L'une des choses qui me marque le plus lorsque je lis un livre de Delphine de Vigan c'est sa façon d'écrire. Elle ne fait pas de longues phrases poétiques, bourrées de figures de style qui nous font rêver et nous transportent très loi, non, elle, c'est tout l'inverse. Elle écrit des phrases très simples et pourtant tellement impactantes. C'est le genre d'écriture à la fois brusque et douce. C'est une écriture qui me touche beaucoup. Lorsque je lisais
No et moi, j'étais complètement emporté dans le livre, les pages se tournent à une vitesse folle sans même que je ne m'en rende compte.
Dans ce roman, nous est racontée l'histoire de No, jeune femme SDF à tout juste 18 ans. Son histoire nous est racontée à travers les yeux de Lou, jeune fille de 13 ans. Nous sont racontés les liens qui les unit et leur amitié. C'est une histoire très touchante qui aborde de nombreux sujets en très peu de pages, j'ai eu plusieurs fois les larmes aux yeux et je ne peux pas nier que j'ai été ému.
Cependant, malgré une lecture frappante et fluide, j'ai tout de même quelques réserves. J'ai, pour commencer, trouvé les personnages très clichés, que ce soit Lou, le personnage principal qui est présenté comme une « génie » ayant sauté deux classes, complètement en marge et décalée par rapport ou Lucas qui est à l'inverse le « garçon à problème » celui que tout le monde respecte et admire qui a redoublé deux fois et qui est complètement délaissé par sa famille. J'ai trouvé qu'il manquait « quelque chose » à ces personnages qui ont une construction plutôt bancale (surtout Lucas).
de plus j'ai vraiment été super déçu par le tournant que prend leur relation, j'aurais préféré qu'on se contente d'une amitié ou d'une relation fraternelle. Une relation entre une gamine de 13 ans et un mec de 17 ans ça me dépasse vraiment, le fait qu'ils soient dans la même classe n'est pas une excuse à mes yeux.
Par contre, j'ai apprécié les nuances apportées au personnage de No, il n'y a pas d'héroïsation de Lou ni de sa famille, l'on nous montre la difficulté de la reconstruction, les hauts, les bas, les chutes et les rechutes. La situation n'est pas présentée comme un miracle et cette nuance rend l'histoire à la fois beaucoup plus réaliste mais également tragique. Je dois avouer que c'est le genre de sujet sur lequel j'ai du mal à lire sans a priori, par ce que j'ai toujours peur de tomber sur une vision voyeuriste et misérabiliste qui dresse des gens qui aident en Saint. Je trouve que
Delphine de Vigan a plutôt bien réussi et à éviter certains schémas dérangeants. Mais je trouve que c'est un sujet dur et en même temps qu'il est important de visibiliser.
Globalement ça a vraiment été une bonne lecture malgré quelques points sur lesquels je suis mitigé.