La Révolution nationale

Ancien anarchiste converti au royalisme, Valois appartient au courant social de l'Action française. En 1925, il fondera le Faisceau, premier mouvement fasciste français.

Dans ce livre, écrit cinq mois après sa défaite aux législatives de mai 1924, il présente le programme politique d'une « Révolution nationale » qui vise à « détruire l'État bourgeois, libéral, parlementaire » et corrompu, « l'esprit mercantile et juridique » de la bourgeoisie, qu'incarnent les anciens présidents de la République Poincaré et Millerand, et de « le remplacer par un État national, ayant à sa tête un Chef ».

Cette Révolution nationale a pour point de départ le 2 août 1914 – jour de la mobilisation générale – et il s'agit pour Valois de la poursuivre en accordant aux défenseurs du pays la première place.
Six ans après la fin de la Première Guerre mondiale, il se fait le porte-parole des anciens combattant trahis par les bourgeois qui ont pris le pouvoir à la tête de l'Etat et font passer leurs affaires avant celles du pays.
Pour lui, la paix ne peut être fondée sur les échanges si la sécurité des frontières n'est pas assurée. Conditionné par la géopolitique de son époque, ce n'est pas du sud qu'il voit la menace migratoire mais « des peuples du Nord ». Et même s'il donne trop d'importance à la géographie et pas assez à l'économie et à l'esprit de revanche, l'avenir lui donne raison car – faisant sienne la locution latine « si tu veux la paix, prépare la guerre » – il alerte avec seize ans d'avance contre l'invasion de 1940. C'est même pour n'avoir pas écouté ses thèses – qui sont en fait celles du régime de Vichy dont l'idéologie a justement pour nom officiel la Révolution nationale – que les dirigeants français ont rendu possible cette invasion.

Le souverainiste intransigeant de l'auteur reflète la position éminente de la France dans l'entre-deux guerres, au lendemain de la revanche qui a lavé l'humiliation de 1870. Une France dont l'Empire est à son apogée en 1920 et qui peut encore afficher sa puissance, notamment avec les expositions internationales de 1925, 1931 et 1937. La position de Paris comme capitale mondiale des arts ne sera contestée qu'à partir de 1945, par New York.
Mais il méconnaît plusieurs réalités de son temps comme la dépression démographique de l'Europe et la volonté de revanche de l'Allemagne. Encore défendables en 1924, ses positions seront intenables à l'approche de la Deuxième Guerre mondiale.

A presque un siècle de distance, certaines formules sonnent étonnamment comme des discours d'aujourd'hui. A la veille de la guerre, « il était entendu que nous étions un peuple fini, qui ne pouvait plus vivre que dans le souvenir de sa grandeur passée, et qui, par surcroît, était bavard ». (…) « Nous avons à libérer la France et l'Europe du gouvernement des banquiers ».
Et en étant malicieux, on peut même déceler certaines proximités entre Mélenchon et Valois : véhémence du discours, lutte contre les inégalités, contre la place prise par la bourgeoisie, le patronat et la banque, défense de la prééminence de l'Etat, voire culte du chef. Leurs différences essentielles et inconciliables étant le cosmopolitisme et le parlementarisme.