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Citations sur Paris-Brest (55)

Voilà, on en était là, à l'apéritif, un porto blanc pour moi aussi, en espérant qu'il agisse vite, que quelque chose arrive là par l'alcool, comme un bon génie s'échappant de sa bouteille qui nous aurait souri.
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Il paraît, après la guerre, tandis que Brest était en ruines, qu'un architecte audacieux proposa, tant qu'à reconstruire, que tous les habitants puissent voir la mer : on aurait construit la ville en hémicycle, augmenté la hauteur des immeubles, avancé la ville au rebord de ses plages. En quelque sorte on aurait tout réinventé. On aurait tout réinventé, oui, s'il n'y avait pas eu quelques riches grincheux voulant récupérer leur bien, ou non pas leur bien puisque la ville était de cendres, mais l'emplacement de leur bien. Alors à Brest, comme à Lorient, comme à Saint-Nazaire, on n'a rien réinventé du tout, seulement empilé des pierres sur des ruines enfouies. Quand on arrive à Brest, ce qu'on voit c'est la ville un peu blanche en arrière-fond du port, un peu lumineuse aussi, mais plate, cubique et aplatie, tranchée comme une pyramide aztèque par un coup de faux horizontal. Voilà la ville qu'on dit avec quelques autres la plus affreuse de France, à cause de cette reconstruction malhabile qui fait des courants d'air dans les rues, à cause d'une vocation balnéaire ratée (complètement ratée même, puisque la seule plage de la ville au fond de la rade se trouve là abandonnée, en contrebas de la quatre-voies tumultueuse qui désengorge la ville), à cause de la pluie souvent, de la pluie persistante que en savent compenser les grandes lumières du ciel, de sorte que Brest ressemble au cerveau d'un marin, détaché du monde comme une presqu'île.
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Et moi à l'intérieur de moi je me disais qu'il avait sûrement raison, et que c'était mon problème, de n'avoir jamais su avec qui être ami.
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C'est même en tant qu'ami qu'il a évoqué le Languedoc-Roussillon comme la région idéale pour l'exil et comme l'une des plus belles régions de France. Mais quelqu'un qui vous dit que le Languedoc-Roussillon est une des régions les plus belles de France, moi je n'appelle pas ça un ami.
Ma mère non plus ne l'appelle plus depuis longtemps son ami, comme longtemps elle le fit, comme longtemps elle employa l'expression "monsieur le procureur de la République", dès que l'occasion se présentait, dès qu'elle provoquait l'occasion pour le dire.
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J'avais pourtant préparé une valise en prévision, avec exactement dix paires de chaussettes et plusieurs pull-overs parce que ma mère m'avait dit au téléphone, elle m'avait dit, comme si j'étais un étranger débarquant pour la première fois en Bretagne, qu'il valait mieux prévoir des pulls et aussi un manteau pour la pluie, comme si je ne savais pas, comme si le monde entier ne savait pas qu'en Bretagne en décembre il pouvait pleuvoir et même faire froid.
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Elle m’a caressé la joue, et pour moi c’était comme une lame de rasoir qui m’arrachait la peau.
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Et cela c'était vrai, qu'on avait bien préparé notre coup. Techniquement tout était clair. Psychologiquement non. Psychologiquement rien n'est jamais clair mais techniquement si.
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Je ne lui ai pas raconté, à la propriétaire, la suite de l'anecdote devant le bassin d'eau froide. Je ne lui ai pas dit que ma mère était là, sur le banc en face de l'eau, et la tête qu'elle a faite quand elle m'a vu tout trempé ressortir du bassin, déjà regardant partout si personne n'avait vu, si les autres mères qui souriaient elles aussi sans la moindre empathie, vous comprenez, sans le moindre souci de moi, et ma mère seulement murmurant trop fort, quel imbécile, mais quel imbécile, en s'inquiétant que personne de sa connaissance, là, dans le jardin Kennedy, que personne surtout ne l'ait reconnu, se demandant déjà comment elle allait faire pour traverser la ville avec un enfant dégoulinant de la tête aux pieds, avec des chaussures qui font floc, comment elle allait limiter la honte d'avoir un gosse aussi maladroit, aussi débile, elle m'a dit en me tirant par la main, que j'étais le seul enfant du monde capable de tomber dans un bassin tout habillé, avec les gens qui souriaient en nous croisant, tout le monde souriait sauf moi qui pleurais et ma mère qui avait honte.
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Quelquefois même, mon père se mettait à la fenêtre, et quand le vent soufflait fort il se mettait à rire comme un fou et le vent ramenait son rire dans la maison et le faisait résonner dans l’escalier. Cela, c'était la vérité anglaise de ma famille. Mais d'autre part c'était une famille française, avec des histoires à la française, des histoires d'argent et d'héritage français, à cause de la fortune d'Albert, à cause de ma mère, à cause aussi des Kermeur, de madame Kermeur d'un côté et de son fils de l'autre, à force que ma mère veuille les écarter comme dans une version expurgée de l'histoire. Mais on n'écarte pas le fils Kermeur comme ça, oh non, pas comme ça.
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Or ce n'était pas du tout brumeux sur la côte ce matin-là quand la mer s'est présentée à nous, quand la route avait semblé un instant se jeter dans l'eau bleue, parce que la brume entre-temps s'était levée comme souvent si vite dans cette région.
La brume à cet instant, ce n'était plus que les Gitanes sans filtre que mon père allumait l'une sur l'autre au milieu de quelques phrases absentes, très absentes même, puisque je crois qu'on ne s'est pas parlé du trajet, comme rendus plus silencieux encore par la mer endormie (...).
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