A sa mort en 1910,
Mark Twain laisse plusieurs textes inachevés derrière lui. Deux convergent vers le troisième, dont ils sont en quelque sorte les brouillons, mais tous seront plus ou moins publiés, mélangés, expurgés. censurés, adaptés. Ce n'est qu'en 1969 que les Presses Universitaires de Californie éditent enfin N°44, tel que Twain l'avait au bout du compte conçu. Cette édition Tristram en est la traduction française - à ne pas confondre avec
L'étranger mystérieux publié en 2012 par Albin Michel jeunesse, qui ressemble plutôt à une des éditions mélangées antérieures.
Derrière cette histoire un brin confuse est un texte fort étrange, déroutant tant par la forme que par le fond. L'étrangeté y naît petit à petit, d'un début somme toutes assez classique où vient s'introduire un élément intrigant. Mais loin de lever le voile sur le mystère, la suite ne fait que l'épaissir, bousculant tous les codes, tous les repères - spatio-temporels, romanesques, moraux, intellectuels, logiques... Lecteur et narrateur finissent par se retrouver plongés dans un maelström vertigineux, non dénué d'humour et follement fantasque, qui manque un peu de cohérence pense-t-on un moment, mais dont l'éparpillement finit par trouver sa justification, à la toute fin. Libératrice et foudroyante.
Si l'ensemble de l'histoire m'a plu sans totalement m'enthousiasmer, l'audace de l'ensemble est séduisante et j'apprécie particulièrement ce final, dont le nihilisme délicieux offre des ailes splendides à l'imagination.
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