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Citations sur La maison du commandant (35)

Tu l'aimes , toi,cette société où les arrogants et les malhonnêtes dirigent les gens bien? Où les pires gouvernent les meilleurs? Où la méchanceté est toujours victorieuse? Tu l'aimes ce monde où tout s'achète?
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Le bateau tanguait en descendant le courant et s’approchait régulièrement des berges dans l’espoir de tomber sur celui de Biancani.
– S’ils sont malins, ils sont allés côté lombard, raisonna Nocio. Foutre le fleuve au milieu est toujours un avantage.
– Pas dit, rétorqua le commissaire. Si tu sais où tu vas, tu ne fais pas ce genre de calculs.
– Tu penses qu’ils le savaient ?
– J’en ai bien peur.
En pénétrant la vaste anse de Casalmaggiore, le canot tapotait légèrement sur les rides de l’eau. Dorénavant, plus un seul village ne s’offrirait aux berges avant le bourg de Viadana.
– On ne pourra pas aller plus loin que Boretto, signala Nocio en regardant le ciel où la lumière du jour baissait à toute allure, recouverte par des bancs de brouillard. Ça devient sombre, c’est dangereux, y a trop de traffic, conclut-il en jetant un œil à ce qui était entraîné vers l’aval.
Ils croisèrent peu après une grosse embarcation, et Nocio ralentit afin de se décaler d’une dizaine de mètres. L’autre bateau les salua d’un coup de corne et, quelques secondes plus tard, une grosse vague les remua et fit dévier le canot.
– Pourquoi que t’as atterri ici, commissaire ? demanda brusquement Nocio.
– On m’a chargé d’une enquête. Tu es au courant de ces étrangers qui pêchent le silure ?
L’ami haussa les épaules.
– Je me disais aussi. Personne ne vient jamais là par hasard. Ceux qui y sont nés, oui… mais les autres ont toujours une bonne raison.
– Je n’en ai pas toujours eu, protesta Soneri.
– Tu venais pour manger. Chez Bruno, au Stendhal.
– Il y en a qui viennent manger et qui ne vont même pas sur la digue…
– C’est vrai. Ce n’était pas ton cas… Disons que tu es un demi-amant.
La lumière continuait de baisser, et Soneri se sentait de plus en plus mal à l’aise dans cet endroit qui paraissait en dehors de tout recensement.
– On est où ? questionna-t-il.
– Entre Viadana et Boretto, répondit Nocio. En face de Brescello.
– Laissons tomber, marmonna le commissaire. Ils nous ont semés.
– Ils avaient de l’avance, reconnut son ami. De toute façon, faut pas tarder, il va bientôt faire noir, on ne pourra plus naviguer. Je sens que Biancani va devoir aller chercher son bateau en Polésine.
– Tu crois qu’ils sont allés si loin ?
– Non, mais ils vont le laisser où ils peuvent, et avec la crue, le courant l’entraînera là-bas.
Nocio commença sa manœuvre pour faire demi-tour en amorçant un grand virage afin de couper à travers le courant. Il s’approcha de la berge lombarde et vira aussitôt vers le mitan du fleuve. Dès qu’ils furent à plat, il monta le régime moteur et le bateau se cabra légèrement, mais il fallut virer encore pour éviter un tronc. À présent, les épaves voyageaient deux fois plus vite que tout à l’heure et déboulaient comme des silures. On se serait cru sur l’autoroute à contresens. L’obscurité croissante, le danger qui venait à leur rencontre ainsi que le sentiment de solitude dans l’extraterritorialité du fleuve rendaient le commissaire nerveux.
– J’ai peur qu’on ait fait une connerie, siffla-t-il en s’adressant plus à lui-même qu’à son ami.
Il s’attendait à ce que Nocio le démentisse, mais celui-ci scrutait le courant sans prononcer un mot. Au bout d’un petit moment, il finit par lâcher :
– Si on en a fait une, va falloir s’en tirer.
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-Tu l'aimes, toi, cette société où les arrogants et les malhonnêtes dirigent les gens bien ? Où les pires gouvernent les meilleurs ? Où la méchanceté est toujours victorieuse ? Tu l'aimes, ce monde où tout s'achète ? La justice, la respectabilité, le droit d'être aux commandes ?
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-Le dimanche, ils regardent tous le foot comme des abrutis. Le monde marche sur la tête, ça me tape sur le système. Si quelqu'un crève sur un échafaudage, tout le monde s'en fout, par contre, ils s'excitent tous devant quatre imbéciles qui se prennent des millions en courant derrière un ballon.
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Le noir, le brouillard, le sentiment d'inachevé des jours de fête et le départ de sa compagne le chargèrent d'une pointe d'angoisse. On ne retenait jamais rien, et le bonheur ne se montrait qu'après qu'il avait disparu, laissant chacun à d'innombrables petits regrets.
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Puis il s’achemina tout seul dans le brouillard, et dans le noir qui fait peur
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Soneri ne répondit pas. Concentré sur la détonation du projectile de liège, il imaginait la fumée de la bouteille avant qu'elle ne vomisse son écume et son vin, tel le sang d'une blessure. Tout était là, dans cette image: celui qui tire, celui qui tombe, le bourreau, la victime, le vainqueur, le vaincu.
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Si nous prenions acte de ce que nous sommes, c'est-à-dire rien, nous cesserions de faire autant de clabaudage et de donner de l'importance à ce qui n'en a pas.
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- Parce que j'accepte le monde au lieu d'enrager s'il ne marche pas comme je voudrais. Qu'est-ce que vous voulez y faire s'il pleut et que l'eau monte ? Les gens ne se rendent pas compte que leurs désirs sont infantiles. Ils voudraient du beau temps et de l'eau en cascade, de la neige sans se les geler, et pas trop chaud l'été... Ce ne sont pas des enfantillages ?
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La télévision continuait de balancer ses messages grotesques: cheveux gras, pellicules, intestins paresseux, chats manquant d'appétit, sopalin super absorbant, vitamines pour seniors, pastilles contre la toux... Et puis des seins, des culs, des cuisses, un écureuil qui pète...
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