Un nom à rallonge, un format en pavé : nous sommes bien là dans une monographie historique des plus fines et des plus complètes !
Avec sa Naissance de la Bretagne,
Noël-Yves Tonnerre se lançait, à la suite de sa thèse d'État, dans l'analyse de la constitution d'un territoire dit « breton », tant du point de vue géohistorique que de celui sociologique. Ce natif de Concarneau vise donc de scruter la constitution géopolitique, géographique, mais également sociale d'un territoire cohérent et organisé. Son propos se focalise sur le Nantais et le Vannetais, de la fin du VIIIe à la fin du XIIe siècle, c'est-à-dire du côté des deux comtés les plus méridionaux de la Bretagne et à une époque où les liens géopolitiques avec les marches robertiennes (puis capétiennes) successives face à la Bretagne sont les plus actives.
Devant ce formidable enjeu de constitution territoriale, au moment où plusieurs vagues de principautés territoriales se font jour, cet historien se penche avidement sur les sources, écrites comme archéologiques. Les chroniques bretonnes, angevines et mancelles sont bien évidemment fondamentales, mais il ne faut pas négliger les sources de terrain, issues des fouilles archéologiques, car les châteaux, les formes d'habitat et les emplacements urbains sont d'importants marqueurs pour retrouver le passé des acteurs de la Bretagne de l'an mil.
Noël-Yves Tonnerre montre, avec force de sources et de développements, la spécificité de cette Bretagne méridionale, très organisée en interne, mais également très ouverte aux liens géopolitiques avec les territoires le long de la Loire, axe majeur des principautés robertiennes. La construction de paysages particuliers est également un aspect à ne pas négliger.
Plus personnellement, je pense qu'il faut donc voir dans ce long ouvrage une initiation captivante à la recherche historique menée d'un point de vue pluridisciplinaire. En effet, le but fut ici de multiplier les angles de recherche en piochant des données et des concepts en-dehors du champ historique, notamment en géographie, en sociologie et en paléobotanique. Une bien belle construction historique que pourra tout à fait passionner apprentis historiens comme les chevronnés, mais également tous les passionnés du Moyen Âge, de la Bretagne et des principautés territoriales.
P.C. : je suis clairement subjectif, car ce sujet me passionne, mais pour un tel ouvrage long et complexe, il faut malgré tout saluer le travail d'historien !