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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Un frêle parfum de temps passé, qui rendait l'âme mélancolique et attendrie à la fois, s'exhalait des coffres que nul n'avait ouverts depuis tant et tant d'années... »
S'il ne décrivait pas l'atmosphère à l'ouverture de vieilles malles oubliées, chez le baron de la Faille, Pierre Véry aurait qualifié ainsi celle de « L'assassinat du Père Noël » : « un frêle parfum de temps passé » que pour ma part, il m'est toujours agréable de retrouver …

Il y a d'abord l'abbé Fuchs.
Il est inquiet l'abbé…
N'a t'il pas reçu une lettre anonyme de mise en garde : on pourrait s'en prendre à la châsse de Saint Nicolas et voler les diamants qui l'ornent ?
Et cette étrange agression qu'a subie le prêtre ?
Et cet individu sans papiers d'identité retrouvé étranglé vêtu de la houppelande du Père Noël ?
Qui est cet étrange marquis de Santa-Claus qui vient fouiner un peu partout, à la recherche, entre autres, du Bras d'Or, une relique disparue depuis la Révolution ?

« Nous ne sommes pas dans un conte de fées, sacrebleu ! Des diamants disparaissent, un individu sans papiers d'identité est retrouvé étranglé : ce n'est pas précisément féerique ! »
Non. Nous ne sommes pas dans un conte de fées, malgré la présence de Cendrillon.Nous sommes réellement dans un roman policier où l'on retrouvera Prosper Lepicq si on le cherche un peu. Un roman policier qui sent l'encre dans les encriers et la craie sur le tableau noir. Une ambiance « qui rend l'âme mélancolique et attendrie à la fois ». Une vraie réussite pour cet auteur quelque peu oublié, si ce n'est pour les adaptations au cinéma de « Les disparus de Saint-Agil » ou « Goupil mains rouges » ; comme ce fut le cas pour moi pendant trop longtemps.

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Je ne voudrais pas insister lourdement, surtout à trois mois de l'évènement mais il faut quand même se méfier : on commence par vouloir interdire les crèches de Noël et comme les Français ne sont pas suffisamment lobotomisés pour ça, on finit par assassiner le Père Noël ... (Non, je ne voudrais pas insister mais bon, vous me connaissez : 1) je n'ai pas pu résister ; 2) deux précautions valent mieux qu'une ... )

Avec quatre-vingts années d'avance, Pierre Véry lance, dans ce roman, l'idée non pas d'interdire les crèches de Noël (idée qu'il aurait jugée parfaitement idiote, ce qu'elle est, d'ailleurs) mais d'assassiner le Père Noël. C'est l'un de ses romans les plus jouissifs, les plus poétiques et les mieux réussis. Tout y est blanc - "la neige étend son blanc manteau ..." comme l'a si souvent chanté Tino Rossi - sauf l'assassin, bien sûr, lequel souffre d'un coeur plus noir qu'un monceau de charbon de dernière qualité. Un assassin à complice d'ailleurs - et ça, c'est toujours très mauvais parce que, souvent, l'un des complices est plus idiot que l'autre . A l'épilogue, quand les meurtriers se font pincer, ça fait désordre ...

Le climat de "L'Assassinat du Père Noël" - et notre ami Prosper Lepicq, sous l'identité du marquis de Santa-Claus, le remarque d'ailleurs à un certain moment - est un climat de conte pour enfants. D'ailleurs, ceux-ci y sont rois dès les premières pages où l'on assiste au traditionnel défilé du Père Fouettard et de Saint-Nicolas, avec l'inénarrable chanson, qui parle de saloir et de porc , choeurs oh ! combien célèbres et qu'on devrait enseigner dans les écoles ... Tout de suite, le lecteur est plongé dans l'ambiance, largué sans parachute (pourquoi faire ? ) et, comme toujours avec Véry, n'éprouve aucune honte à recouvrer son âme d'enfant avec le folklore qui l'accompagnait.

Dans le petit village tout blanc dont je vous parle, il n'y a, bien sûr, qu'un seul Père Noêl pour assurer la "tournée" annuelle, le photographe Gaspard Cornusse qui a, il est vrai, le défaut d'avoir une "bonne descente." Cela fait des années que, tel le facteur mais beaucoup moins souvent, il effectue ses livraisons et quand des enfants aperçoivent, tout glacés, les pauvres petits, on les comprend, la houppelande du Père Noël et un corps ensanglanté dessous, les adultes, prévenus, ne vont pas chercher plus loin : on a tué Cornusse.

Mais voilà que le Dr Ricomet, après examen, constate que le cadavre, bien loin d'être celui du photographe, révèle un parfait inconnu. En tous cas, comme ça, au premier regard, sous les nuages bas, dans le soir qui gèle : l'homme est chauve et entièrement rasé. Un peu corpulent mais tout à fait inconnu.

Stupeur absolue des adultes au milieu des sanglots des petits, dont certains refuseront leurs jouets puisque "on a tué le Père Noël."

C'est vrai, des choses comme ça, comme interdire les crèches de Noël, ça ne se fait pas !

Evidemment, tout n'est pas si simple que je vous le décris et Véry s'amuse à compliquer une situation qui, au départ, aurait pu trouver sa solution bien plus vite. Tout d'abord, il y a la châsse, le "Bras d'Or du Roi René", reliquaire qui abriterait l'un des doigts du bon Roi René d'Anjou, reliquaire d'autant plus impressionnant qu'il est orné de diamants et d'émeraudes véritables. On le sort à chaque Noël, avant la Messe. Mais, en ce Noël tragique, une fois son appareil et ses spots installés, Cornusse, qui vient à chaque fois photographier la merveille, est sans appel : il n'y a plus ni diamants, ni émeraudes, rien que des cabochons. le malheureux abbé Fuchs manque y passer ... Mais comment ? Mais qui ? Mais pourquoi ? ...

Fort heureusement, cette année-là justement, Fuchs avait pris la précaution, après en avoir prévenu l'évêché, de faire appel à M° Prosper Lepicq, avocat à Paris, une pointure qui ne déteste pas jouer au détective privé. Là aussi, Véry va s'amuser en nous donnant, pour le prix d'un, deux Prosper Lepicq - sous l'identité du marquis de Santa-Claus - se relayant au village car le premier est tout simplement le secrétaire du second, du vrai Lepicq.

En filigrane, un fond de romance tout à fait charmante entre une petite Cendrillon (moins les maltraitances) et le baron de la Faille.

Bon, tout cela est bel et bon, me direz-vous mais le cadavre ? Qui est-ce ? Et surtout, pourquoi l'a-t-on tué ?

Il se trouve que, si je vous révélais son identité, je déflorerais l'intrigue et de cela, il n'en est pas question. Seul indice : j'ai cité le nom véritable du malheureux cadavre dans cette petite fiche. Voilà tout ce que vous aurez. Pour le reste, il vous faudra lire ce roman un peu lunaire mais attachant, où l'on retrouve parfois, agacé, le style émaillé de mélo de Véry, mais dont l'intrigue, cousue au petit point, se déroule dans une cohérence et une vraisemblance parfaites. Et puis, il y a, comme je l'ai déjà dit pour "Clavier Universel", cette atmosphère spéciale, que la fête de Noël fait ici culminer : neige, gel, nuages bas, chants de Noël, Père Fouettard, Saint Nicolas, un personnage qui porte son nom mais se dit noble et portugais, un véritable conte de fées entre l'aristocrate du coin et la petite servante, un Père Noël qui se dédouble, l'un restant mort non sur le carreau mais sur la neige, tandis que l'autre, Cornusse, qui a sacrifié un peu plus qu'il convient ce soir-là à la Dive bouteille, se rappelle des choses qu'il ne devrait pas se rappeler tandis qu'il en oublie d'autres qui se sont passées ce soir-là.

Jamais peut-être, sauf dans "Le Pays Sans Etoiles" - lequel n'est pas un policier - Véry n'a atteint à de tels sommets. Parmi les auteurs qui prennent le policier comme trame, il est un des plus atypiques - et des meilleurs, toutes ethnies confondues. Avec lui, on est à mille lieux de Chesterton et de Conan Doyle mais on ne s'en plaint pas. Humour et poésie traînent toujours à sa suite, avec, parfois, des percées authentiques dans le fantastique pur qui ravissent l'initié. Il ne plaira donc pas à tout le monde - cela, je crois aussi l'avoir déjà écrit quelque part - mais il faut au moins pénétrer une fois dans son univers ou, à tout le moins, frapper à la porte de celui-ci. Vous verrez presque aussitôt s'il vous convient ou non.

Pierre Véry : un OVNI du roman policier mondial - et il est français. Il faut tout de même le signaler. ;o)
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Voici un roman de Pierre Véry, datant de 1934 et adapté au cinéma en 1941 par Christian Jaque
Dans un petit village de Meurthe et Moselle, une lettre annonce que le trésor de la paroisse sera bientôt volé. L'archevêque de Paris envoie sur place son assistant, Me Prosper Lepicq, pour veiller sur les diamants de la châsse. Pour impressionner les villageois, Lepicq se présente sous l'identité du marquis de SantaClaus. Les diamants n'en sont pas moins volés, et, par mégarde, le marquis assommé par le sacristain. Dans la nuit de Noël, un inconnu affublé d'un costume du Père Noël est assassiné. Puis, Lepicq accélère son enquête quand M. le curé meurt d'une indigestion de mirabelle. le village est sur les dents.
L'Assassinat du Père Noël est sans doute un des titres les plus emblématiques de Pierre Véry à qui l'on doit aussi Les Disparus de Saint-Agil et Goupi Mains-rouges
On est ici clairement dans une parodie de roman policier. Un mixte de merveilleux, de féérie et de pure logique criminelle. Ici on navigue agréablement entre atmosphère enfantine et pur réalisme. Mais pour autant l'intrigue est bien présente, on retrouve avec plaisir Prosper Lepicq, l'avocat détective et personnage emblématique de notre auteur. Un enquêteur a la logique implacable, au flaire imparable et avec une intelligence supérieure, du moins à celle du commun des mortels. Et bien entendu on va suivre ses investigations sans jamais douter que notre héros ne ressoude cette affaire.
Mais ce qu'aime Pierre Véry c »est de nous proposer un texte où réside une frontière ténue et fragile entre l'enfance et le monde des adultes.
Ne disait-il pas : « J'ai souhaité un jour que mes livres fussent considérés comme des contes de fées pour grandes personnes… » mais aussi « Je demande à mes lecteurs d'ouvrir L'Assassinat du Père Noël avec une âme d'enfant ; ils seront accueillis avec amitié par des personnages qu'ils ont beaucoup connus autrefois mais qu'ils ont peut-être un peu oubliés. »
Et bien là nous y somme, avec L'Assassinat du Père Noël, on a à la fois un polar à l'ancienne, un whodunit un peu loufoque et inventif sous forme de huis clos poétique et une petite romance sympathique.
Vraiment prenez le temps de lire ce court polar que l'on destine au plus jeune. Alors qu'ici, Véry nous donne à voir un monde provincial d'avant la seconde guerre, un monde aujourd'hui disparu mais que l'on aimera faire renaître dans nos campagnes à travers des savoirs faire ancestraux que l'on remet aux goûts du jours.
Moi je dis bravo et je regrette que l'oeuvre de Véry soit passée de mode et mis aux oubliettes. Car Véry est incontestablement un maître du genre mêlant à ses histoires policières le poétique et le merveilleux, l'humour et le mystère…
Lien : https://collectifpolar.blog/..
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Chaque année, j'ai mon petit rituel de l'Avent qui consiste à relire certains ouvrages et à revoir certains films qui ont enchanté mon passé. 
J'ai toujours été sensible au merveilleux. Que vaudrait une vie sans cette dimension onirique envoutante ?
Nous avions la chance d'avoir en France toute un série d'auteurs dont l'oeuvre était emprunte de poésie fantastique et Pierre Véry était de ceux-là.
L'assassinat du Père Noël fut un de ses chefs d'oeuvre, mélangeant habilement policier, fantastique, poésie, amour, mystère.
Et l'adaptation cinématographique très réussie de Christian-Jaque avec les excellents Harry Baur, Raymond Rouleau, Renée Faure, Robert le Vigan... nous replonge dans l'atmosphère de ce roman qui a une place d'honneur dans mon calendrier de l'Avent !
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Ayant acheté l'édition dans la collection Gallimard jeunesse (le titre m'ayant plu), je m'attendais à lire un bouquin policier un peu mièvre et destiné uniquement aux enfants. Quelle ne fût pas ma surprise à la lecture du roman !
Rien à voir avec ce à quoi je m'attendais : humour, jeux de mots, personnages bien campés et surtout une super bonne intrigue. Ce bouquin nous replonge dans la Lorraine et dans la tradition de Noël des années trente.
Bref un bon livre, à mettre entre toute les mains de 10 à 99 ans.
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Un crime mystérieux dans une petite ville alsacienne. le détective se déguise en marquis et va faire son enquête auprès des diverses notabilités. Entre autres, il va voir l'instituteur. Les lecteurs des Primaires nous sauront gré de transcrire ici le passage :
« Ce jour étant un jeudi, il n'y avait pas classe. M. Villard, installé à sa chaire dans la salle d'école déserte, corrigeait des compositions en fredonnant la Carmagnole. (Ndlr des Primaires : Cet instituteur retarde ; il devrait chanter l'Internationale.) Tout de go, il débita au marquis ce petit discours, sans paraître se rendre compte des contradictions qu'il impliquait :

— Je n'ai pas pour habitude de mâcher mes expressions, monsieur le marquis. Je suis ce que l'on appelle un républicain farouche. Liberté, égalité, fraternité : je crois à ces trois mots-là (Ndlr des Primaires : il est en plus retardataire), et, sans nier que la noblesse fait beaucoup pour le développement des lettres et des arts, je la condamne. Entendez-moi bien : je ne soulève pas une question de personnes, je condamne un principe. Je suis pour l'abolition des privilèges. Vous ne m'en voudrez pas : c'est un homme entier qui parle. Sorti de cela, croyez-moi, monsieur le marquis, très que Mortefont abrite dans ses murs un homme de votre qualité, représentant de l'élite... »
II y a dans la même petite ville un curé dont l'église possède trésor. Ce curé ne s'embarrasse point de la contradiction entre la richesse de son église et les paroles du Christ : « Il serait plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille… » Non, car ce curé n'est pas un primaire. Et d'ailleurs, quand il parle, il ne cite pas l'évangile. Comme ça, il n'y a pas de contradiction. Ce même curé possède dans son prie-Dieu toute une collection de flacons d'eau-de-vie de mirabelles. Et il leur donne l'accolade, même quand il est malade et que sa gouvernante vient lui porter au lit un oeuf à la coque et un verre d'eau de Vichy. Il est vrai que, cette fois-là, il s'agit d'un faux curé ; le vrai est déjà mort. Mais comme il y a toute une collection de bouteilles vides et que le curé n'est là que depuis quelques heures, on est bien obligé de croire que c'est le vrai curé qui les a vidées avant de mourir.

S'il y a un faux curé, il y a aussi un faux père Noël — deux faux pères Noëls... On s'y perd, et l'on est tenté de trouver que M. Véry abuse un peu de cette ficelle mélodramatique qu'est l'erreur sur la personne. Mais, entendons-nous bien : nous ne soulevons là qu'une question de principe. Sortis de cela, nous nous plaisons à reconnaître en M. Véry un représentant de l'élite des auteurs de romans policiers. Qu'il nous excuse si nous le faisons dans le ton habituel aux Aliborons : nous n'en avons pas d'autre.
Régis Messac
Les Primaires, n° 65, mai 1935.

Lien : https://www.regis-messac.sit..
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tres bon livre une tres bonne histoire
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13,101,4
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