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EAN : 9782491221010
240 pages
Kontr éditions (10/09/2020)
4.12/5   4 notes
Résumé :
Mikasa est un pauvre corniaud vivant dans les rues d’Arkanya, bourgade imaginaire située à l’Est d’un pays non nommé. Rejeté par sa mère alors qu’il n’était qu’un chiot, il trouve refuge auprès d’une bande de chiens marginaux et tombe amoureux de la belle Melsa, mascotte du parti de ces « gens de l’Est » qui mènent contre l’État une drôle de guerre sur le point de basculer dans l’horreur. Kidnappé, au moment où il allait s’unir à son amante, par un tortionnaire de l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Est de la Turquie pour les turcs ou Kurdistan turc pour les kurdes, années 90. Mikasa est un jeune chien des rues qui lutte avec ses acolytes de misère pour sa survie allant même jusqu'à vivre au sommet d'une décharge après en avoir chassé une autre meute de chiens. Ses amis canins se fichent de lui car il n'a jamais eu de petite amie ni de rapport sexuel et pour cause il attend de trouver la bonne, celle à qui il se donnera enfin tout entier. Ce jour arrive devant les locaux du PKK local, où la mascotte des lieux Melsa lui fait chavirer le coeur. de jour en jour ils se rapprochent jusqu'au moment fatal de l'enlèvement de Mikasa qui sera embrigadé par l'armée turque et formé à la détection de mine. Il ne vivra plus que de mauvaises choses, entre maltraitance et dépression, séparé de l'amour de sa vie. Une vie de misère très bien retranscrite par la plume de l'auteur et dont les chapitres alternent entre le petit-fils de Mikasa qui narre l'histoire de son grand-père après son arrivée au refuge avec deux pattes en moins et Mikasa qui narre l'histoire de sa vie aux autres chiens du refuge.

L'écriture est très belle, très poétique et l'on comprend très vite que l'histoire de Mikasa pourrait être l'histoire de n'importe quel humain ayant vécu les affrontements entre armée turque et rebelles kurdes. La dénonciation de la répression du peuple kurde est là dans ces pages, très subtilement mais tout de même présente. Clairement Mikasa m'a touché, tant il est amoureux fou à lier, combattant et courageux. Il a une force inimaginable pour survivre à cette guerre et se renforcer.

Beau travail que font les editions Kontr de nous faire découvrir la littérature turque et kurde traduites en français ! Merci !
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Je ferme les yeux. Je vois du noir, je vois du gris. Les couleurs sont ternes. J'ouvre les yeux. Je vois des ombres, au loin, dans un brouillard épais. Je devine les bottes, les uniformes, les militaires, les armes, les chars, les véhicules blindés. Je vois de la boue. Partout. C'est sale. Je ferme les yeux. Je sens les odeurs. Je me bouche le nez. Je ferme les yeux, plus fortement encore. J'entends la pluie. Et puis, plus rien. Silence. Ce n'est pas le silence qui adoucit, réconforte et apaise. Non. Ce silence-là est lourd, pesant, angoissant, menaçant. Il alerte, inquiète. Il affole, fait trembler, paniquer. Alors j'ouvre les yeux. Et je vois . Je vois le Kurdistan, la sale guerre que la Turquie y a menée. Sous le regard d'un chien qui témoigne et raconte, je vois tout ce que j'ai déjà lu et entendu. C'est glauque, affligeant, désolant car la terre est aride, sèche, pleine de cadavres et de sangs. Il n'y a pas de vie en elle, pas de couleurs, pas de fleurs, pas de bonheur. Seulement l'horreur de la terreur.


Ce roman est un coup de coeur absolu car il décrit un monde dévasté avec gravité et solennité. Il arrête le temps, le fige dans le passé. Les scènes défilent lentement. Et le lecteur, assis dans le box des témoins, enfermé dans le refuge des chiens, est obligé. Il ne peut plus se défiler. Il doit voir, regarder, observer, écouter ce qu'il s'est passé il y a maintenant plusieurs années. Son regard ne peut plus se dérober. le roman est, à cet effet, redoutable. En observant le monde sous l'oeil avisé d'un chien, le lecteur est comme pris au piège d'un temps, d'un statut. C'est réussit. Complètement. Absolument.


Kemal Varol raconte la guerre et ses misères avec une distance et un recul qui, au départ, interrogent. Je me suis demandée, en effet. Pourquoi, diantre, les auteurs kurdes, quand ils écrivent la guerre menée par la Turquie au Kurdistan, se réfugient derrière mille procédés pour ne pas raconter précisément les événements ? Pourquoi le conflit n'est-il jamais clairement évoqué? 


Le grand public ne connaît pas forcément la raison d'être du conflit qui oppose les autorités turques aux Kurdes alors pourquoi la littérature, dans ses oeuvres, est-elle si timorée? Pourquoi cache-t-elle, se cache-t-elle et de qui plus précisément se cache-t-elle ? Dans son roman, Kemal Varol imagine une ville qui n'existe pas (il faut imaginer une ville du Kurdistan), parle d'un conflit entre les gens de l'Ouest et l'Est (Turquie/Kurdistan), évoque un mouvement rebelle sans le nommer (PKK), écrit un drapeau tricolore sans jamais poser ses couleurs (rouge, jaune et vert) et se cache derrière un chien pour raconter une période d'horreurs et de terreurs. Pourquoi ? Pourquoi ne pose-t-il pas clairement les mots ? Pourquoi ne les confronte-t-il pas au monde ? Pourquoi les cache-t-il ? Pour éviter la censure ou, plus dangereux encore, pour échapper à la condamnation et la prison en Turquie? Sans doute. Pour se tenir à distance d'un conflit et ne pas être taxé de « militantisme » ? Peut-être. L'auteur a ses raisons et sans doute faut-il les interroger pour comprendre la spécificité de la littérature kurde en Turquie. Mais reste qu'en contournant la réalité, en esquivant les mots interdits en Turquie, Kemal Varol emprunte, par choix ou contrainte, des voies cachées, des passages inattendus qui se révèlent, au final, plus sûres et efficaces, plus riches et intéressants pour nous lecteurs avides du monde sensible.

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Ce livre retrace l'histoire de Mikasa, abandonné par sa mère et amoureux de Melsa.
Cette histoire est racontée par son petit-fils, entrecoupé du témoignage de sa vie par Mikasa lui-même.
Sauf que voilà, Mikasa est un chien, très humain certes, puisqu'il aime le cinéma, porte un regard critique sur les hommes et vit avec une bande de potes.
Il y a juste un souci de taille, le pays où il vit est en guerre, et du coup il devient démineur contre son gré !
Si je n'avais pas lu le 4ème de couverture, je n'aurais pas forcément associé cette histoire au Kurdistan turc.
Et du coup cela éclaire le propos de l'auteur.
Cela n'enlève rien à ce livre qui se dévore, je n'ai pas pu le lâcher après l'avoir ouvert.
C'est émouvant, drôle, poignant souvent, on vibre au travers des émotions de Misaka, et pour ceux qui ont eu des chiens, on visualise forcément celles-ci grâce à la très belle écriture de Kemal Varol.
Lecture que je recommande fortement, car c'est un témoignage des faits qui se sont déroulés loin des yeux de l'occident, raconté de façon magnifique.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Quant à moi, je m'accroupissais en bord de route, les observais et riais, la langue pendante sous la chaleur de l'été.
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Mes souvenirs, répondit mon grand-père, ce sont mes souvenirs. Car on ne pleure jamais de larmes, ce sont toujours des souvenirs !
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D'ailleurs, en pleine guerre, personne ne se demande ce qu'est la réalité.
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