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EAN : 9781507775936
74 pages
CreateSpace Independent Publishing Platform (29/01/2015)
4.1/5   5 notes
Résumé :
Emile Verhaeren (1855-1916). Homme du XIXe siècle, il est l'un des initiateurs du monde moderne. Poète de l'avenir industriel, il en dénonce d'emblée l'avers sombre et cruel. Pessimiste - "Dites-moi, serai-je seul dedans mon âme..." -, il s'enivre de la démesure de l'univers. Il y cherche la place de l'homme et les chances d'un bonheur possible. Les titres de ses livres stigmatisent l'aube du siècle nouveau : Les Campagnes hallucinées (1893) ; Les Villes tentaculair... >Voir plus
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LE BANQUIER
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Sur une table chargée, où les liasses abondent,
Serré dans un fauteuil étroit, morne et branlant,
Il griffonne menu, au long d’un papier blanc ;
Mais sa pensée elle est, là-bas, au bout du monde.

Le Cap, Java, Ceylan vivent devant ses yeux
Et l’océan d’Asie, où ses mille navires
À l’Est, à l’Ouest, au Sud, au Nord, cinglent et virent
Et, les voiles au clair, rentrent en des ports bleus.

Et les gares qu’il édifie et les rails rouges
Qu’il tord en ses forges et qu’il destine au loin
À des pays d’ébène et d’ambre et de benjoin,
À des déserts, où seul encor le soleil bouge ;

Et ses sources de naphte et ses mines de fer
Et le tumulte fou de ses banques sonores
Qui grise, enfièvre, exalte, hallucine, dévore
Et dont le bruit s’épand au delà de la mer ;

Et les peuples dont les sénats sont ses garants ;
Et ceux dont il pourrait briser les lois futiles,
Si la débâcle ou la révolte étaient utiles,
À la marche sans fin de ses projets errants ;
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Je ne puis voir la mer sans rêver de voyages.

Le soir se fait, un soir ami du paysage,
Où les bateaux, sur le sable du port,
En attendant le flux prochain, dorment encor.

Oh ce premier sursaut de leurs quilles cabrées,
Au fouet soudain des montantes marées !

"Le voyage" (Extrait)
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Un matin


Extrait 1

Dès le matin, par mes grand'routes coutumières
    Qui traversent champs et vergers,
    Je suis parti clair et léger,
Le corps enveloppé de vent et de lumière.

Je vais, je ne sais où. Je vais, je suis heureux ;
    C'est fête et joie en ma poitrine :
    Que m'importent droits et doctrines,
Le caillou sonne et luit, sous mes talons poudreux ;

Je marche avec l'orgueil d'aimer l'air et la terre
    Et d’être immense et d'être fou
    Et de mêler le monde et tout
À cet enivrement de vie élémentaire.

p.151
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La folie


Extrait 3

Or aujourd'hui c'est la réalité
Secrète encor, mais néanmoins enclose
Au cours perpétuel et rythmique des choses,
Qu'on veut, avec ténacité,
Saisir, pour ordonner la vie et sa beauté,
Selon les causes.

L'homme se lève enfin pour ce devoir tardif,
Venu pour éclipser les feux de tous les autres ;
Il s'affirme non plus le roi, le preux, l'apôtre,
Mais le savant têtu, ardent et maladif
Qui se brûle les nerfs à saisir, au passage,
Toute énigme qui luit et fuit ‒ moment d'éclair.
Doutes, certitudes, labeurs, fouilles, voyages,
La terre entière est sonore de son pas clair
Et la nuit attentive écoute arder ses veilles ;
Avec des yeux géants, il explore la treille
Des globes d’ombre et d’or pendus au firmament.
Les soirs sont flamboyants de hauts laboratoires
Qu’il allume, pareil aux feux des promontoires.

p.105
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La folie


Extrait 4

La vie ? Il étudie en de simples ferments ;
Couche après couche, il a fouillé les sols funèbres
Il a sondé le fond des mers et des ténèbres,
Il a rebâti tout, avec un tel souci
D’en bien fixer l’assise et les combles et les mortaises,
Qu’il n’est plus rien, sous les grands toits de ses synthèses,
Qu’il ne soit soutenu et ne soutienne aussi.

Et le tresseau universel des énergies
Règle ce travail neuf, de ses forces surgies,
Aux quatre coins du monde – et la terre et les cieux
Et ceux qui trafiquent au nom de l’or et ceux
Qui ravagent au nom du sang, tous collaborent,
Avec leur haine ou leur amour, au but sacré.
De chaque heure du siècle un prodige s’essore
Et vous les provoquez, chercheurs ! Tout est serré,
Mailles de vie ou de matière entre vos doigts subtils ;
Les miracles humains illuminent les villes
Et l’inconnu serait dompté et le savoir,
A larges pas géants, aurait rejoint l’espoir,
Si vos cerveaux battus de vent de la conquête
N’ usaient à trop penser vos maigres corps d’ascètes
Et si vos nerfs tendus toujours et toujours las,
Un jour, telles des cordes, n’éclataient pas.

p.106
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