Pour cause de recherches prohibées, Joachim voit son laboratoire mis sous séquestre par l'institut de Vénus. Des recherches qui intéressent une jeune femme, Martha. Elle « invite » Joachim à la rejoindre sur l'ancienne Terre. Là, elle lui formule une demande surprenante : Faire revenir à la vie sa fille, Lise.
C'est en 1958 que paraît au Fleuve noir
La mort vivante de
Stefan Wul. Si le roman démontre les limites de la science à ne pas franchir, l'ambiance elle, s'inspire du fantastique : Château immense, valet muet, expériences interdites, le mariage des deux genres est une réussite. 60 ans après,
Olivier Vatine et Alfredo
Varanda et
Isabelle Rabarot s'emparent du roman.
Quand on connait l'oeuvre d'
Olivier Vatine, on est surpris de le retrouver sur un scénario de fantastique. Nous avons tort. Tout en respectant le cahier des charges de la collection Anticipation, il remet au goût du jour un récit au tempo lent, pesant. Si un roman peut être lent, son adaptation graphique doit savoir coller texte et images. Un tempo trop lent peut nuire à la lecture.
Olivier Vatine va faire de cet écueil son allié. En quelques lignes, il montre le lieu, les personnages, les événements. Son découpage chapitré permet de prendre un temps pour chaque partie, jusqu'au grand final, comme une pièce de théâtre ou une oeuvre symphonique. Ce découpage se retrouve dans la partie du storyboard. A plusieurs reprises, un plan d'ensemble nous renseigne sur le lieu, pendant que des fenêtres incrustées montrent les émotions des personnages ou un action particulière. Une technique qui permet de saisir l'ensemble de l'action tout en faisait avancer les événements. Simple et efficace !
L'approche des personnages est tout aussi intéressante. Là où Stephan Wul rendait Martha, froide inateignable.
Olivier Vatine la montre plus humaine.Même si elle dirige un empire financier, elle ressent des émotions. Quand il est question de sa fille, son instinct de « maman » refait surface et les barrières émotionnelles tombent. Joachim était le narrateur et le personnage passif du roman. En le rajeunissant, Joachim devient un personnage actif, curieux et quelquefois naïf de la finalité du projet scientifique. Celui que les lecteurs vont adorer, c'est Ugo. Stephan WUl le décrivait ainsi : » Un être de cauchemar… Un homme très maigre, au crâne entièrement chauve. La commissure des lèvres était couturée de cicatrices. Mais le plus horrible dans ce visage était l'absence de nez et d'oreilles.. ». Pour
Olivier Vatine, cet homme devient un cyborg. Comment ne pas penser au roman Frankestein ou la prométhée moderne de
Mary Shelley, dont on célèbre en 2018, les 200 ans de parution ? Une ambiance gothique, des personnages qui s'habillent comme au XIXe siècle, alors que nous sommes dans une oeuvre de science-fiction… C'est une très jolie référence.
Le travail d'
Alberto Varanda a toujours été surprenant. Sculture, sketchbook, peintures… L'homme est un artiste. Mais avec
La mort vivante,
Alberto Varanda a-t-il réalisé une bande dessinée ? On peut se le demander vu le rendu des planches. Oui, nous parlons encore de planches de bandes dessinées, mais chaque case pourrait être une toile, et ce, dès la couverture (peinte par ailleurs). L'album a été story-boardé par
Olivier Vatine. Un trait vif, rapide, pour souligner les actions.
Alberto Varanda va reprendre chaque trait et le façonner à sa façon. On a l'impression de parcourir un ensemble de lithographies. On ressent la lourdeur des vêtements, des rideaux, les formes humaines ou animales sont soulignées. Comme pour le scénario,
Alberto Varanda charger le graphisme de cette ambiance XIXe, gothique. le résultat est sensuel. Les lignés croisées, parallèles forment un dessin, une émotion. Chaque case est unique et on comprend pourquoi
Alberto Varanda « a pris » son temps. A ce niveau de précision, peut-on encore parler de bande dessinée ? On se le demande…
Si
Olivier Vatine fait la couleur, il s'entoure de spécialistes. Coloriste,
Isabelle Rabarot à une bibliographie impressionnante ! le dernier loup d'Oz, Aquablue, Carmen Mc Callum ou Star Wars, pour ne citer que ceux là. Pour les deux coloristes, comment passer après le travail d'
Alberto Varanda ? Ils vont mettre en avant les traits de l'artiste, coloriser le fond. On pourrait penser que c'est simple, vu le résultat magnifique, mais ce travail va permettre de soutenir les ambiances, de révéler certains détails ou de souligner ce qu'on avait pas vu. Un travail artisanal impressionnant !
Quand on ferme à regret
La mort vivante, on s'aperçoit que le trio d'auteurs y est pour quelque chose. La fusion des trois talents fait de ce livre l'un des événements de la rentrée littéraire 2018. Pour un premier livre dans la collection Comix Buro,
La mort vivante est une réussite ! Maintenant, les lecteurs vont hésiter entre la version luxe (90 pages) et la version normale. Pourquoi pas les deux ?
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