Le voilà l'Homme.
Depuis que je lis
Angélique Villeneuve je n'avais vu sa plume que l'effleurer, l'égratigner, l'écorcher parfois.
Homme invisible, fantôme, ombre.
Absent, loin, évoqué.
Aimé, ignoré, haï.
Il fallait donc le chercher dans les toutes premières lignes de l'auteure, dans son premier roman, Âge mental.
Homme pas tout à fait homme.
Jeune homme.
Il s'appelle Ratos, oui, même lui s'en amuse de ce nom.
La vingtaine, moitié français par son père, moitié suédois par celle qui l'abandonne à peine adolescent.
Ratos est amoureux. Ratos fantasque. Ratos fantasme.
L'objet de son délire s'appelle Kerstin, blonde et jolie comme les filles de son pays...lalalala lala...
Angélique et son écriture déjà si poétique nous invite au voyage dans Stockholm.
Goûter ces tisanes aux parfums divers et variés parfois inattendus.
Apprendre à compter en suédois (bon courage...)
Découvrir la route 66, euh ! Non, pas la célèbre Sixty six qui traverse les États-Unis. Ici c'est la ligne de bus 66, juste pour passer le temps.
Et puis visiter la ville au travers d'un prénom, tracé sur une carte.
La magie des mots opère.
Les prémices des écrits à suivre se devinent.
Le destin de ce jeune mâle déroutant était-il d'être la dernière trace de l'Homme visible dans l'oeuvre d'Angélique ?
A-t-il éteint la flamme ?
Ou bien est-il enfermé à double tour dans le tiroir d'un vieux bureau d'où elle le sortira un jour ?
Et, de sous la poussière, naîtra le plus beau spécimen que son imagination puisse créer.
Qui sait, en tout cas le lecteur que je suis veut y croire....