Fernand Oury , instituteur aussi connu sous le nom d'« ours des casernes », accueille Aïda Vasques, une jeune psychologue venezuéliennne, dans sa classe et lui demande d'observer Patrice, 12 ans. Fiché caractériel et débile, il est épanoui et gai dans la classe de Oury. Oury demande à Vasques : « Que se passe-t-il ? ».
Aïda Vasques, après avoir constaté qu'il est gai et qu'il agit avec les autres, suggère que c'est un processus d'identification (rendu possible par l'organisation de la classe et la structuration de l'espace et du temps) qui a permis à Patrice de faire ce qu'il a fait. Oury y avait pensé. le dialogue commence, le livre suit.
Rompant avec le modèle de l'École traditionnelle et du Maître surpuissant qui remplit ces chères petite têtes blondes (et creuses), la pédagogie institutionnelle a pour but de « construire » la classe par l'établissement d'institutions établies par le groupe classe composé d'élèves considérés comme des individus (voire de sujets). Fortement nourrie des théories psychanalytiques (l'enfant possède un inconscient) et des travaux de Henri Wallon (mais aussi des expériences de l'Éducation nouvelle notamment de Freinet), elle fait de la vie sociale de la classe le moteur de l'éducation. Par des mécanismes d'identifications rendus possibles par l'organisation du lieu (et l'atmosphère, le climat qui y est associé par les élèves), les élèves s'engagent dans les apprentissages librement.
Un livre important qui, au-delà de la méthode, donne à réfléchir sur ce qu'est une "institution" mais aussi, en creux, sur l'importance de penser la place du "maître". Quand l'ours des cavernes dit à la jeune psychologue "ne me faites pas le coup du charisme", on est forcé de se demander : "la méthode Oury sans Oury, ça marche ?". le livre invite à penser que oui. À nous de le vérifier.