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Citations sur Jacques à la guerre (62)

...dans toutes les maisons ordonnées qui lui faisaient face, la foire étalait ses frous-frous éphémères, sa musique mécanisée crachée sur nos vitres, son toc, son bric et son broc, son bringuebalant sonore et entoilé...et j’aimais. La foire pour moi, c’etait une intempérie joyeuse qui s’impose insolemment sur des trottoirs honnêtes, une michetonneuse qui parle trop fort de sa bouche crayonnée, du provisoire emperlousé qui sucrait les bouches, du flatteur qui rabotait un peu, pendant quelques instants, le contondant de nos intérieurs enchristtés.
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Ma peur à moi avait un toit, une famille, un lit le soir, des volets qui tiennent et une porte qui ferme à clef; leur peur à eux n’avait que des semelles et des roues, l’ espérance d’une porte qui s'ouvre, d’une main qui aide et d’un mouvement de lèvres qui fait lever un sourire de commisération.
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L’enfance crée des mondes parallèles que celui des adultes s’emploie à détruire
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Toute cette mauvaise herbe qui se tient à distance lorsque la vie normale suit son cours mais qui prend ses aises quand la guerre laisse l’homme en friche, j’en pouvais plus. La guerre, c’était comme voir l’arrière-cuisine d’un restaurant négligé, ça ne donnait plus jamais envie d’y prendre ses repas. Elle avait soulevé les jupes de la grande populace et les dessous n’étaient pas rutilants. Je ne supportais plus d’être là, les pieds dans les flaques de cette eau de conflit qui suintait de partout. Comment se remettre d’aplomb après un tel déballage ?
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Nous faisions partie de ceux qui restaient, avec comme seul abri notre maison. À force de bombes, chaque famille avait eu le temps de développer sa propre stratégie de survie ; moi je trouvais nos astuces pitoyables tant la guerre est tellement plus forte. J’avais le sentiment qu’on se rassurait à peu de frais avec nos systèmes, combien de pauvres gens se croyant protégés par des matelas se sont retrouvés écrasés, étouffés, brûlés jusqu’à l’os ? Combien de maisons aux murs solides, loin des ponts, des gares, des usines se sont vues soufflées par une bombe qui n’avait rien à faire là, juste à cause d’un zinc qui avait fait un écart de rien du tout, à cause d’une pichenette de soleil dans l’œil du pilote, d’une crotte au nez, d’une blague du copain qui fait secouer ses épaules ? Alors, avec nos carreaux de carton aux fenêtres, nos rideaux en dentelle, nos petites caves, que pouvait-on faire ?
Rouen ressemblait à une carcasse de bœuf suspendue par les pattes arrière, on distinguait ses entrailles, et comme une brutalité peut soulever la robe d’une femme respectueuse et digne, des béances de guerre laissaient voir de loin la cathédrale. J’avais honte de la découvrir ainsi exposée, meurtrie, éclaboussée de crachats métalliques, insultée de flammes, soufflée, sidérée… Comment allions-nous faire ? T’es là, debout, flageolant face aux ruines, Rouen était éradiquée, terminée, trop de destructions, on n’y arriverait jamais.
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— On va droit à la guerre.
André m’expliqua toutefois qu’on n’avait rien à craindre, la France avait la meilleure armée du monde, on avait gagné la grande et puis on possédait la ligne Maginot, infranchissable :
— Les Allemands vont se casser les dents sur elle et capituler tout de suite après, ils n’auront même pas la possibilité de poser un pied chez nous.
Il semblait si sûr de lui, mais ce frère avait peur le soir en se couchant et je pensais à ça en l’écoutant.
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Pas le gros pétard qui t'envoie direct retrouver tes aïeux, non, juste le petit boum qui fait chier le monde, celui qui abîme le matériel et le collègue, qui immobilise, qui fait prendre du retard, qui fait que deux gars peuvent être obligés d'en porter un troisième qui couine sa mère avec un bout de sa jambe suintant le jus de bonhomme et qu'un quatrième va se fader les armes des trois autres....
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Cette guerre-là était rapide, plus rapide que sa sœur aînée ; à peine le matelas sur la carriole que les panzers étaient déjà là ; à peine sur la route que les avions volaient dans les airs au-dessus des matelas, à semer une mort aléatoire sur le bitume et dans les talus.
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L'armée française veut bloquer les viets, les empêcher d'aller vers le Laos. C'est comme si on voulait bloquer la mer avec un filet de pêche, les Viets sont partout, passent partout.
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Plus que le manque, c'est la morgue, le sourire hideux de ces bien-portants bien achalandés et fournis au marché noir- quand ils ne trafiquaient pas eux-mêmes - qui me faisaient mal.
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