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sur 3305 notes
On peut trouver beaucoup de qualités au dernier livre de Delphine de Vigan. La pertinence du portrait des vieilles personnes en fin de vie en est une. On peut trouver aussi le parti pris de décrire un entourage intime et professionnel uniquement bienveillant et empathique (trop beau pour être vrai), irréaliste. Quel que soit son ressenti, on ne peut nier l'intérêt du sujet qui nous touche ou nous touchera tous à un moment de notre vie.

Pour avoir vu ma grand-mère adorée et adorable perdre pied avec la réalité et peu à peu le sens des mots, je sais que vieillir trop est une punition. Alors merci à Delphine de Vigan de le rappeler pour ceux qu'il nous faut accompagner, qu'on aime qui faseillent et qu'on ne reconnaît plus.
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Delphine de Vigan a su trouver les mots et le ton justes pour nous parler de la vieillesse et de la perte d'autonomie : sans apitoiement, sans pathos, sans larmoiement, de façon réaliste et avec beaucoup de délicatesse.
Madame Seld, de son prénom Michka, est une ancienne correctrice pour un grand magazine. Cette vieille dame que Marie aimait beaucoup et sans qui elle ne serait peut-être plus là, décède. Elle se demande alors si elle l'a assez remerciée, si elle lui a suffisamment montré sa reconnaissance et si elle a été assez proche, assez présente, assez constante…
Lui reviennent alors les instants partagés : « J'essaie de retrouver ce jour où j'ai compris que quelque chose avait basculé et que le temps dorénavant nous serait compté. »
Le récit de Marie débute. Elle nous raconte comment Michka a rapidement perdu son autonomie jusqu'au jour où elle a dû quitter son appartement pour l'EPHAD. Marie ne sera plus alors, la seule personne à nous narrer ce que sera cette nouvelle vie. Se joindra à elle Jérôme, l'orthophoniste qui, deux fois par semaine, se rend auprès de Michka pour des exercices afin de repousser l'affaiblissement mental.
On apprend aussi que le plus grand regret de Michka est de n'avoir jamais pu exprimer l'immense gratitude au couple qui l'a recueillie pendant la guerre et leur témoigner sa profonde reconnaissance.
L'autrice explore donc aussi le thème des non-dits, des mercis trop longtemps retenus et qu'on n'a plus l'opportunité de dire.
Les gratitudes est un roman bouleversant qui nous touche au plus profond. L'émotion est très forte tout au long du roman. Mais Delphine de Vigan arrive à nous faire sourire quand Michka qui confond les mots ou ne les retrouve plus, les remplace par des mots aux sonorités similaires et cela nous permet de respirer. C'est un livre empli de douceur, de tendresse et de poésie qui m'a bouleversée.
Je pense qu'on ne peut pas sortir tout à fait indemne de cette lecture car qui n'a pas appréhendé un jour ou l'autre de se retrouver en EHPAD et d'être plus ou moins bien traité et qui n'a pas non plus regretté de ne pas avoir su remercier en temps voulu un être cher ?

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Avons nous le temps et la présence d'esprit de dire MERCI, vraiment MERCI, un vrai, un beau, un grand, un ultime MERCI?
Dans un libre beau, triste, tendre et court comme un automne; Delphine de Vigan offre une réponse. Et quelle réponse!
À travers Michka qui s'efface, ce sont ces remerciements qui ont trop tardé qui deviennent d'une urgence insupportables. Michka ne tirera pas sa révérence sans avoir remercié ce couple qui l'a sauvée en 1942... Et tant pis si les mots s'en vont.
Qui pourra aider Michka, dans son extrême détresse? Jérôme l'orthophoniste, avec qui la vieille dame échange? Marie, qui doit tant à Michka et qui attend son premier enfant?
N'est-il pas trop tard? Reste-t-il assez de mot?
Un grand merci, du fond du coeur à vous, en tout cas, Delphine pour ce livre que chacun pourra lire avec immense profit et bonheur.
Nous avons tous quelqu'un à remercier...
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Les livres de Delphine de Vigan rencontrent autant de succès en librairie que dans le monde littéraire. Il faut donc bien qu'un jour, je me décide à en lire un. J'opte pour son dernier roman, Les gratitudes, qui vient de sortir.

Le livre est court, cent soixante pages, très aérées. Les dialogues prennent une grande place par rapport à la partie narrative. La lecture est donc fluide, très rapide. Tellement rapide qu'au début, je tourne les pages avec la sensation d'une absence de matière... Un doute me prend : suis-je dans un ouvrage, dont je devrai à nouveau conclure ma critique par une formule du type : « une lecture sympathique, par instant émouvante, mais pas inoubliable » ?

Après quelques chapitres, toutefois, les personnages prennent de la consistance. Ils sont trois. Michka est une femme très âgée, sans famille. En perte d'autonomie, elle est contrainte de s'installer dans une résidence pour personnes âgées dépendantes. Face à elle, deux narrateurs, qui interviennent tour à tour : Marie, une jeune femme qui habite l'immeuble où Michka a vécu et qui s'efforce de lui rendre visite régulièrement ; Jérôme, un orthophoniste exerçant dans la maison de retraite, passionné par son métier, aux petits soins pour Michka.

La gratitude est le sentiment de reconnaissance que nous éprouvons envers les personnes qui nous ont apporté un bienfait ou rendu un grand service. En exergue, Delphine de Vigan a placé un extrait d'un poème de François Cheng, qui nous rappelle que « tout instant de vie est rayon d'or sur une mer de ténèbres » et qu'il faut savoir dire merci, exprimer notre reconnaissance à celles et ceux qui ont souffert ou qui se sont donné du mal pour que nous soyons vivants et heureux de l'être.

Habilement, graduellement, le livre dévoile pourquoi Marie est redevable envers Michka. On découvre aussi ce que Michka doit à une femme et à un homme perdus de vue depuis son enfance. On comprend alors la souffrance muette et inconsciente qu'elle éprouverait à l'idée de quitter ce monde sans avoir pu leur témoigner, d'une façon ou une autre, sa gratitude... Émotion !

Avec Jérôme, les choses sont un peu plus floues. Sans doute faut-il comprendre qu'apporter un bienfait est l'occasion d'un accomplissement personnel, ce qui justifie de ressentir de la gratitude pour celle ou celui à qui l'on apporte le bienfait. Jérôme est une personne de grande qualité. Comme Michka et Marie, d'ailleurs, car avec Les gratitudes, Delphine de Vigan nous immerge dans un monde où « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » – à l'exception d'une déplaisante directrice d'établissement qui, grâce à Dieu, n'existe que dans les cauchemars de Michka.

Le livre affiche un second exergue, quelques paroles d'une chanson de la Grande Sophie : « Où vont les mots, ceux qui résistent, qui se désistent… ». Michka a des difficultés à s'exprimer. Elle sent que les mots lui échappent et elle leur substitue inconsciemment des mots à consonance voisine. Dans sa résidence, Michka pourrait parler d'« une résignante qui préambule, vêtue d'une robe des champs du dernier choc »… Nous ne pourrions nous empêcher de sourire. Ce ne serait pas méchant, juste nerveux. Et aussi parce ça nous rappellerait quelques gags littéraires des oulipiens, des pataphysiciens, ou, plus récemment, de Frédéric Dard et de Gary/Ajar.

D'ailleurs, lors de leur unique rencontre, dans les toutes dernières pages, Marie et Jérôme ne se privent pas de partager un sourire en évoquant les drôles de mots de Michka. Un partage qui les rapproche. L'auteure nous laisse libre d'en imaginer les suites possibles… Tout en nous laissant dans l'ambiguïté sur la personnalité de Jérôme, renié par son père…

Ce qui arrive à Michka n'est pourtant pas drôle. C'est le grand âge, la vieillesse, … un naufrage, disait Chateaubriand, bien avant De Gaulle. Certains y échappent. J'en connais, ils me lisent. J'espère que je leur ressemblerai. Car le futur n'est plus si lointain.

Finalement, je confirme. Une lecture gentillette, incontestablement émouvante, pas inoubliable.

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Michka, une dame âgée vit en appartement. Elle est reliée au monde extérieur par un bracelet qui appelle ses proches pour l'aider en cas de besoin.
Ce matin, c'est la catastrophe, elle pousse sur le bouton car elle a l'impression qu'elle perd tout, sa tête, la parole, les mouvements.
Marie, une voisine de qui elle s'est occupée quand elle était petite arrive et va l'accompagner vers la maison de retraite tout en venant la voir régulièrement.
Là-bas, elle aura besoin de Jérôme, l'orthophoniste qui l'aidera à conserver la parole car Michka esquinte les mots de plus en plus.
Le thème du roman, ce sont les gratitudes, pas les mercis automatiques de politesse, mais l'expression d'une gratitude pour une rencontre enrichissante entre Jérôme et la vieille dame, pour un appui précieux pour Marie quand elle était petite, pour les personnes qui ont recueilli Michka pendant la guerre.
Delphine de Vigan traite un thème grave, celui de la perte d'autonomie, de la vieillesse mais elle arrive à y glisser de l'humour en rendant la langage de la vieille dame très attachant. On se croirait dans un livre du prince de Motordu. Moi qui adore les mots, j'ai admiré la gymnastique de l'auteure à ce niveau .
J'ai accompagné mes parents, je m'approche moi aussi de la grande maturité et j'ai été touchée à de multiples reprises par des pensées qui m'avaient traversée à ce moment : la dernière fois où Michka ferme la porte de son appartement, quand elle déclare "je sers plus de rien" et d'autres moments m'ont fait revivre des moments avec des personnes qui m'étaient chères.
La fin est très émouvante quand Jérôme et Marie utilisent quelques expressions de Michka :
" D'abord" pour "d'accord,
"Pas si tant " pour pas tellement,
"Merdi" pour "merci".
Un coup de coeur pour moi le dernier roman de Delphine de Vigan : très court mais dense en contenu.

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Mille mercis aux éditions J.-C. Lattès pour m'avoir permis, via net galley, de découvrir Les gratitudes de Delphine de Vigan.
Michka est en train de perdre peu à peu l'usage de la parole.
Autour d'elle, deux personnes : Marie, une jeune femme dont elle est très proche, et Jérôme, l'orthophoniste chargé de la suivre.
Quel bon moment de lecture, ce matin :) J'ai pris énormément de plaisir à lire ce roman d'une traite. Il est court, et l'écriture de Delphine de Vigan est toujours aussi agréable.
Michka est une vieille dame qui va très bien.. et puis soudain elle ne va plus. Elle perd ses mots, les cherche.. L'aphasie est là, qui guette. Elle ne peut plus rester chez elle, alors elle se retrouve en EHPAD. Ce n'est pas évident quand on est une vieille dame qui perd les mots de ce retrouver dans ce genre d'établissement. Elle n'est pas toute seule, elle a des visites. On découvre notamment Jérôme, l'orthophoniste, mais aussi Marie, une jeune femme que notre vieille dame considère comme sa fille. Deux personnages touchants, attachants, que j'ai pris plaisir à découvrir.
Quand à Michka, c'est une grand-mère comme on aimerait encore avoir près de nous. Ce qui lui arrive m'a beaucoup touché, car je connais quelqu'un atteint d'aphasie donc l'histoire de Michka m'a un peu parlé. Elle mélange les mots, parfois cela fait sourire. C'est triste, malheureusement cela peut faire partie de la vieillesse de chercher ainsi ses mots.
Les gratitudes est un magnifique roman, court mais percutant, que je n'oublierais pas de suite.
Je n'ai pas envie d'en dire trop, c'est un ouvrage qui se lit, j'ai du mal à le raconter.
Ma note : un énorme cinq étoiles :)
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Lecteur inconditionnel de Delphine de Vigan, j'ai une fois de plus aimé ce roman où les vies s'entremêlent. Des rencontres qui ne sont pas le fruit du hasard. Chaque personnage est une pièce de puzle poussé par un destin tourmenté vers un même point pour se réunir. Rien ne s'oppose à l'amour et les êtres cabossés en possèdent à revendre.
Merci pour ce nouveau récit.
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Michka , n'est plus très sûre d'elle, seule dans son appartement, elle se rend bien compte qu'elle perd la boulle. Marie, la jeune femme qui lui rend souvent visite tente de la rassurer, elle perd seulement des mots, pas la tête. Michka sait bien qu'elle ne peut plus vivre seule.

Dans sa nouvelle demeure, un EHPAD bien tenu et bien fréquenté, la vieille dame fait la connaissance de Jérôme, un jeune orthophoniste qui lui fait travailler sa mémoire défaillante. Michka n'a plus qu'un désir avant de mourir, retrouver la trace de la famille qui l'avait recueillie et cachée pendant la guerre.

A un tournant important de sa vie, Marie passe souvent voir Michka, car la jeune femme sait ce qu'elle lui doit. Jérôme, lui, devrait se réconcilier avec son père avant qu'il ne soit trop tard. Michka, Marie, Jérôme, entre ces trois-là, un lien ténu se tisse, chacun donnant à l'autre la force d'affronter la solitude de l'existence.« Les Gratitudes » est un roman d'une douceur apaisante, une écriture légère qui affronte le naufrage de la vieillesse, l'inquiétude de donner la vie et la difficulté d'être un fils. Difficile d'écrire sur un livre aussi plein. Difficile de raconter l'émotion qui submerge le lecteur dans les dernières pages.

Peu de mots, peu de lignes et tout est dit. Delphine de Vigan a vraiment une écriture tendre et intelligente. Un récit bouleversant.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Je savais que ce livre allait être éprouvant. Mais il est aussi touchant, très juste. Et l'écriture sensible exprime au plus près les ressentis de chacun.

J'ai reconnu en Michka, personnage si attachant, la même fragilité , le même désarroi que celui de ma tante, quand elle est entrée en maison de retraite. J'ai reconnu ce parcours angoissant vers le vide, celui des mots qu'on cherche, qu'on finit par ne plus dire, du corps qui s'affaisse...

L'humour lié à l'aphasie de Michka allège un peu le propos. Surtout quand les mots qu'elle substitue aux autres se révèlent si bien adaptés finalement au contexte. Si drôles, si émouvants. Mais il n'arrive pas à atténuer la tristesse qui se dégage de cette fin de vie, vécue comme un fardeau. " Je suis en train de perdre", confie Michka. Oui, il s'agit bien de perte. D'autonomie, de dignité, d'espoir...

J'ai beaucoup aimé aussi l'humanité de l'orthophoniste, Jérôme, et la tendresse de Marie envers celle qui l'a aidée à vivre. Sa gratitude...

Je sais que ce livre, je ne le prêterai pas à ma petite maman, il est trop plombant, j'aime imaginer qu'elle restera chez elle. Je l'imagine très fort...

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J'ai ri, j'ai pleuré...parfois en même temps.
Ne vous fiez pas au sujet plombant de l'histoire, ce livre est beau et il vous rendra heureux.
Michka, cette dame âgée, diminuée, et placée dans un Ephad est drôle malgré elle. Elle perd ses mots, les remplace par d'autres. Cette tragédie de la dépendance et de la déchéance est commune à toute l'humanité. Mais, les situations cocasses et surtout la personnalité des protagonistes sont empreintes de vie. Michka conserve sa gentillesse contagieuse ; on retient aussi l'affection tendre de sa « presque fille » ainsi que l'empathie attachante de son orthophoniste. Ce trio s'entraide, et les gratitudes petites ou grandes qui en découlent sont éternelles.
Ce roman est un hymne à la vie et au bonheur simple. Sa philosophe est optimiste. Delphine de Vigan, par sa langue subtile et douce, place l'humain et les relations humaines au centre de la vie.
Ce livre est un médicament qui met du baume au coeur.
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