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3,08

sur 787 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Après Punk Rock Jésus de Sean Murphy, dans lequel on clonait le prophète pour les besoins d'une émission de téléréalité, Il est de retour de Timur Vermes (à la magnifique couverture et au prix très symbolique de 19,33 euros!) ressuscite Adolf Hitler.
Le chancelier se réveille un matin d'août 2011 dans son bel uniforme souillé qui dégage une forte odeur de benzène et erre hagard dans Berlin à la recherche de sa garde rapprochée. Il est rapidement repéré par une équipe de télévision de seconde zone et engagé pour interpréter "son propre rôle" dans un show poubelle. L'appareil médiatique se met en branle, puis s'emballe, et celui qui avait tout de Charlot le vagabond est en passe de redevenir le Dictateur.
L'une des réussites du roman réside dans le traitement du voyage dans le temps et son cortège de découvertes, liées aux nouvelles technologies, aux modes de consommation, ou à l'immigration turque. A l'instar du Persan, Hitler d'abord incrédule, s'enthousiasme devant l'usage qu'il aurait pu faire de "Ioutioube", de la télévision ou de la téléphonie mobile. le talent de Vermes est de ne pas oublier que pour l'ex-chancelier, qui se trouvait la veille dans son bunker, 1945, c'était hier. Par conséquent, obnubilé par son Reich de mille ans, Hitler rattache chaque découverte (les réseaux sociaux, rêve de tous les dictateurs!) ou chaque réflexion à ce qu'il pourrait en faire au service de la grande Allemagne. L'avortement l'horrifie: "Ce genre de génocide, cette atteinte au sang allemand, était évidemment inacceptable- n'importe quel crétin voyait bien qu'en prenant cinquante pour cent de ce chiffre, le nombre de garçons ainsi perdus, on arrivait facilement à trois divisions, peut-être quatre."
Ce qu'il pense de ses anciens collaborateurs, Goering, Heydrich ("J'ai connu une fois un Reinhard(...)Il habitait à Prague, une très belle ville (...) C'était quelqu'un de vraiment très sympathique"), ou des hommes politiques actuels (Merkel, Poutine...) est hilarant.
On finit rapidement par se demander si Vermes, ne risque pas de faire d'Hitler un bouffon pathétique et fragile, avec ses obsessions et sa manière de ne douter de rien. L'exercice est périlleux, mais comme le souligne l'un des personnages "Vous êtes un drôle d'oiseau (...) Faites attention, un jour quelqu'un vous prendra au sérieux!" La confrontation entre Hitler et Holger Hapfel, l'"actuel" secrétaire fédéral du Parti national-démocrate allemand lève toute ambiguïté.
Grâce à un habile jeu d'équilibriste entre la farce et le rire grinçant, Timur Vermes pointe le doigt sur l'amnésie collective, la fragilité des institutions démocratiques, le pouvoir des médias et nous offre avec Il est de retour un bon roman.
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Hitler se réveille 67 ans après la fin de la seconde guerre mondiale dans le Berlin actuel en 2011 et observe son environnement qui a bien changé ! Il va côtoyer des gens impressionnés par sa ressemblance avec le Führer, ce qui en fait un roman ne manquant pas de comique, au moins au début, la suite se faisant parfois grinçante. A travers lui, une vision de la société actuelle en Allemagne (vision ajustée à sa politique) , une prise de conscience des avancées technologiques de notre monde, le tout agrémenté de répliques comiques.
Je comprends que ce livre ait provoqué une polémique en Allemagne : l'auteur prête à un grand criminel des qualités (organisation, analyse de situations, courage, persévérance, clairvoyance…) que le peuple allemand actuel n'a peut-être pas envie de mettre en avant si vraiment il a eu ces qualités, ce dont je doute , et ce qui me choque dans une bonne partie du roman, c'est l'accueil qui est réservé à Hitler : « ça alors, on dirait le vrai, c'est fantastique »… oui mais … peut-on rire de ce sujet en Allemagne aujourd'hui ? est - ce que rencontrer ne serait- ce que le sosie d'Hitler ne provoquerait pas chez une majorité d'Allemand, une réaction beaucoup plus tranchée ??? si j'étais Allemande, je ne serais pas sûre de vouloir plaisanter à ce sujet.
Malgré cela j'ai trouvé le livre agréable à lire pour ses quiproquos, son humour parfois mordant, même si après la moitié du roman, le comique semble s'essouffler un peu. J'offrirais ce livre à qui aime l'humour noir et possède une certaine culture sur le Reich afin de mieux apprécier l'aspect comique. Toutefois, je réfléchirais bien avant d'offrir un tel livre qui entre certaines mains pourrait avoir un impact certain.

Je remercie Babélio et les éditions Belfond pour ce partenariat.
Lien : http://1001ptitgateau.blogsp..
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Une belle journée d'avril 2011, un homme se réveille dans un champ : c'est Hitler en personne. Il ne sait pas ce qui lui arrive, il ignore où il est et ne comprend pas que les gens ne le reconnaissent pas dans la rue. Complètement perdu bien que ne voulant l'admettre en tant que Führer, il atterrit dans un kiosque à journaux dont le propriétaire croit qu'il est un comique singeur de l'ancien dictateur. Il lui présente alors des gens de la télé, prêts à lui offrir une place dans un programme. Car il faut le reconnaître, ce type passerait vraiment pour Hitler !

Hitler toujours là. En 2011. Plus jamais ! scande-t-on depuis des décennies. Devoir de mémoire ! assène-t-on aux jeunes générations. Pas de doute, la population sait, la population ne laissera jamais un nouveau tyran dictateur briser des millions de vies.
Vous en êtes sûrs ?
Timur Vermes reprend le principe de la Vague de Todd Strasser, surfant sur la montée de l'extrême droite en Occident et le rejet et la peur ambiants bien que tabous (quoi que plus trop souvent) de l'étranger, du "différent".
Bien que basé sur un évènement absurde (le retour inexpliqué d'Hitler en plein milieu d'un terrain vague), la suite ne l'est pas tant que ça puisqu'elle admet l'accueil complet d'un personnage atypique et synonyme de massacre, sans une once d'effroi. Au contraire : tout le monde salue l'extraordinaire ressemblance, rit de concert avec lui des Turcs, achète les produits dérivés. C'est bien simple : tout le monde est charmé.
Cela ne vous rappelle rien ?
Sous couvert d'une émission télé boostée aux audimats, Hitler martèle ses idées. L'on croit qu'il critique le système actuel, qu'il blague pour mieux éplucher les failles de la société contemporaine. On en vient même à l'appeler "mon Führer", à crier "Heil !" et à faire le salut nazi.
Non, vous ne voyez toujours pas le problème ?
C'est là que se tient toute l'intelligence de ce roman. Vermes démontre que l'insouciance d'aujourd'hui serait capable de raviver les pires atrocités du passé, qu'à force de vivre sous les projecteurs des télé-réalités on accepte tout sans condition, pourvu que ça fasse de l'audience, et quelle audience ! On accepte tout de Hitler, Vermes joue sur l'aura du dictateur. Il est tout simplement fascinant de voir avec quelle facilité (même si elle touche à l'absurde, bien qu'encore une fois ce soit un absurde assez réaliste) le monde pourrait retomber dans le piège nazi.
Le summum de cet absurde incroyablement palpable et tangible intervient à la dernière page (je ne veux pas vous spoiler) avec une formule qui résume bien dans quel monde nous vivons actuellement.
C'est effrayant. C'est une pure critique de la société real-tv inintelligente. C'est très fort.
Deux bémols malgré tout : le récit est tout d'abord beaucoup trop centré sur les pensées d'Hitler, et finalement beaucoup moins sur l'impact qu'il peut avoir sur les Allemands. C'est souvent long, très documenté, trop historique pour les plus jeunes qui ne peuvent saisir les références (moults détails ne sont pas enseignés à l'école). Enfin, on note par-ci par-là de grosses fautes d'orthographe/conjugaison. Malheureusement pour Belfond, ce sont loin d'être de simples coquilles.
Notons enfin le travail impeccable fait sur la couverture, à la fois épurée et fort astucieuse.
En définitive : c'est une expérience à lire, pour s'interroger sur la pensée contemporaine des souvenirs du passé.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Lors de la dernière opération Masse critique, ce roman m'a de suite attirée. Par sa couverture d'abord, qui est, reconnaissons-le, très réussie ; par sa quatrième ensuite, qui annonce une satire désopilante. Une question m'a alors traversé l'esprit : peut-on rire avec Hitler ? Certes, Chaplin l'avait fait avec « le dictateur » mais en ces temps troublés où les idées d'extrême droite refont surface, c'était un incroyable pari.

Il m'a fallu plusieurs dizaine de pages pour entrer dans le livre. Je sortais d'un récit de guerre et passer d'un récit historique à une satire sur le même sujet ne fut pas chose aisée. Mais l'auteur est bien documenté sur le passé et sur le présent. J'ai pris un certain plaisir coupable à cette lecture qui m'a laissé un goût amer.

L'histoire se passe en 2011. Mystérieusement ressuscité, Hitler revient à Berlin et raconte à la 1e personne cette incroyable aventure. Bizarrement, si tout le monde est frappé par la ressemblance, personne n'est choqué par son uniforme SS ni par son discours. On le prend pour un acteur, un sosie particulièrement bien imprégné de son personnage. Un producteur lui propose même quelques minutes d'antenne dans son émission et ce sera un véritable succès. Acclamé, Hitler envisagera alors d'aller plus loin en écrivant un livre et pourquoi pas, en se lançant en politique.

La confrontation d'Hitler à la société du XXIe siècle ne peut que faire sourire comme son premier contact avec la presse : un folder MédiaMarkt qu'il pense codé car il n'en comprend pas la moitié des mots. Mais au-delà du comique de situation, cette critique moqueuse pose quelques (bonnes) questions et met dans la bouche d'Hitler des interrogations et des constats qui sont appelés à nous faire réfléchir.

Mais si le monde des médias en prend ici pour son grade, je suis plutôt circonspecte sur le pouvoir de réflexion de ce roman. Vrai phénomène en Allemagne, j'attends de voir si le succès sera le même en France et en Belgique, cet Hitler charismatique ayant de quoi inquiéter.

Au final, un roman que j'ai trouvé à la fois amusant (au 3e degré) et dérangeant par la banalisation du personnage. C'est aussi un produit marketing remarquable de la couverture au prix (19,33 euros).
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La couverture très minimaliste avec les fameuses funestement célèbres mèche et moustache démontre le souci du détail pour ce livre au prix judicieux de 19,33 € (1933, année où il devient chancelier du Reich), ironie ou machine commerciale ?

La 4ème de couverture parle d'une satire aussi hilarante que grinçante. Hilarante, non, car je n'ai pas ri, souri jaune quelque fois. Grinçante, ça oui et oh combien !

Hitler (je peine vraiment à écrire ce nom !) se réveille par un beau matin de 2011 au milieu d'un vague terrain de jeu, vêtu de son costume militaire un peu défraîchi. Personne ne le reconnait. Certains lui trouvent même une ressemblance avec un comique et le prennent pour un acteur. Tout le monde est subjugué par ses « talents d'imitateur ». Une superproduction de télévision, pour faire de l'audimat, l'engage sans plus se renseigner sur lui, avalant tout ce qu'il dit. Il a son propre talk-show et afin de boucler la boucle, on lui propose d'écrire un livre. Cerise sur le gâteau, plusieurs partis politiques le veulent absolument dans leurs rangs.

Tout au long de son livre Timur Vermes s'est inspiré de la façon d'écrire du dictateur pour cette parodie, ce qui donne un style très lourd, ampoulé, verbeux.

Un livre édifiant. En cette période d'élections européennes où les partis populistes ont fait un carton (France, Italie, Danemark…), je n'ai pu m'empêcher de faire des parallèles, de noter certaines similitudes de vocabulaire, d'idées. Les mêmes causes amenant, souvent, les mêmes effets, ce livre m'a fait froid dans le dos.

Timur Vermes fait la satire du milieu télévisuel où le contenant et l'audience ont plus d'importance que le contenu… Mais de là à cette adhésion des producteurs de l'émission ! J'avoue avoir été secouée. Je me demande si cela ne m'a pas plus choquée.

La farce est poussée très loin. Dans sa « tanière du loup » reconstituée en studio, il a, sur le plateau, un assistant vêtu du costume SS « Un grand type superblond, genre SS ». Mais comme l'indique la productrice « de toute façon tout ça est symbolique », ben voyons ! Il se sert de leurs instincts les plus bas pour gravir les marches de la renommée. Cette bande télévisuelle va même au devant de ses désirs. Madame Bellini et ses collaborateurs disent penser second voire troisième degré, « Mon Fureur » agit au premier degré. Madame Bellini pense avoir une émission humoristique, « Mon Fureur » développe son argumentation.

Oui ce livre porte à réflexion. Ce scénario peut, hélas, se reproduire. Par ailleurs, peut-on rire de tout ? Desproges a une réponse qui me plait beaucoup : « on peut rire de tout mais pas avec tout le monde http://felina.pagesperso-orange.fr/doc/extr_dr/desproges.htm.

Je remercie Babelio et Masse Critique ainsi que les Editions Belfond pour ce livre à lire et à méditer.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Que se passe t'il quand Hitler se réveille 60 ans après sa mort supposée dans un terrain vague (et ce sans une ride !!) ?
Tout d'abord il constate ce qu'est devenue l'Allemagne et ses changements avec sa modernité.

Une critique une peu acerbe de la société Allemande (mais pas que.. en définitive!!!) , avec ses atouts et ses faiblesses.
L'auteur montre l'utilisation néfaste des médias face a un orateur exeptionnel. de plus la population (ou tout au moins une partie) est réceptive et ingurgite toutes la propagande qu'Hitler fait passer dans son émission TV.
toute l'histoire est montée sur un quiproquo.

Je reste mitigée sur ce livre. l'histoire et les idées sont bonnes . Mais je trouve quand même que l'auteur dénigre un peu trop la population... au point de la montrer comme un mouton qui suit son berger... et pourtant le passé a montré qu'il fallait être vigilant !!!
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Cette lecture m'a mis mal à l'aise. Déjà, faire revenir Hitler, brrr cela donne le frisson, mais pas le bon. L'attitude de la population vis à vis de cet individu m'a gênée. Il arrive trop rapidement à avoir une tribune publique, sous couvert d'humour. D'ailleurs l'humour paraît prétexte à tout dire. On accepte l'uniforme nazi, le salut nazi, la croix gammée, les idées extrémistes, l'antisémitisme... Tout cela un peu trop facilement à mon goût. J'ai de l'humour, je pense, mais pas certaine de vouloir rire avec un événement aussi terrible de l'histoire de l'humanité. Pas que je reproche l'écriture de ce roman, du tout. C'est l'attitude de la population que je trouve passive, trop.
L'autre chose qui m'a gênée, c'est le moment où je l'ai lu : quelques jours après la tuerie dans les locaux de Charlie Hebdo. Je ne compare pas l'humour des caricaturistes de Charlie et celui que l'on prête à Hitler dans le livre, mais l'écho entre ma lecture et l'actualité se faisait malgré moi. le "peut-on rire de tout?" me venait constamment à l'esprit. Et c'est ce questionnement qui me mettait mal à l'aise. Parce que pour moi il y a une marge énorme entre ce que font les caricaturistes et ce que fait Hitler dans ce livre, et pourtant l'auteur n'a jamais imaginé une réaction aussi violente que celle qui a eu lieu dans la réalité...
Bref c'était une lecture spéciale. Je n'ai pas lâché le livre avant la fin, je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé, mais elle m'a dérangée.
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Après ce bel Après Minuit qui revenait sur une période de l'histoire allemande forcément douloureuse de L'Allemagne, et Un bon fils qui abordait également le thème du nazisme à travers ce père nostalgique de cette période terrible de l'histoire, ma lecture d'après me fit rester plus ou moins dans la même thématique.

Je me suis en effet plongé dans Il est de retour, un autre livre, paru (encore) chez Belfond qui traite une fois de plus du nazisme et d'Adolf Hitler, mais sous un angle beaucoup plus original, pour ne pas dire polémiste et farcesque.

En effet, "Il est de retour", publié il y a quelques semaines au prix oh combien symbolique de 19.35€, a été un succès inouï en Allemagne, traduit dans trente-cinq langues, bientôt adapté au cinéma, bref un véritable phénomène outre Rhin. le dénommé Timur Vernes a fait polémique en Allemagne. Evidemment, cette idée de faire ressusciter Hitler ne fait pas forcément rire tout le monde, même si sous l'angle de la satire un peu potache (on pense pas mal pendant la lecture aux films de Sacha Baron Cohen).

le livre est ainsi presque entièrement construit sur un quiproquo assez énorme, encore fallait il y songer : figurez vous qu'un beau jour de 2011, Adolf Hitler se réveille soudainement- après plus de 50 ans de coma- sur un terrain vague de Berlin sans avoir la moindre idée de ce qui lui est arrivé depuis 1945.

Complètement déboussolé, le Führer, qui en réalité s'est suicidé dans son bunker le 30 avril 1945, va se retrouver complétement perdu dans cette société contemporaine qu'il ne comprend pas, avant une rencontre avec une équipe de TV. En effet, rapidement repéré par une société de production, Adolf Hitler devient la vedette d'une émission télévisée de divertissement animée par un Turc.

En effet, Hitler a toujours en tête les mêmes visées que pendant la seconde guerre, et il compte bien passer une nouvelle fois de la théorie à la pratique.

Pour ce faire, il enchaîne les apparitions dans les médias et s'aide des réseaux sociaux pour créer le buzz et rallier le plus de monde possible à sa cause.

Certes, le ressort comique est assez classique, souvent vu dans les fictions des "Visiteurs" à Hibernatus, en se basant sur la perception complétement décalée d'un homme de 1945 se retrouvant propulsé en 2011 et découvrant ce monde totalement différent. Cependant, il donne ici lieu à des situations parfois vraiment amusantes et totalement décalées, surtout au début du livre, dans lequel l'auteur pousse le bouchon de sa satire assez loin.

Par la suite, le récit abandonne un peu la farce potache pour passe sur un autre mode, à l'humour un peu moins efficace, d'autant plus que le lecteur français n'a pas connaissance des personnalités allemandes (policitiens, vedettes de la télé réalité, aussi cons cons que les nôtres) qu'Hitler rencontre, et le procédé finit quand même par lasser et tourner un peu en rond.

Bref, un sujet original , très polémique, qui ne pourra évidemment pas plaire à tout le monde, loin de là, mais qui a le mérite de l'audace et de fonctionner plutôt très efficacement sur le registre de l'humour...

Après, à vous de voir si le sujet- et son traitement vous tentent ou si ce n'est pas vraiment votre tasse de thé...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Il est de retour… on ne sait comment, mais ce qui est clair, c'est qu'il n'a pas changé…

Le revoilà, donc. Il émerge d'un terrain vague de Berlin, un beau jour de l'année 2011, et, après avoir recherché en vain son fidèle Bormann, comprend vite qu'il a été projeté, lui et lui seul, dans le futur…
Recueilli par un vendeur de journaux compréhensif qui lui offre le gite et quelques vêtements propres (son uniforme est tâché d'essence…), il se met rapidement au courant de tout ce qui s'est passé pendant son « absence ». L'histoire ne lui a en rien donné raison, mais ça ne lui pose aucun problème. Il reste fidèle à lui-même, à ses convictions racistes, prêt à reprendre le combat de zéro pour la plus grande gloire du peuple allemand.
Le vendeur de journaux, comme tous ceux qui le rencontrent, le prennent pour un acteur et son personnage est tellement parfait (et pour cause…) que le nouvel arrivé se fait rapidement embaucher par une émission de radio trash. La responsable de la radio voit en ce phénomène une bonne opportunité de renouveler ses émissions, et elle n'a pas tort car c'est le succès immédiat ! L'ex-dictateur a l'intelligence de jouer sur les peurs et les attentes de chacun avec un bon sens machiavélique. Et malgré l'envie qui le démange, il se retient de faire fusiller tous ceux qui le contrarient, comprenant que le moment n'est pas encore venu. Pas encore…

Il est évident que les allemands ne sauraient accueillir aussi bien que le décrit le livre une réplique du plus grand criminel de leur histoire, mais on s'amuse beaucoup des réactions du dictateur machiste et raciste devant les changements sociaux économiques, les avancées technologiques ou notre comportement au quotidien, si différent de celui des années 30. Ainsi, il s'enthousiasme de l'absence de personnel dans les magasins en libre service, ce qui libère des centaines de milliers de jeunes gens pour l'armée allemande. Quant aux femmes qui ramassent les crottes de leurs chiens, il les prend tout simplement pour des folles furieuses, à stériliser d'urgence…
L'auteur joue admirablement de ce décalage, et c'est ce qui fait le principal intérêt de ce livre.

Pendant toute ma lecture, je me suis demandé comment l'auteur avait bien pu terminer son roman. Je m'attendais à quelque chose de fracassant, mais j'ai été un peu déçu, bien que la formule finale soit tout de même percutante et… glaçante…

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Perplexité.

Voilà le mot qui a été mon fil conducteur dans une grande partie de ce roman et qui a pris toute son ampleur dans les dernières pages.

L'idée de départ était osée. Faire « ressusciter » Hitler en 2011 et le confronter au monde moderne qui est le nôtre était suffisamment ingénieux pour intriguer et il faut dire que cela fonctionne et soulève une montagne de questions.

Bien sûr, le sujet du voyage dans le temps a été traité de nombreuses fois et l'auteur ne crée là, rien d'original dans le fond mais le roman prend une autre tournure et se focalise sur la volonté d'Hitler à récidiver sa propagande des années 20 lorsqu'il voulait accéder au pouvoir, l'utilisation des médias et des nouvelles technologies lui ouvrant des perspectives inouïes… Chacun d'entre nous peut imaginer ce que peut en faire un Kim Jong-un ou autre aliéné du même acabit…

L'auteur force le trait en le projetant en personnage principal narrant lui-même sa découverte des smartphones, de You Tube ou d'un simple sac plastique. Les situations cocasses prêtent souvent à rire, les quiproquos créés par les différences de langage sont parfois même savoureux et que dire du regard d'Hitler sur les émissions culinaires et la télé-réalité…

Nul doute que l'auteur n'a pas souhaité rendre le personnage sympathique. Cependant et malgré le portrait ridicule, condescendant et pompeux dont il attribue le dictateur, j'ai trouvé qu'il l'humanisait parfois et cela m'a profondément dérangé alors même que je savais dès le départ que la notion de premier degré devait être totalement écartée pour aborder cette lecture. Malgré mon ouverture d'esprit, je n'ai pu éviter les mille images ignobles que nous avons tous pu voir et quand bien même ce roman soit au final une mise en garde, le traitement qui en a été fait ne m'a pas paru suffisamment approprié, voire même inachevé.

Mais le problème majeur est ailleurs…et soulève une question trop souvent posée ces dernières années : Peut-on rire de tout ? Peut-on rire d'Hitler ? La réponse est propre à chacun et dépend de nos propres limites et de notre vécu. le tout étant d'accepter que ces limites soient parfois dépassées par d'autres… vaste débat qui emporte sur la voie de la tolérance ou de son contraire.

En tout état de cause, « Il est de retour » est un roman intéressant pour la réflexion qu'il apporte et pour ce droit d'expression indispensable qu'il applique. Peut-être n'ai-je pas mis assez de légèreté dans ma façon de le percevoir, peut-être en attendais-je une farce plus appuyée, peut-être aurais-je aimé rire à gorge déployée en imaginant un monstre couvert de ridicule, peut-être aurais-je voulu être rassurée par une fin explicite…

Mais Timur Vermes se sert de l'humour pour désacraliser l'innommable et aussi pour dénoncer des dangers insidieux ou certaines visions déformées des médias, ce qui nous rappelle que certains ont perdu la vie en défendant le simple droit de faire rire…En cela, il est remarquable.
Lien : https://sous-les-paves-la-pa..
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