Après
Franquin, le néant.
C'est ce que ce sont dits les fans inconditionnels du petit groom tout de rouge vêtu. Mais c'était sans compter sur le génie de Tome et
Janry qui ont su donner un nouveau souffle à la série. Leurs scénarios ont toujours été très abouti et leurs dessins proches de l'original, en forme d'hommage au génial créateur.
Jusqu'à cet album emblématique.
Véritable ovni littéraire dans l'univers de Spirou et Fantasio, cet album est à mon sens le plus beau de la série. Il signe l'apothéose de leur travail.
Le dessin est transformé de manière radicale, et l'histoire, décrite dans ce 46ème tome, est une des plus sombres jamais écrite. le personnage de Spirou laisse apparaître des sentiments jusque là inconnus : déception vis à vis de la bétise humaine, amour pour Seccotine, lassitude de se battre (avant de rebondir rassurez-vous)... Les plans séquences et surtout le découpage sont à la hauteur du récit et enrichissent une excellente intrigue. Les problèmes d'éthique abordés représentent une mise en abîme intéressante à la révolution du graphisme.
Cette rupture avec la tradition est une réussite, car elle ne dénature pas en profondeur le héros et son discours. Il s'agit simplement d'une transition vers un autre état. C'est une ode à l'âge adulte. Nous dirons, l'âge de raison, de la sagesse.
Quel dommage, à mon sens, de savoir que nous ne verrons plus jamais ce dessin réaliste dans l'univers de Spirou et Fantasio. Mais comment pourrait-il en être autrement ? Tome et
Janry s'en sont allés vers d'autres projets, cet album restera un one-shot en marge de la série.
Mais au regard des hors-série récents, nous pouvons voir à quel point leur travail a inspiré nombre d'auteurs.