David Vann compte parmi les auteurs qui m'ont réellement remué les tripes dans ma carrière de lectrice. Il y a d'abord eu
Sukkwan Island lu en 2010, puis
Désolations lu en 2012, puis
Impurs en 2013. Il y a aussi eu
Goat Mountain en 2015 et
Dernier jour sur terre en 2014, sur lesquels je n'ai pas pu rédiger quoi que ce soit.
David Vann est un écrivain à part, que j'ai pu croisé au Festival
Etonnants Voyageurs à St Malo en 2013. Il présentait une conférence sur la genèse de son oeuvre intrinsèquement liée à son enfance. L'écrivain avait une bouille d'enfant rieur en contradiction totale avec les névroses et angoisses qui transpirent dans ses romans et nouvelles. J'en suis ressortie fascinée. Et je le suis encore.
Le Bleu au-delà est un recueil de nouvelles publié par Gallmeister. Certaines de ces nouvelles sont inédites, d'autres accompagnaient la nouvelle
Sukkwan Island dans le recueil
Legend of a suicide publié aux Etats-Unis.
On y retrouve donc en filigrane tous les thèmes présents dans le dérangeant
Sukkwan Island et les romans suivants : père dépressif, suicide, famille dysfonctionnelle, relations difficiles père/fils, importance des armes à feu, amour pour la chasse et aquariums !
Dans chaque nouvelle, on lit les bourgeons de ce qu'on a lu ensuite dans cette litanie de romans plus épouvantables les uns que les autres. Comme une gigantesque machine à remonter le temps dans les traumatismes d'un enfant.
Les mots sont rudes, violents et tranchants. La mort s'immisce partout, dans le moindre interstice entre deux virgules. Extrait de la courte nouvelle Rapport d'incident au département du shérif : « La porte se ferme, puis elle entend un bruit de craquement à l'autre bout de la ligne. Pour s'expliquer le son, Rhoda imagine le saucier ne métal, celui en aluminium avec un pied rond comme un pot de plante, qui heurte la table de jeu verte dans la cuisine de
Jim. Puis elle entend des cliquetis dans le fond, comme si toutes les grenailles d'un fusil – car elle pense à présent qu'il s'agit d'un fusil – ricochaient contre le mur et tintaient peut-être même sur les parois du saucier en aluminium. Plus d'une décennie après, quand elle apprendrait que c'était un pistolet et non un fusil, elle penserait que le bruit devait être celui des morceaux de crâne gouttant sur la table. » (p. 98)
Vous n'avez jamais lu
David Vann ?
le Bleu au-delà peut être une bonne entrée en matière, à pas feutrés. Vous avez déja plongé dans les abysses tourmentés de l'auteur ? lisez ce recueil. Il est comme un retour aux sources et à l'essentiel…
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