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Plon (31/12/1892)
4/5   2 notes
Résumé :
. "C'était à Léopol, capitale de la Galicie autrichienne, ville hospitalière et charmante qui venait de recevoir magnifiquement l'heureux monarque qui règne sur les plus jolies femmes de la terre : les Viennoises, les Polonaises et les Hongroises. Nous autres, journalistes, on nous avait traités comme les ambassadeurs de cette puissance démocratique nouvelle et justement redoutée : l'opinion publique."
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Célèbre pour son best-seller « Voyage au Pays des Milliards », qui lança sa carrière littéraire en 1875, Victor Tissot reste l'exemple assez unique d'un touriste-écrivain qui imagina tout un concept autour de récits de voyages rapportés principalement de pays d'Europe Centrale et d'Europe de l'Est, destinations alors fort mal connues en France dans les dernières décennies du XIXème siècle.
Bien que publiant ses livres en France, Victor Tissot était un citoyen suisse, et cette nationalité neutre et prestigieuse lui ouvrit bien des portes et des confidences au sein de pays souverainistes, où un écrivain français, issu de la jeune IIIème République, n'aurait pas autant inspiré confiance.
Pourtant, le moins que l'on puisse dire de Victor Tissot, c'est qu'il était assez peu digne de confiance. Ni très érudit, ni véritablement globe-trotter, puisque ses voyages se firent exclusivement en train et en calèche, Victor Tissot était simplement un touriste nanti d'une fort jolie plume. Très populaires en leur temps, ses livres connurent après sa mort un rejet manifeste, car jugés peu sérieux et souvent empreints de condescendance occidentale. Pas davantage géographe que linguiste, et encore moins historien, Victor Tissot a surtout décrit les pays qu'il visitait avec la passion d'un touriste parfaitement ahuri, se contentant le plus souvent de visiter dans chaque pays les principaux monuments, collectant des légendes ou des anecdotes locales sans jamais se soucier d'en vérifier la véracité, et ayant le goût, là aussi tout à fait touristique, pour des explorations d'un goût discutable, puisque chacun de ses livres se terminant dans une grande capitale, Victor Tissot avait comme rituel d'en visiter les bordels (ou les quartiers de prostitution) et les prisons, s'offrant souvent une interview avec le directeur de la prison ou le bourreau chargé des exécutions. Cette trivialité était parfaitement assumée, tant Victor Tissot savait que les goûts de ses lecteurs pour le sulfureux ou l'horreur valaient largement les siens.
C'est d'ailleurs, n'en déplaise aux puristes, ce qui séduit encore dans ses copieux récits de voyage. Victor Tissot sait faire rêver avec la beauté luxuriante de la nature et la beauté luxurieuse des femmes locales, sur lesquelles son regard s'attarde ponctuellement en de longs chapitres d'une ébouriffante poésie, durant lesquels l'auteur donne le meilleur de sa rhétorique. Tout cela est un peu pompier, car Victor Tissot est un guide touristique qui tient son public en haleine avec des méthodes narratives sensationnalistes et très feuilletonnesques, mais à défaut de livrer un tableau exact des pays qu'il visite, il cultivait une sorte d'impressionnisme littéraire, à la fois bucolique et gaulois, assez documenté, même si ce travail de fourmi était rarement vérifié et souvent un peu racoleur.
La plupart de ses livres ont néanmoins acquis avec le temps une certaine valeur, car ils décrivent, à une époque où les voyageurs lointains étaient rares, l'Europe Centrale des années 1875 à 1895, laquelle a depuis beaucoup changé. Après cette date, comme lassé de trop nombreux voyages et peu tenté par des destinations lointaines, Victor Tissot se contenta d'écrire exclusivement sur son canton natal de Fribourg, au sujet duquel, durant vingt autres années, il rassembla suffisamment de documents sur la région suisse de la Gruyère pour les léguer à la ville de Bulle, dans l'optique de la création posthume d'un musée, le Musée Gruérien, qui existe encore de nos jours.
« La Russie et les Russes », titre laissant volontiers entendre qu'il existe plusieurs sortes de russes en Russie, est à compter parmi ses meilleurs livres, bien que, comme nous le verrons plus bas, quelques chapitres seraient hélas impossibles à republier aujourd'hui. Finalement édité en 1884, quatre ans après son précédent ouvrage, ce livre est sans doute l'un de ceux qui lui a demandé le plus de travail à son auteur. Victor Tissot comptait d'ailleurs, comme il l'annonce dans une note, en écrire une suite consécutive à un deuxième voyage, qui, finalement, ne se fera pas.
Disons-le d'entrée de jeu, « La Russie et les Russes » est surtout un récit sur… l'Ukraine, laquelle occupe 326 pages sur 555. En 1884, l'Ukraine est une région qui appartient à la Russie, bien que déjà, les rapports entre les deux peuples soient tendus. On a coutume en France d'appeler l'Ukraine "La Petite-Russie", et ses habitants des "Petits-Russiens" (afin de les distinguer de personnes russes qui seraient de petite taille). À de rares exceptions près, souvent historiques, Victor Tissot n'emploie jamais le mot "Ukraine" pour désigner ce qui n'est alors qu'une partie de la Russie.
Et une partie qui, en 1884, n'avait pourtant pas beaucoup d'intérêt : l'Ukraine est encore essentiellement une terre rurale, dont même les principales villes ne sont que de gros bourgs dont l'agriculture est la principale industrie. Qui plus est dans ces steppes arides, où l'on ne croise que des paysans et des cosaques, il y a peu de chemins praticables. Victor Tissot traverse l'Ukraine essentiellement par le train, lequel roule au milieu de steppes enneigées et désolées.
Sa première étape est Berdytchiv, une petite ville située à une centaine de kilomètres au nord de Kiev, et ce long séjour à Berdytchiv, ville majoritairement peuplée par une communauté juive protégée par la Pologne, est l'obstacle majeur que le lecteur va trouver sur son chemin. Car, avec une frénésie inhabituelle chez lui, Victor Tissot accumule les descriptions les plus infâmes, les comparaisons les plus ordurières, les jugements les plus cruels sur cette communauté de gens, dont le seul judaïsme suffit, aux yeux de l'auteur, à transformer Berdytchiv en cloaque, en égout à ciel ouvert. C'est à la limite du supportable ! Même quand on est habitué, en littérature française, à tomber sur des égarements de cette sorte, souvent hélas décomplexés et avec une belle inconscience de ce que serait le jugement de la postérité, il y a là des phrases qui soulèveraient le coeur à n'importe qui. C'est d'autant plus insupportable de la part de Victor Tissot que c'est assez ouvertement forcé – sans doute pour plaire à ses informateurs ukrainiens – car quelques centaines de pages plus loin, une fois arrivé à Moscou, Victor Tissot visite un bar juif, y boit un verre en compagnie d'un ami, et trouve l'endroit tout à fait délicieux et le tenancier charmant.
On devine, à ce paradoxe, que sachant que ses différents contacts en Ukraine ou en Russie liraient surtout dans son livre le passage qui les concerne, Victor Tissot a sciemment épousé les vues de l'un, puis les vues de l'autre, par pur clientélisme. Néanmoins, la centaine de pages où s'enfilent interminablement et gratuitement des propos antisémites révoltants – et qui ne sont pas moins révoltants parce qu'ils sont surjoués – est absolument à vomir, et il faut au lecteur un certain courage pour passer ces quelques chapitres, d'autant plus qu'hélas, ils reflètent tristement la réalité d'un très ancien antisémitisme fortement implanté dans l'ouest de l'Ukraine, en partie par fanatisme chrétien – comme ce fut longtemps le cas en France -, mais en partie aussi suite à des spoliations de sites religieux, certaines églises ayant été transformées en synagogues par l'aristocratie polonaise – affirmations relayées par Victor Tissot mais difficilement vérifiables aujourd'hui. En tout cas, l'auteur y décrit avec une atroce complaisance la haine traditionnelle des Ukrainiens de ce temps-là pour leurs communautés juives, une haine qui mena d'ailleurs, soixante ans plus tard, à l'extermination totale de toutes ces communautés juives par les "Einstazgruppen" de l'Allemagne Nazie, grandement épaulés par des factions ultranationalistes ukrainiennes. Il est d'ailleurs déchirant de lire, sous la plume acerbe et cruelle de Victor Tissot, de telles immondices sur de pauvres gens sans histoires, dont la descendance allait être aussi impitoyablement exterminée.
Heureusement, une fois que Victor Tissot poursuit sa route vers Kiev, puis Kharkiv, il n'est plus question des communautés juives, et l'on peut doucement, et sans doute à regret, se réconcilier avec l'écrivain. N'ayant d'ailleurs pas grand-chose à dire sur une immense région qui n'est qu'un terroir uniforme, Victor Tissot parle surtout des Ukrainiens, envers lesquels il ressent une tendresse particulière, pas toujours pour de bonnes raisons d'ailleurs. Entre autres, il les trouve d'une plus jolie blondeur, et d'une plus grande pureté de race, que les Russes, qu'il juge trop métissés de Tartares et autres ethnies barbares. Victor Tissot aime aussi sincèrement la chaleur du peuple ukrainien, en lequel il retrouve une saine ruralité semblable à celle de l'Europe. Il fait d'ailleurs une courte remarque allusive, au sujet d'une belle ukrainienne chez laquelle il passe la nuit, et dont il ressort le lendemain matin « pleinement satisfait ».
Malgré l'âpreté des cosaques, dont la lecture des romans de Nicolas Gogol, mais aussi la rencontre opportune d'un ukrainien érudit – aux anecdotes là aussi invérifiables, prêtant aux cosaques du XVIème siècle des activités de piraterie en Turquie – ont produit sur l'auteur une forte impression, Victor Tissot présente les Ukrainiens comme un peuple doux, un peuple féminin dont il ne cesse de souligner la sensualité, allant même jusqu'à inclure cette sensualité dans de bucoliques descriptions de la faune et de la flore de l'Ukraine, véritable terre d'amour selon lui.
Par contraste, sa découverte de la "Grande-Russie" l'impressionne plus gravement. Passant brièvement à Saint-Petersbourg, alors capitale de l'Empire Russe, Victor Tissot lui préfère Moscou, montrant au passage un indéniable instinct visionnaire. Moscou, selon lui, porte l'âme entière de la Russie, celle d'un pays plus que millénaire et où survit une identité forte, massive, tellement antique qu'elle ne s'est jamais totalement détachée d'une barbarie primitive, d'une brutalité atavique et d'une ironie morbide, que seule la religion sauve du nihilisme. Ancienne forteresse guerrière, le Kremlin y est essentiellement décrit comme un sanctuaire religieux, et incarne à merveille, selon Tissot, cette étrange fusion entre spiritualité radicale et culte sauvage de la guerre.
Malgré cela, la contestation est déjà bien présente en Russie, que ce soit à travers une multiplicité de sectes délirantes ou par le biais de groupuscules politiques prolétariens et prérévolutionnaires qui commencent à essaimer dès 1873. Ces "nihilistes" (car c'est ainsi que la noblesse russe les dénomme) fascinent Victor Tissot, qui ne sait trop s'il les approuve ou les désapprouve, mais toujours est-il qu'il sent en eux, avec une incroyable prescience, le rôle déterminant qu'ils vont jouer dans l'avenir de la Russie, dans son triomphe du siècle prochain. Ironie du sort, Victor Tissot mourra en juillet 1917, trois mois seulement avant la Révolution d'Octobre.
À l'inverse des villes d'Ukraine, Saint-Petersbourg et Moscou sont, selon Victor Tissot, des villes où règne une certaine décadence cosmopolite et perverse. L'auteur y voit là aussi la conséquence d'un vieux litige, qui remonterait à Pierre le Grand, tsar du début du XVIIIème siècle, qui, au contact des Prussiens et des Français, s'européanisa, et obligea les citoyens russes à adopter la mode européenne. Mais restant russe dans l'âme, il n'hésite pas à faire exécuter tous les Russes qui ne voulaient pas couper leurs barbes de moujiks, ni s'habiller à l'européenne. Victor Tissot laisse entendre que la défiance des Russes envers l'Occident daterait de cette époque-là. Mais pour autant, il comprend et adoube le souci des Russes de ne pas se faire "occidentaliser", d'autant plus que lui-même, en bon francophile germanophobe, ne saurait prendre la défense d'un tsar qui s'était allié aux Prussiens.
« La Russie et les Russes » est un ouvrage tout à fait fascinant, particulièrement pertinent à relire à notre époque, car c'est l'un des rares récits de Victor Tissot qui ne témoignent pas d'une société disparue. L'Ukraine et la Russie nous apparaissent, en 1884, quasiment semblables à ce qu'ils sont aujourd'hui, non seulement dans leur essence intime, mais même dans la relation conflictuelle séculaire qui les unit – et les désunit.
C'est d'autant plus intense – et hélas terrifiant – que notre perception d'Occidentaux de ce qu'est la Russie nous semble souvent liée à des survivances désuètes de l'autoritarisme soviétique. Or, ce que le livre de Victor Tissot nous apprend, c'est que la Russie pré-soviétique possédait exactement ces mêmes caractères, y compris une défiance et une distance par rapport à l'Occident. Ainsi, au tout début, à Paris, Victor Tissot, préparant sa malle, reçoit la visite d'un ami russe qui lui explique qu'il ne faut pas emmener en Russie de vêtements ou de tissus rouges, les douaniers pouvant les prendre pour des signes de ralliements nihilistes. Sont également proscrits, selon cet ami, tout types d'écrits occidentaux : livres, journaux et même notes manuscrites, tout cela pouvant être saisi comme potentielle propagande subversive, et leur propriétaire jeté en prison pour plusieurs mois, le temps que l'on décrypte tout ce qu'il prétendait faire entrer en Russie !
Tout cela existait donc déjà à l'époque des Tsars, avec lesquels pourtant la France avait d'excellents rapports diplomatiques !
En dépit de beaucoup d'informations invérifiables et même probablement factices, surtout en ce qui concerne les anecdotes historiques qui lui ont été rapportées, Victor Tissot parvient, grâce au caractère à la fois besogneux et contrasté de son ouvrage, à donner de l'âme russe une image réaliste et inconfortable, qui fait encore pleinement sens avec la terrible actualité que nous vivons quotidiennement - laquelle s'éclaire d'ailleurs d'une lumière sinistre et pessimiste à la lecture de cet ouvrage, tant ce que l'on s'efforce aujourd'hui de sanctionner, du point de vue occidental, semble l'émanation toujours vivace d'une civilisation différente de la nôtre, profondément enracinée dans sa terre depuis toujours, antédiluvienne, inéducable, inaliénable, inarrêtable.
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La Russie et les russes.
Première édition chez Plon, 1884, deuxième édition que j'ai en main 1893. Beau livre, couverture cartonnée rouge et or.
Victor Tissot (1844-1917)


Victor Tissot est un lettré, homme de presse suisse né en 1844 à Fribourg. Il va notamment travailler à l'élaboration du Larousse, France, s'illustrer au Figaro littéraire, Gruyère il connaît, il en a fait docte éloge -Je signale que le gruyère suisse n'a pas de trous. Mais ce qui le distingue nettement, ce sont les voyages qu'il entreprend à travers l'Europe et la Russie, et donc ses impressions de voyage de premier plan.
Son livre, la Russie et les russes est un livre somptueux. La présentation est magnifique et ce n'est pas une boîte de chocolat, il y en a beaucoup à l'intérieur et du très sérieux, et du très bien écrit. La qualité s'impose et les français qui s'aventurent en Russie, ici sous Alexandre III ne sont pas légion, et les suisses encore moins ; ceux qui nous ramènent des documents de première main, objectifs, de cette Russie si mystérieuse, assez méconnue.. Son entreprise va être couronnée de succès, grâce à des records d'édition.
Ce beau livre nous montre en première page un beau portrait d'Alexandre III. 250 illustrations de de Haenen et Pranischnikov qui signent là autant de petites merveilles. Sur des textes pareils, la facture est heureuse.

Les chapitres qui jalonnent ce livre sont des volets distincts et balaient assez largement tout le champ des curiosités russes, mais je tiens à dire que le travail est d'abord littéraire. Une grand plume ce Victor Tissot qui rend son oeuvre agréable à lire, accessible ; ce n'est pas une accumulation de photographies oude clichés, c'est une oeuvre d'art, la narration est épique, d'une truculence remarquable. Vraiment, il n'y a rien de fastidieux dans cet ouvrage, c'est un plaisir pour les amoureux de la Russie ..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
C'est vraiment une jouissance et une ivresse que de voyager dans la steppe, où la terre verte et le ciel bleu unissent leurs deux immensités ! Mais ce n'est pas à la veille de l'hiver qu'il faut parcourir ces vastes plaines. L'automne les assombrit de teintes tristes, qui leur prêtent un faux air de maladie et de souffrance.
Le triomphe de la steppe est au printemps, qui la couronne de rayons et de verdure. Alors, les tiges montent en fusées et retombent en pluie de perles et d'étoiles, de boutons et de fleurs. L'écorce des arbres se déchire, pareille à un corsage trop étroit, et sous la fine dentelle des premières feuilles, les bourgeons mettent de jolies pointes roses, comme des seins vierges de jeunes filles. Les oiseaux de passage reviennent, traversent les airs en longues troupes, s'abattent au bord des étangs et des rivières débordées. Du milieu des flots grossis par la fonte des neiges et qui, peu à peu, s'abaissent, les îles du Dniepr émergent de nouveau, laissant flotter dans le courant les longues branches des saules, comme des chevelures de femmes noyées. Debout sur les kourganes (tombeaux préhistoriques), on aperçoit de grands aigles, dans une immobilité héraldique, tandis que des éperviers planent en décrivant lentement des cercles noirs dans l'azur. Au-dessus d'un ravin, des outardes défilent en caravane précédées de leurs éclaireurs. Des tourbillons de corneilles passent comme une nuée sombre, chassée par un coup de vent, et s'en vont bien loin, s'abattre sur les maigres bouquets d'une oasis d'arbres perdue dans le verdoyant désert. L'air vibre, tout rempli de cris harmonieux ou stridents, de chants d'oiseaux, de bourdonnements d'abeilles, de sussurrements d'insectes, de grincements de sauterelles. Au crépuscule, les cailles jettent leur note monotone et les perdrix font entendre leur appel. Un concert formé de mille voix, des aubades et des sérénades délicieuses, réveillent la nature, cette belle aux champs dormant qui, toujours aussi jeune, rouvre les yeux au milieu de son palais restauré et refleuri.
La transition des neiges de l'hiver aux fleurs de printemps est si prompte, si brusque, qu'on dirait la naissance d'un monde nouveau, l'épanouissement subit d'une terre vierge sous la chaleur fécondante du soleil. Il y a dans les airs et dans les herbes une fête nuptiale charmante, un embrassement d'amour universel, des noces ailées et voltigeantes d'abeilles, de papillons, d'oiseaux; une montée de sève générale, une ripaille effrenée de baisers, une immense étreinte sur le lit frais et parfumé des herbes et des fleurs nouvelles ! On n'entend que battements d'ailes, frôlements d'écailles, roucoulements, gloussements et bêlements d'êtres pâmés. Tout s'agite, tout chante, tout aime et soupire dans une poussée de passion, dans une exubérance de vie, dans un élan fougueux de douce union. Et, au milieu de ces tendresses chantées, de cette musique de mélodies printanières, une volupté ineffable s'échappe de la terre chaude et frémissante de tant de caresses, monte dans l'air, vous envahit, vous trouble et vous grise !
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Je rassemblais mes paquets à la hâte et je descendis du wagon.
Il était deux heures du matin.
Un fiacre - était-ce bien un fiacre ? - horrible, délabré, estropié, démantibulé, attelé d'un cheval - était-ce bien un cheval ? - se détachant en squelette attendait, seul, devant la gare. Tout autour, rien, pas une maison, pas de lumière autre que le petit lumignon mourant des réverbères à huile pendus à leur poteau ça et là.
- Où est Berditschew ? demandai-je au cocher juif qui s'était approché de moi, et qui, agitant sa barbiche rousse d'un air méphistophélique, m'offrait ses services.
- Là-bas...
Il me montre un point invisible, évanoui dans les profondeurs flottantes de la nuit.
- Combien de temps faut-il pour y arriver ?
- Si Votre Honneur ajoute un bon pourboire au prix de la course, nous y serons dans un quart d'heure.
- Partons.
- Où faut-il vous conduire ?
- À l'hôtel.
J'aurais été bien embarrassé de lui donner une adresse. Qui est-ce qui est jamais allé à Berditschew ?
L'isvotchtchik monta sur son siège, fouetta sa hardidelle : "Ekh ! Ma !"
Elle s'ébranla en trébucha, et un craquement sourd, un bruit de ferraille fêlée, se fit entendre dans le fond de la voiture, qui n'était apparemment pas plus solide que la pauvre bête qui la traînait.
La pluie avait défoncé le chemin; de larges et profondes ornières s'ouvraient comme des trous noirs, comme des fossés où nous risquions de verser. L'eau des flaques, près des réverbères coiffés de leur chapeau de fer-blanc, avait des teintes sales et dégoutantes de vomissements et de sang coagulé. Sur quelques unes, plus larges, d'une teinte glauque, l'ombre mouvante du cheval aux hautes jambes grêles et au cou branlant, faisait danser une silhouette maigre et hérissée de bête fabuleuse, apocalyptique.
Pas un bruit. pas une horloge lointaine qui jetât dans l'espace sa note rassurante et familière. Nous traversions des terrains vagues, vides comme le néant.
Le cou tendu, l'oeil aux aguets, serrant entre mes jambes ma seule arme : un parapluie, je suivais avec méfiance les mouvements de mon cocher. Il me semblait qu'au lieu d'aller droit devant lui, il prenait un chemin compliqué de détours, qu'il cherchait des endroits écartés, et que dans sa marche louche de rôdeur de nuit, il s'isolait comme pour un rapide coup de main. La route s'allongeait, s'allongeait, agrandie par la nuit, la solitude et le silence. Tout à coup, mon imagination échauffée crut distinguer un bois. Je me préparais à une défense vigoureuse quand une éclaircie au ciel me montra, entre deux nuages, la face blême et railleuse de la lune éclairant les premières maisons de Berditschew. Maisons affreuses, ignobles, éborgnées, basses et plates, affaissées de vieillesse et de maladie, croulantes, aux murs de terre glaise fendus et ouverts, sur lesquels coulait, comme le pus verdâtre d'un abcès, un livide rayon lunaire.
Nous descendîmes à gauche. D'un côté, des terrains vagues s'étendaient parsemés de pierres blanches semblables à des ossements lavés par la pluie. On eût dit un charnier sur la place des exécutions. Près d'un mur défaillant, un réverbère à poulie dressait son cauteleux profil de potence. La rue continuait, ébauchée. Entre les fentes et les interstices des hautes clôtures de planches mal jointes, on apercevait des pans de ciel où, pareil à un paquet de loques, des nuages humides et grisâtres pendaient. Plus loin, quelques arbres levaient leurs branches dépouillées, dans une attitude suppliante, comme des bras maigres de mendiants ou de prisonniers.
D'un pas d'enterrement, nous gravîmes une pente boueuse, parallèle à une grande place vide, et nous nous engageâmes de nouveau entre deux rangées de maisons ensevelies dans une paix morte de cimetière.
Les roues de la voiture cessèrent tout à coup de geindre et de craquer. Nous étions arrêtés devant une bâtisse de mauvaise apparence, au-dessus de la petite porte de laquelle une lanterne aux vitres brisées accrochait comme une aigrette sa flamme rouge et tremblotante.
- C'est l'hôtel, me dit l'isvochtchik en sautant à terre. Et il appela, en cognant aux contrevents.
Au bout de quelques minutes pârut un domestique, un chandelier de fer à la main, les yeux caves et brouillés de sommeil, les cheveux ébouriffés, la chemise déguenillée, dans une tenue malpropre de garçon d'écurie.
Il prit ma valise et me conduisit par un escalier de bois gluant et glissant de boue, au premier étage, où, dans l'étroit couloir, deux domestiques dormaient étendus à terre, comme deux gros chiens. Il poussa une porte et me fit signe que c'était ma chambre.
Entre quatre murs de prison, je vis une table boiteuse, une chaise de paille, un canapé de cuir éventré, montrant ses entrailles de crin, un petit miroir fendu, criblé de tâches de rousseur, et un petit bois de lit qui n'avait qu'une paillasse.
- Et les draps ? demandai-je.
- Comment ?... Monsieur ne voyage pas avec sa literie ? fit d'un air étonné le polowai (garçon d'hôtel).
- Non, je voyage à l'européenne.
- C'est différent... Je vais aller voir si nous avons encore des draps, mais le prix de la chambre sera plus cher. C'est affiché.
Il me montra un carré de papier collé au mur, sur lequel était indiqué ce que coûtait la chambre avec ou sans lit complet.
Il y a trente ans, les lits étaient encore inconnus dans les auberges de campagne : on étendait le foin des tarentass (voitures à quatre roues) dans la salle commune, et tout le monde couchait dessus, pêle-mêle.
Le polowai revint avec quelque chose de flasque et de long qui ressemblait à un drap.
- Monsieur, me dit-il, il faudra vous contenter de ça... Nous n'avons pas de draps... On nous en demande si peu souvent !...
Il s'approcha du lit et y étendit une vieille nappe sale et déchirée.
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Nous étions maintenant en rase campagne. Strelna est à quelques verstes de moscou. La plaine toutes blanche s'étendait autour de nous comme une mer couverte d'écume. Soulevée par les pieds des chevaux, la neige nous éclaboussait de sa poussière argentée. Et il nous semblait que c'étaient des coursiers marins qui nous emportaient dans une grande conque en forme de chariot. L'endroit vers lequel nous nous dirigeons est bien un peu mythologique.
Devant nous, le ciel incrusté d'étoiles aux reflets de topazes, des arbres découpaient les liens arabesques de leurs branches givrées et dénudées. C'était le Parc, la promenade d'été des Moscovites, leur Bois de Boulogne. Dès que les bourgeons éclatent, cette solitude se peuple de théâtres populaires, de cafés-concerts, de restaurants. Strelna se trouve à l'entrée du Parc, mais Strelna, de même que son concurrent Yard, reste ouvert toute l'année. C'est le restaurant de nuit le plus couru, celui où chantent les Bohémiennes, et où se font les parties doubles et les parties carrées des viveurs de Moscou.
Leurs jolis pieds, chaussés de bas de soie et de souliers de satin cachées dans une chaude chancelière, leurs petites mains pelotonnées dans un manchon ouaté, le corps emmitouflé dans une pelisse de satin en martre zibeline, la figure cachée sous des dentelles espagnoles comme sous un masque, les grandes dames ne dédaignent pas, dit-on, de venir jusqu'ici en escapades nocturnes et galantes, au triple galop d'une légère troïka. C'est si bon de sortir du convenu, de s'échapper de sa cage, de se glisser incognito dans les petits chemins de traverse ! Et puis, les femmes sont si curieuses ! On leur a dit que le parfum du vice est mortel; et elles veulent, comme Ève, voir si réellement cette fleur de pêché donne la mort.
Après les descriptions lyriques et hyperboliques de Théophile Gautier et de Fervacques, je m'attendais à des merveilles, à des splendeurs et à des sensations inconnues, à quelque chose de féérique. La déception a été profonde, complète. Figurez-vous un homme à qui on promet des montagnes d'or et qui se trouve en présence d'un monceau de feuilles sèches. Ah ! Qu'ils sont dangereux, tous ces poètes qui voient dans leur imagination au lieu de voir dans la réalité ! Ils vous farcissent la tête de bulles de savon. Le plomb vil, ils le transforment en or pur ! C'est à eux que nous devons cette belle invention de la courtisane vierge.
Meublés avec le luxe commun et économique des hôtels de troisième classe, ces salons de Strelna, que je m'imaginais ruisselants de dorures, émaillés de jolies femmes et de belles fleurs, étaient noyés dans une atmosphère de malaria et d'ennui qui faisait pitié. Les garçons sommeillaient derrière des tables vides. Et de toutes ces vieilles chaises, de toutes ces banquettes aussi maigrement capitonnées que celles qui y étaient assises, de ce comptoir de foire de Saint-Cloud avec sa roulette "à tous les coups l'on gagne", une odeur de débâcle, de mauvaises affaires et de mort semblait s'exhaler ! Et ce fameux jardin cité comme un "jardin d'Armide"... Ah ! Oui ! Parlons-en ! C'est une serre qui serait tout aussi gaie si elle était dans une cave. Les arbustes des pays du soleil y ont un air piteux de condamnés à la déportation dans une mine de Sibérie. Les palmiers resemblent à de grands troncs de choux effeuillés. Les autres arbres, on dirait qu'ils ont été faits à Nuremberg, à la mécanique. Au milieu de ces splendeurs, un jet d'eau pleure, avec mille grimaces, sur la tristesse du lieu qui ne l'a pas vu naître. Je vous jure qu'on n'éprouve pas la moindre "amoureuse rêverie" en se promenant sous ces "bosquets" sans mystère où le chant des oiseaux a été remplacé par le chantage des Bohémiens, hommes plus habiles encore à faire chanter les Russes que leurs petites Tziganes.
Celles-ci sont aussi une de ces mystifications colossales comme ne vous en réserve que l'Orient. Sauf deux ou trois, ces Bohémiennes "d'une séduction magique" sont toutes laides; elles n'ont même plus le type tzigane, ce sceau indélébile de leur race vagabonde et superbe. Parmi elles, j'en ai vu qui avaient les yeux et les cheveux pâles. Une Bohémienne blonde, c'est un corbeau blanc ! Elles se sont si bien acoquinées avec la civilisation qu'elles portent - elles, libres filles des steppes ! - les toilettes ridicules que la mode nouvelle a jetées au rancart et que Paris revend comme du neuf dans les régions lointaines.
Nous avons pris un petit salon particulier pour entendre chanter la bande. Elles sont venues, avec une douzaine d'hommes armés de guitare, se ranger devant la table où nous soupions.
Elles exécutent tour à tour des chansons russes, mélopées traînantes et mélancoliques comme les plaintes du vent dans les forêts de sapins, ou des chansons tziganes, folles d'entrain et toutes frémissantes d'ardeur passionnée, de fougue sauvage. Ces airs conservés dans leur tribu ont un rythme bizarre, un caractère étrange; ce sont des mélodies sans discipline, en dehors de toutes les règles et de toutes les conventions musicales. Elles ont bien l'excitation qu'il faut pour tirer le Russe de sa torpeur, pour le secouer, pour emporter son âme comme l'eau-de vie emporte la bouche !
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Le lendemain, la tête encore pleine de la féérique vision de la veille, je repris à pied le chemin du Kremlin.
Le Kremlin, c'est Moscou; et Moscou, c'est le coeur et l'âme de la Russie, le sanctuaire de la foi orthodoxe, le foyer d'une pensée commune qui ralliera un jour tous les "frères slaves dispersés".
Moscou est la vraie capitale de l'empire, c'est la fille légitime et robuste des tsars barbus et terribles, tandis que Saint-Petersbourg n'est qu'une capitale bâtarde qui eut pour mère et nourrice une étrangère : la civilisation allemande.
Avant même de franchir l'enceinte de la forteresse religieuse et guerrière, que de souvenirs sur cette Place Rouge que nous traversons ! Tout semble vous arrêter pour vous parler du passé. Et comme cette place est bien nommée ! Elle n'est pas belle, - car rouge et beau sont synonymes en russe, - mais elle est rouge, vraiment rouge de sang ! C'est ici qu'Ivan fit mutiler les conseillers de son fils, fouetter publiquement l'archimandrite d'un grand monastère et brûler dans une cage de fer deux conspirateurs polonais.
Le 26 août 1705, le jour même où Pierre Ier avait ordonné à ses boïars de se raser, et où il s'était rasé lui-même, on vit se dresser tant de potences sur la Place Rouge, qu'elle ressembla à une forêt. Et deux mois plus tard, des hommes à cheval, armés de lances et de fouets, poussaient comme un troupeau effaré sur cette sinistre place, des hommes à pied, en haillons, brisés de fatigue, amaigris par la faim, liés deux à deux par des cordes. Dans leur main gauche, ils tenaient un cierge allumé, et derrière eux des femmes et des enfants marchaient en chantant les tristes et funèbres complaintes des funérailles. Ces hommes étaient des soldats, c'étaient des rebelles : un premier convoi de strelitz (soldats de la milice nationale).
Qu'avaient-ils fait ?
Ils avaient voulu rester Russes.
Ils avaient opposé la force aux réformes, aux récentes atteintes portées par Pierre Ier aux usages, aux moeurs et aux traditions nationales. Ils avaient refusé les habits à l'allemande, ils n'avaient pas voulu quitter leur cafetan ni couper leur barbe; ils n'avaient pas voulu non plus se soumettre à des aventruriers étrangers, se courber sous la baguette des caporaux allemands. On leur avait dit que les "niemtsi" (Allemands) s'étaient emparés de Moscou, que Pierre Ier était mort; et ils étaient accourus. On les dispersa à coups de canon; on en fit beaucoup prisonniers. Et maintenant, on les pendait ! La pendaison n'allant pas assez vite, on en décapita et on en roua un bon nombre. Le tsar se mit lui-même à l'horrible besogne. Et pendant sept journées, on tua sur la Place Rouge comme dans un abattoir ! Mille cadavres avaient été accrochés aux créneaux du Kremlin, qui ressemblait à un immense charnier.
Le dernier jour, comme il ne restait plus que deux condamnés à exécuter pour arriver à un grand et beau jeune homme qui se distinguait parmi ses camarades par son attitude calme et fière, le tsar, frappé de tant d'énergie, s'approcha de lui :
- Tu n'as donc pas peur de mourir ? lui demanda-t-il.
- Je n'ai peur de rien, répondit simplement le prisonnier.
Pierre causa quelques instants avec lui, et soudain, il lui ordonna de sortir des rangs et lui dit qu'il lui faisait grâce.
Ce soldat s'appelait Orlof.
C'était l'aïeul de l'ambassadeur actuel de Russie à Paris. Il devint officier. Plus tard, la faveur de Catherine porta ses fils aux plus hautes dignités de l'empire.
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J'ai vu un jour, dans le salon d'un de ces boïars moscovites, une Diane couchée, mystérieusement exposée dans une sorte de chapelle où brûlait une lampe d'argent. Des divans recouverts de tapis orientaux garnissaient ce sanctuaire dédidé à l'amour et à la beauté. - Et les boudoirs de certaines "honnestes et grandes dames" ! On les dirait calqués sur les fantaisies à outrance de "La Vie Parisienne". Une lumière discrète, filtrant à travers les filaments nacrés et soyeux d'un rideau d'amiante, ajoute à leur caractère intime et nuptial. Et ces divans de peluche bleue, drapés de soie comme des lits, ces peaux d'ours blancs qui étendent leur chaude molesse sous vos pieds, ces portières d'Orient à demi fermées, ces murs tendus d'étoffes de Boukara ou du Caucase, ces images de vierges orthodoxes et ces statues de déesses païennes, ces brûle-parfums chinois dont l'odeur vous trouble et vous enivre; comme tout ce luxe asiatique, arrangé avec un bon goût tout parisien, justifie ce qu'on a dit de la femme russe : "Une Parisienne greffée sur une Orientale".
Dans ces salons, l'hiver est un véritable printemps d'amour !... L'hiver, en Russie, c'est la saison des fleurs, la saison des jolies femmes au tein mat comme la neige, aux yeux noirs comme le jais, aux lèvres rouges comme le corail. - Ô belles filles du Nord , que vous êtes blanches, et comme l'hiver, en mettant autour de vous son grand cadre d'argent, fait ressortir votre blancheur de lys et votre grâce de cygne sauvage ! L'hiver russe n'est pas ce vieillard maussade et cacochyme qui nous visite et vient pleurer dans nos gouttières, tousser au coin de nos cheminées, souffler dans nos chambres le chaud et le froid. L'hiver russe est d'une trempe vigoureuse. C'est un jeune homme plein de sève et d'entrain, à qui il faut les fêtes, les bals, les dîners, les réceptions. Et c'est en hiver que sous ces zones d'apparence glacée, chante et fleurit le doux printemps d'amour ! Dans les corsages de dentelle aussi blancs que les pommiers en fleurs, les coeurs gazouillent comme les oiseaux dans les nids printaniers. Des camélias, des palmiers, des arbustes à l'arôme subtil, ombragent les divans des salons; les chambres deviennent des serres et des jardins. Tandis qu'au dehors, tout est engourdi, tout semble mort, ici, dans ces chauds intérieurs, tout bourgeonne, verdit et s'épanouit, et les fenêtres se drapent de plantes grimpantes. Dans les plus pauvres auberges de campagne, on trouve des fleurs. La chambre où couchent les voyageurs est souvent tapissée de lierre cultivé dans des pots, et avant de s'endormir, les voyageurs peuvent répéter avec le poète : "Ô enchantement aux doux frissons ! L'hiver se transforme en mois de mai, la neige se change en fleurs printanières, et le coeur aime de nouveau !"
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