Méchant garçon de
Jack Vance
Tr. de l'anglais (américain) par
Jacqueline Lenclud
Nouvelle Éditions Oswald, 1984
Ronald est un jeune américain de dix-sept ans qui vit seul avec sa mère. Celle-ci le surprotège sans lui inculquer le respect de l'autre si bien qu'il n'a guère de succès auprès des adolescents de son âge.
Alors qu'il s'est rendu chez Helen, pour qui il a le béguin, sans qu'elle-même ou ses amis, occupés à s'amuser dans la piscine, ne prêtent attention à lui, il se venge sur le chemin du retour en violant et tuant la petite Carol qui n'a que onze ans. Il l'enterre aussitôt à côté de la cabane à outils de sa maison familiale mais, dans l'urgence, oublie son blouson tout neuf qui va faire remonter la police jusqu'à lui.
Or, entretemps, il a tout raconté à sa mère qui imagine de lui aménager une cache dans leur maison en dissimulant, derrière une plaque de placoplâtre, la porte qui ouvre sur la salle de bains du rez-de-chaussée située sous le grand escalier. Ils réalisent ces travaux pendant la nuit et aménagent la pièce en découpant un portillon au fond de l'étagère la plus basse du garde-manger pour permettre à sa mère de le nourrir pendant le temps qu'il restera reclus, en attendant qu'ils puissent s'enfuir tous les deux à l'étranger.
Tout se passe à merveille jusqu'à ce que la mère meure. La maison est vendue à une famille dont les trois filles sont plus charmantes les unes que les autres. Avant qu'ils emménagent, Ronald a bricolé divers postes d'observation qui lui permettent de les espionner depuis son repaire. Il ne tarde pas à bouillonner de concupiscence devant les charmes des jeunes filles et ne pense plus qu'au moyen de les attraper et de jouir d'elles.
On connait bien le
Jack Vance, auteur de science-fiction (Le cycle de Tchaï, le cycle de Lyonnesse, la Geste des Prince-démons…). Une intégrale de ses nouvelles a d'ailleurs été réunie par
Pierre-Paul Durastanti et publiée en mars 2019 chez le Bélial.
On connaît beaucoup moins sa facette auteur de polars, d'autant plus que
Méchant garçon (Bad Ronald, 1973) est le seul d'entre eux qui ait été traduit en français. Il a obtenu le prix Mystère de la critique en 1980, a été adapté à la télévision américaine en 1974 et au cinéma en 1992 par Charles Gassot (film français).
Même s'il paraît peu vraisemblable, d'un point de vue pratique, qu'une telle promiscuité ait pu durer aussi longtemps sans poser quelque problème ni être repérée d'une manière ou d'une autre, tout l'intérêt de ce roman tient au fait que le lecteur est dans la cache du criminel, dans sa tête même, et voit évoluer le mental d'un adolescent à priori comme les autres, de ses premières pulsions sexuelles à une déviance psychopathique aggravée par l'enfermement. CB
Chronique parue dans Gandahar 28 en juin 2021
Lien :
https://www.gandahar.net