C'est un de mes livres coup de coeur : c'est ma 4e ou 5e lecture de
l'arrache-coeur et je ne m'en lasse pas. Chaque fois la lecture me procure un effet différent.
Ce qui m'impressionne c'est l'actualité de ce livre. Il date de 1951 et ça aurait pu être écrit hier.
Ici, l'écriture diffère un peu de ce que l'on connaît de
Boris Vian : la poésie et la tendresse de l'absurde sont toujours présentes mais il y a selon moi autre chose.
Ici, ce n'est pas un roman ou une fiction qui peut nous sembler anodine ou l'histoire de quelqu'un d'autre. On ressent ce message de l'auteur "au moins une partie de ce que je décris, c'est vous et vous devriez avoir honte.".
Les principaux thèmes abordés sont l'acceptation de la maternité, la vie de couple avec enfants et l'éducation de ceux-ci. Mais on a aussi la religion, la destruction consciente de l'environnement, l'abandon et la moquerie des personnes âgées, la maltraitance animale, pour citer ceux là. Des thèmes tellement d'actualité.
S'il sont abordés de manière caricaturale parfois (mais pas toujours), ici l'auteur fait entrer un scène la Gloïre, dont le rôle est d'accepter la honte contre de l'argent.
Et oui, on ne peut se défaire de ce message : vous devriez avoir honte, mais au quotidien vous préférez payer pour ne pas ressentir cette honte, ce qui est parfois le cas.
Concernant les personnages de la maison, Clémentine et les enfants, je trouve que la description de leur vie est saisissante et touchante. On démarre l'histoire par une mère qui n'est pas heureuse de sa maternité, qui en rejette la faute sur son mari. Puis finalement Clémentine se construit sa personnalité et les raisons de son existence autour de ses enfants et du rôle de mère aimante qu'elle se construit. Elle en devient une mère poule puis castratrice, caricaturale, mais le fond est d'une tranchante vérité. On passe des "salopiots" à "mes enfants", "mes anges". Un seul n'oubliera pas ce glissement :Citroën qui tente de s'affranchir et d' affranchir ses frères de ce monde terrible que leur mère leur construit.
A côté on a le personnage de Jacque mort qui lui se construit sa personnalité en la copiant sur les autres car il se sent vide. Et pourtant il vient ponctuellement nous offrir des éclairages de bon sens sur les situations.
Un livre que je trouve particulièrement touchant et nécessaire dans notre monde qui devient caricatural dans sa méchanceté. Comme on dit l'enfer est pavé de bonnes intentions, faisons attention à qui l'on est et qui l'on devient en pensant bien faire.