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sur 123 notes

Critiques filtrées sur 1 étoiles  
Lolita, Dolores Haze vient de partir en fumée.
Elle est cette lumière qui s'enfuit, qui s'échappe de la vie d'Humbert Humbert et qui s'incarne ici en plein jour ; elle apparaît dans le roman de Christophe Tison sous une lumière crue. Le ravisseur, ravi par sa Lolita, l'idéalise chez Nakokov, ce qui fait d'elle un être à part, le personnage autour duquel le roman de Nabokov gravite. Et ce qui n'était que suggéré dans le roman sulfureux de Nabokov est ici décrit dans les moindres détails ce qui fait que la jeune fille raconte sa douleur dans ses détails les plus sordides. Ce qui faisait de la nymphette un mythe, s'effondre, et Lolita subit quelques violences de plus. Je pense que ce roman gagnerait à ne pas être systématiquement comparé à l'oeuvre de Nabokov mais ça m'a tout l'air d'être la politique éditoriale alors je l'ai lu comme ça, à tort je crois. le journal de l'adolescente ne pouvait que difficilement se comparer au journal de l'intellectuel qu'est Humbert Humbert, je le crains, ne serait-ce que d'un point de vue stylistique. Christophe Tison n'a pas su me convaincre et même si certaines de ses images sont parlantes, criantes de vérité, elles ne m'ont malheureusement pas charmée dans leur phrasé, les périodes de Nabokov l'ayant su. On peut toujours répliquer que l'homme intellectuel quelque peu prétentieux qu'est Humbert Humbert sait écrire tandis que la victime, elle, écrit avec ses propres mots mais là encore, je n'ai pas trouvé l'incarnation de la voix de l'adolescente réussie dans le sens où Lolita ne correspond pas à la Lolita de Nabokov telle que je la vois (et je ne la compare pas à la Lolita telle qu'elle est vue, fantasmée, par le ravisseur parce qu'il faut toujours se défier de l'énonciation). C'est peut-être l'histoire d'une autre adolescente, celle que l'auteur voit dans le miroir que Lolita regarde.
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Pauvre, pauvre Lolita. Un de mes personnages préférés du brillant Nabokov. Elle a vécu une vie triste, et même après la mort elle doit encore souffrir à force de devenir “une idée fixe” d'un certain Christophe Tison, un auteur français qui est peut-être un bon écrivain (à l'exception de “Journal de L.”), mais un très mauvais lecteur.

Les personnages littéraires inspirent souvent des écrivains comme on dit “de seconde catégorie “ à créer des suites de romans bien connus. La logique de séries télévisées veut qu'on apprenne sur un personnage absolument tout, comment Darcy et Lizzie s'entendaient après le mariage par exemple et d'autres bêtises de ce genre. Heureusement, Emma Bovary et Anna Karenine sont mortes, sinon on aurait lu peut-être une énième édition de leurs aventures amoureuses qui “avaient lieu” après un point final mis par l'auteur. Il semble que Lolita, à l'instar de celles-ci, devrait reposer en paix vu sa mort tragique évoquée par VN aux dernières pages du roman, mais non, on oublie que l'histoire de cette fille a été racontée par un homme et cela veut dire que la version féminine des mêmes faits a été vite préparée.

Pourquoi “Journal de L.” n'est-il pas une oeuvre réussie ? Les raisons sont multiples mais la plus importante me semble être celle-ci : Christophe Tison n'a pas lu “Lolita” de VN d'une manière suffisamment attentive. Pourquoi fallait-il inventer des racines polonaises à Dolorès Haze alors qu'il est très bien connu qu'elle avait du sang irlandais et hollandais, mais pas polonais ? Un petit détail, mais très éloquent. Il semble que monsieur Tison, qui se plant que Lolita n'était pas “écoutée”, ne soit lui-même pas assez attentif à son héroïne. Ni à Humbert Humbert, qui, sous la plume de Tison, devient la caricature de lui-même et veut que Lolita obtienne “une éducation religieuse” (version CT). Vraiment ? HH méprisait la religion et n'était pas quand même parfaitement idiot pour pouvoir prononcer une phrase pareille. HH qui écoute l'interview de Chaplin à la radio et compatit aux communistes est aussi impensable que monsieur Homais lisant Schopenhauer. Etc, etc, etc.

Pauvre, pauvre Lolita. Une fois de plus tu n'a pas été écoutée. Au lieu de cela, on t'a déshabillée, on t'a caricaturée, on t'a rendue une fille plate, profondément inintéressante, même banale. Posez-vous une question : pourquoi un écrivain génial comme Nabokov, parmi tous les personnages créés par son imagination, adorait-il Lolita plus que les autres ? Parce qu'elle était une adolescente ordinaire avec un esprit borné et des pensées stéréotypées ? Là, c'est Lolita vue par Tison. Mais la Lolita de Nabokov était quelqu'un de différent. Et pour faire connaissance de la véritable Lolita, il faut s'adresser à la version de celui qui l'a détruite, le malheureux Humbert Humbert.

Hélas, la sosie de Lolita créée par Tison ne sera jamais capable de devenir votre héroïne préférée, même si vous ne possédez pas de génie de Nabokov. Mais on sait tous distinguer la version originale et vivante de sa falsification morte et laide. Et c'est le cas de ladite histoire intitulée « Journal de L. ».

Merci à la Masse critique et aux éditions Gouttes d'Or.
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