L'autofiction, j'avoue, ça passe ou ça casse ; j'ai beau être assez ouverte, en général j'ai un peu de mal avec ce genre de texte parce que j'aime savoir si ce que je lis est vrai ou pas, même si j'adore l'écriture je finis toujours par me dire que quand même, c'est abusé de fabuler autant sur sa propre personne. Ça tombe bien : c'est justement tout le propos de ce roman ! Il y a tellement de choses à en dire !
Le cadre est posé :
Delphine de Vigan, ses enfants, ses ami-e-s, même son partenaire de vie (
François Busnel en chair et en papier), sont les personnages "vrais" de ce texte. Après le succès phénoménal de son précédent livre, elle ne sait plus quoi écrire, et c'est à ce moment qu'elle fait la connaissance de L., qui devient très vite sa plus proche confidente, et bientôt sa seule et unique. Une relation d'emprise se tisse et bientôt, il est trop tard pour s'en défaire...
Déjà, le côté psychologique, j'adore. C'est un peu bateau à dire, mais j'adore. J'aime explorer les relations entre les personnages, comprendre ce qui se passe dans leur tête, me mettre à leur place... et comme tout se passe à la première personne, du point de vue de l'autrice qui se met en scène dans cette relation, j'ai été servie.
Mais ce que j'ai le plus aimé, c'est la réflexion qui habille le texte. La relation malsaine entre l'autrice et cette fameuse L. est au centre du roman, bien sûr, mais elle est surtout un prétexte pour parler de l'écriture de soi, l'écriture du réel, où s'arrête l'autobiographie et où commence la fiction. J'ai ressenti que
Delphine de Vigan avait eu un besoin viscéral de mener ces pensées à bien dans ce texte, peut-être suite à la publication de son précédent roman justement (que je n'ai pas lu).
L. a-t-elle réellement existé ? A-t-elle exercé une telle emprise sur une autre personne ? N'est-elle qu'un procédé narratif pour parler d'autre chose ? Est-elle un alter ego de l'autrice, une représentation de ses pensées intrusives ? Est-elle une métaphore pour désigner les lecteurs et lectrices qui exigent du réel, du vrai, de la pure vérité dans chaque texte ? Je ne sais pas. Je pense que ça peut être tout ça à la fois. Je sais juste que j'ai trouvé toutes ces réflexions très bien amenées, en plus d'avoir été passionnée par l'intrigue principale.
J'avais lu il y a longtemps "
No et moi" que j'avais beaucoup aimé, et plus récemment "
Les enfants sont rois", une excellente lecture aussi. Il y a dans les textes de Delphine de Vigan quelque chose qui me parle, une écriture juste, et un sens de l'intrigue vraiment développé.