Je suis enfin parvenu à me procurer
La mort vivante d'
Olivier Vatine, adaptation du roman éponyme de
Stefan Wul.
Malgré ses 70 pages, cette bd se lit vite, beaucoup trop vite. Et ce sera là le seul défaut que je lui relèverai.
Elle se lit trop vite pour plusieurs raisons.
La principale étant son fort potentiel addictif dû à son ambiance toute particulière; ambiance réalisée et rendu à la fois par le texte que par les graphismes. C'est simple, je n'ai pu décrocher avant la dernière page. Et même après avoir refermé cette bd, je suis resté la bouche et les yeux remplis de relents de satisfaction et cette espèce de sentiment qui ressemble à un mélange de frustration mêlé d'aboutissement. En effet j'ai eu l'impression que toute l'oeuvre de
Stefan Wul tenait dans cette seule Mort Vivante mais j'y reviendrai...
L'autre raison tient à la fois du récit et des graphismes, qui se répondent et se complètent parfaitement. les graphismes sont d'une qualité telle qu'ils racontent à eux seuls l'histoire. Ils sont calqués sur la progression du récit, et ce que ne dit pas le texte, le dessin nous le dit.
Il y a en effet une nette évolution dans les dessins. Si au début, les personnages sont plutôt lumineux avec des traits clairs, tout comme les décors, le tout sombre vite dans le noir à l'image du ton du texte. le point de chute se situe quelque part dans le chapitre 4 ( le récit est divisé en 5 chapitres), juste avant le dernier qui s'intitule L'éveil de monstre.
Les références à Frankenstein sont palpables. Cette histoire commence par la douleur d'une mère qui perd son enfant et qui veut tout faire pour la retrouver. Elle commence d'abord par garder son corps intact avant d'embaucher un savant pour la faire renaître. D'emblée, ne serait ce que par le titre de cette oeuvre, et par le postulat de départ, on sent bien qu'on va assister à une tragédie, et que malgré le bon vouloir de cette femme, tout comme celui du savant qui met tout son savoir à son service pour cette noble tâche, cela ne finira pas bien. le récit entier "respire" la mort, que ce soit dans les décors, l'ambiance, les lieux ( un vieux château isolé perché au sommet d'une montagne inaccessible), les personnages mêmes. La maman fait preuve d'une telle telle froideur et d'une tel détachement face à ce qui est présenté comme un événement heureux, le savant est comme mort après qu'on lui eût retiré sa bourse d'étude et ses crédits, et confisqué son matériel, le cyborg fait de métal, et dont la mémoire défaillante fait seule le lien avec l'histoire de la terre et rappelant le contexte dans lequel se déroule cette histoire ( les fans de
Stefan Wul reconnaîtront des formes présentes dans un autre roman)
À l'image du récit qui progresse inexorablement vers la mort, les graphismes nous plongent également dans le noir ( les décors de plus en plus sombres ne sont alors que le miroir de l'âme humaine dans ce qu'elle est de plus obscur), nous emmenant petit à petit vers un climax final qui donne la chair de poule, et qui en révèle long sur la nature humaine. le monstre n'est alors pas forcément celui que l'on croyait....