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Ruya Marcou (Traducteur)
EAN : 9782347002091
240 pages
Michalon Editions (06/10/2022)
4.2/5   5 notes
Résumé :
2010. Après trois années en France, Janfida Bataman, une juge irakienne d'origine kurde, retrouve son pays laissé exsangue après l'intervention armée des États-Unis. Aussitôt enlevée par le parti Baas, qui projette secrètement de reprendre le pouvoir par les armes, elle est contrainte de fabriquer des bombes dans les sous-sols de la ville de Duhok.

C'est dans ce monde souterrain oublié de tous qu'elle fera la rencontre de Sari, Sharo, Anny et tant d'a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
2010 Après trois années en France, Janfidan Batamamn, juge irakienne d'origine kurde retrouve son pays laissé exsangue après l'intervention armée des USA.

Aussitôt enlevée par le parti Baas, qui projette secrètement de reprendre le pouvoir par les armes, elle est contrainte de fabriquer des bombes dans les sous-sols de la ville de Duhok.

C'est dans ce monde souterrain oublié de tous qu'elle fera la rencontre de Sari, Sharo, Anny et tant d'autres filles, soeurs et mères de ces hommes partis combattre aux côtés de Saddam Hussein, pour certaines abattues en prison ou vendues comme esclaves sexuelles.

Jean Awara dépeint le Kurdistan irakien à travers le destin de ces femmes oubliées et invisibles. Un récit dense et étoffé, bouleversant nécessaire et parfois difficilement insoutenable.

Un roman foisonnant qu'il nous faut lire. Pour elles. Pour toutes celles qui se battent et souffrent dans tous les coins de la planète.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Je savais en entrant dans ce roman que le voyage serait particulièrement éprouvant mais je ne mesurais pas à quel point. L'autrice y fait résonner la voix des femmes irakiennes oubliées avec toute leurs souffrances. Si j'ai été éblouie par la construction narrative et l'intelligence du propos, « Nous avons traversé l'enfer » demeure un livre particulièrement difficile car traitant de sévices physiques et sexuels effroyables.

Janfida Bataman, juge irakienne d'origine kurde, revient de France où elle a fui pendant plusieurs années. Elle retourne en Irak pour recueillir la parole des femmes oubliées, pour tenter d'écrire ce que l'on n'entend pas. Elle est enlevée dès son arrivée par le partie Baas qui tente de reprendre par les armes le pouvoir sur un pays détruits. Dans les souterrains de l'organisation, elle rencontre des femmes de son pays et écoute leur traversée de l'enfer. Chacune porte dans sa chair les sévices infligés et aucun camp n'a les mains blanche. Sur les terres maudites d'Irak, les bourreaux ne semblent avoir aucune limite.

Au fil de ses déplacements dans les souterrains, Janfida entend la voix de plusieurs femmes issues de camps différents. Elle mesure l'incommensurable souffrance infligée aux femmes de tout bord. Elle est amenée à faire évoluer son jugement, à comprendre la complexité des rapports des forces. Au coeur du roman, se dessine l'enfer de la prison d'Abou Ghraib, l'horreur absolue commise par des soldats américains. Les témoignages des différentes femmes se répondent et se mêlent dans une construction narrative très habile. Jamais le lecteur ne se perd dans les récits enchâssés des femmes violentées. Au milieu d'elle de rares mais saisissantes voix masculines s'élèvent.

Au coeur de l'enfer, nous croisons les pires monstres, des hommes qui semblent n'avoir plus aucune once d'humanité. L'autrice raconte les tortures et les viols avec beaucoup de détails, offrant sa voix à celles qui ne peuvent plus l'élever. Elle se propose de témoigner de l'horreur vécue par les femmes d'Irak, d'offrir un espace où leur calvaire oublié puisse être raconté. La lecture est très souvent éprouvante, on avance dans le récit le coeur au bord de lèvre mais l'entreprise de l'autrice est tellement honnête et nécessaire qu'elle sonne toujours juste. En faisant dialoguer les différents camps, on pointant la complexité des influences politiques et la violence partagée des deux côtés, elle dresse un portrait terrifiant d'un pays à l'agonie. Dans le marasme des souffrances, celles du peuple kurde semblent plus terribles encore.

« Nous avons traversé l'enfer » regorge de qualités littéraires, notamment dans sa construction, mais n'est pas à mettre entre toutes les mains. C'est une plongée éprouvante dans l'enfer des femmes irakiennes, dans la souffrance la plus abyssale. Bravo aux éditions Michalon de publier un tel texte et de donner un écho en France aux voix kurdes, littérature bien trop absente chez nous.
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« Tu t'occupais du dossier des droits des femmes. Tu pensais que, tant que les femmes n'étaient pas en sécurité, il n'y aurait pas de société. Mais tu as échoué. Les représentants ont trempé leurs mains dans tes affaires. Tu faisais condamner les criminels, mais l'Etat les faisait extrader dans d'autres pays. »

Nous avons traversé l'enfer, Jwan Awara @editions_michalon

Un livre percutant et puissant dont on ne sort pas indemne 🔥

L'histoire de la juge kurde Janfida Bataman Waysi qui voulait rétablir la justice dans son pays, l'Irak!

« Tu as toujours essayé d'être toi-même, et non comme ton père. Tu n'as jamais voulu profiter de sa renommée. Tu pensais que si celui-ci avait un lien avec le malheur dans lequel se trouvait le Kurdistan, alors tu devais user de toute ta force pour sortir ce pays de ses difficultés. »

Cette femme qui s'est retrouvée enfermée dans les sous-sols de Duhok avec des femmes kurdes, emprisonnées, violentées, maltraitées, violées par leurs bourreaux…

« Celles qui ont traversé l'enfer, c'était nous et non vous. C'était nous, les filles, femmes, mères, soeurs de ces hommes, ces maris et ces frères qui se battaient au côté de Saddam Hussein. Ces femmes solitaires abattues dans les prisons sous terre à cause des batards infidèles irakiens qui nous ont vendues. Ces femmes solitaires subites anéanties par des chiites. Nous étions vingt-six jeunes femmes de tout âge, de quatorze à soixante ans, et de toutes sortes: de la simple citoyenne à l'épouse d'un conquérant. »

Revenue de l'enfer, échappée de sa prison, Janfida décide de raconter ces femmes, leur histoire, les sévices qu'elles ont subis tant des Irakiens que des Américains…

« Tu n'avais pas le choix. Tu voulais avertir la société française de tout ce qui se passe au Kurdistan. Il fallait que tu ailles à l'ONU, afin de faire comprendre le droit des hommes. Voilà le chemin que tu avais planifié. »

La guerre n'est jamais du côté des femmes, des vaincues, qui paient toujours un lourd tribut au conflit, aux conquérants, quels qu'ils soient!

Ce livre m'a tout simplement bouleversée! Les sévices que ces femmes ont endurés sont tout à la fois innommables et inhumains!

Et pourtant c'est un livre qu'il faut lire pour ne pas qu'elles tombent dans l'oubli, pour que leur histoire soit connue largement, pour que leur message atteignent par-delà les frontières, leurs soeurs, les femmes, toutes les femmes… mais pas qu'elles! 🔥

Un roman fort dont la puissance lyrique repose entre autre sur le fait que l'autrice s'adresse à la juge en personne!

Puissant et bouleversant 🔥

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J'avais commencé ce livre un peu avant Noël et j'ai préféré le reposer tant cette lecture m'affectait. Une fois repris, je l'ai lu d'une traite et j'en suis ressortie vidée presque tremblante tant l'immersion au coeur de l'horreur est harassante. Comme le titre l'indique,  nous sommes plongés en enfer et, rien ne nous est épargné, violences physiques, mentales et sexuelles. La lecture en est donc éprouvante et certains passages m'ont fait mal au ventre. Aux côtés de ces femmes, nous sommes spectateurs de leurs souffrances dans leur chair, dans leur corps, et dans leurs valeur. Aucun respect n'existe, elles sont victimes d'un déferlement de haine et d'humiliation. le texte est écrit à la deuxième personne du singulier, la narratrice s'adressant à la juge en retraçant son histoire, ce qui rend le récit dense et puissant. Au delà de la description de cette violence  inouïe qui nous met au pied du mur, j'ai aimé l'approche de l'autrice pour nous montrer les différentes versions que peuvent avoir une même histoire, tout est question de point de vue. C'est aussi pour ça que j'aime lire découvrir le monde tel qu'il est. Ce roman est un cri du coeur, un vibrant hommage à toutes ces femmes qui résonne comme une urgence à découvrir leur histoire et à ne pas oublier.
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De Souleimaniye à Erbil, en passant par Bakouba, Jwan Awara fait battre les flancs du Kurdistan iranien en parlant d'une poignée de femmes oubliées, sans aucun droit et lâchées par tous les regards amis. Un récit qui décrit l'horreur loin des caméras et des micros des télévisions, à des lieues de tout ce qu'on imagine. L'option de la narration multiple offre un prisme de la violence au quotidien et du sort des filles, des épouses et des soeurs dans une région du monde où le bonheur a été confisqué par la rage des hommes, la folie des gouvernants et un régime dictatorial inhumain.
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critiques presse (1)
LeSoir
22 décembre 2022
« Nous avons traversé l’enfer », disent Janfida, Sari, Sharo, Anny, prisonnières dans les souterrains de la guerre au Kurdistan et en Irak. Jwan Awara raconte leurs histoires avec cœur et poésie.
Lire la critique sur le site : LeSoir

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