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C'est par le truchement d'une photo que Laura Ulonati fait la connaissance des deux soeurs Stephen. On les voit jouer au cricket « simplement deux filles d'il y a presque cent trente ans. L'une en avait alors douze, l'autre quinze. » L'aînée restera dans l'ombre de l'autre qui deviendra célèbre sous le nom de Virginia Woolf. Pourtant, Vanessa Bell avait tout pour devenir une peintre célèbre mais sa renommée sera de courte durée avant de sombrer dans l'oubli. Sa destinée artistique suit celle de sa vie qui se dilue, se perd au contact de Virginia, cette soeur trop présente et d'une grande possessivité.
Avec une enfance piétinée par les abus sexuels subis par leurs demi-frères, elles resteront toujours très proches, même si la rancoeur, la jalousie parsèmeront leur relation. Dans une époque corsetée par les moeurs austères marquées par l'hypocrisie de la bourgeoisie Victorienne, les deux soeurs sauront s'inventer une vie indépendante et, au-delà de leurs mariages respectifs, vivront une sexualité très libre.
Virginia la passionnée, l'insolente, se jettera à corps perdu dans l'écriture, des tragédies qui seront l'autre face de sa folie, ses dépressions et ses insatisfactions. Possessive et excessive en tout, ses relations avec sa soeur seront assombries par la rivalité et la jalousie.
L'autrice a fait le choix de donner la parole à Vanessa, l'absente, la discrète qui tente de s'affranchir de l'amour possessif et destructeur de Virginia en se réalisant dans la peinture et la maternité. C'est un travail d'équilibriste que Laura Ulonati maitrise parfaitement en racontant le destin des deux soeurs empêtrées dans leurs sentiments contradictoires et c'est à travers les pensées intimes et l'oeuvre picturale de Vanessa que l'on découvre Virginia.

« Je voulais que ma victoire sur elle soit totale. Ma soeur adorée. Je ne l'aimais plus car, en elle, je m'étais trop reconnue. Je lui opposais la défense absolue de mon regard, moi qui étais assez téméraire pour ne pas voir la force de mon orgueil, de sa possession maligne. »

Roman magistral, envoûtant, mêlant biographie et romanesque avec aisance. L'écriture troublante et sensuelle de Laura Ulonati vogue entre passé et présent pour nous révéler une biographie romanesque exaltée et tumultueuse qui nous bouscule et nous bouleverse.

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Laura Ulonati signe avec « Double V » publié chez Actes Sud un roman proprement fascinant d'une écriture poétique et charnelle mais aussi âpre, rugueuse, sans compromission quand il s'agit de nous confier, tantôt comme un murmure soufflé au creux d'une oreille ou bien au contraire comme le cri de rage, de colère de deux soeurs : Virginia Woolf et Vanessa Bell. Il y a ce qui est écrit et ce qui se lit entre les lignes, un mélange de pudeur et d'effronterie, une histoire tragique concomitante d'un talent exceptionnel pour l'écriture de la cadette Virginia et d'une reconnaissance en pointillée pour Vanessa, la soeur aînée. Deux enfants marquées très tôt par la violence sexuelle de leurs deux ignobles demi-frères. Une tragédie qui hantera Virginia, qui accentuera sa sensibilité exacerbée, son mal-être, la dépression, les tentatives de suicide entrecoupées de séjour dans des asiles qui n'avaient de « psychiatrique » que le nom. Virginia est celle qui dira non et vivra sa bisexualité de façon libre et provocante aux yeux des bonnes consciences britanniques du premier tiers du XXème siècle. Une autrice exceptionnelle, une intellectuelle qui, dès la prime adolescence, dame le pion aux pédants et prétentieux savants des salons de la bonne société dont fait partie la famille Stephen. L'écriture est son bréviaire, son exutoire, le lieu où ses voix prennent une forme concrète débouchant sur des romans où la tragédie pointe toujours. L'écriture comme le prolongement de soi-même, une béquille pour soutenir, un manteau pour se réchauffer le coeur et les mains. Virginia et Vanessa, deux trajectoires intellectuelles et artistiques, deux caractères, deux visions mais une relation unique faite de braise et de souffre mais aussi de douces caresses et confidences, d'élan du coeur. Virginia Woolf connu un succès littéraire exceptionnel, une oeuvre d'une modernité incroyable faite de combats féministes précurseurs, d'une vie sexuelle librement vécue, d'une bisexualité assumée en femme libre qu'elle était. Les relations entre Vanessa, l'ainée et sa cadette Virginia vont évoluer avec le temps. Vanessa souffre d'être l'éternelle absente, celle qu'on oublie, celle qui doit demeurer dans l'ombre du succès fulgurant des romans de Virginia. Un roman sur les relations intra familiales, la jalousie, la rancoeur mais aussi l'amour et la tendresse. La rivière où s'écoule nos vies est rarement calme mais furieuse, en colère, tumultueuse et prête à l'insoumission dans une période de l'histoire britannique où le quand dira t'on et la bonne conscience, la bien-pensance, le patriarcat et la religion font offices de cloche recouvrant les aspirations émancipatrices des femmes. L'écriture sublime de Laura Ulonati se rapproche d'une autrice que j'apprécie beaucoup : Carole Martinez. Un roman poignant, envoûtant, c'est un des grands textes à découvrir en cette rentrée littéraire 2023 ! J'ai rarement lu un roman aussi puissamment évocateur, avec un souffle romanesque étourdissant.
Lien : https://thedude524.com/2023/..
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Virginia Woolf, oui, elle est célèbre. J'ai déjà lu quelques ouvrages qui, de près ou de loin évoquaient sa vie. Mais sa soeur, Vanessa Bell, qui est-elle ? A part son nom, je ne connais rien d'elle.
Parmi les livres proposés par Babelio, lors de son opération Masse critique, je repère celui de Laura Ulonati. Ce qui m'a tout d'abord attirée, c'est la photo de couverture. Elle me semble assez mystérieuse avec ces deux adolescentes très chic de la fin XIXe siècle, en train de jouer au cricket. A l'avant-plan, c'est l'aînée, Vanessa, très concentrée sur sa batte. Mais la balle, c'est Virginia qui la tient. N'est-ce pas la métaphore de leur vie ? Virginia attirera à elle toute l'attention. Vanessa restera dans l'ombre.
Le roman de Laura Ulonati retrace, de façon très particulière l'univers des deux soeurs et leur relation très compliquée d'amour-haine.
Leurs parents sont deux veufs et ils ont déjà chacun des enfants de leur première union. Ensemble, Julia et Leslie Stephen auront encore deux filles et deux fils.
Je ne peux pas dire que Leslie Stephen soit un père très sympathique, vu son attitude odieuse avec sa première fille, attardée mentale, puis, avec celle de Julia après la mort de son épouse. Les garçons seuls sont considérés comme importants. Ils pourront faire des études. Vanessa et Virginia n'auront qu'à se débrouiller comme elles le pourront.
L'auteure adopte un style très particulier. Tantôt narratrice extérieure, tantôt intérieure, son « Je » est ambigu. Elle fait en sorte que le lecteur ne sache pas très bien quand elle parle au nom de Vanessa et quand il s'agit d'elle-même. Je ne la connais pas, mais j'imagine qu'elle a (au moins) une soeur et que leur relation est également compliquée. Souvent, elle s'identifie à Vanessa. Celle-ci se montre tantôt protectrice, tantôt jalouse, tantôt pleine d'amour et d'admiration, tantôt excédée et en colère (on la voit effacer les visages des portraits de sa soeur qu'elle a peints.)
Ce qui frappe dans ce roman, c'est d'abord l'écriture, pleine de finesse et de délicatesse. L'auteure use d'images très justes et originales. Elle excelle dans l'évocation des écrits de Virginia et des tableaux de Vanessa. Comme je ne les connaissais pas, je les ai cherchés sur le Net, et, pour la plupart, ils m'ont beaucoup plu.
Le livre est rempli d'implicite, ce qui complique la tâche du lecteur et lui demande un effort. Très souvent, Laura Ulonati fait allusion à des épisodes qui ne sont pas expliqués précisément. Il faut donc les imaginer. de cette manière, je pense, elle traduit les habitudes de l'époque, qui veut que l'on taise certaines choses, même (surtout) si elles sont graves. Il faudra donc lire entre les lignes les rapports malsains des fils aînés de Julia avec leurs demi-soeurs ou de Leslie avec sa belle-fille.
De même l'amour sans espoir que voue Vanessa au jeune peintre Duncan, qui lui préfère « Bunny » ou les regrets de Virginia :  « Sur le pont de la carence, c'est là que nous nous rejoignons ; celui du déni de nos corps par deux hommes. »
C'est un livre très exigeant, mais intéressant que je ne regrette pas d'avoir lu.
Aussi j'exprime ici toute ma reconnaissance à Babelio qui m'a permis de le gagner et aux éditions Actes sud qui me l'ont envoyé, accompagné d'un petit message très aimable qui m'a fait bien plaisir.
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"Je ne vois plus qu'une nécessité, raconter Vanessa et Virginia."

Vanessa. Virginia. le double V de ce titre.
L'une peint, l'autre écrit. L'une connaitra d'abord le succès puis sa soeur, plus tard, l'éclipsera.

Ce roman, car c'est un roman et non une biographie, est centrée sur Vanessa, la peintre, la soeur ainée, sur sa difficulté à se faire et à conserver une place auprès de Virginia Woolf qui va connaitre un succès grandissant.
C'est cette ambivalence amour/haine qui est au coeur du roman, cette rivalité féminine qui débute dans l'enfance, quand deux soeurs se disputent l'attention d'un père.

Laura Ulonati met en perspective sa propre histoire et ce bruit de fond fait résonner l'histoire de Vanessa et Virginia. On passe de Vanessa à Laura sans que l'intensité ne se perde. Les portraits de femmes, de soeurs, se confondent puis se définissent à nouveau.

Pour avoir moi aussi des soeurs, et des filles, je me suis souvent retrouvée dans ces sentiments ambigus, dans ce duel quasi-inévitable, ce besoin de se déterminer par rapport à l'autre.
La langue est riche, le texte est intense, et ce roman m'a beaucoup émue.

C'était ma première lecture de l'année, j'espère qu'elle augure bien des suivantes.
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Commençons par le positif: je n'ai heureusement pas déboursé les 20€ que coûte ce petit livre puisque j'ai pu l'emprunter à ma bibliothèque...à laquelle je l'ai rendu très vite. D'après la responsable, c'est d'ailleurs exactement ce qui se passe chaque fois que quelqu'un emprunte ce livre dont on ne lui fait pas l'éloge, loin s'en faut. Comme les autres lecteurs qui m'ont précédé, je lui ai donné mes impressions que je partage avec vous. J'ai été attirée par la photo de couverture et intriguée par la 4ème de couv' mais après...quelle déception! J'ai lâché prise bien avant la fin, engluée par ce style qui se veut emprunté et supérieur. C'est long, très long, beaucoup trop long avec des descriptions à n'en plus finir et l'auteur semble bien s'écouter écrire, si j'ose dire... L'ensemble est ampoulé et prétentieux sans pour autant être abouti.
Je suis sûre d'une chose: ne plus jamais lire un écrit de Laura Ulonati !
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Le double V, c'est Vanessa Bell et Virginia Woolf.
Double portrait, deux existences et deux soeurs qui à l'aube des années 1900 jusqu'au début de la seconde guerre mondiale vont rejoindre
le cercle anglais "Bloomsbury", un groupe où tous les arts sont représentés.
L'ainée Vanessa est peintre et la plus jeune Virginia écrivaine en devenir.
Nous sommes au tournant de XXème siècle.
Les femmes artistes tentent de se faire une place dans la culture dominée par les hommes.
Les deux soeurs sont issues d'une famille de la haute société londonienne.
Un double décès va bouleverser leurs existences, la mère meurt en 1895 et le père en 1904.

De cette sororité omniprésente, l'autrice L.Ulonati évoque des mots, des émotions qui construisent ce récit.
C'est un sujet qui traverse le temps et les générations, la proximité et la difficulté d'être soeurs.
Des secrets, des non-dits, un pacte inévitable entre deux femmes de la même famille.

On connaît le déroulé et la trajectoire de ces deux V.
La cadette Virginia va se plonger dans une eau froide, disparaître et éclipser
son aînée Vanessa.
C'est un roman, pas une biographie.
Profonde réflexion au sein d'une fratrie.
Dans l'ère victorienne, deux soeurs presque siamoise ambitionnent un art
d'émancipation.

Dans ce contexte existe des rivalités, des jalousies et des liens tendus.
Vanessa, déjà reconnue pour sa peinture réaliste et abstraite devra laisser sa place à sa soeur Virginia qui va connaître un succès grandissant par son style littéraire.

L.Ulonati y met sa touche personnelle, celle de sa propre intimité de soeur ainée.
Curiosité incontournable.
Très belle écriture.
Lisez-le et allez voir les peintures de Vanessa Bell.


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Le sujet était tentant : la jeunesse de soeurs dont l'une deviendra Virginia WOOLF, et l'autre peintre Vanessa BELL.

J'ai eu du mal dès les premières pages à cause du style ampoulé à souhait, et l'irruption de mot du langage commun au milieu de certaines phrases qui fait tâche.

Force m'est de constaté que ce roman ne dit rien, il est juste verbeux car je m'y suis perdue dès le départ : qui sont les demi frères et soeurs, parfois l'autrice parle d'elle-même en plein milieu….

J'ai trouvé ce roman brouillon et quelque peu auto-centré. Je l'ai donc abandonné.
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Ce livre m'est tombé des mains. J'étais ravie qu'une auteure mette au premier plan la soeur d'une écrivaine à l'ombre gigantesque : Vanessa Bell. Cette peintre et architecte d'intérieur, peu connue outre-manche, faisait partie, à l'instar de sa soeur, du groupe Bloomsbury que j'ai découvert en visitant, il y a de nombreuses années, Charleston House.
Toutefois le genre de ce livre oscillant entre la biographie et l'autobiographie ainsi que l'écriture très singulière, entre la poésie et la prose m'ont beaucoup déconcertée jusqu'à me faire perdre l'envie de continuer ma lecture.
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Très honnêtement, si ce livre n'avait pas été aussi court, je l'aurais clairement abandonné au bout de 40 ou 50 pages... J'ai eu énormément de mal avec la manière choisie par l'autrice pour retracer la vie de Vanessa Bell et Virginia Woolf, que ce soit dans l'alternance entre une langue et des tournures de phrases très (trop ?) élaborées et des mots hyper vulgaires qui tombent comme un cheveu sur la soupe, un passage pas toujours très clair d'un point de vue à un autre, d'une narration à la première personne à celle à la troisième personne... Bref, j'ai trouvé ce roman vraiment pas facile à aborder et à comprendre.

C'est vraiment dommage car il y a (à ma connaissance) peu de romans disponibles en français sur le groupe Bloomsbury et sur Vanessa Bell en particulier et je trouvais très intéressant ce choix de Laura Ulonati de proposer au lecteur un roman biographique sur Vanessa Bell qui s'attache principalement à sa relation avec sa soeur, Virginia Woolf.
Ayant visité Charleston (la demeure de Vanessa Bell et Duncan Grant), j'ai adoré les mentions qui y sont faites ici, mais aussi en apprendre plus sur cette femme, sa relation à son art, aux hommes, à sa soeur... Également la façon dont elle a surmonté (ou pas...) les traumatismes vécus dans son enfance et comment cela a influencé sa vie d'adulte.
La manière dont l'autrice présente la relation entre les deux soeurs, mélange d'amour et de haine, de solidarité et de rivalité, est tout autant intéressante et donne envie de poursuivre la lecture par d'autres romans ou essais sur Virginia Woolf et Vanessa Bell pour en apprendre plus.

Une demie déception donc pour un roman qui me conforte cependant dans mon envie de continuer à découvrir la vie et l'oeuvre de Vanessa Bell.
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Deux soeurs. Deux personnalités. Deux destins bien différents.
De façon romancée, Laura Ulonati explore au sein de ce livre les multiples facettes de la relation entre soeurs et plus précisément, celle qui unissait Vanessa et Virginia Stephen, dans le courant du 19ème siècle. Ces noms ne vous disent rien ? Pourtant, l'une devint rapidement une figure importante de la société anglaise, se démarquant par son comportement, ses opinions et ses écrits, aujourd'hui reconnus partout à travers le monde. L'autre, pour sa part, malgré une carrière prolifique en tant que peintre et des débuts prometteurs, tomba peu à peu dans l'oubli et surtout, dans l'ombre de sa cadette.
Leur relation, tantôt explosive, tantôt fusionnelle, tantôt étouffante, fut à la hauteur de leur renommée ; Vanessa Bell et Virginia Woolf, à la fois mystérieuses et inspirantes, semblent ici prendre vie sous la plume de l'autrice, afin de nous faire découvrir de nouvelles facettes de leur existence. Avec une certaine forme de poésie, l'autrice nous embarque ainsi dans un récit de l'ordre de l'intime, de la sororité et surtout, de l'amour, sans jamais manquer de justesse ni de douceur. A dévorer, littéralement.
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