Le Château des Carpathes, seul roman gothique de l'auteur nantais, achevé en 1889, a dans un premier temps été publié en feuilletons du 1er janvier au 15 décembre 1892 dans la revue le Magasin d'éducation et de récréation, puis sous forme de volume par l'éditeur Hetzel, la même année. Sa publication intervient 42 ans après celle du roman de Karl Adolf von Wachsmann l'Etranger des Carpathes oublié en 1844, et 5 ans avant celle du
Dracula de
Bram Stoker paru en 1897, oeuvres littéraires reprenant les thèmes similaires d'un personnage maudit effrayant les habitants d'un village reculé dans des lieux inquiétants, thèmes très en vogue à l'époque. Bien que
le Château des Carpathes puisse être qualifié à raison de roman gothique, la science et la technologie y jouent un rôle non négligeable.
Frick, berger de Werst, essaie la lunette qu'il a achetée à un colporteur en observant le paysage. C'est alors qu'il aperçoit une chose insolite: une brume insolite qui s'échappe du donjon du vieux burg, abandonné depuis des lustres. Mais alors, s'il est à nouveau habité, ce ne peut être que par des êtres surnaturels ?!? "Mais à quel propos des esprits auraient-ils fait du feu dans un des appartements du donjon?" (Page 29). =>Voilà un mystère insondable!!
Les villageois sont tous unanimes: si le vieux burg est habité par des inconnus, voire même par des esprits, dès lors le village de Werst se trouvait dans une position fâcheuse Car que deviendrait-il si les touristes, déjà peu nombreux, désertaient la région? Ce serait la ruine assurée et les jeunes le quitteraient assurément pour trouver fortune ailleurs.
La seule solution est d'organiser une expédition jusqu'au château afin de se rendre compte sur place de ce qui s'y passe. Mais qui au village serait assez fou pour tenter l'aventure? Finalement, le jeune et intrépide Nick se porte volontaire, mais la tentative se solde par un cuisant échec, dissuadant les autres villageois de recommencer: "Interdiction formelle de chercher à s'introduire dans
le château des Carpathes, voilà ce qu'il fallait conclure de cette déplorable tentative...Il suit de là que l'épouvante fut plus complète que jamais à Werst, même à Vulkan, et aussi dans toute la vallée des deux Sils. On ne parlait rien moins que d'abandonner le pays." (Page 116).C'est à ce moment qu'arrive au village le jeune comte Franz de Télek, qui, apprenant la situation du château, est frappé par le nom de son propriétaire.
Le narrateur revient quelques années en arrière afin de raconter l'histoire d'une cantatrice italienne, la Stilla dont le comte était très épris. Mais, à chacune de ses représentations, la jeune femme sent peser sur elle le regard terrifiant du baron Rodolphe de Gortz, également follement épris d'elle. Or, le jour où elle doit se marier avec le jeune comte, elle meurt en scène, comme transpercée par ce regard. Les deux rivaux en conçoivent une haine réciproque, chacun tenant l'autre pour responsable du décès de la cantatrice, Rodolphe de Gortz allant jusqu'à écrire au comte pour le maudire. Depuis, Franz de Télek voyage pour oublier sa douleur, ce qui l'a amené au village de Werst, où se trouve le château de son ennemi maudit.
Comment évoquer un classique tel que
le Château des Carpathes, lu et chroniqué des centaines de fois avant moi, sans trembler un peu d'appréhension? Que dire de nouveau, sinon que ce roman se lit avant tout pour l'esprit avant-gardiste de son auteur, même si le style présente une certaine lourdeur? En tout cas, c'est sous cet angle que je tiens à conclure mon article: lisez
le Château des Carpathes pour la modernité des thèmes développés mais également pour son côté insolite de la production pantagruélique de
Jules Verne.
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