Tout d'abord, j'ai adoré la façon d'écrire de
Sarah Vaughan : une plume très imagère et descriptive. Elle dépeint à merveille les magnifiques paysages des Cornouailles et en fait une grande force du roman à la manière de
Thomas Hardy (un auteur qu'elle admire, par ailleurs, énormément). On est ainsi les témoins de la nature sauvage des Cornouailles (tour à tour chaleureuse, poétique ou sinistre) et des brusques changements climatiques qui rythment la vie des habitants.
L'environnement devient un calque de l'état d'esprit des protagonistes, si bien que les Cornouailles et la ferme, elle-même, deviennent des personnages à part entière de ce livre : un trait d'union entre les époques.
En effet, nous sommes alternativement plongés dans deux périodes historiques différentes par le biais de sauts chronologiques.
D'une part dans les années 39-45, la second guerre mondiale accompagnée de ses bombardements, ses exils et ses enfants londoniens envoyés dans les Cornouailles pour survivre.
D'autre part, dans le présent où nous suivons l'évolution de Lucie, jeune trentenaire issue de la troisième génération des habitants de la ferme, subissant une mauvaise passe sur le plan sentimental et professionnel.
Ces allers retours entre les époques m'ont interpellés et j'ai aimé suivre certains des personnages en tant qu'enfants ou jeunes adultes dans les années 40 et en tant que seniors, chefs de famille dans le présent.
Chacun d'entre eux porte de lourds secrets familiaux qui ne demandent, bien sûr, qu'à être révélés, peu important les conséquences. le roman est d'ailleurs axé sur ces secrets et non sur la seconde guerre mondiale !
Beaucoup des personnages sont des femmes, avec un sacré caractère.
Le rôle et la perception des femmes dans la société sont des sujets au coeur du roman. Ce sont des thématiques qui importent beaucoup à
Sarah Vaughan : le regard posé sur les femmes et les attentes qui pèsent sur elles comme autant de fardeaux différents en fonction des périodes de l'Histoire.
Aucun des éléments de ce livre n'est cliché ou attendu. Je pensais même que l'histoire prendrait un autre tournant ou que certains axes seraient davantage exploités. Mais l'auteure marque son roman de beaucoup de réalisme et d'une pointe de «on verra bien» appréciable.
«
La ferme du bout du monde » est, selon moi, à la croisée des chemins entre «
Un goût de cannelle et d'espoir » de
Sarah McCoy (dont je vous parlais ici) et «
Les brumes de Riverton » de
Kate Morton (dont je vous parlais ici) qui furent, tous les deux, des coups de coeur littéraire.
Si vous aimez les romans historiques, bourrés d'émotions et traitant de problématiques de société, vous ne pourrez qu'aimer ce roman !
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