Le vaisseau des morts, c'est une quasi épave des mers qui fait de la contrebande d'armes et de l'escroquerie à l'assurance.
Les morts, ce sont les quasi esclaves qui triment au fond de la cale et à la chaudière, dans des conditions infernales ; des parias, des évadés, des déserteurs, des criminels en fuite ou des sans papiers, qui sont de fait des morts sociaux, qui ne peuvent quitter leur géhenne flottante.
Certains meurent à bord et sont jetés par dessus bord sans autre forme de procès.
Si la description du travail et des blessures quotidiennes peut paraitre exagérée, on appréciera un roman d'aventures en mer hors du commun.
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Loin de ce que j'imaginais ce récit était très intéressant. Pas de vrais fantômes mais des marins et de vieux bateaux! Vraiment sympa car on y voit le quotidien des marins de pont qui n'est pas toujours très sympa.
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Un livre que j'ai découvert plus ou mois au hasard sur l'étagère de mon père. Un livre plein d'ironie, m'ayant fait rire aux larmes au début, puis monter la moutarde au nez (et pourtant on rit encore) . C'est une dénonciation de l'exploitation de l'homme par l'homme et de sa cruauté.
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B. Traven est un auteur largement trop peu lu et trop peu connu en France en regard de la notoriété (justifiée) dont il jouit dans d'autres pays. Je pense notamment à la jeunesse. J'aurais pour ma part adoré rencontrer cet auteur à l'âge du lycée ou de la fac.
Son style percutant, sarcastique, caustique, drôle, vindicatif, anarchiste et férocement anti-capitaliste m'aurait immanquablement séduite. le mystère de son identité également.
Peut-être est-ce un poncif de le répéter mais B. Traven est un pseudonyme. L'identité exacte et fiable de son véritable détenteur est encore sujette à controverses. Sans entrer dans les détails de ses nombreuses identités d'emprunt et de sa vie mexicaine, que vous pourrez trouver ailleurs en farfouillant, j'aurais tendance à opter pour l'hypothèse Otto Freige, né en 1882 en actuelle Pologne, alors terre allemande plutôt que Ret Marut né en 1890 à Chicago de parents suédois. Pour au moins deux raisons.
La première, c'est que dans le Vaisseau Des Morts, des chapitres 36 à 40, il s'étend longuement sur le cas d'un Allemand né dans un territoire désormais polonais et qui, n'ayant pas fait les procédures de reconnaissance, se retrouve rejeté tant par l'Allemagne que par la Pologne.
La deuxième raison, qui vaut ce qu'elle vaut, c'est qu'on possède des photos de lui prises en 1923 par la police anglaise au cours de quelque démêlé obscur dont seul Scotland Yard doit encore garder la trace. Or, sur ces photographies face/profil, l'auteur semble plus âgé de 41 ans (naissance en 1882) que de 33 (naissance en 1890).
Autre argument, et pas des moindres, l'auteur écrit en Allemand. Qu'est-ce qu'un Américain né de parents suédois irait faire à écrire de la littérature en Allemand ? Je vous le demande.
Bref, dans le Vaisseau Des Morts, B. Traven dénonce tout à la fois l'esclavage moderne des sans-papiers, les trafics d'armes fait au vu et au su de tous mais pour lesquels les gouvernements ferment les yeux, la bureaucratie et la tyrannie des états modernes, l'avidité du capitalisme et les magouilles diverses (auprès des assurances notamment), les reconduites à la frontières clandestines effectuées de nuit par chaque pays qui se refourguent les indésirables.
Ce qui se dégage de tout cela, c'est le sort fait à l'Homme, le déni de l'humain, de l'individu lambda, minuscule pion d'un rouage dont il ne perçoit ni les mécanismes ni la finalité, écrasé qu'il est dans sa tâche quotidienne pour assurer sa survie financière et matérielle.
C'est un écrit fort, qui m'évoque, dans sa partie centrale, lorsqu'il traite des conditions de vie des soutiers à l'intérieur de la Yorikke, un cargo fantôme (c'est-à-dire enregistré nulle part et qui donc, officiellement, n'existe pas), animé uniquement par des sans-papiers, qui ont probablement tous quelque chose à se faire pardonner mais qui n'en restent pas moins des hommes, et qui pourtant jouissent de conditions de vie pires que celles de bien des bagnes de par le monde et qui, s'ils leur arrive de mourir brûlés, tabassés, malades ou autre n'ont d'autre sépulture que la mer infinie par-dessus le bordage dont ils sont prestement balancés ; un écrit, dis-je, qui m'évoque certaines des plus belles pages de Si C'Est Un Homme de Primo Levi ou encore le fameux documentaire d'Hubert Sauper, le Cauchemar de Darwin ou même, sans erreur possible, l'horreur et la dureté du plus terrible d'Émile Zola.
Un texte toujours servi sous le ton de l'humour et de l'ironie, mais ça n'en est pas moins fort. Traven met également l'accent sur la lucidité de tout ce personnel de bord, qui sait parfaitement qu'il n'est bon qu'à être sacrifié au Dieu Profit ou au Dieu Papiers-En-Règles.
Je ne peux pas dire que j'ai absolument adoré, mais c'est un bouquin puissant que je ne suis pas près d'oublier et que je vous conseille donc très volontiers, sachant que tout ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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