L'héritage Belton (1866) s'inscrit dans la même lignée que
Miss Mackenzie (1865), en ce sens qu'il s'agit d'un roman profondément féministe dans lequel Trollope, à travers le portrait tout en finesse d'une jeune femme aux idées bien arrêtées qui se retrouve fort dépourvue à la mort de son châtelain de père, ne cache pas tout le mal qu'il pense du sort peu enviable réservé à la gent féminine dans l'Angleterre du 19e siècle (absence de droits, soumission aux hommes et dépendance permanente, relégation de celles qui contreviennent aux bonnes moeurs, etc.). le thème n'est certes pas nouveau.
Jane Austen avant Trollope ou
George Eliot et
Charlotte Brontë à peu près à la même époque en traitent également dans différents registres. Plus rares cependant sont les écrivains de sexe mâle qui ont abordé la question de l'indépendance des femmes et de leur droit à choisir librement leur destin avec la même fougue que les dames susmentionnées. En cela,
Anthony Trollope compte assurément parmi les précurseurs. Précurseur, il l'est même d'autant plus que, 150 ans plus tard, il est encore des hommes qui n'ont toujours pas son ouverture d'esprit, son sens de la justice ou sa bienveillance. Ce thème de la place des femmes se retrouve de manière plus ou moins marquée dans tous les romans de l'auteur mais, dans L'héritage Belton (comme précédemment dans
Miss Mackenzie), il en est l'élément central.
Si la plume de Trollope est ici nettement moins satirique que dans les romans dans lesquels il brocarde allègrement le clergé, le monde de la politique ou les milieux de la finance, l'humour n'en reste cependant pas moins omniprésent.
Très chaudement recommandé aux amateurs de
Jane Austen qui, ayant tout lu de la dame, serait en manque de sa verve particulière. Ou, bien qu'avec Trollope nous soyons dans un registre très différent, à tous ceux qui ont aimé
Loin de la foule déchaînée de
Thomas Hardy, ils y trouveront quelques similitudes.