Eh ben voilà ! C'est gagné ! Vous me direz, il fallait s'y attendre. Avec tout ce que
Van Hamme leur fait subir, Thorgal et Aaricia n'ont plus qu'une envie. Aller au bout du monde, là où il n'y a pas d'homme pour s'y installer et y être heureux. Et nous alors ? Ils y ont pensé à nous, pauvres lecteurs ? Que va-t-on devenir ?
Maintenant, avec ce que ce 6ème album leur réserve, on les comprend. Des luttes à mort et querelles fratricides pour un même trésor, un même trône, un château royal en haut des rochers. Ok, la vue de là-haut est imprenable mais la flotte de 40 drakkars amassée pour le prendre bien menaçante...
Une fois encore le scénario de van Hamme est un feu d'artifice de suspense et d'action et regorge de personnages au caractère aussi trempé que l'acier - même Aaricia s'y met et retrouve l'esprit viking à l'approche de la flotte de Jorund - et aussi haut en couleurs que le château perché sur son éperon rocheux. Sa plume distille des dialogues au cordeau et son imagination plante des décors évocateurs et puissants.
Une fois encore
Rosinski se régale avec toute cette matière. Sa mise en scène varie les plans avec des angles de vue impressionnants, du plus près de l'action au plus panoramique. C'est magnifique. Son dessin joue la carte d'un réalisme à la fois poussé et poétique, très pictural, pour les décors - on pourra s'amuser à comparer ses miroirs d'Archimède à ceux d'Alix dans l'Ile Maudite - et les costumes. Et d'une forte caractérisation aussi pour les corps et les visages saisis dans la force, la sensualité ou la brutalité de leur expression. C'est à juste titre et justement, saisissant.
J'interromps cette critique un instant excusez-moi. On me souffle une heureuse et inattendue nouvelle dans l'oreillette. Thorgal et Aaricia reviendraient sur leur décision. La Chute de Brek Zarith qui clôt, et de quelle manière, le cycle entamé avec La Galère Noire, ne serait pas le dernier album de la série. L'enfant des étoiles, sa femme et le petit Jolan - il y a eu un heureux événement chez les Aegirrson - accepteraient de rependre du service et renonceraient à leur exil calme et solitaire pour de nouvelles aventures.
Par Odin, qu'est-ce-que c'est bien ! Et que le lecteur est heureux !