Une construction tout à fait en adéquation avec le processus de la descente vertigineuse tant dans le monde du travail que la vie privée. J'ai adoré la plume de cette auteure très moderne, originale qui n'impose pas mais suppose des sensations, pour mieux nous plonger au coeur de ce mal être des protagonistes. Deux histoires parallèles qui se jouent, deux êtres portant leur souffrance, traînant comme un boulet cette pesante routine et cet acharnement à vouloir faire face.
J'ai plus ressenti la présence de Mathilde que celle de Thibault, malgré tout, son parcours et la vie au quotidien d'un médecin urgentiste furent intéressants. Toute la misère et la solitude des citadins notamment les personnes âgées sont dépeintes simplement mais tout à fait réaliste.
Le monde de l'entreprise est parfaitement bien décrit, tel un vécu, on retrouve tout à fait cette atmosphère pesante des non-dits, des mises à l'écart, de la méchanceté gratuite, cette blessure silencieuse qui grignote jour après jour votre moral, et cette faiblesse à se révolter.
Comme beaucoup, une envie de secouer cette employée répudiée dans un placard. Comme beaucoup, j'ai crié : flanque-lui donc une bonne paire de targnolles à ce gros C… combien j'ai explosé en lisant cette acceptation silencieuse, combien j'ai pensé aux victimes d'une certaine enseigne de couleur vive !
L'auteure a su par cette résignation, nous démontrer qu'il n'y est pas toujours du ressort de soi ni des autres pour stopper cet engrenage mais bien le fait d'un seul et unique individu que je qualifierais, excusez le mot “d'enfoiré” celui-ci qui a mis la machine en route et pour quelle raison : la réponse reste obscure ! Plaisir personnel ! Sadisme ! Besoin d'assouvir son pouvoir jusqu'aux limites de l'inimaginable ! J'avoue que je ne parviens pas à concevoir que ce genre de personne puisse agir ainsi consciemment envers son égal. Car quoi qu'on dise qu'il soit son supérieur, il n'en reste pas moins un salarié et surtout ce qu'il a oublié un être humain donc son égal, ne vous en déplaise Monsieur le responsable, directeur ou tout autre étiquette ronflante et luxuriante, vous restez : un être et salarié comme le simple subalterne tout en bas de l'échelle et aucun droit sur sa personne.
N'aurait-il pas été plus honnête de licencier la personne indésirable honnêtement plutôt que de la pousser à la démission, qui reste en soi, un licenciement déguisé pour harcèlement moral et condamnable faut-il en apporter les preuves c'est là que commence le coeur du problème. Car cet odieux personnage, ne laisse aucune trace écrite ni rien dans son stratagème tout est calculé et minutieusement contrôlé profitant de son pouvoir et de la faiblesse de son employée pour abattre ses cartes.
Ce n'est pourtant qu'un roman, mais il est triste de savoir, que ce vécu romanesque reste le pain quotidien de bien des salariés ! N'attendez pas d'être affaiblis, battez-vous ! Défendez votre bifteck, et surtout ne vous laissez pas impressionner par ces petits chefs minables et pourris ! Restez DIGNES et gardez la tête haute ! Ceux qui n'ont jamais mis les pieds dans une grande entreprise, vous aurez sans doute du mal à appréhender ce livre, et ce roman vous semblera venu de la planète Zôhrg ! Mais non, non… c'est bien sur la planète Terre ! C'est sûr, par les temps qui courent, faut pas espérer décrocher la lune en obtenant un job ! Est-ce une raison pour devenir le souffre douleur de Monsieur le …. ??? Reflet de notre société de consommation, tout neuf, tout beau puis on se lasse et on jette !
Quel monde !
Le point commun entre Mathilde et Thibault, le mal d'amour : elle, veuve, lui ne parvient pas être aimé ! Tout le long du roman, j'ai attendu cette rencontre, mais mais, je ne peux dire la suite, les parallèles ne se rejoignent jamais mathématiquement elles ne font que se mirer dans un face à face.
Ce roman regorge outre la souffrance dans le monde du travai, la souffrance morale, n'être plus rien dans cette société, mais au-delà, il y a toute une réflexion existentielle, pourquoi vivre ce que nous estimons invivable, pourquoi accepter cette décadence, ce rythme, qu'est-ce qui pousse l'être humain à se vautrer dans ce “non-bonheur”… pourquoi ne pas claquer la porte et dire STOP à cette vie de dingue… prendre son sac et partir sur les chemins de l'essentiel : VIVRE et non MOURIR à petits feux jour après jour bouffé par le boulot, par les transports en commun, par les voisins, par les obligations, par cet environnement, par ce monde soi-disant moderne ! Ce n'est qu'une gangrène. Voilà ce que ce livre m'a suscité… POURQUOI cette vie et pas une autre !
Une incompréhension qui s'éclaire à l'extrême de la souffrance humaine dans l'indifférence totale des uns et des autres.
En résumé, un livre à lire pour comprendre comment des êtres, des salariés, peuvent sombrer dans la souffrance allant jusqu'au suicide, ce processus lent mais sûr de l'abattage silencieux des personnes indésirables.
Une lecture superbe, constructive, positive malgré tout !
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