi elle se retrouve harcelée par des enfants de son âge qui deviendront de mauvais adultes... tout ceci n'est pas sain. Mais hélas c'est toujours comme cela, et rien n'est fait pour arrêter cela. Même pas les forces de l'ordre : la police, la justice, qui souvent se retournent contre les victimes en les arrêtant pour les mettre selon leur âge à l'orphelinat ou la prison et au pire à l'hôpital psychiatrique, etc. Des lieux destinés aux « vrais » monstres humains qui au final dirigent ces lieux et exercent une énorme pression mentale sur les innocents qui en ont peur et se renferment dans leurs détresse.


Beaucoup de gens ne s'imaginent pas, ne comprennent pas pourquoi des personnes maltraitées n'arrivent pas à s'en sortir... peut-être qu'après cette lecture ils comprendront.


Merci à Babelio et aux Éditions Goutte d'Or pour ce livre. :)
Commenter  J’apprécie          150
Quelle belle découverte que ce journal de l', et là je remercie vraiment Babelio et les éditions de la goutte d'or pour cette masse critique pour m'avoir fait découvrir ce roman vers lequel je n'aurais probablement pas été de moi-même.
On donne la parole à Dolores/Lolita, héroïne iconique du Lolita de Nabokov, et elle apporte un complément très intéressant à ce grand classique.
Il y a très longtemps j'avais adoré le livre de Nabokov, et j'ai retrouvé un peu la même ambiance dans ce journal.
Cette image de l'Amérique de cette époque, mais avec un point de vue plus douloureux, un point de vue de victime tout en gardant le côté ambigu de cette toute jeune fille.
Au fur et à mesure de ce récit on se rend compte que Dolores disparait de plus en plus au profit de Lolita, et que sa perception de la vie, et de ce qui devrait être les rêves et la vie de cette jeune adolescente se transforment suivant les désirs de ses abuseurs et de l'humiliation subie.
Elle se perd totalement jusqu'à l'autodestruction la plus complète.
J'ai aimé aussi cette écriture qui rend parfaitement les pensées et le parler de Dolores, en gardant l'impulsivité et l'immaturité de la jeunesse, sans en faire trop.
Pour moi, une vrai belle découverte, qui m'a donné envie de relire le Lolita de Nabokov.
Commenter  J’apprécie          142
A douze ans, même si par certains aspects nous souhaitons être des adultes, nous restons des enfants. L'entrée dans l'âge ingrat commence, les centres d'intérêts évoluent. Les filles et les garçons se regardent, se parlent, se mélangent dans les cours de récréation. On joue encore à chat, peut être pas dans la cour du collège, mais en rentrant chez soi le soir. Il nous faut l'autorisation (voire la motorisation) parentale pour aller au cinéma les jours de grèves, avec une heure de retour bien établie. On gagne en autonomie, tout en étant protégé. Tout du moins, par ses parents. C'est comme cela que j'ai vécu mon année de cinquième, et l'entrée dans l'adolescence. Avec le recul, et quand je vois des collégiens sortir avec leur sac à dos plus gros qu'eux et leurs têtes pouponnes, je me dis que nous ne sommes plus que jamais des enfants.

A douze ans, c'est l'âge auquel Dolorès Haze a perdu sa maman, ses illusions, son innocence en bref son enfance. Par le fait de son beau père pédophile, le dénommé Humbert Humbert. Cet adjectif, pédophile, n'est pas utilisé dans l'oeuvre originale de Nabokov. Tout comme les viols à répétition sur mineure ne sont jamais qualifiés comme telle. En donnant la voix à Lolita dans son journal intime imaginaire, Journal de L. , Christophe Tison revient sur une enfance volée et permet à la bien trop jeune victime, de s'exprimer, de mettre de véritables mots sur ses maux, les sévices subies : "Ce roman est le journal intime d'un personnage de fiction. Plus d'un demi-siècle après la publication des carnets de son ravisseur par Vladimir Nabokov, Lolita se livre enfin. L'adolescente la plus célèbre de la littérature raconte son road trip dans l'Amérique des années 50, ses ruses pour échapper à son beau-père, ses envies de vengeance, ses amours cachées, ses rêves de jeune fille. "

Le journal d'une ado. C'est cela que nous avons devant nos yeux. Si on le sait dans les premières pages, on l'oublie vite au fur et à mesure qu'elles filent sous nos doigts. Devant l'horreur quotidienne qu'elle subit. L'innocence est vite dérobée, et cela se ressent dans le vocabulaire, plus étoffée au fil des ans, et le cynisme écoeurant, dont aucun enfant ne devrait avoir à faire preuve. Ce journal relate cinq années d'une vie qui nous semble en compter cinquante. Ou plus exactement, ce journal relate la mort lente d'une enfant, devenue Femme malgré elle, mais qui n'en attendra jamais l'âge.

On ne sort pas indemne de cette lecture, d'autant plus quand on sait qu'elle fait écho à la vie de l'auteur, à ses blessures indélébiles. On reste sans voix devant celle de Dolorès, qui devient une survivante à l'orée de sa puberté. Et on se promet de faire tout ce qui est en son possible pour protéger son enfant, pour qu'il garde cette âme innocente dont il est doté à la naissance, dans la mesure du possible, jusqu'à ce qu'il devienne parent à son tour.

Merci aux Éditions de la Goutte d'Or de m'avoir permis de découvrir avant sa sortie cette pépite de la Rentrée Littéraire 2019, qu'est le Journal de L. de Christophe Tison.

Belle lecture à vous !
Commenter  J’apprécie          110
Pour Humbert Humbert ou Nabokov :"Le matin, elle était Lo, simplement Lo, avec son mètre quarante-six et son unique chaussette. Elle était Lola en pantalon. Elle était Dolly à l'école. Elle était Dolorès sur les pointillés. Mais dans mes bras, elle était toujours Lolita." Lo-Li-Ta , trois syllabes rendues célèbres par un auteur et par une ritournelle dans les années 90. le succès est tel que le prénom est aujourd'hui passé dans le registre des noms communs. Alors une Lolita, c'est quoi? Selon le dictionnaire, une très jeune fille qui suscite le désir masculin par l'image d'une féminité précoce. Certaines représentations portent même à croire que la dite jeune fille est un brin aguicheuse...Il est certainement toujours aisé de se trouver des "circonstances atténuantes" pour tenter de se dédouaner du pire.
Le pire Dolorès l'a subit. Dans la folie des hommes, elle a été consumée jusqu'à perdre son identité, jusqu'à n'exister que dans ces trois syllabes. Et comme beaucoup de victimes, elle n'a pas été entendue, secourue. Tous et toutes l'ont abandonné.
Mais un homme s'est intéressée à elle, vraiment. Pour ce qu'elle était (une enfant), ce qu'elle ressentait et il a décidé de lui donner la parole pour que plus jamais les Lolita du monde entier ne se sentent coupables. Christophe Tison répare ici une "injustice" littéraire et redonne toute sa beauté et sa pureté à Dolorès. Je l'en remercie. L'oeuvre est souvent belle quand elle est portée par une juste cause et c'est le cas ici. Il n'y a pas forcément besoin d'autres mots, ou du moins je n'en trouve pas d'assez justes , pour résumer cet ouvrage.
Bien sûr, contrairement à ce libraire qui me dissuadait d'acquérir ce livre pour la bibiliothèque où je suis bénévole, parce que cela peut "choquer" ou "heurter la sensibilité des lecteurs", je le conseille fortement. Et je lui rappellerai même que "L'histoire n'est qu'à moitié dite quand une seule partie la raconte" (proverbe suédois). Redonner sa voix à Lolita, exposer la folie de certains hommes , ce n'est pas "heurter la sensibilité", c'est simplement dire la vérité, aussi littéraire soit-elle.
Un grand merci à Babelio qui m'a permis de me plonger dans ce livre. Un grand merci à l'auteur qui a eue cette idée géniale et aux Editions de la Goutte d'OR qui ont porté un soin tout particulier à ce livre pour le rendre quasi-précieux.
Commenter  J’apprécie          81
Il y a une paire d'années, « Lolita » de Vladimir Nabokov m'avait fait un effet monumental. Il faut dire que l'histoire m'avait fait froid dans le dos. Il est tout de même question de pédophilie et d'inceste. Plus de soixante ans après la publication de ce roman qui avait fait scandale, Christophe Tison donne une voix à la petite Dolores (dite Lolita). Il était temps ! Cela ne manquera certainement pas de choquer encore quelques lecteurs puisqu'il s'agit de quasiment la même histoire. Quand Nabokov avait fait de la protagoniste, une nymphette, symbole de la toute jeune fille provocant l'homme, Christophe Tison lui a redonné sa part de victime dont on a volé l'innocence. On redécouvre l'histoire avec un nouveau regard mais toujours avec ce mélange d'horreur et de fascination. Il faut dire que l'écriture de l'auteur est particulièrement fine et sensible, malgré les mots, parfois, crus.

Si vous avez apprécié « Lolita », « Journal de L. (1947 - 1952) » fait office de bon tome compagnon.
Lien : https://lireparelora.wordpre..
Commenter  J’apprécie          80
« Alors il me fixe et cherche encore, il fouille en moi pour arracher une émotion, du plaisir ou de la douleur. Il voudrait me pénétrer par là aussi, par les yeux, par l'esprit, que je dise oui, oui ! que je lui donne autre chose. Mais non, je pense à maman, à notre vie d'avant, avant qu'il n'arrive chez nous et je me vois danser nue devant le miroir de ma chambre, nue encore devant celui de la salle de bains. Cette petite fille est devenue quelqu'un d'autre, une image, une amie que je lui abandonne, que je trahis. Mais je ne peux pas faire autrement. »

La parole est à Lolita.
Cette simple phrase pourrait vous résumer ce formidable journal qui donne voix à celle oubliée depuis 64 ans.
Celle dénigrée, souillée, abîmée, abusée, violée par cet homme qui, en un tour de magie d'une beauté littéraire cruelle, nous aurait presque fait pitié.
Pauvre Humbert, victime et prisonnier de ces envies délirantes, de ces bouffées de pensées immondes, de ces rêves de nymphettes abjectes.
Pédophile en costume gris justifiant sa dégueulasserie.
Ici, les mots sont pesés.
Lucides et crus.
Romantisme évanoui. Romantique n'ayant jamais existé. Romantisme nous ayant placé dans une position qui doit nous questionner.
Humbert a volé une adolescente. Volé une adolescence.
Le talent fou de l'immense Vladimir Nabokov nous embarquait dans leur road-trip, au coeur de cette étrange relation.
Le talent de Christophe Tison, lui, est là pour nous ouvrir les yeux. Les garder grands ouverts.
Vigilants devant les mots, aussi beau soient-ils.
Pour placer et replacer chaque geste, chaque parole, chaque pensée.
Lolita est là. Telle qu'on la connaît.
Acide, piquante, pimpante.
Lolita est là. Telle qu'on l'a crée.
Provocante, insoumise, sensuelle et sexuelle avant l'heure.
Il fallait oser donner la parole à cette victime qu'on oublierait presque.
Se l'approprier tout en évitant les travers qui, facilement, auraient pu se dresser.
Ce journal ne la rend pas seulement victime, il la rend vivante.
Tout en nuance et en pensée.
Terriblement moderne, il est publié à une époque où il apparaît comme essentiel que quelqu'un lui ait offert ses mots.
Lui ait noircit ces pages.

Amateur ou non de l'oeuvre originale (même si c'est toujours une bonne idée ou excuse de la lire ou relire 😉) : FONCEZ !
C'est envoûtant, sublime, et dérangeant.
Criant de vérité, c'est une découverte que vous ne pouvez pas laisser passer.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          70
Merci à Babelio et aux Éditions Goutte d'Or, pour ce livre dans le cadre de la Masse Critique.
Voici le journal de Dolorès Haze tour à tour Lolita, Lola ou Lo… (Le livre original de Nabokov est très loin dans ma mémoire et je ne suis pas certaine d'avoir tout compris à l'âge où je l'ai lu !)
Écrire le journal de Lolita, qui plus est, par un homme, paraît une gageure et un pari risqué ! mais c'est réussi… on fait totalement abstraction de l'auteur qui s'efface complètement derrière Lolita ! le style est simple, celui d'une gamine, sans expression compliquée et dans un langage parfois cru, à la limite de la vulgarité !
Ce récit dérange, aujourd'hui, mais à l'époque où il se situe, 1947-1952, tout le monde ferme les yeux, ne veut rien voir, dans certains microcosmes, c'est, à la limite, normal… c'est l'époque où l'on formate les gamines à être de parfaites maîtresses de maison, de parfaites épouses entièrement dévouées au bien-être du « mâle »… limite décérébrées ! et en parallèle, il y a Lolita, avilie, violée, qui du haut de ses 12 ans, apprend à manipuler d'abord Hum, puis les autres, elle apprend vite, très vite… un passage de ce journal « je suis la pauvre Dolorès Haze, pas un cent, pas un dollar. Tout est dans son pantalon où je ferais mieux de mettre mes petits doigts dorés » ! que dire ?
C'est poignant de simplicité, de naturel, de résignation aussi et pourtant Lolita a des rêves de bonheur simple !
Christophe Tison, un auteur à découvrir…

Françoise Busson alias coati râleuse
Commenter  J’apprécie          50
Je suis super contente de pouvoir vous parler du Journal de L, que j'ai dévoré ! J'avais beaucoup aimé Lolita de Nabokov, c'est donc avec plaisir que j'ai eu l'opportunité de (re)découvrir cette histoire, mais du point de vue de la jeune Dolores, à travers son journal.
Alors, par ou commencer ? J'ai découvert la plume de Christophe Tison à travers cette lecture, et je l'ai beaucoup appréciée. Il décrit sans peine la vie de Dolores, avec des brides d'humour, et en reprenant la violence des mots et de l'univers de Nabokov. L'héroïne est fidèle au roman, quoi qu'un peu docile à mon goût, mais très touchante. le fait de la voir grandir et de la découvrir à travers ses propres mots est un aspect que j'ai beaucoup aimé, puisque c'est la première fois que la parole lui est donnée. L'auteur revisite donc ce roman culte dans une histoire poignante, avec un point de vue très intéressant et bien exploité, puisque nous avons un portrait de Lolita à travers les hommes de sa vie.
En bref, ce roman est un sans faute, qui m'a donnée envie de me replonger dans le roman initial ! 😊
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (242) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3666 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}